« Remedies ». Aimé Mpane
Une exposition en deux parties consacrées à des deux sculpteurs contemporains, un homme et une femme, dont je n’ai vu que celle d’Aimé Mpane. Un artiste congolais que m’avait présenté le galeriste Walter De Weerdt à l’une des foires satellites de Miami, il y a déjà quelques années. Mpane se partage entre Kinshasa, sa ville natale et Bruxelles où il réside de plus en plus, vu les conditions sanitaires actuelles.
Sous le titre « Remèdes » en français, il analyse avec finesse et savoir-faire l’histoire, non seulement celle de l’art mais aussi celles des civilisations et des rapports qui se sont tissés entre les deux pays.
Aimé travaille le bois de manière traditionnelle, au moyen d’une herminette (un outil utilisé entre autres par les charpentiers de marine) pour réaliser des sculptures, des masques, des tableaux, des installations qui interrogent la vie, déconstruisant le passé pour reconstruire un présent plus réaliste.
Lui aussi, comme Fabrice Samyn et Rachel Labastie a été sollicité par le musée pour revisiter les collections et en donner sa propre interprétation. Son choix s’est porté sur « Quatre études de l’étude de la tête d’un Maure » de Pierre Paul Rubens, un tableau qu’il connaît depuis son enfance au Congo ? Sous le titre « Têtes de nègre », il était sur la face verso des billets de 500 francs dont le recto était Léopold II. Il en a fait, en 2021 « De l’autre côté du miroir », une tapisserie/mosaïque en bois « qui permet de morceler, de décomposer et de recomposer. Il s’agit, dit-il, de restaurer le corps blessé, le corps social démembré. » Une réinterprétation aussi dynamique qu’apaisante d’un des chefs-d’œuvre de la collection.
La démarche artistique de Mpane n’est ni combative, ni accusatrice, ni révisionniste mais, sur la trace de Boris Cyrulnik, il a opté pour celle de la résilience qui apaise, soigne et donne de l’espoir.
« Le remède contient parfois le poison », ajoute à bon escient celui qui a grandi dans l’un des pays du monde qui recèle le plus grand nombre de serpents endémiques où l’on fabrique l’antidote avec le poison…
Bien vu, Monsieur Mpane !
Texte & Photos Virginie de Borchgrave
Jusqu’au 13 février 2022
Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique
Musée Old Masters. Patios 0 & 2
3, Rue de la Régence
B- 1000 Bruxelles
Ouvert du mardi au vendredi de 10h à 17h ; les weekends de 11h à 18h.
Fermé le lundi et les 1er & 11/11- 25/12- 1/01 & 2e jeudi de janvier
Entrée : 10 EUR/ 8 EUR Réduit
www.fine-arts-museum.be