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Le Théorème de Narcisse. Jean-Michel Othoniel
Lumineuse installation de l’artiste français dont on connaît, depuis des années, le collier de perles géant qui orne la station Palais-Royal du métro parisien. Quel bel écrin pour exposer ses créations surtout qu’il s’agit de sa plus grande exposition personnelle à Paris, 10 ans après la rétrospective que lui avait consacré le Centre Georges Pompidou.
Ici, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, il déploie avec « Le Théorème de Narcisse » une septantaine d’œuvres toutes inédites qui sont censées rappeler l’homme-fleur, qui en se reflétant lui-même reflète le monde autour de lui.
Une exposition conçue comme une invitation au rêve provoquée par le dialogue enchanteur entre les œuvres miroitantes et l’architecture du Petit-Palais.
Jusqu’au 2 janvier 2022
Petit Palais
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Chaïm Soutine / Willem de Kooning, la peinture incarnée
Une confrontation pertinente entre deux peintres de génie, trop peu souvent exposés. Parallèle troublant entre leurs oeuvres, explication de l’influence du Russe exilé à Paris sur l’Américain d’origine néerlandaise, de dix ans à peine plus jeune que lui, bien qu’ils ne se sont jamais rencontrés. 40 toiles toutes plus belles les unes que les autres qui nous laissent subjugués comme le fut de Kooning quand il découvrit aux Etats-Unis dans les années 50, les toiles de Soutine.
Aux portraits de Soutine, sortis en droite ligne des réserves de l’Orangerie et couverts d’épaisses couches de peinture répondent les coups de pinceaux de de Kooning aussi énergiques que ‘faussement’ abstraits.
Jusqu’au 10 janvier 2022
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David Hockney. A year in Normandie
En même temps que l’exposition bruxelloise, le peintre britannique est aussi mis à l’honneur à Paris avec une installation monumentale de ses toiles réalisées à l’iPad pendant toute une année, lors de sa retraite (crise sanitaire oblige) dans la luxuriante Normandie : printemps, été, automne et hiver se succèdent sous nos yeux émerveillés par tant d’explosions de couleurs et de joie sous le soleil printanier suivies de celles de la pluie, des chatoiements de l’automne et du caractère plus gris et figé de l’hiver où les arbres semblent grelotter sous le froid et la neige. Impresssionnant.
Jusqu’au 14 février 2012
Musée de l’Orangerie
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John Coplans. La vie des formes
Quelle découverte ! Comment est-il possible que je n’avais jamais entendu parler de ce photographe britannique à la vie bien remplie ? Autodidacte, fils d’un médecin amateur d’art, il passe son enfance entre Londres et l’Afrique du Sud. En commençant des études artistiques qu’il ne poursuit pas, Coplans peint tout de même pendant une dizaine d’années, contribuant à l’essor de l’art abstrait dans la capitale britannique. Émigrant à San Francisco dans les années 60, il est l’un des fondateurs de la revue Art Forum dont il fut rédacteur en chef dans les années 70. En 1980, il décide de se consacrer à la photographie et plus particulièrement à ce qu’il sent le mieux, à savoir son propre corps. « Self-Portraits » est le nom qu’il donna à un corpus d’images qu’il réalisa pendant près de 20 ans, de 1984 à sa mort en 2003 ! Son corps nu, en noir et blanc est découpé, fragmenté dans des positions qui quelquefois nécessitent un travail de reconstruction cérébrale, la tête toujours hors champ.
Un corps sans cesse renouvelé sous son objectif qui montre des formes et bien plus.
C’est soufflant, sans parler de la qualité optimale des impressions.
Jusqu’au 16 janvier 2022
Fondation Henri Cartier-Bresson
www.henricartierbresson.org
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Ultime Combat. Arts martiaux d’Asie
Un parcours jalonné de quelques centaines d’œuvres en provenance d’Inde, de Chine et du Japon, de nombreux extraits de films et de deux spectaculaires installations nous aident à retracer l’histoire des arts martiaux et à mieux comprendre ces disciplines où e. a. le cinéma de kung-fu et de sabre a puisé son inspiration.
Une foule de personnages historiques et de héros de fiction tels Rama, le prince indien célèbre héros de l’épopée hindoue du Râmâyana (l’un des dix avatars du dieu Vishnou) ; le moine Bodhidharma considéré comme un fondateur mythique des arts martiaux en Inde, en Chine et au Japon (il aurait fondé le Temple de Shaolin en 495 et enseigné des techniques de médiation et d’entrainement physique toujours d’actualité aujourd’hui) ; le samouraï Myamoto Musashi, représentant par excellence du samouraï, homme d’épée et d’esprit tel qu’il se construit à l’époque Edo (1603-1868) ; le maître vénéré Jigorô Kanô, qui en 1882 fonde le judo à partir d’anciennes techniques de combat à mains nues des samouraïs, appelées jujutsu ainsi que des héroïnes, femmes d’épée du cinéma japonais.
Aussi intéressant que divertissant.
Jusqu’au 16 janvier 2022
Musée du Quai Branly – Jacques Chirac
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Botticelli, artiste & designer
Comme elles sont belles les femmes de Botticelli (1445 – 1510), incarnation, à l’époque des Médicis et de la Renaissance italienne, de la beauté idéale. On peut admirer au fond d’une petite salle deux versions de Vénus, nue et pudique : l’une cachant d’une main, ses seins et de sa chevelure, son sexe et l’autre, recouverte d’un fin voile transparent qui la dévoile plus qu’il ne la recouvre. Deux grandes toiles prêtées par les musées de Berlin et Turin peintes sur fond noir, ce qui leur donne une dimension sculpturale. A côté, en provenance de Francfort, on découvre « La Bella Simonetta » dont la coiffure extrêmement sophistiquée est à elle seule un poème. Et encore, les extraordinaires et rares portraits exécutés par l’artiste, de Julien de Médicis et du poète guerrier Michele Marullo Tarcaniota.
Les premières salles qui nous mènent à ces chefs-d’œuvre mettent en parallèle les œuvres de Botticelli et celles d’artistes de son temps. Elles nous expliquent aussi le parcours de l’artiste des Médicis qui s’est d’abord formé chez un orfèvre, auprès de qui il apprend le dessin avant d’intégrer l’atelier de Filippo Lippi, l’un des plus grands représentants de la peinture du Quattrocento, largement dominée par le thème religieux. Botticelli commence donc sa carrière en peignant des Vierges à l’Enfant. Il apprend vite et lorsque son maître déménage, il en profite pour ouvrir son propre atelier à Florence où il développera un style très personnel. Dans la ville en pleine effervescence artistique, Botticelli règne sur un atelier où il pratique les arts appliqués tout autant que la peinture.
Un prétexte en or pour (re)découvrir ce musée qui vaut déjà à lui seul le déplacement.
Jusqu’au 24 janvier 2022
Musée Jacquemart-André
www.musee-jacquemart-andre.com
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Chefs-d’œuvre photographiques du Moma. La collection de Thomas Walther
Deux cents images et plus, en provenance de l’importante collection du Suisse Thomas Walther, acquise par le MoMA en deux parties (2001 et 2017.) Des trésors photographiques réalisées dans l’entre-deux-guerres et exposés pour la première fois hors de New York. Renouveau, inventivité, audace, expérimentation sont quelques-unes des caractéristiques des artistes de l’époque. Dans une scénographie inspirée des compositions et des couleurs de Mondrian, on découvre des clichés architecturaux, des photomontages, des nus, des portraits en tous genres, etc.
Un ensemble qui nous aide à cerner non seulement la société entre 1919 et 1939 mais aussi à appréhender le bond en avant opéré par la photographie dans l’ère moderne.
Jusqu’au 13 février 2022
Jeu de Paume
www.jeudepaume.org
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La collection Morozov. Icônes de l’art moderne
Présentée exceptionnellement à Paris, la collection des frères Morozov, Yvan le manager et Mikhaïl, le fêtard visionnaire qui dépensait sans compter et mourut jeune à 33 ans.
L’occasion d’admirer de nombreux Cézanne, Gauguin, Monet, Matisse, Picasso, Van Gogh, Bonnard, Renoir, etc. qu’on n’a jamais eu l’occasion de voir en-dehors de Russie.
Comme le second volet de la première exposition dans le même genre aux mêmes cimaises, la collection Chtchoukine qui avait attiré il y a 5 ans déjà plus d’un million de visiteurs, celle des frères Morozov à l’originalité de mettre en parallèle quelques tableaux de l’avant-garde russe, influencée par la découverte de l’art contemporain français où elle puisa son inspiration.
Des collectionneurs russes audacieux qui se connurent et collaborèrent.
Jusqu’au 22 février 2022
Fondation Louis Vuitton
www.fondationlouisvuitton.fr
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Baselitz. La rétrospective
J’aime beaucoup les rétrospectives organisées par le Centre Pompidou car elles me donnent l’occasion de connaître et d’approfondir de peintres et artistes qui ne m’attirent pas toujours au premier abord. Georg Baselitz (1938, Dresde), l’une des plus grandes figures de la scène artistique internationale en faisait partie… Avec ses toiles sombres, entre mythes et légendes, ses portraits inversés, la tête en bas, une technique à laquelle il aboutit à la fin des années 60 et considérée désormais comme sa marque de fabrique, il s’affirme avec la liberté artistique d’un homme qui a connu deux régimes totalitaires, nazi puis soviétique. Et nous force à nous interroger sur ce que l’on voit vraiment.
Ses toiles parlent de formes en constant renouvellement. Un langage qui lui est propre où il flirte entre figuration et abstraction, proche à la fois de la force d’un Francis Bacon et de la sensibilité d’un Dubuffet.
Une rétrospective magistrale de six décennies de création hors norme, rien que déjà par leur format.
Jusqu’au 7 mars 2022
Centre Pompidou
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Samuel Fosso
Pour la 1re fois en France, une exposition rétrospective retraçant la carrière de près de 50 ans de l’artiste camerounais (1962), à cheval sur plusieurs disciplines telles que la photographie, l’autoportrait et la performance. Une vie mouvementée qui lui donne l’opportunité de commencer précocement dans le métier en devenant, à 13 ans à Bangui en Centre Afrique, photographe de studio. Il fait des autoportraits pour son plaisir, un genre qu’il pratiquera toute sa vie et dont l’exposition présente les multiples versions comme e.a. celle de la campagne publicitaire des magasins Tati en 1997.
Samuel Fosso ou l’art de se réinventer en Léopold Sédar Senghor, le Pape ou Mao, un processus lui permettant de traverser les frontières sociales, politiques, géographiques ou temporelles.
Entre séries emblématiques et travaux plus confidentiels, photographies anciennes et inédites, la MEP nous donne l’occasion unique d’appréhender toute l’ampleur de son travail artistique.
Jusqu’au 13 mars 2022
MEP – Maison Européenne de la Photographie
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Galleria. Eva Jospin
Un trésor de petit musée qui présente le travail d’Eva Jospin (1975), une plasticienne parisienne (fille de Lionel J) qui, depuis plus de 10 ans crée des paysages forestiers et minéraux… en carton ! Un matériau sobre qui contraste avec le caractère monumental des œuvres, réalisées après un travail minutieux de découpes reproduisant, de manière détaillée et saisissante, les paysages naturels.
Ici, vous découvrirez une installation principale – un pan de forêt – sous la forme d’un espace à traverser dans lequel s’ouvre une galerie à la fois végétale et structurée. Mais encore des œuvres disséminées dans les différentes salles du musée où vous n’oublierez pas d’admirer en montant au dernier étage sur la gauche, son installation pérenne.
Jusqu’au 20 mars 2022
Musée de la Chasse et de la Nature
Et encore, deux expositions à signaler que nous n’avons malheureusement pas eu le temps de parcourir :
- Vivian Maier au Musée du Luxembourg jusqu’au 16 janvier 2022
- Signac collectionneur au Musée d’Orsay jusqu’au 13 février 2022
Texte & Photos Virginie de Borchgrave