TONY CRAGG****
« La sculpture n’est qu’une méthode pour aborder notre univers, pour chercher de nouvelles formes et formuler de nouvelles questions sur le monde dans lequel nous vivons (…) Mon expérience de la sculpture montre qu’elle est une chose incroyablement dynamique et mobile. »
Monumentale exposition consacrée à Sir Anthony Douglas Cragg, sculpteur britannique né en 1949 à Liverpool et diplômé du prestigieux Royal College of Art de Londres en 1977. Influencé par les mouvements artistiques de l’époque -art minimal, art conceptuel, land art et Arte Povera-, Cragg commence son travail en associant ready-mades, objets trouvés et matériaux ‘pauvres’. Un des murs d’entrée de la Tate Britain tapissé d’un grand dessin de petites assiettes en plastic de toutes les couleurs est là depuis des années pour en témoigner. Il n’est pas question ici de rétrospective sinon de montrer ce que le sculpteur a réalisé ces vingt dernières années. Focalisé sur le matériau porteur à ses yeux de sens, d’idées et d’émotions, il considère la sculpture comme l’un de supports artistiques du futur, estimant à juste titre qu’elle n’est qu’à ses débuts et que le potentiel à exploiter est infini. Pour Cragg, entre le domaine organique de la nature et celui de la production industrielle, se niche l’art.
A travers le champ infini de possibilités qui s’offrent à lui quant aux mouvements, formes et matériaux, il se sent libre de créer sans entrave. Voici un artiste qui n’a de cesse de s’interroger et qui ne finira jamais de nous étonner. Il compte aussi sur notre réceptivité émotionnelle et notre capacité intellectuelle à appréhender tout cela : « Ce qui compte en sculpture, c’est la manière dont le matériau et la forme nous touchent » exlique-t-il.
Ses œuvres sont aussi magnifiques que sensuelles et attractives. On pourrait passer des heures à tourner autour, fasciné par tout ce qu’elles véhiculent émotionnellement.
Un univers sculptural unique et étonnant. Une exposition incontournable !
Jusqu’au 3 septembre 2017
Mudam Luxembourg
Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean
3, Park Dräi Eechelen
L-1499 Luxembourg-Kirchberg
Tél. : + 352 45 37 85 1
Ouvert du jeudi au lundi & les jours fériés de 10h à 18h. Le mercredi de 10h à 23h (galeries d’exposition 22h). Fermé le mardi
ZÜRICH, l’INATTENDUE !
Texte & Photos Virginie de Borchgrave
Dès qu’on met le pied dans la ville que l’on découvre, jolie, animée, dynamique, on se demande vraiment pourquoi elle a tellement mauvaise réputation en Belgique ! Je l’ai parcourue un peu à pied, beaucoup en tram et même en bateau. J’ai sillonné d’un bout à l’autre la Limmatstrasse, centre névralgique de l’art contemporain qui s’articule autour du MIGROSMUSEUM für Gegenwartskunst** www.migrosmuseum.ch « Collection on display : Rules – Carl André, Angela Bulloch, Douglas Gordon, Susan Hiller, Matt Mullican, Niele Toroni, etc. » œuvres issues de la collection du musée suivant trois thématiques : Comunities, Rules and Rituals. Dans ce 2e volet, la question de départ est la suivante : « dans quelle mesure les règles peuvent-elles être observées comme quelque chose de décidé de l’extérieur et dans quelle mesure tout un chacun peut-il réagir à l’élaboration de ces règles ? » Jusqu’au 13/08/17 ; de la Kunsthalle* « Michael Riedel » jusqu’au 13/08 17 www.kunsthallezurich.ch et de toutes les galeries pointues et réputées comme Hauser & Wirth*** www.hauserwirth.com où j’ai vu une belle exposition où dialoguaient les mobiles de Alexander Calder et les sculptures de David Smith jusqu’au 16/09/17. La galerie représente des artistes comme la Britannique Phyllida Barlow qui s’est fait connaître en développant un langage artistique qui analyse le rôle de la sculpture dans la culture contemporaine -belle illustration avec les « 1000Banners2015 » présentée à Art Basel dans la section UNLIMITED-, comme les Américains Jason Rhoades « Sutter’s Mill » et Jenny Holzer « Statement », l’Indienne Subodh Gupta « Cooking the World » -magistralement présents aussi à UNLIMITED cette année. Avec Martin Creed, Louise Bourgeois, Dan Graham, Thomas Houseago, Ron Mueck, Lygia Pape, Ian Wallace pour citer ceux que je connais un peu, Hauser & Wirth s’est taillé en 25 ans d’existence www.hauserwirth.art une place de premier plan dans le monde de l’art actuel. Quant à la Galerie Francesca Pia* www.francescapia.com, elle met en parallèle les travaux de l’Allemand Hans-Peter Feldmann et de l’Israélien Elad Lassry, première confrontation côte à côte de deux des plus importants praticiens de l’image contemporaine. La fusion permanente de la photographie et de la sculpture de Lassry questionne notre compréhension de l’image alors que Feldmann nous rappelle que les images sont réalisées, trouvées et empruntées. Le point commun de ces deux approches ? Peut-être la notion que dans notre société axée sur la réglementation, les reproductions d’images représentent un manque de contrôle total et par conséquent, une liberté ? Jusqu’au 19/08/17
Haus Konstruktiv****
Voici 3 bonnes raisons de vous y rendre :
1- « Tomás Saraceno – Aerosolar Journeys » Premier solo show en Suisse de l’artiste argentin âgé d’une quarantaine d’années, originaire de San Miguel de Tucuman en Argentine qui vit et travaille à Berlin. On le connaît depuis un certain temps grâce e.a. à son installation au dernier étage de la collection Vanhaerendts à Bruxelles. Avec ses installations spatiales qui flirtent entre art, architecture et sciences, Saraceno s’interroge sur les futures formes d’habitation « plus que humaine. » Une recherche artistique qui peut être interprétée comme une invitation à reconsidérer les relations écologiques et sociales. Je ne vous surprendrai pas en vous disant qu’il a fait des études d’architecte. On pourrait interpréter son travail fascinant sous l’angle d’une utopie réalisable !
Jusqu’au 3/09/17
2- « Jürg Stäuble – Being More Than a System » Rétrospective de l’artiste, sculpteur et graphiste suisse, né en 1948 qui crée depuis près de 50 ans à cheval entre minimalisme, art conceptuel et land art. Bien qu’ayant élaboré une œuvre de construction géométrique, son approche n’est pas tout à fait celle d’un artiste constructiviste. A ses yeux, la géométrie est le point de départ, le chemin mais non la destination. En explorant l’environnement fait de rationnel et d’irrationnel, Stäuble imagine des objets qui reflètent les forces créatrices de la nature sans les copier. Un artiste confirmé à suivre.
Jusqu’au 3/09/17
3- « Rockfeller Dining Room » Le peintre Fritz Glaner (Zürich, 1899 – Locarno, 1972) reçut de l’architecte Wallace K. Harrison, la commande de la salle-à-manger de Nelson A. Rockfeller à New York. L’idée initiale était de peindre directement sur les murs, à laquelle l’artiste préféra la méthode traditionnelle d’huile sur canvas où de grandes peintures divisent la surface des murs et du plafond. Il la conçut dans l’esprit d’intégrer l’art à la vie quotidienne. Ce fut sa première et unique commande d’une œuvre intégrale. Composée de rectangles de couleurs primaires et de formes qui s’équilibrent, le résultat est aussi dynamique que rythmé et coloré. Une polyphonie de couleurs et de formes en totale harmonie que l’on ne s’attendait pas à trouver ici, en fin de parcours ! Restées en place durant 20 ans, les peintures furent mises en vente dans les années 80. C’est grâce à l’effort conjugué de deux fondations suisses qu’elles furent conservées intégralement et qu’on peut les retrouver ici. Quelle belle surprise.
Permanent
Le Pavillon Le Corbusier – LC ZH*****
Et enfin pour terminer, la cerise sur le gâteau ! Un vrai bijou posé dans un magnifique parc au détour d’une jolie rue arborée du centre ville de Zürich, avec le lac au loin qui se dessine. Tous les ingrédients sont là pour passer un moment inoubliable. Commandé en 1960 pour la collectionneuse Heidi Weber comme maison pour des expositions, les travaux ont commencé quatre ans plus tard pour s’achever après la mort du maître en 1967. Œuvre d’art totale car rien ne vient perturber l’esprit de l’architecte, que ce soient les peintures, le design intérieur, les sculptures, le mobilier -tout est de sa main-, le pavillon est aujourd’hui propriété de la ville de Zurich, géré par une fondation publique et privée dont Heidi Weber elle-même et, a été élevé au rang de « Bien culturel d’importance nationale ». Vaut le voyage à lui seul !
www.heidiweber-centrelecorbusier.com
LA FONDATION BEYELER
Texte & Photos Virginie de Borchgrave
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Cette exceptionnelle fondation dans la banlieue de Bâle rassemble les œuvres d’art moderne et contemporain collectées depuis les années 50 par les époux Ernst et Hildy Beyeler, galeristes et collectionneurs. Le sobre et magnifique bâtiment qui les abrite depuis 1997 au milieu d’un parc arboré où trône l’une ou l’autre sculpture monumentale dont un gigantesque Calder noir est l’œuvre du grand architecte génois, Renzo Piano. Déjà 20 ans d’existence cette année ! Un anniversaire célébré en 3 volets ou 3 expositions successives dont le but est de faire découvrir la collection sous 3 angles différents : passé, présent, futur.
Collection Beyeler / Remix. Avec des oeuvres d’Andy Warhol appartenant à la Daros Collection
Celle-ci est le deuxième volet qui présente la collection actuelle, augmentée des œuvres d’artistes contemporains acquises ces dernières années. Conçue comme un dialogue entre les anciennes et nouvelles acquisitions, Theodora Vischer, la commissaire a eu l’idée d’y associer des œuvres d’Andy Warhol appartenant à une collection privée zürichoise qui fête aussi ses 20 ans cette année, tels le « Do It Yourself (Flowers) » à moitié peint de 1962 ou le « Self-Portrait » turquoise de 1967. On y découvre au fil des salles, d’un blanc immaculé, de très beaux Dubuffet comme « Le Voyageur égaré » (1950) ; la « Nuclear Family » (2013) de Marlène Dumas ; les « Doppelgrau », ces grands tableaux miroirs/vitres gris de Gerhard Richter (2014) ; les compositions chromatiques de l’Américaine Ellsworth Kelly « Blue Black Red Green » (2000) ; « Opposites of White » (2006/2007), l’une des formes cylindriques transparentes à l’intérieur étrangement lisse de Roni Horn ; un dessin noir fait de crayons de pigments de carbone fondus dans un mélange d’huile et de cire de Richard Serra intitulé « Cheever » (2009) – en hommage à l’écrivain américain John Cheever – et enfin un Lucio Fontana « Concetto spaziale, natura » (1959/1960) dont le titre trahit l’intérêt de l’artiste italien, à partir des années 50, pour la récente conquête spatiale.
Jusqu’au 3 septembre 2017
Le NICARAGUA sous un angle particulier pour les jeunes de 12 à 18 ans
La Fondation Paul Delvaux**
Texte & Photos Virginie de Borchgrave
Il y a quelques années déjà que, sur le chemin d’un weekend à la côte, j’avais très envie de faire le détour par le Musée Delvaux. Le peintre bruxellois aimait la mer et s’était fait construire en 1951 une petite maison de vacances dans les environs du Moulin de St. Idesbald. Au fil des années, naît l’idée d’un musée. Cet ancien hôtel-restaurant mis en vente est l’occasion de concrétiser le projet. Un parcours chronologique nous fait passer de ses premières peintures réalistes aux trams, trains et gares, symboles de la modernité présents dès sa première période et thème récurrent à toute son œuvre. Comme celui de la figure féminine omniprésente. On comprend aussi combien son enfance l’a marqué et, son intérêt pour l’architecture inhérent à son style. On découvre un peintre très sensible et émotif qui, en ne réduisant jamais la femme à sa seule dimension érotique, avait un profond respect pour elle. A la fois mélancolique, fatale, dévergondée et sans pudeur, il en a forgé une image unique. C’est entre autres de là qu’est venue sa reconnaissance mondiale. J’ai beaucoup aimé aussi admirer ses collaborations avec Claude Spaak, Paul Eluard et Alain Robbe-Grillet.
Si extérieurement le bâtiment ne manque pas de charme, je n’ai pas trouvé personnellement l’espace intérieur idéalement agencé, même s’ils ont eu l’idée géniale de mettre comme sièges, des banquettes de train !
Des expositions temporaires sont organisées l’année ronde.
Sous le titre général « ESTAMPES », deux volets :
– « Delvaux ou l’invitation au récit » jusqu’au 30 juillet 2017
– « Manière de crayon » du 1er août au 7 janvier 2018
B-8670 St. Idesbald
Tél. : +32 58 52 12 29
Ouvert de 10h30’ à 17h30’ du mardi au dimanche du 1/04 au 31/08 & du jeudi au dimanche du 1/09 au 7/01 + les jours fériés
Entrée : 10 EUR / 7 EUR
www.delvauxmuseum.com
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VOORLINDEN. MUSEUM & GARDENS****
Texte, photos & photos-montage de Virginie de Borchgrave
Un incroyable nouveau musée d’art contemporain a ouvert ses portes, il y a tout juste 6 mois, au milieu d’un parc à Wassenaar, la banlieue ultra chic de La Haye, à deux pas des dunes de l’une des plages les plus sauvages de la Mer du Nord. Conçu par les architectes Kraaijanger de Rotterdam en étroite collaboration avec le collectionneur Joop van Caldenborgh et l’architecte de jardins Piet Oudolf (créateur de la High Line à NY), on découvre une sobre structure allongée aux lignes droites et pures dont les dimensions impressionnantes sont allégées par de délicates colonnes supportant le toit, qui lui donnent une vague allure de temple grec. Un bâtiment où tout est au service de l’art souligné par des parois transparentes qui laissent entrer la nature environnante. L’espace intérieur, divisé en trois grandes sections et vingt galeries est éclairé de la très belle lumière naturelle de la côte hollandaise (j’y ai vécu 3 ans… je peux donc témoigner !)
Rien que tout cela -que l’on doit à une initiative privée dans le même esprit que les Fondations Beyeler à Bâle, Vuitton à Paris ou Prada à Milan- vaut déjà le déplacement, à moins de deux heures de Bruxelles !
Dans la section dédiée aux installations pérennes : «Open Inded » un majestueux Richard Serra en forme de labyrinthe habillé d’acier corten, de plus de 200 tonnes ; de grands ‘pots’ en verre translucides de Roni Horn pesant chacun plusieurs tonnes ; le couple de vieux sous le parasol à la plage, installation hyper réaliste et démesurée de Ron Mueck (que l’on avait pu voir à La Fondation Cartier à Paris en 2005) ; un exemplaire de la vraie/fausse piscine de Leandro Erlich aussi ludique que fascinante ; à côté le vrai ascenseur en réduction de Maurizio Cattelan ; et « Skyspace », la chambre à ciel bleu ou nuages, selon la météo, du lumineux James Turell.
Dans la section ‘collection permanente’ -la plus grande des trois- déclinée en 2 parcours :
– Le premier intitulé « Full Moon » est un accrochage pour le plaisir des yeux où le collectionneur fait dialoguer 40 œuvres de différentes périodes, courants et styles entre elles. En d’autres mots, une subtile introduction à la collection avec Yves Klein, Ugo Rondinone, Damien Hirst, Andy Warhol, Sherrie Levine, Pyke Koch, Ai Weiwei, Pascale Marthine Tayou, Olafur Eliasson, Giorgio Morandi, François Morellet, etc. et les Belges Francis Alÿs, Michaël Borremans, Broodthaers, Magritte.
– Le second intitulé « De tussentijd » invite le visiteur à apprécier les œuvres hors du temps, faisant référence à ce moment où l’artiste qui créé se libère des contraintes temporelles, cherchant à retrouver le rythme ancestral de la nature déterminé par le soleil et la lune, avant l’invention de l’horloge. Réflexion artistique sur un système qui a totalement changé notre expérience du temps où ce n’est plus notre rythme personnel et naturel qui dicte notre vie. Pour illustrer le propos, des œuvres de Jan Schoonhoven, Anselm Kiefer, Günter Uecker, herman de vries, Mona Hatoum, Rosemarie Trockel, Louise Bourgeois, Michelangelo Pistoletto, Damien Hirst, Olafur Eliasson, Yayoi Kusama, Josef Beuys, Michel François, etc. Deux Belges y ont trouvé leur place : Marcel Broodthaers et Edith Dekyndt.
Dans la section réservée aux expositions temporaires :
Jusqu’au 7 mai.
« Say Cheese ! » de Martin Creed (1968) l’artiste britannique aussi génial que loufoque dont le collectionneur est un fervent admirateur. Intervenant un minimum sur les objets communs du quotidien qui le fascinent, il explique : « My world is a soup of thoughts, feelings and things all mixed up together. Working is a way of trying to cope, to separate the soup and escape ; to get from the inside out »
Si Voorlinden fait penser à la Fondation Beyeler de Renzo Piano en Suisse, il est encore plus proche à mes yeux d’une autre institution, tout aussi extraordinaire mais moins connue parce que sous d’autres latitudes… Impossible en effet de ne pas faire le rapprochement avec le Musée d’art contemporain du XXIe s. de Kanazawa sur la côte ouest du Japon dont le collectionneur a dû s’inspirer. Extérieurement, les deux musées tout en parois de verre et pierre aux accès discrets et espaces de plain pied sont totalement ouverts sur la nature. Intérieurement, les mêmes installations «Skyspace » de James Turell, « La Piscine » de Leandro Erlich. En mieux…
Museum Voorlinden
Buurtweg, 90
2244 AG Wassenaar
Tél. : +31 70 5121660
Ouvert tous les jours de 11h à 17h
Entrée : 15 EUR (plein) / 7,50 EUR (13-18 ans) / gratuit jusqu’à 12 ans inclus
info@voorlinden.nl
www.voorlinden.nl
Autophoto
Texte Virginie de Borchgrave
Ou comment photographie et automobile dialoguent depuis le XXe s. Deux inventions qui n’ont fait qu’emprunter des voies parallèles pour mieux saisir l’espace-temps. Deux mots : immobilité, mobilité. L’une au service de l’autre, en constante évolution. La voiture n’est-elle pas une « boîte » photographique ambulante ? Qui mieux que la photo est capable de mettre en valeur tel ou tel paysage, nous dévoiler tel panorama cadré par le rectangle du pare-brise ou tel long ruban d’asphalte qui comme une ligne de fuite s’étire vers l’horizon ? Années 60. Emergence de la société de consommation. Automobile = symbole de l’autonomie, de la liberté, de la réussite sociale. De part et d’autre de l’Atlantique, les photographes s’emparent du sujet. La voiture dont on parle comme d’une femme… Est-ce leur genre féminin qui les a toujours associées en life et en photo ? C’est l’histoire passionnante qu’a choisi de raconter la Fondation Cartier sous la houlette des commissaires Xavier Barral et Philippe Séclier. En chiffres, cela donne presque le tournis : 500 œuvres de 100 photographes depuis 1900 jusqu’à aujourd’hui. Quelle séduisante équipée. Quelle performance. Quelles vibrations.
Il y a de quoi regarder, admirer, découvrir, se souvenir, rêver mais aussi réfléchir à la nouvelle ère qui s’ouvre, celle de la saturation des réseaux routiers, des technologies hybrides, du covoiturage grâce aux réseaux sociaux pour l’une, du téléphone-appareil photo pour l’autre…
Et oui, elles n’ont pas fini de faire parler d’elles et de modifier notre comportement.
20 avril – 24 septembre 2017
Fondation Cartier pour l’art contemporain
261, Boulevard Raspail. Paris XIVe
www.fondation.cartier.com
« L’HISTOIRE COMMENCE en MESOPOTAMIE »
Texte & Photos Virginie de Borchgrave
Et pour moi, elle commence avec Anne Thomas, responsable de la Mésopotamie au Musée du Louvre à Paris (département des Antiquités du Moyen-Orient) et commissaire de l’exposition au Louvre-Lens qui, avec son immense savoir, nous guide dans les arcanes de cette civilisation relativement méconnue. Nous avons la chance de découvrir des œuvres totalement inédites, certaines prêtées pour la 1re fois ! Si la Mésopotamie (littéralement en grec « entre les fleuves ») est un jalon fondamental de l’histoire qui s’étend sur une très longue période qui commence en 3200 avt notre ère, elle est le carrefour du Proche-Orient et géographiquement, le Croissant fertile qui désigne le territoire entre le Tigre et l’Euphrate (actuellement l’Irak et la Syrie antérieure) regroupant sous son appellation différentes civilisations. Avec les Mésopotamiens, nous assistons à la naissance d’une culture, d’une unité, de l’Histoire ! Civilisation basée sur un système urbain au IVe s. ACN avec des villes comme Babylone, Ninive à qui l’on doit tout : de l’écriture aux premières lois, aux premiers livres historiques, aux premiers rois, à la notion d’administration, à l’unification d’une langue, etc., une expansion, un développement, bref une chronologie qui s’arrêtera avec la conquête d’Alexandre le Grand et l’hellénisation de la société. Une civilisation d’une longévité exceptionnelle, surtout si l’on se réfère à la date de la fondation de Rome, très récente au regard de celle-ci.
Mais comment se fait-il qu’une telle civilisation soit tombée dans l’oubli et qu’il ait fallu attendre aussi longtemps pour la redécouvrir ? Le Louvre a joué un rôle historique capital dans sa réhabilitation, en créant en 1845 (quelques années avant la Galerie assyrienne du British Museum en 1851) un musée au sein du musée, vu l’importance des découvertes des premiers archéologues. En effet, ces vestiges venaient donner une réalité, mieux une crédibilité aux légendes et au sumérien, première langue à avoir été écrite au monde ! A l’entrée de l’exposition, sur la musique de « Rivers of Babylon » de Boney M ou de « Nabucco » de Verdi selon les affinités du visiteur, un film intitulé « La Mésopotamie dans l’imagerie contemporaine » nous montre brièvement, combien elle est présente dans notre inconscient collectif. Citons dans le désordre Gustave Doré, Voltaire, Degas, Charles Le Brun, Max Ernst, Tintin, Astérix, Bob & Bobette, le temple zoroastrien de Bombay, la représentation du déluge dans la cathédrale St-Marc à Venise, Fritz Lang, Loïe Fuller posant sur une stèle assyrienne, l’opéra Sémiramis de Rossini, « Meurtre à Babylone » d’Agatha Christie, « Nabuchodonosor » de Jules Verne, des jeux vidéos, des marques de bières, et j’en passe défilent devant nos yeux pour nous rappeler l’assyriomanie’ dans laquelle nous baignons.
Une succession d’objets uniques et précieux (dont par exemple, la stèle unique de la BNF ou le premier morceau de verre attesté au monde), de statues, de photos, de vestiges, rassemblés sous les thèmes de la ville, l’agriculture, la religion (omniprésente), l’écriture, les sciences où ils excellaient comme l’astronomie, les mathématiques, la géométrie, l’astrologie et même le calendrier qu’ils nous ont légué, les femmes, etc. nous enseignent et nous éclairent au fil des salles sur ce pays de l’argile. Une matière aussi fragile dans ses réalisations monumentales (dont il ne reste que quelques fragments car tout s’est écroulé, usé par le temps ce qui ne facilite pas la tâche des archéologues) que résistante dans les petites choses pratiques insignifiantes comme tel ou tel contrat de vente, de mariage ou d’adoption.
Avec une alternance de paix et de conflits, l’évolution d’un territoire très divisé vers d’énormes empires tel que celui de Sargon d’Akkad, modèle de la royauté qui domina la Mésopotamie de la fin du XXIVe s. au début du XXIIe s. avant notre ère ou de Nabuchodonosor II, souverain le plus célèbre de Babylone de 605 à 562 ACN (à qui l’on doit la Tour de Babel et non les Jardins de Babylone), l’arrivée d’Alexandre le Grand (qui y mourra en 323 ACN) marquera une rupture politique et enclenchera la destruction progressive de la civilisation qui tombera dans un oubli total jusqu’au XIXe s….
« On pourrait dire que la Mésopotamie est morte de vieillesse » conclut poétiquement la commissaire.
Enfin dans la dernière salle, un voyage visuel à travers la Mésopotamie nous emmène de Bassorah -la Venise du Moyen-Orient- à Mossul en passant par nombre de villages kurdes et des villes comme Khorsabad, Ninive, Nimrud, Hatra, Falluja, Babylone, Ctésiphon, Eridu, des noms qui résonnent étrangement à nos oreilles et attristent nos yeux quand on lit à côté de la photo : « Détruite en 2013, détruite en 2014, détruite en 2015… »
Terminons avec Georges Roux, médecin doublé d’un historien féru de Mésopotamie : «Parmi les quatre ou cinq grandes civilisations de l’ère préchrétienne, la mésopotamienne présente la particularité d’être à la fois la plus ancienne, la plus longue, sans doute la plus importante, tant par l’influence qu’elle a exercée sur l’ensemble du Proche-Orient et sur le monde grec que par sa contribution au développement matériel et spirituel de l’humanité, et la plus mal connue du grand public cultivé, aussi bien en France qu’ailleurs» in « La Mésopotamie », Editions du Seuil, 1995.
Une exposition aussi remarquable culturellement que d’une brûlante actualité…
Jusqu’au 23 janvier 2017
LOUVRE-LENS
99, Rue Paul Bert
F-62 300 Lens
Tél. : +33 3 21 18 62 62
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h. Fermé les 25/12 & 1/01
Entrée : Plein 10 EUR / Jeunes 5 EUR / Gratuit pour les moins de 18 ans
www.louvrelens.fr
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LONDRES ART FAIRS & EXHIBITIONS
Texte & Photos Virginie de Borchgrave
Actualité extrêmement riche en octobre dans la capitale anglaise avec la Frieze art fair, la célèbre foire d’art contemporain désormais déclinée en deux volets Frieze & Frieze Masters complétés par le Frieze Sculpture Park dans lequel on déambule pour passer d’une foire à l’autre www.frieze.com, le PAD Art + Design qui fêtait ses 10 ans cette année www.pad.com et la nouvelle venue Crossroads, qui s’intéresse à la création latine européenne et américaine www.crossroads.com, sans parler des multiples événements organisés en parallèle dans les galeries et ailleurs.
– ART FAIRS
Compte-rendu en images de nos coups de cœurs de cœur et/ou découvertes-
EXHIBITIONS
Passionnante exposition de cette grande artiste américaine qui vécut presque un siècle et dont on connaît les belles et immenses fleurs aux couleurs fortes aussi fascinantes que charnelles. Sauf que le talent de Georgia O’Keeffe ne s’arrête pas là et que l’exposition nous met sous les yeux d’autres facettes de son talent comme ses compositions abstraites, ses paysages citadins et désertiques qu’elle découvre, en mal d’amour, accompagnée de la femme du photographe Paul Strand et d’Ansel Adams. Les sujets, les lumières sont magnifiques et le résultat exceptionnel. Quand elle découvre ces paysages du Colorado et du Nouveau Mexique, elle écrit qu’elle s’y sent bien, en harmonie avec la nature, la température, la sécheresse de l’air. Aussi bien que nous face à ces toiles qui impressionnent nos sens et nous rendent leur atmosphère palpable.
Jusqu’au 30 octobre 2016
Bhupen Khakhar « You Can’t Please All »**
Première rétrospective internationale de cet artiste indien de Bombay (1934-2003) qui s’est taillé une place de choix dans l’art moderne du sous-continent, entre autres par la force de ses couleurs et son engagement. Représentant tout d’abord la classe laborieuse au travail (coiffeur, tailleur, horloger, etc.), il évoluera en couchant sur la toile, avec beaucoup de sensibilité et de sincérité, ses problèmes personnels comme son homosexualité et enfin sa bataille contre un cancer qui eut raison de lui. On pourrait tenter un rapprochement avec le travail de la Mexicaine Frida Kalho.
Jusqu’au 6 novembre 2016
Wifredo Lam « The EY Exhibition »***
Après la récente rétrospective que lui avait consacré le Centre Georges Pompidou à Paris, on s’attendait à une répétition. C’était sous estimer la Tate Modern car nous nous sommes trouvés face à un nombre impressionnant de toiles magistrales de l’artiste cubain, marquées tant par le contexte politique de l’époque que l’héritage du colonialisme. Une oeuvre remarquable, révolutionnaire, issue de la culture afro-caribéenne qui s’est taillée une place unique des deux côtés de l’Atlantique, en ayant réussi à dépasser largement le contexte. De quoi nous confirmer que nous sommes bien face à un artiste de génie dont nous n’avons pas fini d’explorer la richesse et la complexité de la peinture.
Jusqu’au 8 janvier 2017
Impossible d’échapper à l’attraction des œuvres de la grande dame de l’art contemporain dont le propos est aussi fort que peut être douce la matière des œuvres… Une salle permanente à l’ambiance chaleureuse de la ‘Switch House’, la nouvelle aile de la Tate Modern (réalisée par le cabinet d’architectes suisses Herzog & de Meuron et inaugurée en juin). Les fans ne seront pas déçus car un exemplaire de l’immense et célèbre araignée est là, ses jolies et énigmatiques poupées de tissus en vichy noir et blanc ou roses, des mannequins tout en jambes qui pendent du plafond, ses croquis au trait de sang et enfin à la sortie, une surprise, à condition de lever les yeux…
Permanent
Tate Modern + The Switch House
Bankside
Ouvert tous les jours de 10h à 18h. Nocturne les vendredis et samedis jusqu’à 22h.
« You say you want a revolution ? Records and rebels 1966-1970 »**
De quoi changer de registre après les diverses foires d’AC ! Cela fait du bien de se laisser porter d’une pièce à l’autre, décorée du sol au plafond de slogans, pochettes de disques, posters, photos, mantras et emporter par les écouteurs qui nous diffusent la musique de l’époque. Prenez le temps d’observer tous ces objets et souvenirs peacefull mais surtout de vous affaler dans l’avant-dernière salle pour regarder sur un écran géant le film de Martin Scorcese sur « Woodstock » où Jimi Hendrix mit le feu à sa guitare en interprétant à sa manière, à l’aube, l’hymne du lever de drapeau américain en guise de protestation contre la guerre du Vietnam, devant une assemblée clairsemée à cette heure matinale. C’est précisément là que commença sa carrière éclair ! Ce qui m’a frappée au cours de l’exposition, c’est que les revendications, prises de conscience et préoccupations de la jeunesse de ces années-là sont exactement les mêmes qu’aujourd’hui. Et l’on ne peut de s’empêcher de se poser la question de savoir si l’on a vraiment avancé et si l’on est finalement arrivé à changer un tant soi peu le cours des choses quant à la pollution, la surconsommation, le gaspillage, etc. Une exposition au propos aussi divertissant qu’essentiel.
Victoria and Albert Museum
Cromwell Road
#RecordsandRebels
Abstract Expressionism »****
S’il n’y a qu’une exposition à voir, ce serait celle-là ! Comment ne pas être en état de grâce (ou de choc) face à toutes ces toiles aussi magistrales qu’impressionnantes quant à leurs formats, leurs couleurs, leurs intensités, leurs forces signées Jackson Pollock, Willem de Kooning, Marc Rothko, Barnett Newman, etc. tous ceux après lesquels on ne pouvait plus peindre de la même manière ? En cassant les conventions, ces artistes portés par l’énergie créatrice des années 50 à New York ont maqué un tournant majeur dans l’art du XXe s. Il y eut désormais un avant et un après l’expressionnisme abstrait, terme inventé en 1946 par le critique d’art Robert Coates pour qualifier ce courant né dans un contexte terrifiant : les deux guerres mondiales, la guerre civile espagnole, la bombe nucléaire et la guerre froide. Une tendance qui émerge de ces années sombres et développe un nouveau style dans l’art américain. Il n’y avait plus eu d’exposition sur le thème au Royaume-Uni depuis « The New American Painting » au Moma à New York en 1958 et accueillie par la Tate Gallery en 1959 avant une tournée dans huit capitales européennes.) C’est dire l’importance de l’événement.
Jusqu’au 2 janvier 2017
Royal Academy of Arts
William Eggleston : Portraits***
Rétrospective depuis les années 60 du photographe américain, pionnier dans l’utilisation des couleurs fortes, réputé aussi pour la poésie et le mystère dans lesquels baignentg ses clichés.
Jusqu’au 23 octobre 2016
Picasso : Portraits****
Sa famille, ses amis, ses amantes, voici le Picasso intime où le génie de l’artiste éclate une fois de plus, dans un processus créatif sans limite entre dessin, caricature et peinture. Passionnante démonstration à travers rien que des portraits, de sa palette artistique d’une variété exceptionnelle. Une exposition à ne pas rater.
Jusqu’au 5 février 2017
National Portrait Gallery
www.npg.org.uk
LONDRES en quelques hauts-lieux culturels & clichés, rangés par quartier et… ordre de priorité !
par Virginie de Borchgrave
HYDE PARK Kensington Gardens
Serpentine Pavilion 2016****
Chaque année depuis 2002 où Zaha Hadid avait réalisé le premier, des architectes réalisent un nouveau pavillon. Cette année, c’est au Danois Bjarke Ingels (1974) que l’on doit cette magnifique réalisation à la fois structurée et légère où il fait bon de se donner rvs, e.a. pour déjeuner.
Summer Houses 2016****
Quelques petites maisons modulaires et créatives réalisées par des jeunes -et moins jeune- architectes très créatifs dont celle en forme de sculpture recouverte de cuir du Nigérien Kunlé Adeyemi (1976), celle de Asif Khan (1979) en métal poli, conçue pour capter les rayons du soleil du lac voisin, celle en rondeurs et bois clair (ma préférée) du couple d’architectes américano-allemand Barkow Leibinger et enfin celle en fil de fer toute discrète -qui se fond dans le paysage- du vétéran, architecte et sociologue français d’origine hongroise, Yona Friedman (1923).
Serpentine Gallery Alex Katz ‘Quick Light’***
Une approche unique de la peinture développée à partir des années 50 par cet artiste figuratif américain (1927, Brooklyn, New York), associé au nouveau réalisme et au pop art. Il peint sa famille et son cercle d’amis ainsi que les paysages autour de ses studios de New York et du Maine. Il excelle dans l’art de capturer le moment présent. Ses portraits comme ses paysages, d’une rare intensité captivent notre attention. Une découverte.
Jusqu’au 9 octobre 2016
www.serpentinegalleries.org/…/serpentine-pavilion-and-summer-houses
BANKSIDE
Tate Modern
– Switch House est le nom donné à l’extension, réalisée en harmonie totale avec le bâtiment industriel par le cabinet d’architectes Herzog & de Meuron***. Avoir + siroter un thé à la terrasse à côté de la boutique.
– Start display**** Permanent
3 salles qui nous interrogent sur l’utilisation et le pourquoi de la couleur. Les voit-on toujours de la même façon ? Dans quel état nous sentons-nous quand on pense à une couleur ? Peut-elle être une idée ? Quelle(s) émotion(s) y ajoutons-nous ? Véhiculent-elles une part de notre vécu, de nos souvenirs ? Pourquoi le bleu était-elle la couleur la plus populaire et le rose, toujours associée à la féminité, à la joie ? Des questions auxquelles les œuvres de Josef Albers, William Eggelston, Ceal Floyer, Alexander Calder, Wassily Kandinsky, Henri Matisse, Maria Lalic, Olafur Eliasson, etc. tentent de répondre. N’hésitez pas après à parcourir les autres salles au même étage où les œuvres les plus appréciées de la collection du musée sont mises en regard. Un dialogue édifiant entre, par exemple, Agnès Martin et Anthony Gormley, Gerhard Richter et Bridget Riley, Claude Monet et Marc Rothko, Anish Kapoor et Elsworth Kelly, pour ne citer qu’eux. Décidément, ce musée ouvert à tous (entrée gratuite !) est un modèle dans le monde muséal international.
– Georgia O’Keeffe** Jusqu’au 30 octobre 2016
Une occasion unique de découvrir le travail de cette femme peintre d’avant-garde, connue avant tout pour ses immenses fleurs colorées, ses crânes d’animaux et ses paysages désolés du Nouveau Mexique.
– Bhupen Khakhar ‘You can’t please all’*** Jusqu’au 6 novembre 2016
Première grande rétrospective de ce personnage central de l’art indien moderne (1934-2003) -comptable de profession- qui réunit des toiles en provenance de collections privées du monde entier. On découvre un artiste original qui a peint le monde qui l’entourait avec justesse au moyen de couleurs vives qui raconte son/des histoires à cheval entre le street art, la peinture européenne et le pop art. Un style figuratif unique qui fait de Bhupen Khakhar, un artiste aussi intéressant qu’inclassable !
www.tate.org.uk/visit/tate-modern
PICADILLY
Royal Academy
David Hockney ‘Portraits’**
On se souvient de la remarquable exposition de l’artiste dans les mêmes murs prestigieux de la RA, il y a 4 ans. Le voilà de retour dans les 3 petites salles aux murs rouges (en haut du petit escalier à l’étage) pour exposer 82 portraits et… 1 nature morte ! Ayant quitté les paysages du Yorkshire, le célèbre artiste britannique se réinstalle à Los Angeles et se prend de passion pour l’art du portrait, peignant tous ceux qui gravitent dans son univers. Famille, amis, artistes, connaissances, conservateurs, galeristes, éditeurs, il les représente tous dans son studio assis sur la même chaise contre le même fond bleu intense, dans le même laps de temps qu’il s’est fixé. Le résultat est amusant mais perd peut-être un peu de son intensité à les voir tous ensemble. On a aimé ceux de Frank Gehry, John Baldessari, Benedikt Taschen et Larry Gagosian… les seuls que l’on connaissait pour être honnête !
Jusqu’au 2 octobre 2016
www.royalacademy.org.uk
KING’S ROAD
Saatchi Gallery ‘Exhibitionism’ The Rolling Stones**
Première exposition internationale qui raconte l’histoire fascinante des 50 ans du groupe qui a marqué de son empreinte indélébile la culture populaire de toute une époque. S’étalant sur les deux étages de la prestigieuse galerie et déclinée en 9 thèmes, elle est l’événement de l’année pour les inconditionnels de la bande mythique.
Jusqu’au 4 septembre 2016
www.saatchigallery.com
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FESTIVAL INTERNATIONAL des JARDINS : « Jardins du siècle à venir »
FESTIVAL d’ART CONTEMPORAIN
Texte & Photos de Virginie de Borchgrave
Installations d’artistes contemporains, expositions de peintres et photographes, jardins de création des plus grands architectes paysagistes d’orient et d’occident, etc. le Domaine du Château de Chaumont-sur-Loire avec son parc historique planté d’impressionnants cèdres centenaires accueille depuis 25 ans le Festival International des Jardins et depuis 8 ans, un festival d’art unique où nature et culture se conjuguent en une saison d’art contemporain.
Dans les jardins mais aussi dans le château et les écuries, on découvre dans le désordre des artistes de la trempe de Sarkis, Gabriel Orozco, Andy Goldsworthy, Jean-Baptiste Huynh, Marc Couturier, Gerda Steiner et Jörg Lenzlinger, Jannis Kounellis, Wang Keping, Lee Bae, Mathieu Lehanneur, Vincent Barré, Anne & Patrick Poirier, El Anatsui, Armin Schubert, Giuseppe Penone, Henrique Oliveira, Betty Bui, Chris Drury, Andrea Branzi, Pablo Reinoso pour ne citer qu’eux. Des installations qui pour certaines passent du statut de temporaires à pérennes et viennent agrandir la collection qui s’étoffe d’année en année.
Un prétexte en or pour une balade buissonnière culturelle durant l’été. Prévoyez une journée complète si vous ne voulez rien rater car le domaine est grand et il serait dommage de ne pas avoir le temps de flâner à la découverte des merveilles de cette double manifestation artistique de très haut vol.
Domaine de Chaumont-sur-Loire
Région Centre – Val de Loire
Le parc est ouvert tous les jours de 10h à 20h mais attention le château et les écuries (où sont exposées des œuvres) ferment à 18h30’ (19h en juillet-août)
Entrée complète (extérieur et intérieur) : 18 EUR
ROADTRIP hors des sentiers battus dans le Val de Loire, en Sologne, en Anjou, etc. à la découverte des ‘petits’ châteaux en commençant par Talcy**, Colliers à Muides-sur-Loire (chambres d’hôtes), Ménars, Beauregard*** à Cellettes, Troussay à Cheverny (le plus petit des châteaux de la Loire, dans la même famille depuis 115 ans. Chambres d’hôtes), Fougères-sur-Bièvre*** en plein centre du village, Villesavin, Chemery**, le Manoir de Beauregard (propriété privée d’une beauté sobre entouré d’un parc aux arbres centenaires dont a hérité un jeune propriétaire), Saint-Aignan**, Montpoupon**, Marçay** (hôtel de charme et grand luxe à qques km de Chinon*, Montsoreau**, Saumur**, Brissac** (le plus haut château de France, demeure privée incroyable des Ducs de Brissac à Brissac-Quincé) et terminant le périple à Angers** et ses tours massives, striées et surtout décapitées. www.monuments-nationaux.fr
BAE BIEN U
texte et photos: V.de Borchgrave
Des lignes d’arbres qui construisent, structurent et segmentent la surface de la photographie comme s’il s’agissait d’un tableau. Des paysages particuliers, un espace rendu mystérieux où l’on perd non seulement ses repères entre l’avant et l’arrière-plan mais où l’on sent la brume et les nuages, où l’on devine le vent dans les feuillages et les reflets : « Les photos de Bae Bien-U entretiennent un dialogue étroit avec l’histoire de l’art qui leur permet de recomposer la réalité qu’elles donnent à voir. » Le photographe coréen réalise des « portraits d’arbres » dont la finesse du tirage rend l’écorce présente, le brouillard et l’humidité palpables. Dans ces forêts, caractéristiques de son oeuvre, chaque arbre a sa particularité et impose sa présence ‘corporelle’ incontournable, qui dialogue avec les autres et donnent à ses clichés une « puissance expressive quasi totémique ». Certains parlent de son travail en termes d’ « aquarelles photographiques » qui sont imprégnées des codes de la tradition esthétique et spirituelle orientale tels que l’importance du blanc, la prééminence de la ligne, la précision et la délicatesse des contours, la présence du vide. On assiste aussi avec Bae Bien-U à une remise en question/distorsion de la perspective. Un travail extrêmement graphique où il joue avec la lumière qui apporte toute sa dimension chromatique et volumétrique aux clichés. Invité en résidence à Chambord, le photographe présente une large sélection de ce qu’il a réalisé sur place ainsi que les célèbres forêts de son pays natal, avec lesquelles il s’est taillé une place de choix dans le medium. Né en 1950 en Corée du Sud, Bae Bien-U s’est formé à la peinture traditionnelle et au design, avant d’apprendre la photographie en autodidacte. Il travaille à l’argentique et aucune de ses images ne sont retouchées.
Exposition prolongée jusqu’au 10 juin 2016
Domaine national de Chambord
Ouvert tous les jours de 9h à 18h
Entrée : 11 EUR
www.chambord.org
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FRAC-Nord-Pas-De-Calais/Fonds Régional d’Art Contemporain
texte et photos: V.de Borchgrave
Les habitants de la ville appellent l’impressionnant nouveau bâtiment transparent du FRAC de Dunkerque, qui surplombe la digue et la mer, leur cathédrale de verre. Inauguré en novembre 2013, à l’entrée de la ville, sur le site des anciens chantiers navals, il présente des expositions temporaires sur plusieurs niveaux, aussi spacieux que baignés de lumière. Et au dernier étage, un plateau vide avec une vue panoramique incroyable ! Un lieu exceptionnel. A quelques km seulement de la frontière belge. Il fait partie de ce que l’on appelle les FRAC de ‘nouvelle génération’, c’est-à-dire ceux qui, trente ans après leur création, ont éprouvé le besoin de se construire des ‘murs’ à eux pour exposer des collections, devenues de plus en plus importantes au fil des acquisitions et des années. Des endroits créés en 1982 sous l’initiative de Jack Lang, persuadé de l’importance de l’art dans le développement social et économique des régions françaises. Vingt-deux régions en accueillirent. Rappelons qu’à l’origine, ils n’ont pas vocation à être des lieux d’exposition mais de conservation. Une conception décentralisée de l’art diffusée sur tout le territoire, dans des endroits où le public peut les apprécier. Autrement dit, c’est la collection qui se déplace et part à la rencontre d’un public différent, de prime abord moins concerné par l’art contemporain, non l’inverse. Avec le concept du FRAC, on sort l’art contemporain de son cadre pouvant (parfois/souvent) être perçu comme intimidant.
EXTRAVAGANZA – RESERVE AUX ENFANTS !
Des œuvres de la collection choisies pour sensibiliser les enfants à l’art contemporain comme par exemple les « Moustiques » (1969) de Lothar Baumgarten, « Wham ! » (1982), le petit nain de jardin de Présence Panchounette, le collectif d’artistes bordelais, « Nano Hybrid » (2006) le dessin graphique et ultra coloré de Jean-Luc Moerman, « Les Loquaces » (2002) de François Curlet & Michel François, « Modern Dance » (1987) ou les gros cailloux colorés de Michael Craig-Martin réalisés en hommage à « la Danse » de Matisse, « Bordel sacré » et encore l’installation ludique tout en peluches, camelote et accumulation du compositeur de musique et artiste newyorkais Charlemagne Palestine, etc. Un parcours réellement aussi amusant pour les grands que pour les petits imaginé avec l’œil enfantin du commissaire Richard Leydier !
WILD AT ART – La peinture dans les années 80
C’est le même commissaire qui, au rez-de-chaussée pour les adultes a conçu une petite exposition comme je les aime où en quelques toiles majeures, on couvre un thème bien précis dans une période donnée. A la fin des années 70, où l’art a été fameusement mis à mal (conceptuel et minimal), l’Europe amorce un tournant radical avec un retour en force de la peinture. Avec la volonté de s’affranchir des règles de la génération précédente et un sentiment de liberté absolue, les peintres suisse Martin Disler, français Eugène Leroy, danois Per Kirkeby, autrichiens Otto Zitko et Franz West, allemand Michael Buthe ont été sortis de la collection du Frac pour témoigner d’un désir commun de dépasser le clivage figuration/abstraction produisant des œuvres plus élaborées qu’il n’y paraît, plus libres et ‘sauvages’. La peinture des années 80 ? « A la fois aboutissement et synthèse des recherches picturales menées tout au long du XXe s. par diverses avant-gardes. »
Jusqu’au 28 août 2016
503, Avenue des Bancs de Flandres
F-59 140 Dunkerque
Ouvert du mercredi au dimanche de 12h à 18h
FRAC Centre-Val de Loire
Un surprenant et magnifique bâtiment en plein centre d’Orléans qui donne un élégant prétexte pour venir à Orléans et découvrir la ville de Jeanne d’Arc à 50’ de Paris, où il fait si bon vivre !
« LA VILLE AU LOIN »
En sélectionnant une œuvre dans chacun des 22 autres Frac et en la confrontant à la collection locale, les organisateurs ont décidé de perpétuer à leur manière le premier objectif de ces institutions à savoir, des lieux de migrations disciplinaires de l’art et de l’architecture. Véritable plongée dans l’intense activité urbaine, l’exposition réussit à capter autant l’intimité d’un coin de rue que l’étendue des paysages. On s’y balade comme dans une ville tout en étant attentif à ces féconds dialogues entre peinture, sculpture et architecture.
Boulevard Rocheplatte
F- 45 000 Orléans
Ouvert du mercredi au dimanche de 14h à 19h
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ANNE VALERIE HASH « Décrayonner »
texte et photos: V.de Borchgrave
« De l’extrême féminité aux codes masculins, j’ai trouvé la Ré-conciliation des genres »
Mise en scène magistrale d’une centaine de pièces vestimentaires uniques de la créatrice de mode française qui peut s’enorgueillir d’avoir obtenu pour sa maison, créée il y a une petite quinzaine d’années, le label prestigieux de la Haute Couture. En baptisant sa première collection « FilleMâle », Anne Valérie Hasch s’est imposée d’emblée sur la scène française. Elle y transformait de A à Z un vestiaire masculin en garde-robe féminine. Elle aime déconstruire pour mieux reconstruire -un pantalon d’homme devient par exemple une robe-, déséquilibre les symétries et les volumes, marie les matières aux antipodes, comme la laine d’un costume d’homme avec du tulle, de la soie ou de la dentelle. La créatrice aime les opposés, les mélanges, les contraires. Elle conjugue avec génie, tradition et modernité, pour créer un genre nouveau. Sous le titre « Décrayonner », un mot inventé pour une exposition passionnante qui nous montre un travail qui ne passe pas, comme dans la majorité des cas, par l’intermédiaire du crayon sinon directement par la ciseau et l’aiguille. Première exposition consacrée à AVH présentée non pas comme une rétrospective mais comme une magnifique balade scénographique dans un univers (très) particulier.
Jusqu’au 13 novembre 2016
Cité de la dentelle et de la mode
135, Quai du Commerce
F-62 100 Calais
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h (17h du 1/11 au 31/03). Fermé du 1 au 15/01, les 1/05 & 25/12.
ANNETTE MESSAGER « Dessus Dessous »***
(Texte et photos Virginie de Borchgrave)
Deux musées ont invité la grande artiste française, née en 1943 dans les environs de Calais à Berck-sur-Mer, à occuper leurs espaces. Avec une palette textile impressionnante allant des peluches à la broderie en passant par des dessins, de l’écriture en fils de laine, de la soie, des photographies, elle a créé au fil des années -c’est le cas de la dire- une œuvre hybride impressionnante et totalement originale. On se rappelle « Les Messagers » son exposition au Centre Georges Pompidou à Paris en 2007 et encore à « La Beauté » en Avignon, il y a bien plus longtemps, où l’on s’émouvait devant ses peluches et autres créations mêlant des domaines aussi divers que la politique, la mode ou le social. Annette s’est inventé un monde de fiction aussi doux qu’interrogateur où elle mêle des éléments autobiographiques, intimes et féministes, à la frontière entre le théâtre, la fiction et le jeu. Un travail empreint souvent d’humour, parfois d’ironie… Une quinzaine d’œuvres montrées pour la 1re fois en France dialoguent avec les deux espaces où elle nous parle d’odyssées, de sculpture -« Les Bourgeois de Calais » de Rodin dont son enfance a été imprégnée ici même- mais encore de migrations, de couturières, de collants, de soutien-gorge, bref de mode aussi ! Etonnantes expositions à l’image de cette artiste française aussi internationale qu’hors norme. J’aime les artistes qui nous laissent une empreinte indélébile quand on les découvre et que l’on n’oublie jamais. Annette Messager en fait partie.
Jusqu’au 15 mai 2016
– Musée des Beaux-Arts
25, Rue Richelieu
F-62 100 Calais
Ouvert tous les jours sauf les lundi, dimanche matin & jours fériés de 13h à 18h (17h du 2/11 au 31/03)
www.musenor.com/Calais-Musee-des-beaux-arts
– Cité de la dentelle et de la mode
135, Quai du Commerce
F-62 100 Calais
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h (17h du 1/11 au 31/03). Fermé du 1 au 15/01, les 1/05 & 25/12
LE MUSEE SOULAGES à RODEZ
texte et photos: V.de Borchgrave
Voilà une escapade culturelle de très haut niveau où en quelques jours on a le temps de visiter non seulement l’extraordinaire nouveau Musée de Pierre Soulages, le plus renommé des peintres français contemporains, né à Rodez le 24 décembre 1919 mais encore, de louer une voiture pour parcourir la région, la plus riche en « plus beaux villages de France » et… en tables étoilées !
Inauguré il y a tout juste 2 ans, en plein centre ville dans le jardin du Foirail, à deux pas de la cathédrale, le sobre et long bâtiment de 6000 m2 réalisé par les architectes catalans Roques & Passelac s’étale d’ouest en une succession de différents cubes recouverts d’acier Corten, derrière lesquels on aperçoit les Monts de l’Aubrac. C’est grâce à deux donations du peintre et de sa femme Colette (en 2005 et en 2012) que l’idée d’un musée dans sa ville natale naquit, devenant ainsi la plus grande collection au monde d’oeuvres de Soulages. Présent dans près d’une centaine de musées, avec plus de 1500 peintures sur toile, il a exposé dans le monde entier. Témoignage unique et représentatif de l’œuvre de la figure française majeure de l’abstraction, le musée est un voyage qui commence à ses premières peintures suivi des œuvres de l’après-guerre jusqu’à son fameux « outrenoir » en passant par les brous de noix, les œuvres épurées et linéaires des années 70, les estampes, les eaux-fortes, lithographies, sérigraphies, les cuivres et leurs matrices, les bronzes, les peintures sur papier, celles sur toile avec, en apothéose, une salle dédiée aux vitraux de Conques illustrés par un film qui vous donnera certainement l’envie de pousser la visite jusque là.
Soulages est principalement connu pour l’utilisation dominante de la couleur noire dans ses peintures, une couleur qui a l’art de capter la lumière et de jouer avec elle. Ici, à Rodez, on découvre d’autres couleurs, d’autres pigments tels que le rouge, le brun et même le bleu. Très vite reconnu en Europe à la fin des années 40 et ensuite aux Etats-Unis dans les années 50, il est dans la plupart des collections américaines publiques et privées. En 2010, sa rétrospective à Beaubourg avait attiré plus de 500 000 visiteurs !! Il semble être le peintre contemporain non seulement le plus célèbre et reconnu internationalement mais encore, le plus apprécié de ses pairs.
Laissons maintenant la parole à notre confrère Roger-Pierre Turine qui le connaît bien pour avoir écrit un joli petit livre sur lui (que vous trouverez à la librairie du musée) et qui, à l’occasion de la parution chez Gallimard du Tome IV du Catalogue raisonné du peintre, écrit ceci : « faire dire à la toile, aux matières, coups de brosse et lignes de force, la présence immanente, décisive, de la lumière venue des ténèbres. Cette lumière réfléchit et diversifie l’impact visuel de la toile en fonction de qui la regarde et s’applique à en diversifier les angles de vision. Le bonheur délivré par un tableau de Soulages est à ce prix, une sorte de fiévreuse aventure à quatre mains. »
Une salle d’exposition temporaire de 500m2 accueille jusqu’au 30 avril : « Soto, une rétrospective ». Lumineux, coloré, ludique, mobile, impressionnant, déconcertant, les adjectifs ne manquent pas lorsqu’il s’agit de qualifier l’œuvre de l’artiste vénézuélien Jesus Rafael Soto (1923-2005). On déambule dans les salles, l’œil en éveil, le cerveau bousculé, sensations et vibrations au rendez-vous. On peut même s’y perdre en y pénétrant comme dans le grand « Pénétrable BBL Bleu » (1967), autorisation de plus en plus rare depuis que l’artiste n’est plus. Il faut dire que, nous les Belges, nous venions d’être gâtés cet hiver par la galeriste Valérie Bach qui exposait à La Patinoire une incroyable collection d’art cinétique (tout était à vendre !) où Soto avait évidemment une place de choix. Magicien du visuel qui manipule notre rétine, Soto n’est pas le seul de cette école du regard où nous admirons aussi Cruz-Diez et bien d’autres que nous venons d’admirer encore à la galerie Denise René à Art Brussels le weekend dernier. Des œuvres qui ne seront jamais figées et qui, selon l’angle où l’on se place nous dévoilent d’autres facettes, d’autres couleurs, d’autres formes. Alors entre oscillations, irradiations et vibrations, mon œil chavire ! Et Soulages accueillant Soto en hommage à la lumière et au mouvement sur lesquels les deux artistes contemporains ont (presque) tout misé en fleurtant l’un avec la 3e et l’autre la 4e dimension pour notre plus grand bonheur… optique !
Du 1/07 au 31/08 ouvert du mardi au dimanche inclus de 10h à 19h. Le lundi de 14h à 19h. Du 1/09 au 30/09 ouvert du mardi au dimanche inclus de 11h à 19h. Du 1/10 au 30/04 ouvert du mardi au dimanche inclus de 10h à 12h et de 14h à 18h. Samedi & dimanche de 11h à 18h. Du 2/05 au 30/06 : ouvert du mardi au dimanche inclus de 11h à 19h. Fermé les 1/01, 1/05, 1/11, 25/12. Entrée : 9 EUR / Réduit 5 EUR / Gratuit pour les enfants de moins de 18 ans et les étudiants. Billet combiné aux Musées Fenaille (à voir e.a. pour la salle des dolmens) et Denys-Puech. Tél. : +33 5 65 73 82 60. www.musee-soulages.grand-rodez.com
Ne manquez pas de prendre votre petit déjeuner, déjeuner ou goûter au CAFE BRAS, conçu par Miche Bras, le cuisinier mondialement connu de l’Aveyron. www.cafebras.fr
ROAD TRIP en AVEYRON et dans l’AUBRAC
texte et photos: V.de Borchgrave
Et maintenant, Le Guide Vert Michelin du « Lot Aveyron Vallée du Tarn » à la main, partez à l’assaut de cette région d‘une beauté et d’une richesse époustouflantes.
Je vous conseille un itinéraire qui commence de Rodez par Sauveterre-de-Rouergue*, Villefranche-de-Rouergue**, Belcastel***, Salles-la-Source**, Marcillac-Vallon, Conques*** (étape sur le pèlerinage de St-Jacques-de-Compostelle à ne pas rater pour les vitraux de la superbe église romane réalisés par Soulages), Estaing*, Espalion*, Bouzouls et sa faille**, Saint-Geniez-d’Olt, Saint-Laurent-d’Olt, Sévérac-le-Château et, si vous ne l’avez encore jamais vu, n’hésitez pas à aller jusqu’au Viaduc de Millau*** (arrêt sur l’aire du viaduc pour la vue sur Millau d’un côté et les Gorges du Tarn de l’autre + déguster un capucin à l’aligot truffé de Michel Bras) et enfin Roquefort (visiter les caves), en bouclant en beauté la boucle à La Couvertoïade*** (cité templière).
Retour à Rodez par l’autoroute en 1h30’.
MINI GUIDE PRATIQUE
HOTEL
La Ferme de Bourran www.fermedebourran.com
RESTAURANTS
Goûts & Couleurs* (Jean-Luc Fau) www.goutsetcouleurs.com
Café Bras (Michel Bras) www.cafebras.fr
Bowling du Rouergue (Gilbert Bastide) www.bowlingdurouergue.com
Le Belvédère* (Guillaume Viala) www.belvedere-bozouls.com
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Quelques découvertes culturelles au Nicaragua
Texte & Photos Virginie de Borchgrave
A l’écart des circuits touristiques balisés, le plus grand pays d’Amérique centrale est un trésor méconnu (pour combien de temps encore ?) et la ville de Granada, Patrimoine Mondial de l’Humanité, à la fois la plus ancienne ville coloniale et le plus bel exemple d’harmonie architecturale du XIX e s. de tout le continent latino américain !!
Si vous avez envie d’en savoir un peu plus sur ce pays entre lacs et volcans, lisez le reportage publié ces jours-ci dans le magazine MILES (supplément trimestriel du Moniteur de l’Automobile.)
GRANADA (au sud de Managua)
XIIe Festival de la Poesia du 14 au 20 février 2016
Une semaine unique entre toutes où des poètes en provenance du monde entier -137 poètes de 65 pays- participent à des lectures, tables rondes, ateliers, discussions, dîners, soirées, concerts dans une ambiance relaxe et bon enfant extraordinaire ! Tout se passe dehors, sous les palmiers de la place principale de la ville, devant la façade de magnifiques églises coloniales, dans la bibliothèque d’un couvent, dans les immenses patios de vieilles demeures historiques, etc. Les poètes déclament leurs vers dans leur langue natale et, soit un traducteur les traduit après en espagnol, soit ils le font eux-mêmes et c’est regrettable, car aussi bon que soit leur niveau d’espagnol, tout ce qui fait le charme et la personnalité d’un poème, à savoir sa musicalité disparaît alors au profit du sens, qui n’est pas prioritaire à mes yeux… On a d’ailleurs eu droit à quelques moments épiques, comme la Japonaise qui crut de bonne foi qu’elle parlait l’espagnol et dont on ne comprenait pas un traître mot de sa traduction ou le Portugais qui parlait bien mais dont la lecture aurait été tellement mieux dans sa langue natale… Un geste, certes généreux de la part des participants dont on se passerait bien… Notons que l’écrivaine poète nicaraguayenne Gioconda Belli nous offrit tant dans ses traductions que dans ses propres poèmes, les plus beaux et émouvants moments de cette année.
Rencontre à la fois populaire et intellectuelle, ce festival est à l’image des Nicaraguayens, poètes dans l’âme et le sang qui célèbrent élégamment cet art majeur en Amérique centrale.
Dédié aux poète nicaraguayen Ernesto Mejia Sanchez et guatémaltèque Luis Cardoza y Aragon et aux festivités liées au centenaire de la mort de Ruben Dario, les participants disent volontiers que le Festival de Granada est le meilleur du monde…
L’édition 2017 sera un hommage au salvadorien Roque Dalton (1935-1975) et au nicaraguayen Manolo Cuadra (1907-1957).
www.festivalpoesianicaragua.com
Centro Cultural Convento San Francisco
La plus jolie église de la ville et la plus ancienne de toute l’Amérique latine (1585) a une majestueuse façade qui prend toute sa dimension au coucher du soleil avec la silhouette massive du Volcan Mombacho à sa gauche. Elle possède un intéressant musée (en partie en rénovation aujourd’hui)où sont exposées les grandes statues précolombiennes de l’Ile de Zapatera et les peintures reconnaissables entre toutes de l’Archipel de Solentiname sur le Lac Nicaragua.
www.vianica.com/sp/atractivo/37/centro-cultural-convento-san-francisco
Mi Museo
Fondé en 2005 par le Danois Peder Kolind, qui rassembla une collection de céramiques précolombiennes, ce musée privé est considéré comme le plus riche du pays dans le domaine : 5000 pièces datées entre 2000/1500 ACN et 1550 PCN dont une sélection est présentée dans les salles aérées d’une belle maison coloniale de la Calle Atravesada, l’une des rues principales de Granada, pour découvrir l’histoire des populations de la Côte Pacifique du Nicaragua.
www.mimuseo.org
LEON (au nord-ouest de Managua)
Centro de Arte Fundacion Ortiz-Gurdian
Un couple de collectionneurs originaire de la ville décida, il y a tout juste 20 ans, de créer cette fondation pour aider au développement culturel du pays. Avec l’objectif d’organiser la première Biennale de peinture nicaraguayenne qui eut lieu en 1997 et donna lieu à d’autres biennales dans les pays voisins, ils inaugurèrent le musée en 2001 avec une collection présentée dans une maison qui s’est élargie sur quatre autres aujourd’hui ! Fin 2013, ils ouvrirent aussi un Centre d’Art à Managua, lieu d’exposition et plateforme pour la promotion et diffusion de la culture dans le pays.
La visite de la fondation à Léon est indispensable tant pour le patrimoine architectural que représentent les lieux d’exposition que pour la qualité des œuvres dont on n’ose avouer que l’on ne connaît aucun nom… Quelles découvertes !
www.fundacionortizgurdian.org
Museo Ruben Dario
Impossible de ne pas s’arrêter là où le plus grand poète nicaraguayen (et l’un des plus célèbres de tout le continent) déménagea à 40 ans. Dans une atmosphère coloniale, on lit l’histoire de sa vie sur les murs de cette demeure où il vécut une quinzaine d’années.
www.nicaragua.com/museums/ruben-dario-museum
Museo de la Revolucion
Aussi désuet que la révolution fut importante, particulièrement dans cette partie du Nicaragua, le musée vaut le déplacement rien que pour le récit qu’en font les gardiens, vieux héros sandinistes n’hésitant pas à nous conter leurs histoires personnelles. Le toit offre une belle vue sur la somptueuse Basilique Cathédrale (la plus importante d’Amérique centrale), Patrimoine Mondial de l’Unesco.
www.nicaragua.com/museums/museum-of-the-revolution
TIPITAPA (sur la Panamericana au nord de Managua)
Hacienda San Jacinto
Lieu historique où en 1856 les patriotes nicaraguayens repoussèrent les envahisseurs qui les dépassaient largement en nombre et armement, l’hacienda est reconvertie aujourd’hui en un beau musée au milieu d’un parc où l’on apprend entre autres que le premier canal centraméricain devait se construire au Nicaragua plutôt qu’au Panama. Des problèmes politiques et un tremblement de terre firent tomber le projet à l’eau… www.vianica.com/sp/atractivo/144/sitio-historico-hacienda-san-jacinto
CIUDAD DARIA (Département de Matagalpa au nord-est de Managua)
Casa natal Ruben Dario
Contexte poétique oblige, si vous partez explorer le nord du pays, le détour par la modeste maison natale du poète, héros national, est obligatoire. Comme quoi, il ne faut pas beaucoup aux grands esprits pour se développer et rayonner de par le monde. Quelle intéressante leçon d’humilité.
www.vianica.com/sp/106/museo-casa-natal-de-ruben-diario
A PARIS
(texte et photos :Virginie de Borchgrave)
Andy Warhol Unlimited ***
Une exposition qui vaut le déplacement rien que pour « Shadows » (1978-1979), une ombre abstraite photographiée, sérigraphiée puis colorée en 17 tonalités différentes, déclinée en 102 tableaux identiques, alignés les uns à côté des autres sur plus de 100m de long en provenance du magnifique Dia Beacon, cette ancienne laiterie transformée en musée de 25 000 m2 sur les bords de l’Hudson, aux environs de New York. C’est donc une grande première en Europe pour cette œuvre hors norme dont on ne sait où est le commencement, ni la fin : « un geste radical qui nous invite à repenser l’art de Warhol au-delà des catégories normatives ».
Une œuvre monumentale à appréhender dans l’espace et dans le temps qui pose la question, chère à l’artiste, de savoir ce qui est de l’art et ce qui ne l’est pas : « Tout est de l’art et rien n’est de l’art » dit-il. Tandis qu’il brouille sans cesse la frontière, Warhol simplifie : « Si vous voulez tout savoir sur Andy Warhol, regardez simplement la surface : de mes peintures, de mes films et de moi, je suis là. Il n’y a rien derrière. »
Un parcours intéressant nous y amène en nous faisant passer par des films tournés dans sa « factory », ses sérigraph02ies de chaises électriques sur fond de papier peint de vaches, une salle fleurs dont on ne se lasse pas, une autre Mao et encore les inattendus « Silver Clouds » avec lequel tout le monde joue devant un panneau qui dit « Interdiction de toucher ». Décidemment, avec Warhol, on perd ses repères…
Jusqu’au 7/
Musée d’Art Moderne
11, Avenue du Président Wilson. Paris XVIe
Tél. : + 33 1 53 67 40 00
Ouvert tous les jours sauf le lundi de 10h à 18h. Nocturne le jeudi jusqu’à 22h
Entrée : Plein 12 EUR / Réduit 9 EUR / Gratuit pour les moins de 18 ans
www.mam.paris.fr
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Lucien Clergue. Les premiers albums ***
A peine 1 an que nous a quittés cet homme unique à l’accent aussi chaleureux que ses célèbres femmes nues photographiées à contre-jour, à même le sable, sur les lumineuses plages de Camargue, à quelques km de la belle ville d’Arles, où il avait fondé avec Michel Tournier les fameuses Rencontres Photographiques devenues aujourd’hui, un festival incontournable.
Aussi autodidacte que doué, courageux, culotté et persévérant, il a consacré sa vie entière à ce médium en photographiant les ruines de la guerre, des cimetières, des saltimbanques, des gitans, des natures mortes, des corridas, des toros, des artistes, etc. Dynamique, le jeune Clergue n’a pas raté non plus une opportunité de se faire connaître et de faire apprécier son travail comme, à 20 ans lorsqu’il apprend que Picasso est à la corrida auquel il assiste et qu’il court chez lui pour lui montrer ses clichés, à la sortie des arènes ! C’est le début d’une longue amitié féconde, porteuse et créatrice à laquelle Cocteau prendra part.
Une exposition intelligemment mise en scène qui rend un vibrant hommage à celui qui, sur le tard (en 1979) présentera une thèse de doctorat en photographie sur le langage des sables qu’il soutiendra devant Roland Barthes : « Elaborée à partir de formes et de dessins abstraits et éphémères laissés sur le sable, ce travail au caractère exclusivement graphique séduit les universitaires par sa structure, au point d’être validé en l’absence de tout texte théorique ». Exceptionnel.
Jusqu’au 15/02/16
Galeries nationales du Grand Palais. Entrée Porte H
3, Avenue du Général Eisenhower. Paris VIIIe
Tél. : + 33 1 44 13 17 17
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 20h. Nocturne le mercredi jusqu’à 22h
Entrée : Plein 10 EUR / Réduit 7 EUR
www.grandpalais.fr
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Picasso.mania ****
Et bien non, ce n’est pas une exposition de plus sur Picasso ! Je ne vous cache pas que j’ai même franchement hésité à y aller. Ne faites donc pas comme moi… Courez-y tant le propos est intelligent et la démonstration brillante. Le ton est donné dès l’entrée, où 18 vidéos d’artistes actuels parmi les plus grands -Miguel Barcelo, Frank Gehry, Agnès Varda, Jeff Koons, Frank Stella, Julian Schnabel, Jeff Koons, etc.- expliquent
en quelques minutes ce que représente à leurs yeux le génie Picasso Là, nous sommes préparés pour pénétrer dans l’arène où l’on trouve une quantité non négligeable de ses œuvres jouxtant celles des peintres et dessinateurs qui les ont réinterprétées tels Roy Lichtenstein, Arman, Tinguely, Christo, Tapiès, Andy Warhol (encore lui), Antonio Saura pour ne citer qu’eux. Une influence planétaire de l’un des plus grands artistes de tous les temps dont les yeux pétillent du même éclat, plus de 40 ans après sa mort.
Une exposition qui porte bien son nom car la folie Picasso est encore là et le flambeau, loin de s’éteindre.
Jusqu’au 29/02
Galeries nationales du Grand Palais. Entrée Clémenceau
Avenue du Général Eisenhower. Paris VIIIe
Tél. : + 33 1 40 13 48 00
Ouvert les lundi, jeudi et dimanche de 10h à 20h. Nocturne les mercredi, vendredi & samedi jusqu’à 22h. Fermé le mardi sauf pendant les vacances scolaires
Entrée : Plein 14 EUR / Réduit 10 EUR
www.grandpalais.fr
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Anselm Kiefer****
Impossible d’échapper à l’événement culturel de cet hiver conjugué en 2 volets.
Le premier sous forme d’une rétrospective magistrale de l’un des plus grands artistes de notre époque.
Né en 1945, en Allemagne dans les cendres et les ruines de la Seconde Guerre mondiale, Anselm Kiefer qui puise à volonté dans le passé et la mémoire de son pays cherche depuis ses débuts à briser l’amnésie collective. En d’autres mots, il s’interroge sur la place, le rôle et la responsabilité d’un artiste allemand après le nazisme et la Shoah.
Avec des toiles faites de strates et de différentes couches de matériaux -peinture, papiers brulés, cailloux, terres, plantes et même du plomb (certaines peuvent peser jusqu’à plusieurs centaines de kg !), il met en scène un univers titanesque, sombre, tragique qui n’est autre que celui de son histoire, de sa culture où des penseurs, des poètes comme Jean Genet ou des philosophes comme Heidegger l’accompagnent.
On se ‘balade’ en silence à travers cette œuvre puissante, pleine de feu dans tous les sens du terme d’où se dégage une fascination et une poésie si fortes dont on ne ressort pas indemne… Des grands tableaux de champs de fleurs en hommage à Van Gogh, Baudelaire et Rimbaud, mais surtout à Monet et ses « Nymphéas » (qu’on avait justement revus ‘par hasard’ la veille à l’Orangerie) adoucissent l’atmosphère dans les dernières salles.
On terminera par une installation tout en sable et peintures en hommage à Madame de Staël où l’on découvre, quand on y regarde de plus près, une mitraillette sur son lit à côté du nom d’un des hommes de la Bande à Baader…
Avec Anselm Kiefer, le travail de mémoire est une obsession omniprésente.
Jusqu’au 18/04/16
Centre Georges Pompidou. Galerie 1, niveau 6
Place Georges Pompidou. Paris IVe
Tél. : + 33 1 44 78 12 33
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 11h à 21h. Nocturne le jeudi jusqu’à 23h. Fermeture des caisses 1h avant
Entrée : Plein 14 EUR / Réduit 11 EUR / Gratuit pour les moins de 18 ans sans passage aux caisses et pour les moins de 26 ans avec passage aux caisses
www.centrepompidou.fr
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Anselm Kiefer, l’alchimie du livre
Le second volet plus intime est tourné vers sa passion : les livres d’artistes.
Dans une scénographie qu’il a réalisée lui-même, telle une cathédrale avec des centaines de livres et tout autour des chapelles où sont exposés d’autres plus grands livres et des sculptures, il n’est pas difficile de réaliser que le jeune Kiefer avait pensé à ses débuts à être écrivain. Qu’importe, aujourd’hui l’artiste continue à dévorer des centaines de livres -sa bibliothèque compte 12 000 volumes!- et à en fabriquer, ce qui lui prend plus de 50% de son temps. On retrouve les mêmes matériaux et les mêmes thèmes mais encore des livres érotiques, en référence à Rodin que Kiefer aime particulièrement et où il exposera prochainement.
Jusqu’au 7/02/16
Bibliothèque nationale de France BNF. Site François-Mitterand. Galerie 2
Accès par l’entrée Est face au 25, Rue Emile Durkeim (marches) ou Avenue de France (de plain-pied) à proximité du cinéma MK2-Bibliothèque. Paris XIIIe
tél. : + 33 1 53 79 59 59
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 19h, le dimanche de 13h à 19h. Fermé le lundi
Entrée : Plein 9 EUR / Réduit 7 EUR
www.bnf.fr
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(texte Virginie de Borchgrave, photos Michel Mabille)
Georges Rousse. « Paravents »
Il ne vous reste que quelques jours pour découvrir cet artiste photographe dont on vous a parlé récemment dans Quovadisart (rubrique Extra Muros), lors de l’une de ses dernières expositions dans la galerie Guy Bartschi à Genève. L’occasion de parcourir un endroit extraordinaire à Paris (en combinant la visite avec celle de la Sainte Chapelle) et d’admirer ce travail unique tout en perspectives, capable de transformer un lieu.
Un artiste unique qui perturbe et interroge le visiteur sur son rapport à l’espace. Si vous n’avez plus le temps d’y aller, cela vaut la peine de regarder la vidéo de l’installation de l’œuvre sur le site de la Conciergerie.
Notez que Georges Rousse expose aussi pour le moment au Château de Chambord et ce jusqu’au 10 avril 2016.
Jusqu’au 10/01
La Conciergerie
2, Boulevard du Palais. Paris 1er Ile de la Cité
Tél. : + 33 1 53 40 60 80
Ouvert tous les jours de 9h30’ à 18h
Entrée : Plein 8,50 EUR / réduit 6,50 EUR / Gratuit pour les moins de 18 ans et le premier dimanche du mois de octobre à mars
www.conciergerie.monumentsnationaux.fr
Elisabeth Louise Vigée Le Brun
Pas beaucoup plus de temps pour aller admirer les portraits de cet artiste peintre aussi douée artistiquement que commercialement. C’est suffisamment rare pour le souligner. Première rétrospective en France de celle qui fut la portraitiste de Marie-Antoinette.
A travers ses toiles, on passe en revue la vie hors norme, la personnalité et la carrière de cette femme libre et exceptionnelle (1755-1842) qui s’est enfuie juste à temps et réussit en exil à exercer son talent dans les capitales d’Europe de Milan, Rome et Naples à Londres en passant par Vienne, Berlin et St-Pétersbourg. Ses nombreux autoportraits témoignent d’un art de se mettre en scène et d’utiliser son image avec talent et succès. Elle avait déjà conscience de l’importance que cela représentait. Ses toiles sont toutes empreintes de finesse, douceur, sensibilité et psychologie. Issue d’un milieu modeste avec une mère coiffeuse mais un père artiste qui ne fit que l’encourager dans cette voie : « Tu seras peintre mon enfant ou jamais il n’en sera », alors qu’elle n’avait que 8 ans ! Son génie doublé d’une force de caractère et d’une capacité impressionnante de travail la fit percer dans ce monde très macho, malgré calomnie et jalousie dont elle n’a pas été épargnée.
Jusqu’au 11/01
Grand nationales du Grand Palais. Entrée Clémenceau
Place Clémenceau. Paris VIIIe
Tél. : + 33 1 40 13 48 00
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 20h. Nocturne le mercredi jusqu’à 22h
Entrée : Plein 13 EUR / Réduit 9 EUR
www.grandpalais.fr
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Qui a peur des femmes photographes ?
Voilà de quoi nous prouver que la photographie n’est pas seulement une affaire d’hommes ! Une exposition en deux volets chronologiques qui montre combien certaines femmes ont été pionnières dans ce métier et le rôle qu’elles ont joué dans l’histoire de la photographie, se taillant une place qui n’a rien à envier à leurs consoeurs artistes peintres.
Les travaux photographiques de 75 femmes, principalement anglo-saxonnes et françaises dévoilent comment elles ont su dépasser leur condition féminine pour s’engager dans une voie d’émancipation, exerçant une liberté d’action et d’expression encore plus riche que leurs confrères. Une aventure qui commence au XIXe s. et qui se poursuit jusqu’à la fin de la guerre. Gardiennes de la mémoire familiale comme chantres de l’amour maternel, les femmes de la bonne société victorienne n’hésitent pas à utiliser le medium pour confectionner des albums où l’on peut admirer des portraits, des paysages et même déjà des photocollages ! A travers ces photos, on réalise aussi combien à l’époque, les femmes étaient confinées à la sphère familiale et domestique. Vient après le temps des voyageuses photographes en même temps que la naissance de la presse illustrée, de l’intérêt pour les minorités ethniques ou sociales, du travail, de l’éducation, de la santé et des pionnières du photojournalisme, qui sont sur le terrain pour immortaliser la guerre…
N’oubliez surtout pas de profiter de votre visite à l’Orangerie pour admirer au rez-de-chaussée les magnifiques « nymphéas » de Monet, surtout depuis que les salles ont été complètement rénovées, il y a quelques années à peine.
Jusqu’au 24/01
-Musée de l’Orangerie 1re Partie 1839 > 1919
Jardin des Tuileries. Place de la Concorde. Paris Ier
Tél. : + 33 1 44 77 80 07
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 9h à 18h
Entrée : Plein 9 EUR / Réduit 6,50 EUR / Gratuit pour les moins de 26 ans & le 1er dimanche du mois
www.musee-orangerie.fr
-Musée d’Orsay 2nde Partie 1918 > 1945
1, Rue de la Légion d’Honneur. Paris VIIe
Tél. : + 33 1 40 49 48 14
Ouvert tous les jours sauf le lundi de 9h30’ à 18h. Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Entrée : Plein 12 EUR / Réduit 9 EUR et tous les jours à partir de 16h30’
www.musee-orsay.fr
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Philippe Halsman
Là, nous voilà dans un tout autre univers ! Celui du célèbre photographe américain des couvertures de Life -il en a fait une centaine !- depuis ses débuts à Paris où il émigra dans les années 30 (il était né en 1906 en Lettonie) jusqu’à son studio à New York où il partit s’établir en 1940 et où il connut un succès fou jusqu’à la fin des années 60.
Ses portraits de Marylin Monroe, toute jeune starlette et déjà si photogénique, son travail avec Salvador Dali, Jean Cocteau, la divine Audrey Hepburn, son invention de la jumpology : « Quand on saute, le masque tombe et la vraie personnalité se dévoile » en font non seulement un photographe hors du commun mais très attachant aussi, surtout quand on le voit en famille avec sa femme et ses deux petites filles (dont, ‘détail’ non anodin, l’une regarde à travers un Rolleiflex… )
Un artiste qui n’a eu de cesse d’explorer et interroger la photographie en cherchant à se renouveler et qui a laissé une oeuvre aussi technique qu’esthétique, aussi diversifiée que joyeuse !
Jusqu’au 24/01
Jeu de Paume
1, Place de la Concorde. Paris VIIIe
Tél. : + 33 1 47 03 12 50
Ouvert tous les jours sauf le lundi de 11h à 19h. Nocturne le mardi jusqu’à 21h
Entrée : Plein 10 EUR / Réduit 7,50 EUR / Gratuit pour les moins de 25 ans
www.jeudepaume.org
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MATISSE et LA GRAVURE. L’autre instrument.
(texte Virginie de Borchgrave, photos Michel Mabille)
Du petit musée intime que je connaissais et pensais retrouver, me voilà face à un grand beau bâtiment assorti de deux ailes modernes accueillant une collection de plus en plus importante, au fil des généreuses donations de la famille et des amis artistes !
En effet, en 2002, le musée Matisse a réouvert ses portes à Le Cateau-Cambrésis, sous la lumière du nord de sa ville natale qu’il quitta d’abord pour Paris, ensuite le midi de la France, et même le Maroc à Tanger. Un musée créé par le peintre lui-même qui, en 1952 offre à ses concitoyens plus de 80 œuvres qu’il installe dans l’hôtel de ville.
Je ne vais pas vous parler de ses peintures aux couleurs, matières, d’une beauté et d’une poésie auxquelles il nous a habitués et que vous retrouverez peu ici. L’exposition temporaire nous montre le peintre graveur : des dizaines d’estampes où l’on admire le maître découvrir et travailler avec génie toutes les techniques élaborées de la gravure: pointe-sèche, eau-forte, aquatinte, monotype, bois, linogravure, lithographie, sérigraphie. « Matisse nous prouve avec l’estampe que le noir est une couleur, en créant des oeuvres où son trait se développe dans une incroyable précision comme dans une totale liberté. »
Le parcours est chronologique émaillé de textes explicatifs qui nous éclairent sur cet art complexe et exigeant.
Cette exposition d’une richesse exceptionnelle due aux prêts non seulement de la famille mais encore du Musée Matisse de Nice, de la BNF à Paris et même du V&A à Londres, nous fait découvrir un pan de la création artistique de l’artiste très peu montré, si ce n’est en 2011 à Paris à La Fondation Mona Bismarck sous le titre « Une autre langue, Matisse et la gravure». Avec comme leitmotiv la figure, ce qui a toujours le plus intéressé Matisse, nous assistons à une exploration de la créativité sans limite d’un homme qui n’a cessé de vouloir apprendre et expérimenter ce qu’il apprenait, avec le talent et le génie qu’on lui connaît. Longtemps jugée comme un art mineur car reproductible, l’exposition a le mérite de nous montrer le caractère primordial de l’estampe surtout avec un artiste comme Matisse qui limitait sévèrement le tirage, parfois même jusqu’à un seul exemplaire !
« Il s’agit d’apprendre et de réapprendre une écriture qui est celle des lignes », disait-il.
Jusqu’au 6 mars 2016
Musée Départemental Matisse
Palais Fénelon
Place du Commandant Richez
F-59 360 Le Cateau-Cambrésis
(à 67 km de Lille et 31 km de Valenciennes)
Tél. : + 33 3 59 73 38 00
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h.
Entrée : Plein 7 EUR / Réduit 3 EUR / Gratuit chaque premier dimanche du mois
museematisse@cg59.fr
www.musematisse.lenord.fr
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BEAUTE CONGO 1926-2015
♥♥♥♥♥ – Vu l’immense succès de cette exposition magistrale conçue par André Magnin qui présente pour la première fois un siècle de peinture de la République démocratique du Congo, elle a été prolongée de deux mois! Rappelons que c’est lui aussi qui était le commissaire de la légendaire exposition « Les Magiciens de la Terre » en 1989 à Paris.
à Paris :
BEAUTE CONGO 1926-2015
♥♥♥♥♥
Texte: Virginie de Borchgrave
Vu l’immense succès de cette exposition magistrale conçue par André Magnin qui présente pour la première fois un siècle de peinture de la République démocratique du Congo, elle a été prolongée de deux mois! Rappelons que c’est lui aussi qui était le commissaire de la légendaire exposition « Les Magiciens de la Terre » en 1989 à Paris.
Des premiers peintres du Congo présentés au sous-sol tels Oscar Kilima et ses animaux et feuillages stylisés, Lukanga, Kayembe, ou Lubaki qui faisaient partie de l’atelier du Hangar de Pierre Romain-Desfossés dans les années 50, Bela, Mode Muntu aux toiles très graphiques ou plus tard, Moke, pionnier de la peinture populaire au Congo qui vivait sur les marchés en vendant ses peintures de paysages réalisées avec ses doigts sur du carton et encore, le photographe Ambroise Ngaimoko né en Angola et qui arriva à Kinshasa chassé par la guerre pour y créer son Studio 3Z, immortalisant les jeunes hommes du monde de la SAPE (Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes) aux pantalons aux pattes d’éléphant, elles sont toutes dignes d’intérêt ! Avec leur vitalité, leur dynamisme, leur sens des formes, des couleurs, du mouvement, de la composition, il est très difficile de ne pas être séduit. Notons que la plupart des toiles sont issues du Musée de l’Afrique à Tervuren, de la Bibliothèque royale ou encore de la collection de Pierre Loos.
Au rez-de-chaussée, on découvre les artistes d’aujourd’hui dont les noms nous sont familiers comme Chéri Samba, Chéri Chérin, Sammy Baloji dont les corps noir ébène et sculpturaux se détachent des paysages, Steve Bandoma et ses montages, JP Mika qui a été choisi pour illustrer l’invitation, Cheik Ledy, etc. expriment leur esprit critique tout en questionnant le monde dans lequel ils vivent. On ne se lasse pas d’admirer tant la technique que la joie qui en émanent. Un excellent film cède la parole à chacun des artistes qui explique sa démarche. Prenez le temps de le regarder après avoir parcouru l’exposition qu’il complète très bien.
En parallèle au parcours pictural, un parcours musical (rumba, funk, musique populaire) témoigne de l’omniprésence de la musique dans la vie congolaise.
Sachez qu’aujourd’hui encore malgré tous les problèmes politiques, sociologiques et économiques que connaît le pays, la création culturelle en RDC tant dans le domaine des arts plastiques, visuels que dans la musique ou le théâtre est exceptionnelle. Le Centre Wallonie-Bruxelles, le Centre d’art Bilembo, l’Institut culturel français à la Gombe pour ne citer qu’eux font à Kinshasa avec des gens compétents un travail remarquable et de très haut niveau pour aider et promouvoir la culture locale, qui est l’une des plus vivantes et passionnantes que j’ai rencontrées dans une capitale étrangère dans les vingt dernières années !
Jusqu’au 10 janvier 2016
Fondation Cartier pour l’art contemporain
261, Boulevard Raspail
F-75 014 Paris
Tél. : +33 1 42 18 56 50
Ouvert le mardi de 11h à 22h et du mercredi au dimanche de 11h à 20h. Tous les jours à 18h visite guidée de l’exposition avec le billet d’entrée.
Entrée : Plein 10,50 EUR / Réduit 7 EUR
Métro : Raspail ou Denfert-Rochereau (Ligne 4 & 6)
www.fondation.cartier.com
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En Suisse
(Photos et texte: Virginie de Borchgrave)
GENEVE
– Jan Fabre « Sacrum Cerebrum »
Saviez-vous que Jan Fabre étudie la neurologie depuis 10 ans ? Cette série de 13 sculptures en marbre blanc de Carrare face à une autre série d’œuvres sur papier, accrochées aux cimaises ont été créées spécialement pour l’exposition. Elles sont le fruit de l’avancement de ses recherches sur le cerveau humain comme « siège de l’imagination, de l’empathie et de la compassion ». La technique pour réaliser ces différentes interprétations poétiques du cerveau est impressionnante. L’artiste se livre à des associations inattendues, n’hésitant pas à puiser dans l’iconographie chrétienne. Une belle manière de s’interroger sur le fonctionnement de cet organe qui ne vieillit jamais… à condition de l’entretenir au quotidien ! Poursuivant en parallèle un travail théâtral, Jan Fabre n’arrêtera jamais de se renouveler et de nous surprendre : il est aujourd’hui en tournée dans toute l’Europe avec « Mount Olympus. To glorify the cult of tragedy », une œuvre mêlant danse et théâtre qui dure 24h…
Jusqu’au 8 janvier 2016
24, Rue du Vieux-Billard CH-1205 Genève
– Georges Rousse « Utopia »
Il vous reste quelques jours encore pour découvrir les magnifiques photographies de l’artiste, photographe plasticien français (Paris, 1947) qui poursuit un travail totalement original depuis 30 ans et avec lequel, le galeriste collabore depuis une dizaine d’années. George Rousse parcourt le monde « pour découvrir, investir et transformer des lieux abandonnées en espaces picturaux sur le mode de l’anamorphose. » En d’autres mots, il cherche à perturber nos sens en élaborant des installations qu’il réalise en dessinant, découpant, peignant des sols et/ou des murs, obligeant notre cerveau à opérer une mise au point. Et puis, il les photographie.
A Genève, il présente son dernier travail réalisé au Familistère de Guise, important lieu de l’histoire économique et sociale de la France, en Picardie. En 2014, il était à la Base sous-marine de Bordeaux et en 2016, il sera en Corée du Sud pour peaufiner un projet sur lequel il travaille depuis longtemps. La renommée de cet artiste inclassable est internationale.
Jusqu’au 5 décembre 2016
43, Route des Jeunes CH-1227 Les Acacias (Genève)
Galerie Guy Bärtschi Tél. : +41 22 310 00 13 info@bartschi.ch
Art Bärtschi & Cie : www.bartschi.ch
www.facebook.com/galeriebartschi
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LAUSANNE
– Le Musée Olympique
Un impressionnant bâtiment moderne et tout blanc de 3000 m2, agrémenté d’un parc où quelques sculptures font face au lac. Rien que la vue est époustouflante. Commencez la visite en montant au dernier étage pour découvrir le restaurant et la terrasse, rendez-vous exclusif du tout Lausanne ! Un musée interactif, très stimulant -esprit olympique oblige- pour évoquer l’histoire des Jeux qui ont traversé l’histoire de l’Humanité, rassemblé des hommes et des femmes de tous les pays autour des mêmes valeurs. De quoi s’interroger aussi sur les limites de l’humain…
Jusqu’au 26 janvier 2016 « JO : L’envers de l’écran » : une expérience multimédia qui décortique le mécanisme capable d’offrir à la planète entière de quoi vibrer à l’unisson, le temps de la durée des JO.
Quai Ouchy, 1 CH-1006 Lausanne. Tél. : +41 21 621 65 11. Ouvert tous les jours sauf le lundi du 1/05 au 14/10 de 9h à 18h et du 15/10 au 30/04 de 10h à 18h. Fermé les 25/12 & 1/01. Entrée : Plein 18 CHF / Senior 16 CHF / Etudiant 12 CHF / Enfant 6-16 ans 10 CHF www.olympic.org/museum
– Musée de l’Elysée
Le musée cantonal de la photographie de Lausanne situé depuis 30 ans dans une vieille demeure à côté du Musée Olympique présente jusqu’au 3 janvier 2016 « La mémoire des images : autour de la collection iconographique vaudoise », c’est-à-dire le patrimoine qui est à l’origine de sa collection rassemblée par le pasteur Paul Vionnet (1830-1914), pionnier de la photographie locale.
Un musée d’envergure qui possède plus d’un million de phototypes, dont 100 000 tirages positifs, 800 000 plaques et négatifs, de nombreux fonds photographiques et l’une des plus importantes collections de livres de photos. L’occasion aussi de saluer sa charmante directrice (d’origine belge), Tatyana Franck rencontrée récemment à Paris Photo et qui en profite pour nous tenir au courant du déménagement prochain du musée dans un grand bâtiment moderne près de la gare, qui regroupera, sous le même toit, le Musée de Design et d’Arts appliqués contemporains (MUDAC) dont nous avions déjà parlé dans notre premier Carnet de Voyage suisse. Doté d’une superficie de plus de 5000 m2, le nouveau musée multipliera par 2 sa surface actuelle d’exposition et par 3, celle de ses réserves : « Les trésors du musée pourront enfin être montrés au public de façon régulière et pérenne » ajoute-t-elle, précisant qu’il ne s’agira plus d’une maison transformée en musée.
Désigné comme le complexe muséal d’envergure internationale à Lausanne, le cabinet d’architectes portugais Aires Mateus & Associados qui a gagné le concours le décrit comme « deux masses de béton, (qui) en une ondulation géométrique, se touchent, se frôlent, s’ouvrent. Par le ciel ou dans le sol, elles trouvent leur lumière, subtile, choisie. Entre elles, l’espace flotte (… ). L’Elysée en dessine le socle, le mudac la voûte. Deux musées et un espace, composant un volume prismatique… ».
En ayant choisi ce projet ambitieux à la ligne architecturale forte, le comité a décidé de placer la ville de Lausanne sur l’échiquier des villes culturelles européennes qui comptent. Réalisation prévue en 2020, question de réunir les fonds nécessaires…
Avenue de l’Elysée, 18 CH-1006 Lausanne. Tél. : +41 21 316 99 11. Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h. Fermé les 25/12 & 1/01. Entrée : Plein 8 CHF / Senior 6 CHF / Etudiant 4 CHF / Moins de 16 ans gratuit. Entrée libre les premiers samedis du mois.
info@elysee.ch www.elysee.ch
– Giuseppe Penone « Regards croisés »
Première exposition en Suisse romande de l’artiste italien (1947), tant sculpteur que dessinateur, qui vit et travaille à Turin. A l’inverse des ses autres expositions qui montrent en général ses sculptures agrémentées des dessins préparatoires, on a pris ici comme point de départ le dessin, ponctué de quelques (incroyables) sculptures. Plus une dizaine de travaux sur papier issus de sa collection personnelle tels Giacometti, Modigliani, Bonnard, Malevitch, etc.
Différents regards, techniques, formes d’expression confrontées avec un crayon et beaucoup d’harmonie qui invitent subtilement à approcher sous un autre angle ce protagoniste majeur de l’Arte Povera. En photo, « Spazio di luce, 2008 », un tronc d’arbre en bronze découpé en 8 fragments évidés et teintés d’or qui s’étend horizontalement; une pièce monumentale présentée à Versailles en 2014. L’arbre est le leitmotiv de Penone, représentant à ses yeux la synthèse entre la nature et la culture. Il le réalise en bronze, un matériau durable qui « fossilise le végétal ». « Ce qui m’intéresse, ajoute-t-il, c’est quand le travail de l’homme commence à devenir nature. »
Jusqu’au 3 janvier 2016
Musée Cantonal des Beaux-Arts Palais de Rumine
Place de la Riponne, 6 CH-1014 Lausanne. Tél. : +41 21 316 34 45. Ouvert du mardi au vendredi de 11h à 18h, les samedi et dimanche de 11h à 17h. Fermé les 25/12 & 1/01. Entrée : Plein 8 CHF / Seniors & étudiants 6 CHF / Moins de 16 ans gratuit. Entrée libre les premiers samedis du mois. info.beaux-arts@vd.ch www.mcba.ch
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PARIS, un weekend de novembre 2015
(texte Virginie de Borchgrave & photos Michel Mabille)
« Il y a des moments où l’on écrit car on pense participer à un combat… » Roland Barthes in Radioscopie de Jacques Chancel, France Inter, 1973.
J’étais à Paris ce weekend et je ne me suis pas enfuie. Nous avons choisi, mon photographe et moi de rester, malgré que TOUT était fermé et que des amis nous proposaient deux places dans leur voiture samedi midi pour rentrer. Nous nous sommes baladés partout à pied, avons été dimanche matin Place de la République écouter et parler avec les gens, avons été les témoins des centaines d’interviews orchestrées par toutes les radios et télévisons du monde entier dépêchés sur place, parcouru la très belle 5e biennale Photo Quai organisée depuis 2007 par le Musée Branly sur les quais qui lui font face, pris le temps d’aller voir des amis chers, poussé la porte de l’Eglise des Batignolles bondée, qui résonnait au crépuscule de recueillement et de chant.
En ce jour, la lumière était, au sens propre comme au figuré, aussi profonde que le cœur endeuillé des gens, toutes religions et origines confondues et Paris, plus digne que jamais essayait d’être à la hauteur de sa devise « Fluctuat nec mergitur » qui signifie « Tangue mais ne chavire jamais. »
Nous n’avons pas regretté d’avoir fait le choix d’être là.
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Madrid
Texte & photos: Virginie de Borchgrave
Retrouvailles chaleureuses avec « la ciudad de los gatos que nunca duermen ». Traduction : la ville des chats qui ne dorment jamais ! Pour ceux qui ne le savent pas, on surnomme ainsi les madrilènes, à cause de leur intense vie nocturne. En effet, je ne connais pas de ville au monde plus animée que la capitale espagnole dont les horaires me conviennent si bien. Ici, on a le temps de tout faire car les musées, les magasins, les restaurants, les cafés ont des horaires élastiques qui n’obligent pas à choisir ! Exemple : les musées ferment pour la plupart à 20h, les magasins sont ouverts jusqu’à 22h et on dîne vers 22h30’.
Parcours culturel illustré d’un long weekend latin :
Juego de pistas
Beirut y Una Nueva Generacion de Artistas
Dans un bâtiment unique à l’architecture mauresque le long du Parc du Retiro, on découvre une petite exposition itinérante d’une dizaine d’artistes libanais (elle était à Londres cet été et sera à Cordoue cet hiver). Les commissaires Sam Bardaouil et Till Fellrath analysent les perspectives d’un groupe d’artistes émergents, sélectionnés sur base de leur relation à la ville, espace concret source de créativité, d’échange et de confrontation. Chaque artiste a développé sa propre interaction avec Beyrouth à la vie culturelle intense et au riche legs artistique. Les œuvres exposées sont très différentes tant au niveau des moyens employés que des angles de vue mais ce qui est important à souligner, c’est qu’elles émergent toutes de la scène artistique urbaine du Beyrouth des années 90, c’est-à-dire dans l’immédiat de l’après-guerre civile.
Jusqu’au 22 novembre 2016
Casa arabe
Calle Alcala, 62 (Principe de Vergara)
Ouvert de lundi à samedi de 11h à 15h et de 16h à 19h30’, les dimanche & jours fériés de 11h à 15h
Entrée gratuite
www.casaarabe.es
Josef Koudelka
Un des très grands photographes du XXe s. (1938), Tchèque nationalisé Français qui, au milieu des années 50, au moment où la Tchécoslovaquie changeait, suite à la mort de Staline, après deux décennies de répression brutale monta à la capitale et immortalisa ces années cruciales. Photos de gitans dans leurs camps, d’acteurs de théâtre pendant les répétitions, de manifestants, des soldats pour contrer l’arrivée des chars soviétiques en 1968, etc. Avec plus d’une corde à son arc, Koudelka est aussi l’auteur de photographies panoramiques autour du monde. Une exposition exceptionnelle qui passe en revue plus de 5 décennies du travail de ce photographe hors pair.
Jusqu’au 29 novembre 2016
Fundacion Mapfre
Sala de exposiciones Barbara de Braganza
Calle Barbara de Braganza, 13
28014 Madrid
Ouvert le lundi de 14h à 20h, du mardi au samedi de 10h à 20h, les dimanche & jours fériés de 11h à 19h
Entrée : 4 EUR
www.fundacionmapfre.org
Pierre Bonnard
Première grande rétrospective dédiée en Espagne depuis 30 ans à l’artiste français, à la charnière de l’art moderne, auteur d’une œuvre aussi personnelle qu’inclassable. Appelé « le nabi très japonard » avec un style vif et réellement original, Bonnard a construit, en marge des canons classiques de la peinture, une œuvre remarquable dotée d’une esthétique décorative dans laquelle les motifs se rejoignent en une trame complexe de lignes, arabesques et taches de couleurs. Un artiste qui a suivi son propre chemin traduisant avec une totale liberté le monde qui l’entourait : sa famille, ses amis, ses marchands et surtout ses amantes dont plus particulièrement Marthe de Méligny, une femme névrosée et misanthrope qu’il connût en 1893 et avec laquelle il se maria en 1925.
Personnages souvent empreints de mélancolie, de tendresse, d’érotisme mais aussi de solitude et d’isolement. Sous une image de simplicité tranquille, l’oeuvre de Pierre Bonnard se révèle plus complexe qu’elle n’y paraît, pleine de nuances, à la fois hors du temps et représentative de la Peinture avec un grand P.
Jusqu’au 10 janvier 2016
Fundacion Mapfre
Sala de exposiciones Recoletos
Paseo de Recoletos, 23
28004 Madrid
Ouvert le lundi de 14h à 20h, du mardi au samedi de 10h à 20h, les dimanche & jours fériés de 11h à 19h
www.fundacionmapfre.org
Alvar Aalto
Arquitectura organica, arte y diseno
Sans conteste l’architecte finlandais le plus important de sa génération, Alvar Aalto (1898-1976) est le représentant d’une modernité ‘humaniste’ en ce sens que l’homme a toujours été au centre de ses préoccupations. En sont témoins le Sanatorium de Paimio ou la Bibliothèque de Viipuri où volumes, matériaux et lumière se conjuguent au bien-être, avec génie et sensibilité. Mais ce sont ses chaises en contreplaqué qui le rendirent célèbre et le convertirent en l’un des designers les plus célèbres du XXe s. En 50 ans, le génial architecte réalisa une cinquantaine de bâtiments en Finlande et près d’une centaine à l’étranger. On trouve de tout dans son œuvre : des centres culturels, des maisons privées, des pavillons d’expositions, des bureaux, des maisons préfabriquées. Un grand nombre d’entre eux sont des œuvres totales car il dessinait non seulement l’immeuble mais encore tout le mobilier jusqu’aux lampes et aux tapis ! Une exposition bien documentée qui nous montre que l’embellissement de la vie quotidienne à travers l’art et la culture fut le thème de prédilection de Alvar Aalto. Notons que ce qu’il vit durant ses voyages en Espagne en 1951 où il visita Barcelone, Madrid, Palma de Majorque et l’ l’Andalousie (qui le mena jusqu’au nord du Maroc) l’influencèrent jusqu’à la fin de sa vie.
Jusqu’au 10 janvier 2016
CaixaForum Madrid
El centro social y cultural de la obra social « la Caixa »
Paseo del Prado, 36
28014 Madrid
Ouvert de lundi à dimanche de 10h à 20h
Entrée : 4 EUR. Gratuite pour les moins de 16 ans
www.laCaixa.es
C’est au peintre le plus important et le plus prolifique d’Estrémadure, Luis de Morales (1510-1586) que le célèbre Musée du Prado consacre un bijou d’exposition. Influencé par les maîtres de Flandres et de Castille, celui qu’on surnomma « le divin » car il ne réalisa que des peintures religieuses, devint rapidement célèbre. Avec un sens commercial évident, Morales adapta à la clientèle de l’époque un produit artistique et de dévotion très soigné, qui mêlait les traditions flamandes du début du XVIe s. aux éléments et modèles italianisants. Avec ses interprétations sensibles et proches du croyant, le maître réussit à marier sa grande efficacité visuelle à une intense charge émotionnelle. Une cinquantaine de toiles parmi lesquelles j’ai admiré les ravissantes Vierge à l’enfant dont l’originale Vierge au chapeau ou gitane.
Jusau’au 10 janvier 2016
Museo Nacional del Prado
Entrée : 14 EUR du lundi au samedi de 10h à 20h, les dimanche & jours fériés de 10h à 19h
Entrée réduite à 7 EUR du lundi au samedi de 18h à 20h, les dimanche & jours fériés de 17h à 19h
Accès gratuit à la collection permanente du lundi au samedi de 18h à 20h, les dimanches & jours fériés de 17h à 19h
www.museodelprado.es
Caligrafia espanola
El arte de escribir
Une exposition dont le but est de montrer la valeur esthétique, culturelle et sociale que la calligraphie représenta en Espagne du XVI au XIXe s. où elle se développa sous des traits et des caractéristiques propres. D’origine italienne -elle apparut avec la Renaissance et le développement de l’imprimerie-, c’est au milieu du XVIe s. que l’on vit naître les premiers traités et manuels d’écriture. Le travail de calligraphe convertit alors rapidement le scribe en ‘créateur’. Par l’écriture, l’art de la calligraphie ajoutait au contenu du texte la beauté du dessin et du trait. Déclinée en différents chapitres, l’exposition nous amène à travers divers manuscrits à comprendre comment petit à petit l’écriture calligraphiée se mua en une graphie commerciale, amenée inévitablement par le monde industriel.
Jusqu’au 10 janvier 2016
Biblioteca Nacional de EspanaPaseo de Recoletos, 20
28001 Madrid
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 20h, le dimanche & les jours fériés de 10h à 14h. Fermé le lundiEntrée gratuite
www.bne.es
Caligrafia hoy
Del trazo al concepto
« L’écriture a besoin de sens alors que la calligraphie qui s’exprime surtout par la forme et le geste, élève l’esprit et illumine les sentiments », dixit Wang Xizhi, le grand calligraphe chinois.
Deuxième volet de l’exposition qui nous apprend que l’on doit la calligraphie contemporaine principalement à trois maîtres. Ce sont l’Anglais Edward Johnston, l’Autrichien Rudolf von Larisch et l’Allemand Rudolf Koch- qui l’ont remise à l’honneur au XXe s. Désormais liée à la civilisation, la culture et la société, on la retrouve partout, des bouteilles de vin aux étiquettes de vêtements, en passant par des pochettes CD, des posters ou des jaquettes de livres.
Jusqu’au 31 janvier 2016
Biblioteca Nacional de Espana
Museo de la Biblioteca
Sala de las Musas
Paseo de Recoletos, 20
28001 Madrid
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 20h, le dimanche & les jours fériés de 10h à 14h. Fermé le lundi
Entrée gratuite
www.bne.es
CARNET DE VOYAGE GREC : HYDRA
(toutes les photos: M. Mabille)
La plus attachante des îles du Golfe Saronique, à moins de 2h du Pirée en Flying Cat a beaucoup à offrir du point de vue culturel.
Commençons par son Historical Archives – Museum of Hydra, situé depuis 1918 dans un magnifique bâtiment à l’entrée du port.
Cet été, une exposition du peintre Alexis Veroucas intitulée « Rocky Days » nous montre au rez-de-chaussée quelques immenses toiles de rochers d’Hydra peints en 2012 et 2015 dans des dégradés de verts et de bleus. Réalisés à partir de photos en noir et blanc que l’on découvre dans le catalogue, le résultat est saisissant, à mi-chemin entre figuration et abstraction, avec une technique presque pointilliste quand l’on s’en approche qui leur donne un relief particulier. Mises en vente à 22000 Eur, elles étaient presque toutes vendues en quelques jours après le vernissage… Profitez-en pour vous balader dans les autres salles du musée qui vous apprendront à travers portraits, marines, maquettes et divers objets l’histoire de cette île au passé très riche, dont plusieurs grands hommes (pas seulement politiques…) sont issus et ont participé à l’histoire nationale. Ouvert de 9h à 16h hors saison et en juillet-août de 9h à 16h & de 19h30’ à 21h30’. www.iamy.gr
The Koundouriotis Historical Mansion, témoin de la puissance navale de l’île, domine le port de sa masse ocre. Elle est depuis sa rénovation, il y a quelques années déjà, une annexe du Musée National d’Histoire d’Athènes. C’est Pantelis Kountouriotis, le dernier descendant de la famille qui veille encore sur elle et le mobilier qui est celui de sa famille.
Ouvert tous les jours d’avril à octobre de 10h à 14h & de 17h30’ à 20h30’. www.nhmuseum.gr
The Deste Foundation Slaughterhouse Project Space (fondée à Athènes en 1983 par le grand collectionneur d’art contemporain Dakis Joannou) sur la route de Miramare, à quelques centaines de mètres du port, stratégiquement situé au somment de la falaise accueille en été depuis 6 ans, une installation d’art contemporain. Cette année, c’est l’artiste américain d’origine chinoise Paul Chan (Hong Kong, 1973) qui a investi les lieux en mettant en scène et interrogeant à sa manière « Hippias Minor », l’un des dialogues les plus controversés de Platon.
Une charmante hôtesse tente intelligemment de nous expliquer en français la démarche de l’artiste qui est complexe… Quant aux trois grandes ‘figures’ blanches qui se gonflent et se dégonflent sur le toit au gré du vent, elles sont les interprétations/symbolisations des héros de la mythologie grecque (Achille, Ulysse, Hector) qui ont le mérite de nous signaler l’endroit en se découpant sur le bleu intense du ciel grec… Un endroit original qui n’a de cesse de se réinventer au fil des années en fonction des artistes qui y exposent.
Ouvert de juin à fin septembre du lundi au dimanche de 11h à 13h & de 19h à 22h. Fermé le mardi. www.deste.gr
The Hydra School Project (HSP) qui a lieu dans l’ancienne petite école communale -un bâtiment ayant joué un rôle important durant la Révolution grecque- propose d’année en année depuis 15 ans, des expositions d’art contemporain de haut niveau. C’est Dimitris Antonitsis, le propriétaire d’une galerie avant-garde et réputée d’Athènes qui est à l’origine de l’initiative. Le catalogue est un petit cahier scolaire recouvert de la pochette en plastic bleu, caractéristique de ceux de notre enfance. Y ont été exposés pour la première fois en Grèce des artistes comme Brice Marden, Robert Wilson, Allan McCollum, Michael Graig-Martin, Tony Oursler, Candida Hoefer ou Aaron Young.
Cette année encore, une excellente sélection d’artistes.
Ouvert du mardi au dimanche de 11h30’ à 13h30’ & de 19h30’ à 22h. www.hydraislandgreece.com/hydra-school-project
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CARNET DE VOYAGE : LILLE & ENVIRONS
A moins d’une heure de route et une centaine de km, voilà de quoi passer un weekend particulièrement riche en trois étapes culturelles majeures de (très) haut vol.
LA PISCINE
1932 : Albert Baert, architecte lillois construit la plus belle piscine de France et un véritable chef-d’œuvre art déco.
2001 : Réhabilitation de l’endroit par Jean-Paul Philippon, architecte du Musée d’Orsay.
L’architecture de l’ancienne piscine municipale et des bains publics a été incroyablement préservée et s’articule le long du bassin réduit à un plan d’eau rectangulaire sur lequel veillent les sculptures du XIXe & XXe s. Face à la grande nef en verre coloré qui tel un soleil illumine de ses rayons jaunes et verts le bâtiment, les cabines de douche servent d’insolites mini salles d’expositions où les collections de céramique, arts appliqués, textile et mode sont exposées sur les différents niveaux. Un restaurant où le bar en acajou et le zinc sont ceux de l’ancienne
buvette de l’époque avec une belle terrasse qui donne sur un jardin intérieur consacré aux plantes textiles et, une boutique installée dans la salle qui servait à la filtration des eaux achèvent de démontrer le respect total avec lequel ce patrimoine unique a été rénové. Réalisation remarquable et très photogénique aussi !
Jusqu’au 13 septembre, on peut découvrir l’« Itinéraire d’un grand décorateur, Alexis-Joseph Mazerolle » né en 1826, peintre et sculpteur de renom qui réalisa entre autres le plafond de la grande salle du théâtre de Baden-Baden ainsi que différentes commandes de décors de Naples à New York.
Musée d’art et d’industrie André Diligent
28, Rue de l’Espérance F-59 100 Roubaix. Tél. : + 33 3 20 69 23 60
Ouvert du mardi au jeudi de 11h à 18h, le vendredi de 11h à 20h & les weekends de 13h à 18h. Fermé les jours fériés. Entrée : de 5,50 EUR à 10 EUR selon les expositions temporaires. Gratuit pour les moins de 18 ans. www.roubaix-lapiscine.com
LA VILLA CAVROIS
60m de long, 1600m2 habitables et 840m2 de terrasses, la réalisation la plus emblématique de l’architecte Robert Mallet-Stevens (d’origine belge) est exceptionnelle à tous points de vue. Occupée par la famille qui l’a commanditée jusqu’en 1987, date à laquelle les meubles sont dispersés en vente publique, elle est classée en 1990 comme monument historique et acquise par l’Etat français en 2001. Près de 15 ans de travaux ont été nécessaires pour lui redonner sa beauté et son faste d’antan aussi luxueux et discret qu’ultra moderne. Réalisée entre 1929 et 1932, elle était totalement avant-gardiste pour l’époque, surtout pour une résidence privée ! Véritable château contemporain, la Villa Cavrois est un mariage unique entre facture classique et esthétique moderniste. On déambule dans les différents salons, salles-à-manger, chambres, salles-de-bain,
dans la cuisine, les yeux écquarquillés d’admiration, sans voix devant cette œuvre d’art totale.
Ne ratez pas le film projeté au sous-sol qui complétera intelligemment la visite pour comprendre le travail de titan qui a été réalisé au cours de la rénovation. Reconnue aujourd’hui comme la réalisation la plus extraordinaire et la plus aboutie de l’architecte, il faut savoir que Robert Mallet-Stevens a eu carte blanche de la part de Paul & Lucie Cavrois, les propriétaires qui étaient de riches industriels du textile, pour laisser libre cours à son imagination et sa créativité.
Le résultat est à la hauteur.
60, Avenue J.F. Kennedy F-59170 Croix. Tél. : +33 3 20 73 47 12
Ouvert tous les jours sauf le mardi de juin à octobre de 10h30’ à 18h30’ et de novembre à mai de 10h30’ à 17h30’. Entrée : 7,5/6 EUR. Gratuit pour les moins de 26 ans. www.villa-cavrois.fr
LE LOUVRE-LENS
Réalisé par l’agence japonaise SANAA avec la collaboration d’un bureau d’architectes-muséographes franco-newyorkais et de l’architecte-paysagiste Catherine Mosbach, ce magnifique musée à la conception sobre et pure, inauguré en 2012 s’étale tout en longueur et transparence au milieu d’un parc de 20 hectares au sud de Lille. Il se décline en 5 bâtiments principaux dont un cube et 4 parallélépipèdes aux toits plats et murs de verre subtilement courbés pour épouser les lignes du terrain, reliés entre eux par la majestueuse et incontournable « Galerie du temps » de 3000 m2 dont le sol est en béton ciré et l’éclairage zénithal.
Si vous ne l’avez pas encore découvert, l’exposition temporaire « D’or et d’ivoire. Paris, Pise,
Florence, Sienne. 1250-1320 » à voir jusqu’au 28 septembre 2015 est un prétexte en… or !! Entre le gothique flamboyant et la Renaissance toute proche, -des décennies charnières de l’histoire de l’art européenne-, la Sainte-Chapelle construite par Louis IX en plein Paris pour abriter la couronne du Christ est le pivot autour duquel est articulée le propos. Une exposition éducative qui nous montre les influences multiples et réciproques de cette époque pré-renaissance où les échanges entre Paris et les villes toscanes étaient intenses. Travail de l’or, de l’ivoire mais aussi de l’argent, des émaux, on y admire des sculptures, des châsses, de l’orfèvrerie, des manuscrits enluminés, etc. qui achèvent de nous convaincre que la Renaissance qui s’éveille reste certes sublime… Et sans doute inégalée jusqu’à nos jours !
99, Rue Paul Bert F-62 300 Lens. Tél. : +33 3 21 18 62 62
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h et le 1er vendredi du mois de septembre à juin jusqu’à 22h. Entrée gratuite pour la Grande Galerie et le Pavillon de verre et 9 EUR (plein) / 8 EUR (réduit) pour les expositions temporaires. www.louvrelens.fr
Et encore pour ceux qui n’en ont pas eu assez (un prochain Carnet de Voyage ?), à
– Villeneuve d’Ascq : LE LAM ou le Musée d’art contemporain www.musee-lam.fr
– Lille : LE MUSEE DES BEAUX-ARTS www.pba-lille.fr , LE MUSEE d’HISTOIRE
NATURELLE www.mhn.lille.fr
– Le Cateau-Cambrésis : LE MUSEE DEPARTEMENTAL MATISSE qui expose jusqu’au 20 septembre 2015 la grande artiste abstraite française Geneviève Claisse, née dans la région www.museematisse.lenord.fr
« ARCHEOLOGIE du PRESENT »***
Avec comme sous-titre « Regarder / Voir et revoir », Sébastien Delot, le commissaire de l’exposition invite le visiteur à parcourir un nouvel accrochage des collections du musée pour explorer la place de l‘objet au travers de grands courants artistiques du XXe et du XXIe siècles : « A l’instar des avant-gardes , les artistes du milieu du XXe, comme les Nouveaux Réalistes, s’approprient le réel en bricolant les objets trouvés, en assemblant les rebuts de la société de consommation, en s’intéressant aux traces telles les affiches, les empreintes, etc. » Archéologie du présent qui signifie appropriation du réel depuis l’art moderne et contemporain, ou comment les artistes investissent petit à petit leur histoire individuelle pour la rattacher à la grande histoire. Traces de mémoires lisibles dans le temps qui s’écoule.
Illustration du propos avec des œuvres de Absalon, Frank Stella, Anne et Patrick Poirier, Noël Dolla, Tom Wesselman, Jean Dubuffet, Claude Viallat, Christian Boltansky, Claude Lévêque pour ne citer que celles qui apparaissent dans mon montage-photo (de gauche en droite en commençant par le haut. )
« Je mets dans le tableau tout ce que j’aime, tant pis pour les choses, elles n’ont qu’à s’arranger entre elles. » Picasso
Eté 2017
« PETER MARTENSEN »*
Première exposition monographique du grand artiste danois, né en 1953 et diplômé de l’Académie d’Ostende. Avec le titre « Ravage » choisi pour son exposition, Martensen fasciné par la psychologie humaine qu’il peint par petits groupes ou solitaires, figés dans des attitudes bizarres dans des environnement familiers, trace une œuvre énigmatique entre rêve et réalité.
Un univers froid, bleuté, particulier et inquiétant.
Jusqu’au 27 août 2017
« POP CORN »***
Saviez-vous que le petit grain de maïs nous vient des Indiens d’Amérique et porte le nom qu’il fait en gonflant ? Très vite à la mode, dès 1840, il est associé aux spectacles populaires et surtout au cinéma. C’est le titre aguicheur choisi par les commissaires pour nous inviter à explorer les relations et multiples affinités qui existent entre art, design et cinéma. Une exposition aussi visuelle que formelle, thématique qu’historique imaginée dans le cadre de la Biennale internationale du Design de Saint-Etienne 2017. Avec e.a. des photos de Lee Friedlander, Thomas Ruff, Charles and Ray Eames, Bernd and Hila Becher, William Eggleston.
Démarche originale.
Jusqu’au 17 septembre 2017
Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne Métropole
Rue Fernand Léger
F-42 270 Saint-Priest-en-Jarez
Tél. : + 33 4 77 79 52 52
Ouvert tous les jours de 10h à 18h. Fermé le mardi
www.mamc-st-etienne.fr
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« Jardin Infini. De Giverny à l’Amazonie »*****
Un reportage de Virginie de Borchgrave & Michel Mabille
Le Centre Pompidou Metz a pris l’habitude de présenter des expositions thématiques, fruits d’une longue réflexion aussi élaborée qu’accessible. Après l’exposition inaugurale en 2010 qui s’interrogeait sur la notion de chef-d’œuvre aux XXe et XXIe s., je viens de parcourir les deux galeries du musée qui s’articulent autour du jardin, source d’inspiration fertile et inépuisable pour les artistes d’hier et d’aujourd’hui.
Le jardin attire, le jardin fascine, le jardin séduit. Il est aussi expérimental, chaotique, obscur et imprévisible. Lieu de la recherche et de l’initiation par excellence, inépuisable vivier de formes, il offre au monde de l’art des morphologies, des formes, des créations fantastiques.
- Ernesto Neto qui occupe le hall d’entrée avec « Leviathan-main-toth » (2005), une sculpture monumentale dont les membranes forment un paysage biologique et à l’étage, « Flower Crystal Power » (2014) à cheval entre sculpture et architecture où l’on peut se coucher pour entrer en fusion avec le corps végétal et même social, en interagissant avec les autres visiteurs allongés à nos côtés ;
- Emile Gallé passionné par les anomalies qu’il reproduit dans son ‘herbier’ de verre ;
- Claude Monet qui avec les « nymphéas » crée des hybrides et se fournit en plantes en provenance du monde entier, critiqué par les fermiers locaux réticents à ce genre de pratique à risque.
- Yto Barrada, Thu Van Tran et Simon Starling qui s’intéressent justement à la cohabitation entre plantes natives et néophytes, respectivement l’histoire du géranium au Maroc, de l’hévéa du Brésil et du rhododendron importé en Ecosse au XVIIIe s., devenu aujourd’hui un parasite à éradiquer…
- Le paysagiste brésilien Roberto Burle-Max qui redécouvre une flore tropicale dans les serres du Jardin Botanique de Berlin qu’il transpose dans ses compositions végétales, etc.
Une exposition qui fait sortir le jardin de lui-même, sauter les clôtures originelles, dépassant la dialectique de Michel Foucault qui le qualifiait de « la plus petite parcelle du monde » et de « la totalité du monde ».
J’ai adoré le jardin à Vence de Jean Dubuffet qui ne se lasse pas de contempler le sol, fasciné par « la terre sableuse et pierreuse, les brindilles, les feuilles mortes, l’humus et là encore les menues plantes au ras du sol mêlées aux petites pierres » et crée ensuite ‘l’Ubac’, un petit théâtre botanique constitué de « pierres rapportées de la montagne », « de plaques de gazon arrachées au sol des hauts plateaux pierreux comme des lambeaux de peau » ;
- la ‘fuite’ de Thierry de Cordier il y a presque trente ans et sa transformation progressive en ‘jardinier-dans-sa-tête’ ;
- la toile jaune éclatante de Pierre Bonnard envahie littéralement par les mimosas ;
- l’univers fleuri aux formes extravagantes, odeurs entêtantes et couleurs chatoyantes qui ont provoqué chez la petite Yayoi Kusama, fille de pépiniéristes, des effets hallucinogènes à l’origine des happenings orgiaques et psychédéliques qu’elle met en scène dans la scène newyorkaise avant garde des années 60 ;
- l’immense champignon de Carsten Höller, sa manière à lui de transposer les effets psychotropes provoqués par l’ingestion de certaines plantes ;
- la redécouverte par Salvator Dali du Jardin de Bomarzo -lieu d’initiation aux mystères de la nature- qui intrigue les Surréalistes remis à jour par le film de Laurent Grasso « Bomarzo » (2011).
- et enfin, entre la Manche et une centrale nucléaire, le jardin du cinéaste anglais Derek Jarman, cimetière ou lieu dénaturé par la pollution, étonnamment luxuriant et salvateur dont il fera sa dernière demeure avant de mourir du sida…
C’est l’artiste Daniel Steegmann Mangrané (Barcelone, 1977) qui a conçu la mise en scène, choisissant d’intégrer les œuvres dans un environnement total entre ombre et la lumière. On commence la visite en déambulant dans un jardin nocturne à travers différents jardins privés et on la poursuit dans un espace décloisonné où lumière, couleur et matière prennent le relais e.a. grâce à la magnifique installation de Gabriel Orozco. Scénographie à la fois organique, solaire et terreuse où le visiteur lambda que nous sommes se transforme par miracle en jardinier.
Incroyable expérience !
Jusqu’au 28 août 2017
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« Fernand léger. Le beau est partout »****
Un reportage de Virginie de Borchgrave & Michel Mabille
PRECISION EN INTRODUCTION :l’exposition voyagera après à BOZAR Palais des Beaux-Arts à Bruxelles à partir du 9 février : http://www.bozar.be/nl/activities/126681-fernand-leger
C’est peut-être intéressant d’ajouter cette information pour vos lecteurs qui n’auront pas l’opportunité d’aller jusqu’à Metz.
Rétrospective depuis la défense de la classe ouvrière aux passions que le peintre (1891-1955) nourrissait pour le cirque, le cinéma, la poésie et la danse, l’exposition fait partie des manifestations liées au 40e anniversaire du Centre Pompidou. Elle brosse un portrait chronologique de l’homme un peu bourru dont le faciès nous est moins familier que celui de ses contemporains Picasso, Matisse ou Chagall et les couleurs, plus fortes et contrastées. Une soixantaine de toiles très colorées, des dizaines de dessins, aquarelles, des projets de fresques murales, de vitraux et même des extraits de son film « Le Ballet mécanique », succession d’images plus proches d’un collage animé que d’un film. De quoi nous démontrer combien Léger était en interaction avec les autres disciplines artistiques. « Mon but est d’essayer d’imposer qu’il n’y a pas de Beau catalogué, hiérarchisé (…) Le beau est partout, dans l’ordre d’une batterie de casseroles sur le mur blanc d’une cuisine, aussi bien que dans un musée » disait-il.
Avec une formation en architecture, il quitte sa Normandie natale pour monter à Paris et devenir artiste. Interrompu par la guerre 14-18, il revient à la fois traumatisé et passionné par le monde moderne dont il veut retranscrire l’intensité sur ses toiles. Les personnages prennent des formes à la fois plastiques et gracieuses. Inspiré par Le Corbusier et toute l’architecture moderniste, sa peinture tend de plus en plus vers l’abstraction géométrique. Amusant d’apprendre que le professeur enthousiaste et dynamique qu’il était a donné cours à Nicolas de Staël, Asger Jorn, Louise Bourgeois et même Gainsbourg qui, avant de trouver sa voie dans la chanson rêvait d’être peintre. On ressort de là, des couleurs et des formes plein les yeux, en admiration devant ce créateur aussi génial, insatiable, joyeux que… léger ! Irrésistible jeu de mot !
Jusqu’au 30 octobre 2017
Centre Pompidou – Metz
1, Parvis des Droits-de-l’Homme
F-57 020 Metz
Tél. : + 33 3 87 15 39 39
Ouvert tous les jours sauf le mardi & le 1er mai de 10h à 18h.
Du 1er avril au 31 octobre, les vendredi, samedi & dimanche jusqu’à 19h
Wolfgang Tillmans – La Liberté de regarder
Première exposition de la Fondation consacrée à une réflexion/confrontation autour de la photographie alors que le photographe/artiste plasticien allemand (1968) est bien représenté au sein de la collection.
A travers 200 travaux réalisés entre 1986 et 2017, on suit le parcours de celui pour qui la photographie n’est pas la reproductrice fidèle du sujet mais la fabrication d’une image. On y voit des portraits sans fards à la présence intense où l’éclairage est réduit volontairement à son maximum (résultat saisissant) ; des paysages où des arbres verts ont coloré les murs de la pièce, les vitres de la fenêtre (Tillmans a agrandi un négatif noir et blanc avec l’utilisation d’un filtre rouge, ce qui a eu pour effet de colorer le tout) ; des immenses natures mortes où objet, lieu, temps dialoguent en un ensemble vivant. Plus loin, des œuvres abstraites, des nus et « Ostgut Freischwimmer » (2004), une série de travaux réalisés en chambre noire sans appareil photo. Dans une mise en scène particulière où grands et petits formats, figuratifs et abstractifs, encadrés et non encadrés sont accrochés les uns à côté des autres sur le même mur. Pour permettre aux photos d’engager des relations entre elles. Avec Tillmans, on apprend comment l’objet devient image, comment le medium photographique peut être le vecteur de multiples significations. Notons le remarquable et inquiétant portrait de profil « Anders » (Brighton Archimboldo) (2005) où nous pouvons lire : « Les chauds galets de la plage de Brighton, pendant une sieste estivale, posés par jeu sur le visage de l’ami. Et voilà qu’ils prennent une allure menaçante, comme des abcès, ou paraissent chargés de puissance. J’ai encore aimé « Faltenwurf, shiny » (2001), composition floue de deux vêtements dans différents tons de vert aux plis et replis, ouverture à une réflexion sur le vêtement qui, dissocié du corps qui le porte devient un objet plastique dans l’espace et s’offre sans filtre au spectateur ; « Leaf for Architects » (2013), les nénuphars géants flottant sur l’eau dont la partie supérieure de la photo grand format est cachée par une ombrelle rouge orangé. Ici, on se demande où l’on est : dans l’image ou à l’extérieur ? Illustration par excellence de l’œuvre de l’artiste où le jeu entre textures, formes et couleurs crée une certaine tension, caractéristique de son travail.
Jusqu’au 1er octobre 2017
Baselstrasse, 101
CH-4125 Riehen / Basel
Ouvert tous les jours de 10h à 18h et le mercredi jusqu’à 20h
Entrée : 25 CHF / Gratuit pour les enfants et étudiants jusqu’à 25 ans / Réduit les lundi de 17h à 20h et mercredi de 17h à 20h.
www.fondationbeyeler.ch
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Le NICARAGUA sous un angle particulier pour les jeunes de 12 à 18 ans
La Fondation Paul Delvaux**
Texte & Photos Virginie de Borchgrave
Il y a quelques années déjà que, sur le chemin d’un weekend à la côte, j’avais très envie de faire le détour par le Musée Delvaux. Le peintre bruxellois aimait la mer et s’était fait construire en 1951 une petite maison de vacances dans les environs du Moulin de St. Idesbald. Au fil des années, naît l’idée d’un musée. Cet ancien hôtel-restaurant mis en vente est l’occasion de concrétiser le projet. Un parcours chronologique nous fait passer de ses premières peintures réalistes aux trams, trains et gares, symboles de la modernité présents dès sa première période et thème récurrent à toute son œuvre. Comme celui de la figure féminine omniprésente. On comprend aussi combien son enfance l’a marqué et, son intérêt pour l’architecture inhérent à son style. On découvre un peintre très sensible et émotif qui, en ne réduisant jamais la femme à sa seule dimension érotique, avait un profond respect pour elle. A la fois mélancolique, fatale, dévergondée et sans pudeur, il en a forgé une image unique. C’est entre autres de là qu’est venue sa reconnaissance mondiale. J’ai beaucoup aimé aussi admirer ses collaborations avec Claude Spaak, Paul Eluard et Alain Robbe-Grillet.
Si extérieurement le bâtiment ne manque pas de charme, je n’ai pas trouvé personnellement l’espace intérieur idéalement agencé, même s’ils ont eu l’idée géniale de mettre comme sièges, des banquettes de train !
Des expositions temporaires sont organisées l’année ronde.
Sous le titre général « ESTAMPES », deux volets :
– « Delvaux ou l’invitation au récit » jusqu’au 30 juillet 2017
– « Manière de crayon » du 1er août au 7 janvier 2018
B-8670 St. Idesbald
Tél. : +32 58 52 12 29
Ouvert de 10h30’ à 17h30’ du mardi au dimanche du 1/04 au 31/08 & du jeudi au dimanche du 1/09 au 7/01 + les jours fériés
Entrée : 10 EUR / 7 EUR
www.delvauxmuseum.com
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VOORLINDEN. MUSEUM & GARDENS****
Texte, photos & photos-montage de Virginie de Borchgrave
Un incroyable nouveau musée d’art contemporain a ouvert ses portes, il y a tout juste 6 mois, au milieu d’un parc à Wassenaar, la banlieue ultra chic de La Haye, à deux pas des dunes de l’une des plages les plus sauvages de la Mer du Nord. Conçu par les architectes Kraaijanger de Rotterdam en étroite collaboration avec le collectionneur Joop van Caldenborgh et l’architecte de jardins Piet Oudolf (créateur de la High Line à NY), on découvre une sobre structure allongée aux lignes droites et pures dont les dimensions impressionnantes sont allégées par de délicates colonnes supportant le toit, qui lui donnent une vague allure de temple grec. Un bâtiment où tout est au service de l’art souligné par des parois transparentes qui laissent entrer la nature environnante. L’espace intérieur, divisé en trois grandes sections et vingt galeries est éclairé de la très belle lumière naturelle de la côte hollandaise (j’y ai vécu 3 ans… je peux donc témoigner !)
Rien que tout cela -que l’on doit à une initiative privée dans le même esprit que les Fondations Beyeler à Bâle, Vuitton à Paris ou Prada à Milan- vaut déjà le déplacement, à moins de deux heures de Bruxelles !
Dans la section dédiée aux installations pérennes : «Open Inded » un majestueux Richard Serra en forme de labyrinthe habillé d’acier corten, de plus de 200 tonnes ; de grands ‘pots’ en verre translucides de Roni Horn pesant chacun plusieurs tonnes ; le couple de vieux sous le parasol à la plage, installation hyper réaliste et démesurée de Ron Mueck (que l’on avait pu voir à La Fondation Cartier à Paris en 2005) ; un exemplaire de la vraie/fausse piscine de Leandro Erlich aussi ludique que fascinante ; à côté le vrai ascenseur en réduction de Maurizio Cattelan ; et « Skyspace », la chambre à ciel bleu ou nuages, selon la météo, du lumineux James Turell.
Dans la section ‘collection permanente’ -la plus grande des trois- déclinée en 2 parcours :
– Le premier intitulé « Full Moon » est un accrochage pour le plaisir des yeux où le collectionneur fait dialoguer 40 œuvres de différentes périodes, courants et styles entre elles. En d’autres mots, une subtile introduction à la collection avec Yves Klein, Ugo Rondinone, Damien Hirst, Andy Warhol, Sherrie Levine, Pyke Koch, Ai Weiwei, Pascale Marthine Tayou, Olafur Eliasson, Giorgio Morandi, François Morellet, etc. et les Belges Francis Alÿs, Michaël Borremans, Broodthaers, Magritte.
– Le second intitulé « De tussentijd » invite le visiteur à apprécier les œuvres hors du temps, faisant référence à ce moment où l’artiste qui créé se libère des contraintes temporelles, cherchant à retrouver le rythme ancestral de la nature déterminé par le soleil et la lune, avant l’invention de l’horloge. Réflexion artistique sur un système qui a totalement changé notre expérience du temps où ce n’est plus notre rythme personnel et naturel qui dicte notre vie. Pour illustrer le propos, des œuvres de Jan Schoonhoven, Anselm Kiefer, Günter Uecker, herman de vries, Mona Hatoum, Rosemarie Trockel, Louise Bourgeois, Michelangelo Pistoletto, Damien Hirst, Olafur Eliasson, Yayoi Kusama, Josef Beuys, Michel François, etc. Deux Belges y ont trouvé leur place : Marcel Broodthaers et Edith Dekyndt.
Dans la section réservée aux expositions temporaires :
Jusqu’au 7 mai.
« Say Cheese ! » de Martin Creed (1968) l’artiste britannique aussi génial que loufoque dont le collectionneur est un fervent admirateur. Intervenant un minimum sur les objets communs du quotidien qui le fascinent, il explique : « My world is a soup of thoughts, feelings and things all mixed up together. Working is a way of trying to cope, to separate the soup and escape ; to get from the inside out »
Si Voorlinden fait penser à la Fondation Beyeler de Renzo Piano en Suisse, il est encore plus proche à mes yeux d’une autre institution, tout aussi extraordinaire mais moins connue parce que sous d’autres latitudes… Impossible en effet de ne pas faire le rapprochement avec le Musée d’art contemporain du XXIe s. de Kanazawa sur la côte ouest du Japon dont le collectionneur a dû s’inspirer. Extérieurement, les deux musées tout en parois de verre et pierre aux accès discrets et espaces de plain pied sont totalement ouverts sur la nature. Intérieurement, les mêmes installations «Skyspace » de James Turell, « La Piscine » de Leandro Erlich. En mieux…
Museum Voorlinden
Buurtweg, 90
2244 AG Wassenaar
Tél. : +31 70 5121660
Ouvert tous les jours de 11h à 17h
Entrée : 15 EUR (plein) / 7,50 EUR (13-18 ans) / gratuit jusqu’à 12 ans inclus
info@voorlinden.nl
www.voorlinden.nl
Autophoto
Texte Virginie de Borchgrave
Ou comment photographie et automobile dialoguent depuis le XXe s. Deux inventions qui n’ont fait qu’emprunter des voies parallèles pour mieux saisir l’espace-temps. Deux mots : immobilité, mobilité. L’une au service de l’autre, en constante évolution. La voiture n’est-elle pas une « boîte » photographique ambulante ? Qui mieux que la photo est capable de mettre en valeur tel ou tel paysage, nous dévoiler tel panorama cadré par le rectangle du pare-brise ou tel long ruban d’asphalte qui comme une ligne de fuite s’étire vers l’horizon ? Années 60. Emergence de la société de consommation. Automobile = symbole de l’autonomie, de la liberté, de la réussite sociale. De part et d’autre de l’Atlantique, les photographes s’emparent du sujet. La voiture dont on parle comme d’une femme… Est-ce leur genre féminin qui les a toujours associées en life et en photo ? C’est l’histoire passionnante qu’a choisi de raconter la Fondation Cartier sous la houlette des commissaires Xavier Barral et Philippe Séclier. En chiffres, cela donne presque le tournis : 500 œuvres de 100 photographes depuis 1900 jusqu’à aujourd’hui. Quelle séduisante équipée. Quelle performance. Quelles vibrations.
Il y a de quoi regarder, admirer, découvrir, se souvenir, rêver mais aussi réfléchir à la nouvelle ère qui s’ouvre, celle de la saturation des réseaux routiers, des technologies hybrides, du covoiturage grâce aux réseaux sociaux pour l’une, du téléphone-appareil photo pour l’autre…
Et oui, elles n’ont pas fini de faire parler d’elles et de modifier notre comportement.
20 avril – 24 septembre 2017
Fondation Cartier pour l’art contemporain
261, Boulevard Raspail. Paris XIVe
www.fondation.cartier.com
« L’HISTOIRE COMMENCE en MESOPOTAMIE »
Texte & Photos Virginie de Borchgrave
Et pour moi, elle commence avec Anne Thomas, responsable de la Mésopotamie au Musée du Louvre à Paris (département des Antiquités du Moyen-Orient) et commissaire de l’exposition au Louvre-Lens qui, avec son immense savoir, nous guide dans les arcanes de cette civilisation relativement méconnue. Nous avons la chance de découvrir des œuvres totalement inédites, certaines prêtées pour la 1re fois ! Si la Mésopotamie (littéralement en grec « entre les fleuves ») est un jalon fondamental de l’histoire qui s’étend sur une très longue période qui commence en 3200 avt notre ère, elle est le carrefour du Proche-Orient et géographiquement, le Croissant fertile qui désigne le territoire entre le Tigre et l’Euphrate (actuellement l’Irak et la Syrie antérieure) regroupant sous son appellation différentes civilisations. Avec les Mésopotamiens, nous assistons à la naissance d’une culture, d’une unité, de l’Histoire ! Civilisation basée sur un système urbain au IVe s. ACN avec des villes comme Babylone, Ninive à qui l’on doit tout : de l’écriture aux premières lois, aux premiers livres historiques, aux premiers rois, à la notion d’administration, à l’unification d’une langue, etc., une expansion, un développement, bref une chronologie qui s’arrêtera avec la conquête d’Alexandre le Grand et l’hellénisation de la société. Une civilisation d’une longévité exceptionnelle, surtout si l’on se réfère à la date de la fondation de Rome, très récente au regard de celle-ci.
Mais comment se fait-il qu’une telle civilisation soit tombée dans l’oubli et qu’il ait fallu attendre aussi longtemps pour la redécouvrir ? Le Louvre a joué un rôle historique capital dans sa réhabilitation, en créant en 1845 (quelques années avant la Galerie assyrienne du British Museum en 1851) un musée au sein du musée, vu l’importance des découvertes des premiers archéologues. En effet, ces vestiges venaient donner une réalité, mieux une crédibilité aux légendes et au sumérien, première langue à avoir été écrite au monde ! A l’entrée de l’exposition, sur la musique de « Rivers of Babylon » de Boney M ou de « Nabucco » de Verdi selon les affinités du visiteur, un film intitulé « La Mésopotamie dans l’imagerie contemporaine » nous montre brièvement, combien elle est présente dans notre inconscient collectif. Citons dans le désordre Gustave Doré, Voltaire, Degas, Charles Le Brun, Max Ernst, Tintin, Astérix, Bob & Bobette, le temple zoroastrien de Bombay, la représentation du déluge dans la cathédrale St-Marc à Venise, Fritz Lang, Loïe Fuller posant sur une stèle assyrienne, l’opéra Sémiramis de Rossini, « Meurtre à Babylone » d’Agatha Christie, « Nabuchodonosor » de Jules Verne, des jeux vidéos, des marques de bières, et j’en passe défilent devant nos yeux pour nous rappeler l’assyriomanie’ dans laquelle nous baignons.
Une succession d’objets uniques et précieux (dont par exemple, la stèle unique de la BNF ou le premier morceau de verre attesté au monde), de statues, de photos, de vestiges, rassemblés sous les thèmes de la ville, l’agriculture, la religion (omniprésente), l’écriture, les sciences où ils excellaient comme l’astronomie, les mathématiques, la géométrie, l’astrologie et même le calendrier qu’ils nous ont légué, les femmes, etc. nous enseignent et nous éclairent au fil des salles sur ce pays de l’argile. Une matière aussi fragile dans ses réalisations monumentales (dont il ne reste que quelques fragments car tout s’est écroulé, usé par le temps ce qui ne facilite pas la tâche des archéologues) que résistante dans les petites choses pratiques insignifiantes comme tel ou tel contrat de vente, de mariage ou d’adoption.
Avec une alternance de paix et de conflits, l’évolution d’un territoire très divisé vers d’énormes empires tel que celui de Sargon d’Akkad, modèle de la royauté qui domina la Mésopotamie de la fin du XXIVe s. au début du XXIIe s. avant notre ère ou de Nabuchodonosor II, souverain le plus célèbre de Babylone de 605 à 562 ACN (à qui l’on doit la Tour de Babel et non les Jardins de Babylone), l’arrivée d’Alexandre le Grand (qui y mourra en 323 ACN) marquera une rupture politique et enclenchera la destruction progressive de la civilisation qui tombera dans un oubli total jusqu’au XIXe s….
« On pourrait dire que la Mésopotamie est morte de vieillesse » conclut poétiquement la commissaire.
Enfin dans la dernière salle, un voyage visuel à travers la Mésopotamie nous emmène de Bassorah -la Venise du Moyen-Orient- à Mossul en passant par nombre de villages kurdes et des villes comme Khorsabad, Ninive, Nimrud, Hatra, Falluja, Babylone, Ctésiphon, Eridu, des noms qui résonnent étrangement à nos oreilles et attristent nos yeux quand on lit à côté de la photo : « Détruite en 2013, détruite en 2014, détruite en 2015… »
Terminons avec Georges Roux, médecin doublé d’un historien féru de Mésopotamie : «Parmi les quatre ou cinq grandes civilisations de l’ère préchrétienne, la mésopotamienne présente la particularité d’être à la fois la plus ancienne, la plus longue, sans doute la plus importante, tant par l’influence qu’elle a exercée sur l’ensemble du Proche-Orient et sur le monde grec que par sa contribution au développement matériel et spirituel de l’humanité, et la plus mal connue du grand public cultivé, aussi bien en France qu’ailleurs» in « La Mésopotamie », Editions du Seuil, 1995.
Une exposition aussi remarquable culturellement que d’une brûlante actualité…
Jusqu’au 23 janvier 2017
LOUVRE-LENS
99, Rue Paul Bert
F-62 300 Lens
Tél. : +33 3 21 18 62 62
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h. Fermé les 25/12 & 1/01
Entrée : Plein 10 EUR / Jeunes 5 EUR / Gratuit pour les moins de 18 ans
www.louvrelens.fr
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LONDRES ART FAIRS & EXHIBITIONS
Texte & Photos Virginie de Borchgrave
Actualité extrêmement riche en octobre dans la capitale anglaise avec la Frieze art fair, la célèbre foire d’art contemporain désormais déclinée en deux volets Frieze & Frieze Masters complétés par le Frieze Sculpture Park dans lequel on déambule pour passer d’une foire à l’autre www.frieze.com, le PAD Art + Design qui fêtait ses 10 ans cette année www.pad.com et la nouvelle venue Crossroads, qui s’intéresse à la création latine européenne et américaine www.crossroads.com, sans parler des multiples événements organisés en parallèle dans les galeries et ailleurs.
– ART FAIRS
Compte-rendu en images de nos coups de cœurs de cœur et/ou découvertes-
EXHIBITIONS
Passionnante exposition de cette grande artiste américaine qui vécut presque un siècle et dont on connaît les belles et immenses fleurs aux couleurs fortes aussi fascinantes que charnelles. Sauf que le talent de Georgia O’Keeffe ne s’arrête pas là et que l’exposition nous met sous les yeux d’autres facettes de son talent comme ses compositions abstraites, ses paysages citadins et désertiques qu’elle découvre, en mal d’amour, accompagnée de la femme du photographe Paul Strand et d’Ansel Adams. Les sujets, les lumières sont magnifiques et le résultat exceptionnel. Quand elle découvre ces paysages du Colorado et du Nouveau Mexique, elle écrit qu’elle s’y sent bien, en harmonie avec la nature, la température, la sécheresse de l’air. Aussi bien que nous face à ces toiles qui impressionnent nos sens et nous rendent leur atmosphère palpable.
Jusqu’au 30 octobre 2016
Bhupen Khakhar « You Can’t Please All »**
Première rétrospective internationale de cet artiste indien de Bombay (1934-2003) qui s’est taillé une place de choix dans l’art moderne du sous-continent, entre autres par la force de ses couleurs et son engagement. Représentant tout d’abord la classe laborieuse au travail (coiffeur, tailleur, horloger, etc.), il évoluera en couchant sur la toile, avec beaucoup de sensibilité et de sincérité, ses problèmes personnels comme son homosexualité et enfin sa bataille contre un cancer qui eut raison de lui. On pourrait tenter un rapprochement avec le travail de la Mexicaine Frida Kalho.
Jusqu’au 6 novembre 2016
Wifredo Lam « The EY Exhibition »***
Après la récente rétrospective que lui avait consacré le Centre Georges Pompidou à Paris, on s’attendait à une répétition. C’était sous estimer la Tate Modern car nous nous sommes trouvés face à un nombre impressionnant de toiles magistrales de l’artiste cubain, marquées tant par le contexte politique de l’époque que l’héritage du colonialisme. Une oeuvre remarquable, révolutionnaire, issue de la culture afro-caribéenne qui s’est taillée une place unique des deux côtés de l’Atlantique, en ayant réussi à dépasser largement le contexte. De quoi nous confirmer que nous sommes bien face à un artiste de génie dont nous n’avons pas fini d’explorer la richesse et la complexité de la peinture.
Jusqu’au 8 janvier 2017
Impossible d’échapper à l’attraction des œuvres de la grande dame de l’art contemporain dont le propos est aussi fort que peut être douce la matière des œuvres… Une salle permanente à l’ambiance chaleureuse de la ‘Switch House’, la nouvelle aile de la Tate Modern (réalisée par le cabinet d’architectes suisses Herzog & de Meuron et inaugurée en juin). Les fans ne seront pas déçus car un exemplaire de l’immense et célèbre araignée est là, ses jolies et énigmatiques poupées de tissus en vichy noir et blanc ou roses, des mannequins tout en jambes qui pendent du plafond, ses croquis au trait de sang et enfin à la sortie, une surprise, à condition de lever les yeux…
Permanent
Tate Modern + The Switch House
Bankside
Ouvert tous les jours de 10h à 18h. Nocturne les vendredis et samedis jusqu’à 22h.
« You say you want a revolution ? Records and rebels 1966-1970 »**
De quoi changer de registre après les diverses foires d’AC ! Cela fait du bien de se laisser porter d’une pièce à l’autre, décorée du sol au plafond de slogans, pochettes de disques, posters, photos, mantras et emporter par les écouteurs qui nous diffusent la musique de l’époque. Prenez le temps d’observer tous ces objets et souvenirs peacefull mais surtout de vous affaler dans l’avant-dernière salle pour regarder sur un écran géant le film de Martin Scorcese sur « Woodstock » où Jimi Hendrix mit le feu à sa guitare en interprétant à sa manière, à l’aube, l’hymne du lever de drapeau américain en guise de protestation contre la guerre du Vietnam, devant une assemblée clairsemée à cette heure matinale. C’est précisément là que commença sa carrière éclair ! Ce qui m’a frappée au cours de l’exposition, c’est que les revendications, prises de conscience et préoccupations de la jeunesse de ces années-là sont exactement les mêmes qu’aujourd’hui. Et l’on ne peut de s’empêcher de se poser la question de savoir si l’on a vraiment avancé et si l’on est finalement arrivé à changer un tant soi peu le cours des choses quant à la pollution, la surconsommation, le gaspillage, etc. Une exposition au propos aussi divertissant qu’essentiel.
Victoria and Albert Museum
Cromwell Road
#RecordsandRebels
Abstract Expressionism »****
S’il n’y a qu’une exposition à voir, ce serait celle-là ! Comment ne pas être en état de grâce (ou de choc) face à toutes ces toiles aussi magistrales qu’impressionnantes quant à leurs formats, leurs couleurs, leurs intensités, leurs forces signées Jackson Pollock, Willem de Kooning, Marc Rothko, Barnett Newman, etc. tous ceux après lesquels on ne pouvait plus peindre de la même manière ? En cassant les conventions, ces artistes portés par l’énergie créatrice des années 50 à New York ont maqué un tournant majeur dans l’art du XXe s. Il y eut désormais un avant et un après l’expressionnisme abstrait, terme inventé en 1946 par le critique d’art Robert Coates pour qualifier ce courant né dans un contexte terrifiant : les deux guerres mondiales, la guerre civile espagnole, la bombe nucléaire et la guerre froide. Une tendance qui émerge de ces années sombres et développe un nouveau style dans l’art américain. Il n’y avait plus eu d’exposition sur le thème au Royaume-Uni depuis « The New American Painting » au Moma à New York en 1958 et accueillie par la Tate Gallery en 1959 avant une tournée dans huit capitales européennes.) C’est dire l’importance de l’événement.
Jusqu’au 2 janvier 2017
Royal Academy of Arts
William Eggleston : Portraits***
Rétrospective depuis les années 60 du photographe américain, pionnier dans l’utilisation des couleurs fortes, réputé aussi pour la poésie et le mystère dans lesquels baignentg ses clichés.
Jusqu’au 23 octobre 2016
Picasso : Portraits****
Sa famille, ses amis, ses amantes, voici le Picasso intime où le génie de l’artiste éclate une fois de plus, dans un processus créatif sans limite entre dessin, caricature et peinture. Passionnante démonstration à travers rien que des portraits, de sa palette artistique d’une variété exceptionnelle. Une exposition à ne pas rater.
Jusqu’au 5 février 2017
National Portrait Gallery
www.npg.org.uk
LONDRES en quelques hauts-lieux culturels & clichés, rangés par quartier et… ordre de priorité !
par Virginie de Borchgrave
HYDE PARK Kensington Gardens
Serpentine Pavilion 2016****
Chaque année depuis 2002 où Zaha Hadid avait réalisé le premier, des architectes réalisent un nouveau pavillon. Cette année, c’est au Danois Bjarke Ingels (1974) que l’on doit cette magnifique réalisation à la fois structurée et légère où il fait bon de se donner rvs, e.a. pour déjeuner.
Summer Houses 2016****
Quelques petites maisons modulaires et créatives réalisées par des jeunes -et moins jeune- architectes très créatifs dont celle en forme de sculpture recouverte de cuir du Nigérien Kunlé Adeyemi (1976), celle de Asif Khan (1979) en métal poli, conçue pour capter les rayons du soleil du lac voisin, celle en rondeurs et bois clair (ma préférée) du couple d’architectes américano-allemand Barkow Leibinger et enfin celle en fil de fer toute discrète -qui se fond dans le paysage- du vétéran, architecte et sociologue français d’origine hongroise, Yona Friedman (1923).
Serpentine Gallery Alex Katz ‘Quick Light’***
Une approche unique de la peinture développée à partir des années 50 par cet artiste figuratif américain (1927, Brooklyn, New York), associé au nouveau réalisme et au pop art. Il peint sa famille et son cercle d’amis ainsi que les paysages autour de ses studios de New York et du Maine. Il excelle dans l’art de capturer le moment présent. Ses portraits comme ses paysages, d’une rare intensité captivent notre attention. Une découverte.
Jusqu’au 9 octobre 2016
www.serpentinegalleries.org/…/serpentine-pavilion-and-summer-houses
BANKSIDE
Tate Modern
– Switch House est le nom donné à l’extension, réalisée en harmonie totale avec le bâtiment industriel par le cabinet d’architectes Herzog & de Meuron***. Avoir + siroter un thé à la terrasse à côté de la boutique.
– Start display**** Permanent
3 salles qui nous interrogent sur l’utilisation et le pourquoi de la couleur. Les voit-on toujours de la même façon ? Dans quel état nous sentons-nous quand on pense à une couleur ? Peut-elle être une idée ? Quelle(s) émotion(s) y ajoutons-nous ? Véhiculent-elles une part de notre vécu, de nos souvenirs ? Pourquoi le bleu était-elle la couleur la plus populaire et le rose, toujours associée à la féminité, à la joie ? Des questions auxquelles les œuvres de Josef Albers, William Eggelston, Ceal Floyer, Alexander Calder, Wassily Kandinsky, Henri Matisse, Maria Lalic, Olafur Eliasson, etc. tentent de répondre. N’hésitez pas après à parcourir les autres salles au même étage où les œuvres les plus appréciées de la collection du musée sont mises en regard. Un dialogue édifiant entre, par exemple, Agnès Martin et Anthony Gormley, Gerhard Richter et Bridget Riley, Claude Monet et Marc Rothko, Anish Kapoor et Elsworth Kelly, pour ne citer qu’eux. Décidément, ce musée ouvert à tous (entrée gratuite !) est un modèle dans le monde muséal international.
– Georgia O’Keeffe** Jusqu’au 30 octobre 2016
Une occasion unique de découvrir le travail de cette femme peintre d’avant-garde, connue avant tout pour ses immenses fleurs colorées, ses crânes d’animaux et ses paysages désolés du Nouveau Mexique.
– Bhupen Khakhar ‘You can’t please all’*** Jusqu’au 6 novembre 2016
Première grande rétrospective de ce personnage central de l’art indien moderne (1934-2003) -comptable de profession- qui réunit des toiles en provenance de collections privées du monde entier. On découvre un artiste original qui a peint le monde qui l’entourait avec justesse au moyen de couleurs vives qui raconte son/des histoires à cheval entre le street art, la peinture européenne et le pop art. Un style figuratif unique qui fait de Bhupen Khakhar, un artiste aussi intéressant qu’inclassable !
www.tate.org.uk/visit/tate-modern
PICADILLY
Royal Academy
David Hockney ‘Portraits’**
On se souvient de la remarquable exposition de l’artiste dans les mêmes murs prestigieux de la RA, il y a 4 ans. Le voilà de retour dans les 3 petites salles aux murs rouges (en haut du petit escalier à l’étage) pour exposer 82 portraits et… 1 nature morte ! Ayant quitté les paysages du Yorkshire, le célèbre artiste britannique se réinstalle à Los Angeles et se prend de passion pour l’art du portrait, peignant tous ceux qui gravitent dans son univers. Famille, amis, artistes, connaissances, conservateurs, galeristes, éditeurs, il les représente tous dans son studio assis sur la même chaise contre le même fond bleu intense, dans le même laps de temps qu’il s’est fixé. Le résultat est amusant mais perd peut-être un peu de son intensité à les voir tous ensemble. On a aimé ceux de Frank Gehry, John Baldessari, Benedikt Taschen et Larry Gagosian… les seuls que l’on connaissait pour être honnête !
Jusqu’au 2 octobre 2016
www.royalacademy.org.uk
KING’S ROAD
Saatchi Gallery ‘Exhibitionism’ The Rolling Stones**
Première exposition internationale qui raconte l’histoire fascinante des 50 ans du groupe qui a marqué de son empreinte indélébile la culture populaire de toute une époque. S’étalant sur les deux étages de la prestigieuse galerie et déclinée en 9 thèmes, elle est l’événement de l’année pour les inconditionnels de la bande mythique.
Jusqu’au 4 septembre 2016
www.saatchigallery.com
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FESTIVAL INTERNATIONAL des JARDINS : « Jardins du siècle à venir »
FESTIVAL d’ART CONTEMPORAIN
Texte & Photos de Virginie de Borchgrave
Installations d’artistes contemporains, expositions de peintres et photographes, jardins de création des plus grands architectes paysagistes d’orient et d’occident, etc. le Domaine du Château de Chaumont-sur-Loire avec son parc historique planté d’impressionnants cèdres centenaires accueille depuis 25 ans le Festival International des Jardins et depuis 8 ans, un festival d’art unique où nature et culture se conjuguent en une saison d’art contemporain.
Dans les jardins mais aussi dans le château et les écuries, on découvre dans le désordre des artistes de la trempe de Sarkis, Gabriel Orozco, Andy Goldsworthy, Jean-Baptiste Huynh, Marc Couturier, Gerda Steiner et Jörg Lenzlinger, Jannis Kounellis, Wang Keping, Lee Bae, Mathieu Lehanneur, Vincent Barré, Anne & Patrick Poirier, El Anatsui, Armin Schubert, Giuseppe Penone, Henrique Oliveira, Betty Bui, Chris Drury, Andrea Branzi, Pablo Reinoso pour ne citer qu’eux. Des installations qui pour certaines passent du statut de temporaires à pérennes et viennent agrandir la collection qui s’étoffe d’année en année.
Un prétexte en or pour une balade buissonnière culturelle durant l’été. Prévoyez une journée complète si vous ne voulez rien rater car le domaine est grand et il serait dommage de ne pas avoir le temps de flâner à la découverte des merveilles de cette double manifestation artistique de très haut vol.
Domaine de Chaumont-sur-Loire
Région Centre – Val de Loire
Le parc est ouvert tous les jours de 10h à 20h mais attention le château et les écuries (où sont exposées des œuvres) ferment à 18h30’ (19h en juillet-août)
Entrée complète (extérieur et intérieur) : 18 EUR
ROADTRIP hors des sentiers battus dans le Val de Loire, en Sologne, en Anjou, etc. à la découverte des ‘petits’ châteaux en commençant par Talcy**, Colliers à Muides-sur-Loire (chambres d’hôtes), Ménars, Beauregard*** à Cellettes, Troussay à Cheverny (le plus petit des châteaux de la Loire, dans la même famille depuis 115 ans. Chambres d’hôtes), Fougères-sur-Bièvre*** en plein centre du village, Villesavin, Chemery**, le Manoir de Beauregard (propriété privée d’une beauté sobre entouré d’un parc aux arbres centenaires dont a hérité un jeune propriétaire), Saint-Aignan**, Montpoupon**, Marçay** (hôtel de charme et grand luxe à qques km de Chinon*, Montsoreau**, Saumur**, Brissac** (le plus haut château de France, demeure privée incroyable des Ducs de Brissac à Brissac-Quincé) et terminant le périple à Angers** et ses tours massives, striées et surtout décapitées. www.monuments-nationaux.fr
BAE BIEN U
texte et photos: V.de Borchgrave
Des lignes d’arbres qui construisent, structurent et segmentent la surface de la photographie comme s’il s’agissait d’un tableau. Des paysages particuliers, un espace rendu mystérieux où l’on perd non seulement ses repères entre l’avant et l’arrière-plan mais où l’on sent la brume et les nuages, où l’on devine le vent dans les feuillages et les reflets : « Les photos de Bae Bien-U entretiennent un dialogue étroit avec l’histoire de l’art qui leur permet de recomposer la réalité qu’elles donnent à voir. » Le photographe coréen réalise des « portraits d’arbres » dont la finesse du tirage rend l’écorce présente, le brouillard et l’humidité palpables. Dans ces forêts, caractéristiques de son oeuvre, chaque arbre a sa particularité et impose sa présence ‘corporelle’ incontournable, qui dialogue avec les autres et donnent à ses clichés une « puissance expressive quasi totémique ». Certains parlent de son travail en termes d’ « aquarelles photographiques » qui sont imprégnées des codes de la tradition esthétique et spirituelle orientale tels que l’importance du blanc, la prééminence de la ligne, la précision et la délicatesse des contours, la présence du vide. On assiste aussi avec Bae Bien-U à une remise en question/distorsion de la perspective. Un travail extrêmement graphique où il joue avec la lumière qui apporte toute sa dimension chromatique et volumétrique aux clichés. Invité en résidence à Chambord, le photographe présente une large sélection de ce qu’il a réalisé sur place ainsi que les célèbres forêts de son pays natal, avec lesquelles il s’est taillé une place de choix dans le medium. Né en 1950 en Corée du Sud, Bae Bien-U s’est formé à la peinture traditionnelle et au design, avant d’apprendre la photographie en autodidacte. Il travaille à l’argentique et aucune de ses images ne sont retouchées.
Exposition prolongée jusqu’au 10 juin 2016
Domaine national de Chambord
Ouvert tous les jours de 9h à 18h
Entrée : 11 EUR
www.chambord.org
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FRAC-Nord-Pas-De-Calais/Fonds Régional d’Art Contemporain
texte et photos: V.de Borchgrave
Les habitants de la ville appellent l’impressionnant nouveau bâtiment transparent du FRAC de Dunkerque, qui surplombe la digue et la mer, leur cathédrale de verre. Inauguré en novembre 2013, à l’entrée de la ville, sur le site des anciens chantiers navals, il présente des expositions temporaires sur plusieurs niveaux, aussi spacieux que baignés de lumière. Et au dernier étage, un plateau vide avec une vue panoramique incroyable ! Un lieu exceptionnel. A quelques km seulement de la frontière belge. Il fait partie de ce que l’on appelle les FRAC de ‘nouvelle génération’, c’est-à-dire ceux qui, trente ans après leur création, ont éprouvé le besoin de se construire des ‘murs’ à eux pour exposer des collections, devenues de plus en plus importantes au fil des acquisitions et des années. Des endroits créés en 1982 sous l’initiative de Jack Lang, persuadé de l’importance de l’art dans le développement social et économique des régions françaises. Vingt-deux régions en accueillirent. Rappelons qu’à l’origine, ils n’ont pas vocation à être des lieux d’exposition mais de conservation. Une conception décentralisée de l’art diffusée sur tout le territoire, dans des endroits où le public peut les apprécier. Autrement dit, c’est la collection qui se déplace et part à la rencontre d’un public différent, de prime abord moins concerné par l’art contemporain, non l’inverse. Avec le concept du FRAC, on sort l’art contemporain de son cadre pouvant (parfois/souvent) être perçu comme intimidant.
EXTRAVAGANZA – RESERVE AUX ENFANTS !
Des œuvres de la collection choisies pour sensibiliser les enfants à l’art contemporain comme par exemple les « Moustiques » (1969) de Lothar Baumgarten, « Wham ! » (1982), le petit nain de jardin de Présence Panchounette, le collectif d’artistes bordelais, « Nano Hybrid » (2006) le dessin graphique et ultra coloré de Jean-Luc Moerman, « Les Loquaces » (2002) de François Curlet & Michel François, « Modern Dance » (1987) ou les gros cailloux colorés de Michael Craig-Martin réalisés en hommage à « la Danse » de Matisse, « Bordel sacré » et encore l’installation ludique tout en peluches, camelote et accumulation du compositeur de musique et artiste newyorkais Charlemagne Palestine, etc. Un parcours réellement aussi amusant pour les grands que pour les petits imaginé avec l’œil enfantin du commissaire Richard Leydier !
WILD AT ART – La peinture dans les années 80
C’est le même commissaire qui, au rez-de-chaussée pour les adultes a conçu une petite exposition comme je les aime où en quelques toiles majeures, on couvre un thème bien précis dans une période donnée. A la fin des années 70, où l’art a été fameusement mis à mal (conceptuel et minimal), l’Europe amorce un tournant radical avec un retour en force de la peinture. Avec la volonté de s’affranchir des règles de la génération précédente et un sentiment de liberté absolue, les peintres suisse Martin Disler, français Eugène Leroy, danois Per Kirkeby, autrichiens Otto Zitko et Franz West, allemand Michael Buthe ont été sortis de la collection du Frac pour témoigner d’un désir commun de dépasser le clivage figuration/abstraction produisant des œuvres plus élaborées qu’il n’y paraît, plus libres et ‘sauvages’. La peinture des années 80 ? « A la fois aboutissement et synthèse des recherches picturales menées tout au long du XXe s. par diverses avant-gardes. »
Jusqu’au 28 août 2016
503, Avenue des Bancs de Flandres
F-59 140 Dunkerque
Ouvert du mercredi au dimanche de 12h à 18h
FRAC Centre-Val de Loire
Un surprenant et magnifique bâtiment en plein centre d’Orléans qui donne un élégant prétexte pour venir à Orléans et découvrir la ville de Jeanne d’Arc à 50’ de Paris, où il fait si bon vivre !
« LA VILLE AU LOIN »
En sélectionnant une œuvre dans chacun des 22 autres Frac et en la confrontant à la collection locale, les organisateurs ont décidé de perpétuer à leur manière le premier objectif de ces institutions à savoir, des lieux de migrations disciplinaires de l’art et de l’architecture. Véritable plongée dans l’intense activité urbaine, l’exposition réussit à capter autant l’intimité d’un coin de rue que l’étendue des paysages. On s’y balade comme dans une ville tout en étant attentif à ces féconds dialogues entre peinture, sculpture et architecture.
Boulevard Rocheplatte
F- 45 000 Orléans
Ouvert du mercredi au dimanche de 14h à 19h
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ANNE VALERIE HASH « Décrayonner »
texte et photos: V.de Borchgrave
« De l’extrême féminité aux codes masculins, j’ai trouvé la Ré-conciliation des genres »
Mise en scène magistrale d’une centaine de pièces vestimentaires uniques de la créatrice de mode française qui peut s’enorgueillir d’avoir obtenu pour sa maison, créée il y a une petite quinzaine d’années, le label prestigieux de la Haute Couture. En baptisant sa première collection « FilleMâle », Anne Valérie Hasch s’est imposée d’emblée sur la scène française. Elle y transformait de A à Z un vestiaire masculin en garde-robe féminine. Elle aime déconstruire pour mieux reconstruire -un pantalon d’homme devient par exemple une robe-, déséquilibre les symétries et les volumes, marie les matières aux antipodes, comme la laine d’un costume d’homme avec du tulle, de la soie ou de la dentelle. La créatrice aime les opposés, les mélanges, les contraires. Elle conjugue avec génie, tradition et modernité, pour créer un genre nouveau. Sous le titre « Décrayonner », un mot inventé pour une exposition passionnante qui nous montre un travail qui ne passe pas, comme dans la majorité des cas, par l’intermédiaire du crayon sinon directement par la ciseau et l’aiguille. Première exposition consacrée à AVH présentée non pas comme une rétrospective mais comme une magnifique balade scénographique dans un univers (très) particulier.
Jusqu’au 13 novembre 2016
Cité de la dentelle et de la mode
135, Quai du Commerce
F-62 100 Calais
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h (17h du 1/11 au 31/03). Fermé du 1 au 15/01, les 1/05 & 25/12.
ANNETTE MESSAGER « Dessus Dessous »***
(Texte et photos Virginie de Borchgrave)
Deux musées ont invité la grande artiste française, née en 1943 dans les environs de Calais à Berck-sur-Mer, à occuper leurs espaces. Avec une palette textile impressionnante allant des peluches à la broderie en passant par des dessins, de l’écriture en fils de laine, de la soie, des photographies, elle a créé au fil des années -c’est le cas de la dire- une œuvre hybride impressionnante et totalement originale. On se rappelle « Les Messagers » son exposition au Centre Georges Pompidou à Paris en 2007 et encore à « La Beauté » en Avignon, il y a bien plus longtemps, où l’on s’émouvait devant ses peluches et autres créations mêlant des domaines aussi divers que la politique, la mode ou le social. Annette s’est inventé un monde de fiction aussi doux qu’interrogateur où elle mêle des éléments autobiographiques, intimes et féministes, à la frontière entre le théâtre, la fiction et le jeu. Un travail empreint souvent d’humour, parfois d’ironie… Une quinzaine d’œuvres montrées pour la 1re fois en France dialoguent avec les deux espaces où elle nous parle d’odyssées, de sculpture -« Les Bourgeois de Calais » de Rodin dont son enfance a été imprégnée ici même- mais encore de migrations, de couturières, de collants, de soutien-gorge, bref de mode aussi ! Etonnantes expositions à l’image de cette artiste française aussi internationale qu’hors norme. J’aime les artistes qui nous laissent une empreinte indélébile quand on les découvre et que l’on n’oublie jamais. Annette Messager en fait partie.
Jusqu’au 15 mai 2016
– Musée des Beaux-Arts
25, Rue Richelieu
F-62 100 Calais
Ouvert tous les jours sauf les lundi, dimanche matin & jours fériés de 13h à 18h (17h du 2/11 au 31/03)
www.musenor.com/Calais-Musee-des-beaux-arts
– Cité de la dentelle et de la mode
135, Quai du Commerce
F-62 100 Calais
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h (17h du 1/11 au 31/03). Fermé du 1 au 15/01, les 1/05 & 25/12
LE MUSEE SOULAGES à RODEZ
texte et photos: V.de Borchgrave
Voilà une escapade culturelle de très haut niveau où en quelques jours on a le temps de visiter non seulement l’extraordinaire nouveau Musée de Pierre Soulages, le plus renommé des peintres français contemporains, né à Rodez le 24 décembre 1919 mais encore, de louer une voiture pour parcourir la région, la plus riche en « plus beaux villages de France » et… en tables étoilées !
Inauguré il y a tout juste 2 ans, en plein centre ville dans le jardin du Foirail, à deux pas de la cathédrale, le sobre et long bâtiment de 6000 m2 réalisé par les architectes catalans Roques & Passelac s’étale d’ouest en une succession de différents cubes recouverts d’acier Corten, derrière lesquels on aperçoit les Monts de l’Aubrac. C’est grâce à deux donations du peintre et de sa femme Colette (en 2005 et en 2012) que l’idée d’un musée dans sa ville natale naquit, devenant ainsi la plus grande collection au monde d’oeuvres de Soulages. Présent dans près d’une centaine de musées, avec plus de 1500 peintures sur toile, il a exposé dans le monde entier. Témoignage unique et représentatif de l’œuvre de la figure française majeure de l’abstraction, le musée est un voyage qui commence à ses premières peintures suivi des œuvres de l’après-guerre jusqu’à son fameux « outrenoir » en passant par les brous de noix, les œuvres épurées et linéaires des années 70, les estampes, les eaux-fortes, lithographies, sérigraphies, les cuivres et leurs matrices, les bronzes, les peintures sur papier, celles sur toile avec, en apothéose, une salle dédiée aux vitraux de Conques illustrés par un film qui vous donnera certainement l’envie de pousser la visite jusque là.
Soulages est principalement connu pour l’utilisation dominante de la couleur noire dans ses peintures, une couleur qui a l’art de capter la lumière et de jouer avec elle. Ici, à Rodez, on découvre d’autres couleurs, d’autres pigments tels que le rouge, le brun et même le bleu. Très vite reconnu en Europe à la fin des années 40 et ensuite aux Etats-Unis dans les années 50, il est dans la plupart des collections américaines publiques et privées. En 2010, sa rétrospective à Beaubourg avait attiré plus de 500 000 visiteurs !! Il semble être le peintre contemporain non seulement le plus célèbre et reconnu internationalement mais encore, le plus apprécié de ses pairs.
Laissons maintenant la parole à notre confrère Roger-Pierre Turine qui le connaît bien pour avoir écrit un joli petit livre sur lui (que vous trouverez à la librairie du musée) et qui, à l’occasion de la parution chez Gallimard du Tome IV du Catalogue raisonné du peintre, écrit ceci : « faire dire à la toile, aux matières, coups de brosse et lignes de force, la présence immanente, décisive, de la lumière venue des ténèbres. Cette lumière réfléchit et diversifie l’impact visuel de la toile en fonction de qui la regarde et s’applique à en diversifier les angles de vision. Le bonheur délivré par un tableau de Soulages est à ce prix, une sorte de fiévreuse aventure à quatre mains. »
Une salle d’exposition temporaire de 500m2 accueille jusqu’au 30 avril : « Soto, une rétrospective ». Lumineux, coloré, ludique, mobile, impressionnant, déconcertant, les adjectifs ne manquent pas lorsqu’il s’agit de qualifier l’œuvre de l’artiste vénézuélien Jesus Rafael Soto (1923-2005). On déambule dans les salles, l’œil en éveil, le cerveau bousculé, sensations et vibrations au rendez-vous. On peut même s’y perdre en y pénétrant comme dans le grand « Pénétrable BBL Bleu » (1967), autorisation de plus en plus rare depuis que l’artiste n’est plus. Il faut dire que, nous les Belges, nous venions d’être gâtés cet hiver par la galeriste Valérie Bach qui exposait à La Patinoire une incroyable collection d’art cinétique (tout était à vendre !) où Soto avait évidemment une place de choix. Magicien du visuel qui manipule notre rétine, Soto n’est pas le seul de cette école du regard où nous admirons aussi Cruz-Diez et bien d’autres que nous venons d’admirer encore à la galerie Denise René à Art Brussels le weekend dernier. Des œuvres qui ne seront jamais figées et qui, selon l’angle où l’on se place nous dévoilent d’autres facettes, d’autres couleurs, d’autres formes. Alors entre oscillations, irradiations et vibrations, mon œil chavire ! Et Soulages accueillant Soto en hommage à la lumière et au mouvement sur lesquels les deux artistes contemporains ont (presque) tout misé en fleurtant l’un avec la 3e et l’autre la 4e dimension pour notre plus grand bonheur… optique !
Du 1/07 au 31/08 ouvert du mardi au dimanche inclus de 10h à 19h. Le lundi de 14h à 19h. Du 1/09 au 30/09 ouvert du mardi au dimanche inclus de 11h à 19h. Du 1/10 au 30/04 ouvert du mardi au dimanche inclus de 10h à 12h et de 14h à 18h. Samedi & dimanche de 11h à 18h. Du 2/05 au 30/06 : ouvert du mardi au dimanche inclus de 11h à 19h. Fermé les 1/01, 1/05, 1/11, 25/12. Entrée : 9 EUR / Réduit 5 EUR / Gratuit pour les enfants de moins de 18 ans et les étudiants. Billet combiné aux Musées Fenaille (à voir e.a. pour la salle des dolmens) et Denys-Puech. Tél. : +33 5 65 73 82 60. www.musee-soulages.grand-rodez.com
Ne manquez pas de prendre votre petit déjeuner, déjeuner ou goûter au CAFE BRAS, conçu par Miche Bras, le cuisinier mondialement connu de l’Aveyron. www.cafebras.fr
ROAD TRIP en AVEYRON et dans l’AUBRAC
texte et photos: V.de Borchgrave
Et maintenant, Le Guide Vert Michelin du « Lot Aveyron Vallée du Tarn » à la main, partez à l’assaut de cette région d‘une beauté et d’une richesse époustouflantes.
Je vous conseille un itinéraire qui commence de Rodez par Sauveterre-de-Rouergue*, Villefranche-de-Rouergue**, Belcastel***, Salles-la-Source**, Marcillac-Vallon, Conques*** (étape sur le pèlerinage de St-Jacques-de-Compostelle à ne pas rater pour les vitraux de la superbe église romane réalisés par Soulages), Estaing*, Espalion*, Bouzouls et sa faille**, Saint-Geniez-d’Olt, Saint-Laurent-d’Olt, Sévérac-le-Château et, si vous ne l’avez encore jamais vu, n’hésitez pas à aller jusqu’au Viaduc de Millau*** (arrêt sur l’aire du viaduc pour la vue sur Millau d’un côté et les Gorges du Tarn de l’autre + déguster un capucin à l’aligot truffé de Michel Bras) et enfin Roquefort (visiter les caves), en bouclant en beauté la boucle à La Couvertoïade*** (cité templière).
Retour à Rodez par l’autoroute en 1h30’.
MINI GUIDE PRATIQUE
HOTEL
La Ferme de Bourran www.fermedebourran.com
RESTAURANTS
Goûts & Couleurs* (Jean-Luc Fau) www.goutsetcouleurs.com
Café Bras (Michel Bras) www.cafebras.fr
Bowling du Rouergue (Gilbert Bastide) www.bowlingdurouergue.com
Le Belvédère* (Guillaume Viala) www.belvedere-bozouls.com
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Quelques découvertes culturelles au Nicaragua
Texte & Photos Virginie de Borchgrave
A l’écart des circuits touristiques balisés, le plus grand pays d’Amérique centrale est un trésor méconnu (pour combien de temps encore ?) et la ville de Granada, Patrimoine Mondial de l’Humanité, à la fois la plus ancienne ville coloniale et le plus bel exemple d’harmonie architecturale du XIX e s. de tout le continent latino américain !!
Si vous avez envie d’en savoir un peu plus sur ce pays entre lacs et volcans, lisez le reportage publié ces jours-ci dans le magazine MILES (supplément trimestriel du Moniteur de l’Automobile.)
GRANADA (au sud de Managua)
XIIe Festival de la Poesia du 14 au 20 février 2016
Une semaine unique entre toutes où des poètes en provenance du monde entier -137 poètes de 65 pays- participent à des lectures, tables rondes, ateliers, discussions, dîners, soirées, concerts dans une ambiance relaxe et bon enfant extraordinaire ! Tout se passe dehors, sous les palmiers de la place principale de la ville, devant la façade de magnifiques églises coloniales, dans la bibliothèque d’un couvent, dans les immenses patios de vieilles demeures historiques, etc. Les poètes déclament leurs vers dans leur langue natale et, soit un traducteur les traduit après en espagnol, soit ils le font eux-mêmes et c’est regrettable, car aussi bon que soit leur niveau d’espagnol, tout ce qui fait le charme et la personnalité d’un poème, à savoir sa musicalité disparaît alors au profit du sens, qui n’est pas prioritaire à mes yeux… On a d’ailleurs eu droit à quelques moments épiques, comme la Japonaise qui crut de bonne foi qu’elle parlait l’espagnol et dont on ne comprenait pas un traître mot de sa traduction ou le Portugais qui parlait bien mais dont la lecture aurait été tellement mieux dans sa langue natale… Un geste, certes généreux de la part des participants dont on se passerait bien… Notons que l’écrivaine poète nicaraguayenne Gioconda Belli nous offrit tant dans ses traductions que dans ses propres poèmes, les plus beaux et émouvants moments de cette année.
Rencontre à la fois populaire et intellectuelle, ce festival est à l’image des Nicaraguayens, poètes dans l’âme et le sang qui célèbrent élégamment cet art majeur en Amérique centrale.
Dédié aux poète nicaraguayen Ernesto Mejia Sanchez et guatémaltèque Luis Cardoza y Aragon et aux festivités liées au centenaire de la mort de Ruben Dario, les participants disent volontiers que le Festival de Granada est le meilleur du monde…
L’édition 2017 sera un hommage au salvadorien Roque Dalton (1935-1975) et au nicaraguayen Manolo Cuadra (1907-1957).
www.festivalpoesianicaragua.com
Centro Cultural Convento San Francisco
La plus jolie église de la ville et la plus ancienne de toute l’Amérique latine (1585) a une majestueuse façade qui prend toute sa dimension au coucher du soleil avec la silhouette massive du Volcan Mombacho à sa gauche. Elle possède un intéressant musée (en partie en rénovation aujourd’hui)où sont exposées les grandes statues précolombiennes de l’Ile de Zapatera et les peintures reconnaissables entre toutes de l’Archipel de Solentiname sur le Lac Nicaragua.
www.vianica.com/sp/atractivo/37/centro-cultural-convento-san-francisco
Mi Museo
Fondé en 2005 par le Danois Peder Kolind, qui rassembla une collection de céramiques précolombiennes, ce musée privé est considéré comme le plus riche du pays dans le domaine : 5000 pièces datées entre 2000/1500 ACN et 1550 PCN dont une sélection est présentée dans les salles aérées d’une belle maison coloniale de la Calle Atravesada, l’une des rues principales de Granada, pour découvrir l’histoire des populations de la Côte Pacifique du Nicaragua.
www.mimuseo.org
LEON (au nord-ouest de Managua)
Centro de Arte Fundacion Ortiz-Gurdian
Un couple de collectionneurs originaire de la ville décida, il y a tout juste 20 ans, de créer cette fondation pour aider au développement culturel du pays. Avec l’objectif d’organiser la première Biennale de peinture nicaraguayenne qui eut lieu en 1997 et donna lieu à d’autres biennales dans les pays voisins, ils inaugurèrent le musée en 2001 avec une collection présentée dans une maison qui s’est élargie sur quatre autres aujourd’hui ! Fin 2013, ils ouvrirent aussi un Centre d’Art à Managua, lieu d’exposition et plateforme pour la promotion et diffusion de la culture dans le pays.
La visite de la fondation à Léon est indispensable tant pour le patrimoine architectural que représentent les lieux d’exposition que pour la qualité des œuvres dont on n’ose avouer que l’on ne connaît aucun nom… Quelles découvertes !
www.fundacionortizgurdian.org
Museo Ruben Dario
Impossible de ne pas s’arrêter là où le plus grand poète nicaraguayen (et l’un des plus célèbres de tout le continent) déménagea à 40 ans. Dans une atmosphère coloniale, on lit l’histoire de sa vie sur les murs de cette demeure où il vécut une quinzaine d’années.
www.nicaragua.com/museums/ruben-dario-museum
Museo de la Revolucion
Aussi désuet que la révolution fut importante, particulièrement dans cette partie du Nicaragua, le musée vaut le déplacement rien que pour le récit qu’en font les gardiens, vieux héros sandinistes n’hésitant pas à nous conter leurs histoires personnelles. Le toit offre une belle vue sur la somptueuse Basilique Cathédrale (la plus importante d’Amérique centrale), Patrimoine Mondial de l’Unesco.
www.nicaragua.com/museums/museum-of-the-revolution
TIPITAPA (sur la Panamericana au nord de Managua)
Hacienda San Jacinto
Lieu historique où en 1856 les patriotes nicaraguayens repoussèrent les envahisseurs qui les dépassaient largement en nombre et armement, l’hacienda est reconvertie aujourd’hui en un beau musée au milieu d’un parc où l’on apprend entre autres que le premier canal centraméricain devait se construire au Nicaragua plutôt qu’au Panama. Des problèmes politiques et un tremblement de terre firent tomber le projet à l’eau… www.vianica.com/sp/atractivo/144/sitio-historico-hacienda-san-jacinto
CIUDAD DARIA (Département de Matagalpa au nord-est de Managua)
Casa natal Ruben Dario
Contexte poétique oblige, si vous partez explorer le nord du pays, le détour par la modeste maison natale du poète, héros national, est obligatoire. Comme quoi, il ne faut pas beaucoup aux grands esprits pour se développer et rayonner de par le monde. Quelle intéressante leçon d’humilité.
www.vianica.com/sp/106/museo-casa-natal-de-ruben-diario
A PARIS
(texte et photos :Virginie de Borchgrave)
Andy Warhol Unlimited ***
Une exposition qui vaut le déplacement rien que pour « Shadows » (1978-1979), une ombre abstraite photographiée, sérigraphiée puis colorée en 17 tonalités différentes, déclinée en 102 tableaux identiques, alignés les uns à côté des autres sur plus de 100m de long en provenance du magnifique Dia Beacon, cette ancienne laiterie transformée en musée de 25 000 m2 sur les bords de l’Hudson, aux environs de New York. C’est donc une grande première en Europe pour cette œuvre hors norme dont on ne sait où est le commencement, ni la fin : « un geste radical qui nous invite à repenser l’art de Warhol au-delà des catégories normatives ».
Une œuvre monumentale à appréhender dans l’espace et dans le temps qui pose la question, chère à l’artiste, de savoir ce qui est de l’art et ce qui ne l’est pas : « Tout est de l’art et rien n’est de l’art » dit-il. Tandis qu’il brouille sans cesse la frontière, Warhol simplifie : « Si vous voulez tout savoir sur Andy Warhol, regardez simplement la surface : de mes peintures, de mes films et de moi, je suis là. Il n’y a rien derrière. »
Un parcours intéressant nous y amène en nous faisant passer par des films tournés dans sa « factory », ses sérigraph02ies de chaises électriques sur fond de papier peint de vaches, une salle fleurs dont on ne se lasse pas, une autre Mao et encore les inattendus « Silver Clouds » avec lequel tout le monde joue devant un panneau qui dit « Interdiction de toucher ». Décidemment, avec Warhol, on perd ses repères…
Jusqu’au 7/
Musée d’Art Moderne
11, Avenue du Président Wilson. Paris XVIe
Tél. : + 33 1 53 67 40 00
Ouvert tous les jours sauf le lundi de 10h à 18h. Nocturne le jeudi jusqu’à 22h
Entrée : Plein 12 EUR / Réduit 9 EUR / Gratuit pour les moins de 18 ans
www.mam.paris.fr
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Lucien Clergue. Les premiers albums ***
A peine 1 an que nous a quittés cet homme unique à l’accent aussi chaleureux que ses célèbres femmes nues photographiées à contre-jour, à même le sable, sur les lumineuses plages de Camargue, à quelques km de la belle ville d’Arles, où il avait fondé avec Michel Tournier les fameuses Rencontres Photographiques devenues aujourd’hui, un festival incontournable.
Aussi autodidacte que doué, courageux, culotté et persévérant, il a consacré sa vie entière à ce médium en photographiant les ruines de la guerre, des cimetières, des saltimbanques, des gitans, des natures mortes, des corridas, des toros, des artistes, etc. Dynamique, le jeune Clergue n’a pas raté non plus une opportunité de se faire connaître et de faire apprécier son travail comme, à 20 ans lorsqu’il apprend que Picasso est à la corrida auquel il assiste et qu’il court chez lui pour lui montrer ses clichés, à la sortie des arènes ! C’est le début d’une longue amitié féconde, porteuse et créatrice à laquelle Cocteau prendra part.
Une exposition intelligemment mise en scène qui rend un vibrant hommage à celui qui, sur le tard (en 1979) présentera une thèse de doctorat en photographie sur le langage des sables qu’il soutiendra devant Roland Barthes : « Elaborée à partir de formes et de dessins abstraits et éphémères laissés sur le sable, ce travail au caractère exclusivement graphique séduit les universitaires par sa structure, au point d’être validé en l’absence de tout texte théorique ». Exceptionnel.
Jusqu’au 15/02/16
Galeries nationales du Grand Palais. Entrée Porte H
3, Avenue du Général Eisenhower. Paris VIIIe
Tél. : + 33 1 44 13 17 17
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 20h. Nocturne le mercredi jusqu’à 22h
Entrée : Plein 10 EUR / Réduit 7 EUR
www.grandpalais.fr
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Picasso.mania ****
Et bien non, ce n’est pas une exposition de plus sur Picasso ! Je ne vous cache pas que j’ai même franchement hésité à y aller. Ne faites donc pas comme moi… Courez-y tant le propos est intelligent et la démonstration brillante. Le ton est donné dès l’entrée, où 18 vidéos d’artistes actuels parmi les plus grands -Miguel Barcelo, Frank Gehry, Agnès Varda, Jeff Koons, Frank Stella, Julian Schnabel, Jeff Koons, etc.- expliquent
en quelques minutes ce que représente à leurs yeux le génie Picasso Là, nous sommes préparés pour pénétrer dans l’arène où l’on trouve une quantité non négligeable de ses œuvres jouxtant celles des peintres et dessinateurs qui les ont réinterprétées tels Roy Lichtenstein, Arman, Tinguely, Christo, Tapiès, Andy Warhol (encore lui), Antonio Saura pour ne citer qu’eux. Une influence planétaire de l’un des plus grands artistes de tous les temps dont les yeux pétillent du même éclat, plus de 40 ans après sa mort.
Une exposition qui porte bien son nom car la folie Picasso est encore là et le flambeau, loin de s’éteindre.
Jusqu’au 29/02
Galeries nationales du Grand Palais. Entrée Clémenceau
Avenue du Général Eisenhower. Paris VIIIe
Tél. : + 33 1 40 13 48 00
Ouvert les lundi, jeudi et dimanche de 10h à 20h. Nocturne les mercredi, vendredi & samedi jusqu’à 22h. Fermé le mardi sauf pendant les vacances scolaires
Entrée : Plein 14 EUR / Réduit 10 EUR
www.grandpalais.fr
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Anselm Kiefer****
Impossible d’échapper à l’événement culturel de cet hiver conjugué en 2 volets.
Le premier sous forme d’une rétrospective magistrale de l’un des plus grands artistes de notre époque.
Né en 1945, en Allemagne dans les cendres et les ruines de la Seconde Guerre mondiale, Anselm Kiefer qui puise à volonté dans le passé et la mémoire de son pays cherche depuis ses débuts à briser l’amnésie collective. En d’autres mots, il s’interroge sur la place, le rôle et la responsabilité d’un artiste allemand après le nazisme et la Shoah.
Avec des toiles faites de strates et de différentes couches de matériaux -peinture, papiers brulés, cailloux, terres, plantes et même du plomb (certaines peuvent peser jusqu’à plusieurs centaines de kg !), il met en scène un univers titanesque, sombre, tragique qui n’est autre que celui de son histoire, de sa culture où des penseurs, des poètes comme Jean Genet ou des philosophes comme Heidegger l’accompagnent.
On se ‘balade’ en silence à travers cette œuvre puissante, pleine de feu dans tous les sens du terme d’où se dégage une fascination et une poésie si fortes dont on ne ressort pas indemne… Des grands tableaux de champs de fleurs en hommage à Van Gogh, Baudelaire et Rimbaud, mais surtout à Monet et ses « Nymphéas » (qu’on avait justement revus ‘par hasard’ la veille à l’Orangerie) adoucissent l’atmosphère dans les dernières salles.
On terminera par une installation tout en sable et peintures en hommage à Madame de Staël où l’on découvre, quand on y regarde de plus près, une mitraillette sur son lit à côté du nom d’un des hommes de la Bande à Baader…
Avec Anselm Kiefer, le travail de mémoire est une obsession omniprésente.
Jusqu’au 18/04/16
Centre Georges Pompidou. Galerie 1, niveau 6
Place Georges Pompidou. Paris IVe
Tél. : + 33 1 44 78 12 33
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 11h à 21h. Nocturne le jeudi jusqu’à 23h. Fermeture des caisses 1h avant
Entrée : Plein 14 EUR / Réduit 11 EUR / Gratuit pour les moins de 18 ans sans passage aux caisses et pour les moins de 26 ans avec passage aux caisses
www.centrepompidou.fr
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Anselm Kiefer, l’alchimie du livre
Le second volet plus intime est tourné vers sa passion : les livres d’artistes.
Dans une scénographie qu’il a réalisée lui-même, telle une cathédrale avec des centaines de livres et tout autour des chapelles où sont exposés d’autres plus grands livres et des sculptures, il n’est pas difficile de réaliser que le jeune Kiefer avait pensé à ses débuts à être écrivain. Qu’importe, aujourd’hui l’artiste continue à dévorer des centaines de livres -sa bibliothèque compte 12 000 volumes!- et à en fabriquer, ce qui lui prend plus de 50% de son temps. On retrouve les mêmes matériaux et les mêmes thèmes mais encore des livres érotiques, en référence à Rodin que Kiefer aime particulièrement et où il exposera prochainement.
Jusqu’au 7/02/16
Bibliothèque nationale de France BNF. Site François-Mitterand. Galerie 2
Accès par l’entrée Est face au 25, Rue Emile Durkeim (marches) ou Avenue de France (de plain-pied) à proximité du cinéma MK2-Bibliothèque. Paris XIIIe
tél. : + 33 1 53 79 59 59
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 19h, le dimanche de 13h à 19h. Fermé le lundi
Entrée : Plein 9 EUR / Réduit 7 EUR
www.bnf.fr
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(texte Virginie de Borchgrave, photos Michel Mabille)
Georges Rousse. « Paravents »
Il ne vous reste que quelques jours pour découvrir cet artiste photographe dont on vous a parlé récemment dans Quovadisart (rubrique Extra Muros), lors de l’une de ses dernières expositions dans la galerie Guy Bartschi à Genève. L’occasion de parcourir un endroit extraordinaire à Paris (en combinant la visite avec celle de la Sainte Chapelle) et d’admirer ce travail unique tout en perspectives, capable de transformer un lieu.
Un artiste unique qui perturbe et interroge le visiteur sur son rapport à l’espace. Si vous n’avez plus le temps d’y aller, cela vaut la peine de regarder la vidéo de l’installation de l’œuvre sur le site de la Conciergerie.
Notez que Georges Rousse expose aussi pour le moment au Château de Chambord et ce jusqu’au 10 avril 2016.
Jusqu’au 10/01
La Conciergerie
2, Boulevard du Palais. Paris 1er Ile de la Cité
Tél. : + 33 1 53 40 60 80
Ouvert tous les jours de 9h30’ à 18h
Entrée : Plein 8,50 EUR / réduit 6,50 EUR / Gratuit pour les moins de 18 ans et le premier dimanche du mois de octobre à mars
www.conciergerie.monumentsnationaux.fr
Elisabeth Louise Vigée Le Brun
Pas beaucoup plus de temps pour aller admirer les portraits de cet artiste peintre aussi douée artistiquement que commercialement. C’est suffisamment rare pour le souligner. Première rétrospective en France de celle qui fut la portraitiste de Marie-Antoinette.
A travers ses toiles, on passe en revue la vie hors norme, la personnalité et la carrière de cette femme libre et exceptionnelle (1755-1842) qui s’est enfuie juste à temps et réussit en exil à exercer son talent dans les capitales d’Europe de Milan, Rome et Naples à Londres en passant par Vienne, Berlin et St-Pétersbourg. Ses nombreux autoportraits témoignent d’un art de se mettre en scène et d’utiliser son image avec talent et succès. Elle avait déjà conscience de l’importance que cela représentait. Ses toiles sont toutes empreintes de finesse, douceur, sensibilité et psychologie. Issue d’un milieu modeste avec une mère coiffeuse mais un père artiste qui ne fit que l’encourager dans cette voie : « Tu seras peintre mon enfant ou jamais il n’en sera », alors qu’elle n’avait que 8 ans ! Son génie doublé d’une force de caractère et d’une capacité impressionnante de travail la fit percer dans ce monde très macho, malgré calomnie et jalousie dont elle n’a pas été épargnée.
Jusqu’au 11/01
Grand nationales du Grand Palais. Entrée Clémenceau
Place Clémenceau. Paris VIIIe
Tél. : + 33 1 40 13 48 00
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 20h. Nocturne le mercredi jusqu’à 22h
Entrée : Plein 13 EUR / Réduit 9 EUR
www.grandpalais.fr
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Qui a peur des femmes photographes ?
Voilà de quoi nous prouver que la photographie n’est pas seulement une affaire d’hommes ! Une exposition en deux volets chronologiques qui montre combien certaines femmes ont été pionnières dans ce métier et le rôle qu’elles ont joué dans l’histoire de la photographie, se taillant une place qui n’a rien à envier à leurs consoeurs artistes peintres.
Les travaux photographiques de 75 femmes, principalement anglo-saxonnes et françaises dévoilent comment elles ont su dépasser leur condition féminine pour s’engager dans une voie d’émancipation, exerçant une liberté d’action et d’expression encore plus riche que leurs confrères. Une aventure qui commence au XIXe s. et qui se poursuit jusqu’à la fin de la guerre. Gardiennes de la mémoire familiale comme chantres de l’amour maternel, les femmes de la bonne société victorienne n’hésitent pas à utiliser le medium pour confectionner des albums où l’on peut admirer des portraits, des paysages et même déjà des photocollages ! A travers ces photos, on réalise aussi combien à l’époque, les femmes étaient confinées à la sphère familiale et domestique. Vient après le temps des voyageuses photographes en même temps que la naissance de la presse illustrée, de l’intérêt pour les minorités ethniques ou sociales, du travail, de l’éducation, de la santé et des pionnières du photojournalisme, qui sont sur le terrain pour immortaliser la guerre…
N’oubliez surtout pas de profiter de votre visite à l’Orangerie pour admirer au rez-de-chaussée les magnifiques « nymphéas » de Monet, surtout depuis que les salles ont été complètement rénovées, il y a quelques années à peine.
Jusqu’au 24/01
-Musée de l’Orangerie 1re Partie 1839 > 1919
Jardin des Tuileries. Place de la Concorde. Paris Ier
Tél. : + 33 1 44 77 80 07
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 9h à 18h
Entrée : Plein 9 EUR / Réduit 6,50 EUR / Gratuit pour les moins de 26 ans & le 1er dimanche du mois
www.musee-orangerie.fr
-Musée d’Orsay 2nde Partie 1918 > 1945
1, Rue de la Légion d’Honneur. Paris VIIe
Tél. : + 33 1 40 49 48 14
Ouvert tous les jours sauf le lundi de 9h30’ à 18h. Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Entrée : Plein 12 EUR / Réduit 9 EUR et tous les jours à partir de 16h30’
www.musee-orsay.fr
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Philippe Halsman
Là, nous voilà dans un tout autre univers ! Celui du célèbre photographe américain des couvertures de Life -il en a fait une centaine !- depuis ses débuts à Paris où il émigra dans les années 30 (il était né en 1906 en Lettonie) jusqu’à son studio à New York où il partit s’établir en 1940 et où il connut un succès fou jusqu’à la fin des années 60.
Ses portraits de Marylin Monroe, toute jeune starlette et déjà si photogénique, son travail avec Salvador Dali, Jean Cocteau, la divine Audrey Hepburn, son invention de la jumpology : « Quand on saute, le masque tombe et la vraie personnalité se dévoile » en font non seulement un photographe hors du commun mais très attachant aussi, surtout quand on le voit en famille avec sa femme et ses deux petites filles (dont, ‘détail’ non anodin, l’une regarde à travers un Rolleiflex… )
Un artiste qui n’a eu de cesse d’explorer et interroger la photographie en cherchant à se renouveler et qui a laissé une oeuvre aussi technique qu’esthétique, aussi diversifiée que joyeuse !
Jusqu’au 24/01
Jeu de Paume
1, Place de la Concorde. Paris VIIIe
Tél. : + 33 1 47 03 12 50
Ouvert tous les jours sauf le lundi de 11h à 19h. Nocturne le mardi jusqu’à 21h
Entrée : Plein 10 EUR / Réduit 7,50 EUR / Gratuit pour les moins de 25 ans
www.jeudepaume.org
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MATISSE et LA GRAVURE. L’autre instrument.
(texte Virginie de Borchgrave, photos Michel Mabille)
Du petit musée intime que je connaissais et pensais retrouver, me voilà face à un grand beau bâtiment assorti de deux ailes modernes accueillant une collection de plus en plus importante, au fil des généreuses donations de la famille et des amis artistes !
En effet, en 2002, le musée Matisse a réouvert ses portes à Le Cateau-Cambrésis, sous la lumière du nord de sa ville natale qu’il quitta d’abord pour Paris, ensuite le midi de la France, et même le Maroc à Tanger. Un musée créé par le peintre lui-même qui, en 1952 offre à ses concitoyens plus de 80 œuvres qu’il installe dans l’hôtel de ville.
Je ne vais pas vous parler de ses peintures aux couleurs, matières, d’une beauté et d’une poésie auxquelles il nous a habitués et que vous retrouverez peu ici. L’exposition temporaire nous montre le peintre graveur : des dizaines d’estampes où l’on admire le maître découvrir et travailler avec génie toutes les techniques élaborées de la gravure: pointe-sèche, eau-forte, aquatinte, monotype, bois, linogravure, lithographie, sérigraphie. « Matisse nous prouve avec l’estampe que le noir est une couleur, en créant des oeuvres où son trait se développe dans une incroyable précision comme dans une totale liberté. »
Le parcours est chronologique émaillé de textes explicatifs qui nous éclairent sur cet art complexe et exigeant.
Cette exposition d’une richesse exceptionnelle due aux prêts non seulement de la famille mais encore du Musée Matisse de Nice, de la BNF à Paris et même du V&A à Londres, nous fait découvrir un pan de la création artistique de l’artiste très peu montré, si ce n’est en 2011 à Paris à La Fondation Mona Bismarck sous le titre « Une autre langue, Matisse et la gravure». Avec comme leitmotiv la figure, ce qui a toujours le plus intéressé Matisse, nous assistons à une exploration de la créativité sans limite d’un homme qui n’a cessé de vouloir apprendre et expérimenter ce qu’il apprenait, avec le talent et le génie qu’on lui connaît. Longtemps jugée comme un art mineur car reproductible, l’exposition a le mérite de nous montrer le caractère primordial de l’estampe surtout avec un artiste comme Matisse qui limitait sévèrement le tirage, parfois même jusqu’à un seul exemplaire !
« Il s’agit d’apprendre et de réapprendre une écriture qui est celle des lignes », disait-il.
Jusqu’au 6 mars 2016
Musée Départemental Matisse
Palais Fénelon
Place du Commandant Richez
F-59 360 Le Cateau-Cambrésis
(à 67 km de Lille et 31 km de Valenciennes)
Tél. : + 33 3 59 73 38 00
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h.
Entrée : Plein 7 EUR / Réduit 3 EUR / Gratuit chaque premier dimanche du mois
museematisse@cg59.fr
www.musematisse.lenord.fr
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BEAUTE CONGO 1926-2015
♥♥♥♥♥ – Vu l’immense succès de cette exposition magistrale conçue par André Magnin qui présente pour la première fois un siècle de peinture de la République démocratique du Congo, elle a été prolongée de deux mois! Rappelons que c’est lui aussi qui était le commissaire de la légendaire exposition « Les Magiciens de la Terre » en 1989 à Paris.
à Paris :
BEAUTE CONGO 1926-2015
♥♥♥♥♥
Texte: Virginie de Borchgrave
Vu l’immense succès de cette exposition magistrale conçue par André Magnin qui présente pour la première fois un siècle de peinture de la République démocratique du Congo, elle a été prolongée de deux mois! Rappelons que c’est lui aussi qui était le commissaire de la légendaire exposition « Les Magiciens de la Terre » en 1989 à Paris.
Des premiers peintres du Congo présentés au sous-sol tels Oscar Kilima et ses animaux et feuillages stylisés, Lukanga, Kayembe, ou Lubaki qui faisaient partie de l’atelier du Hangar de Pierre Romain-Desfossés dans les années 50, Bela, Mode Muntu aux toiles très graphiques ou plus tard, Moke, pionnier de la peinture populaire au Congo qui vivait sur les marchés en vendant ses peintures de paysages réalisées avec ses doigts sur du carton et encore, le photographe Ambroise Ngaimoko né en Angola et qui arriva à Kinshasa chassé par la guerre pour y créer son Studio 3Z, immortalisant les jeunes hommes du monde de la SAPE (Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes) aux pantalons aux pattes d’éléphant, elles sont toutes dignes d’intérêt ! Avec leur vitalité, leur dynamisme, leur sens des formes, des couleurs, du mouvement, de la composition, il est très difficile de ne pas être séduit. Notons que la plupart des toiles sont issues du Musée de l’Afrique à Tervuren, de la Bibliothèque royale ou encore de la collection de Pierre Loos.
Au rez-de-chaussée, on découvre les artistes d’aujourd’hui dont les noms nous sont familiers comme Chéri Samba, Chéri Chérin, Sammy Baloji dont les corps noir ébène et sculpturaux se détachent des paysages, Steve Bandoma et ses montages, JP Mika qui a été choisi pour illustrer l’invitation, Cheik Ledy, etc. expriment leur esprit critique tout en questionnant le monde dans lequel ils vivent. On ne se lasse pas d’admirer tant la technique que la joie qui en émanent. Un excellent film cède la parole à chacun des artistes qui explique sa démarche. Prenez le temps de le regarder après avoir parcouru l’exposition qu’il complète très bien.
En parallèle au parcours pictural, un parcours musical (rumba, funk, musique populaire) témoigne de l’omniprésence de la musique dans la vie congolaise.
Sachez qu’aujourd’hui encore malgré tous les problèmes politiques, sociologiques et économiques que connaît le pays, la création culturelle en RDC tant dans le domaine des arts plastiques, visuels que dans la musique ou le théâtre est exceptionnelle. Le Centre Wallonie-Bruxelles, le Centre d’art Bilembo, l’Institut culturel français à la Gombe pour ne citer qu’eux font à Kinshasa avec des gens compétents un travail remarquable et de très haut niveau pour aider et promouvoir la culture locale, qui est l’une des plus vivantes et passionnantes que j’ai rencontrées dans une capitale étrangère dans les vingt dernières années !
Jusqu’au 10 janvier 2016
Fondation Cartier pour l’art contemporain
261, Boulevard Raspail
F-75 014 Paris
Tél. : +33 1 42 18 56 50
Ouvert le mardi de 11h à 22h et du mercredi au dimanche de 11h à 20h. Tous les jours à 18h visite guidée de l’exposition avec le billet d’entrée.
Entrée : Plein 10,50 EUR / Réduit 7 EUR
Métro : Raspail ou Denfert-Rochereau (Ligne 4 & 6)
www.fondation.cartier.com
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En Suisse
(Photos et texte: Virginie de Borchgrave)
GENEVE
– Jan Fabre « Sacrum Cerebrum »
Saviez-vous que Jan Fabre étudie la neurologie depuis 10 ans ? Cette série de 13 sculptures en marbre blanc de Carrare face à une autre série d’œuvres sur papier, accrochées aux cimaises ont été créées spécialement pour l’exposition. Elles sont le fruit de l’avancement de ses recherches sur le cerveau humain comme « siège de l’imagination, de l’empathie et de la compassion ». La technique pour réaliser ces différentes interprétations poétiques du cerveau est impressionnante. L’artiste se livre à des associations inattendues, n’hésitant pas à puiser dans l’iconographie chrétienne. Une belle manière de s’interroger sur le fonctionnement de cet organe qui ne vieillit jamais… à condition de l’entretenir au quotidien ! Poursuivant en parallèle un travail théâtral, Jan Fabre n’arrêtera jamais de se renouveler et de nous surprendre : il est aujourd’hui en tournée dans toute l’Europe avec « Mount Olympus. To glorify the cult of tragedy », une œuvre mêlant danse et théâtre qui dure 24h…
Jusqu’au 8 janvier 2016
24, Rue du Vieux-Billard CH-1205 Genève
– Georges Rousse « Utopia »
Il vous reste quelques jours encore pour découvrir les magnifiques photographies de l’artiste, photographe plasticien français (Paris, 1947) qui poursuit un travail totalement original depuis 30 ans et avec lequel, le galeriste collabore depuis une dizaine d’années. George Rousse parcourt le monde « pour découvrir, investir et transformer des lieux abandonnées en espaces picturaux sur le mode de l’anamorphose. » En d’autres mots, il cherche à perturber nos sens en élaborant des installations qu’il réalise en dessinant, découpant, peignant des sols et/ou des murs, obligeant notre cerveau à opérer une mise au point. Et puis, il les photographie.
A Genève, il présente son dernier travail réalisé au Familistère de Guise, important lieu de l’histoire économique et sociale de la France, en Picardie. En 2014, il était à la Base sous-marine de Bordeaux et en 2016, il sera en Corée du Sud pour peaufiner un projet sur lequel il travaille depuis longtemps. La renommée de cet artiste inclassable est internationale.
Jusqu’au 5 décembre 2016
43, Route des Jeunes CH-1227 Les Acacias (Genève)
Galerie Guy Bärtschi Tél. : +41 22 310 00 13 info@bartschi.ch
Art Bärtschi & Cie : www.bartschi.ch
www.facebook.com/galeriebartschi
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LAUSANNE
– Le Musée Olympique
Un impressionnant bâtiment moderne et tout blanc de 3000 m2, agrémenté d’un parc où quelques sculptures font face au lac. Rien que la vue est époustouflante. Commencez la visite en montant au dernier étage pour découvrir le restaurant et la terrasse, rendez-vous exclusif du tout Lausanne ! Un musée interactif, très stimulant -esprit olympique oblige- pour évoquer l’histoire des Jeux qui ont traversé l’histoire de l’Humanité, rassemblé des hommes et des femmes de tous les pays autour des mêmes valeurs. De quoi s’interroger aussi sur les limites de l’humain…
Jusqu’au 26 janvier 2016 « JO : L’envers de l’écran » : une expérience multimédia qui décortique le mécanisme capable d’offrir à la planète entière de quoi vibrer à l’unisson, le temps de la durée des JO.
Quai Ouchy, 1 CH-1006 Lausanne. Tél. : +41 21 621 65 11. Ouvert tous les jours sauf le lundi du 1/05 au 14/10 de 9h à 18h et du 15/10 au 30/04 de 10h à 18h. Fermé les 25/12 & 1/01. Entrée : Plein 18 CHF / Senior 16 CHF / Etudiant 12 CHF / Enfant 6-16 ans 10 CHF www.olympic.org/museum
– Musée de l’Elysée
Le musée cantonal de la photographie de Lausanne situé depuis 30 ans dans une vieille demeure à côté du Musée Olympique présente jusqu’au 3 janvier 2016 « La mémoire des images : autour de la collection iconographique vaudoise », c’est-à-dire le patrimoine qui est à l’origine de sa collection rassemblée par le pasteur Paul Vionnet (1830-1914), pionnier de la photographie locale.
Un musée d’envergure qui possède plus d’un million de phototypes, dont 100 000 tirages positifs, 800 000 plaques et négatifs, de nombreux fonds photographiques et l’une des plus importantes collections de livres de photos. L’occasion aussi de saluer sa charmante directrice (d’origine belge), Tatyana Franck rencontrée récemment à Paris Photo et qui en profite pour nous tenir au courant du déménagement prochain du musée dans un grand bâtiment moderne près de la gare, qui regroupera, sous le même toit, le Musée de Design et d’Arts appliqués contemporains (MUDAC) dont nous avions déjà parlé dans notre premier Carnet de Voyage suisse. Doté d’une superficie de plus de 5000 m2, le nouveau musée multipliera par 2 sa surface actuelle d’exposition et par 3, celle de ses réserves : « Les trésors du musée pourront enfin être montrés au public de façon régulière et pérenne » ajoute-t-elle, précisant qu’il ne s’agira plus d’une maison transformée en musée.
Désigné comme le complexe muséal d’envergure internationale à Lausanne, le cabinet d’architectes portugais Aires Mateus & Associados qui a gagné le concours le décrit comme « deux masses de béton, (qui) en une ondulation géométrique, se touchent, se frôlent, s’ouvrent. Par le ciel ou dans le sol, elles trouvent leur lumière, subtile, choisie. Entre elles, l’espace flotte (… ). L’Elysée en dessine le socle, le mudac la voûte. Deux musées et un espace, composant un volume prismatique… ».
En ayant choisi ce projet ambitieux à la ligne architecturale forte, le comité a décidé de placer la ville de Lausanne sur l’échiquier des villes culturelles européennes qui comptent. Réalisation prévue en 2020, question de réunir les fonds nécessaires…
Avenue de l’Elysée, 18 CH-1006 Lausanne. Tél. : +41 21 316 99 11. Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h. Fermé les 25/12 & 1/01. Entrée : Plein 8 CHF / Senior 6 CHF / Etudiant 4 CHF / Moins de 16 ans gratuit. Entrée libre les premiers samedis du mois.
info@elysee.ch www.elysee.ch
– Giuseppe Penone « Regards croisés »
Première exposition en Suisse romande de l’artiste italien (1947), tant sculpteur que dessinateur, qui vit et travaille à Turin. A l’inverse des ses autres expositions qui montrent en général ses sculptures agrémentées des dessins préparatoires, on a pris ici comme point de départ le dessin, ponctué de quelques (incroyables) sculptures. Plus une dizaine de travaux sur papier issus de sa collection personnelle tels Giacometti, Modigliani, Bonnard, Malevitch, etc.
Différents regards, techniques, formes d’expression confrontées avec un crayon et beaucoup d’harmonie qui invitent subtilement à approcher sous un autre angle ce protagoniste majeur de l’Arte Povera. En photo, « Spazio di luce, 2008 », un tronc d’arbre en bronze découpé en 8 fragments évidés et teintés d’or qui s’étend horizontalement; une pièce monumentale présentée à Versailles en 2014. L’arbre est le leitmotiv de Penone, représentant à ses yeux la synthèse entre la nature et la culture. Il le réalise en bronze, un matériau durable qui « fossilise le végétal ». « Ce qui m’intéresse, ajoute-t-il, c’est quand le travail de l’homme commence à devenir nature. »
Jusqu’au 3 janvier 2016
Musée Cantonal des Beaux-Arts Palais de Rumine
Place de la Riponne, 6 CH-1014 Lausanne. Tél. : +41 21 316 34 45. Ouvert du mardi au vendredi de 11h à 18h, les samedi et dimanche de 11h à 17h. Fermé les 25/12 & 1/01. Entrée : Plein 8 CHF / Seniors & étudiants 6 CHF / Moins de 16 ans gratuit. Entrée libre les premiers samedis du mois. info.beaux-arts@vd.ch www.mcba.ch
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PARIS, un weekend de novembre 2015
(texte Virginie de Borchgrave & photos Michel Mabille)
« Il y a des moments où l’on écrit car on pense participer à un combat… » Roland Barthes in Radioscopie de Jacques Chancel, France Inter, 1973.
J’étais à Paris ce weekend et je ne me suis pas enfuie. Nous avons choisi, mon photographe et moi de rester, malgré que TOUT était fermé et que des amis nous proposaient deux places dans leur voiture samedi midi pour rentrer. Nous nous sommes baladés partout à pied, avons été dimanche matin Place de la République écouter et parler avec les gens, avons été les témoins des centaines d’interviews orchestrées par toutes les radios et télévisons du monde entier dépêchés sur place, parcouru la très belle 5e biennale Photo Quai organisée depuis 2007 par le Musée Branly sur les quais qui lui font face, pris le temps d’aller voir des amis chers, poussé la porte de l’Eglise des Batignolles bondée, qui résonnait au crépuscule de recueillement et de chant.
En ce jour, la lumière était, au sens propre comme au figuré, aussi profonde que le cœur endeuillé des gens, toutes religions et origines confondues et Paris, plus digne que jamais essayait d’être à la hauteur de sa devise « Fluctuat nec mergitur » qui signifie « Tangue mais ne chavire jamais. »
Nous n’avons pas regretté d’avoir fait le choix d’être là.
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Madrid
Texte & photos: Virginie de Borchgrave
Retrouvailles chaleureuses avec « la ciudad de los gatos que nunca duermen ». Traduction : la ville des chats qui ne dorment jamais ! Pour ceux qui ne le savent pas, on surnomme ainsi les madrilènes, à cause de leur intense vie nocturne. En effet, je ne connais pas de ville au monde plus animée que la capitale espagnole dont les horaires me conviennent si bien. Ici, on a le temps de tout faire car les musées, les magasins, les restaurants, les cafés ont des horaires élastiques qui n’obligent pas à choisir ! Exemple : les musées ferment pour la plupart à 20h, les magasins sont ouverts jusqu’à 22h et on dîne vers 22h30’.
Parcours culturel illustré d’un long weekend latin :
Juego de pistas
Beirut y Una Nueva Generacion de Artistas
Dans un bâtiment unique à l’architecture mauresque le long du Parc du Retiro, on découvre une petite exposition itinérante d’une dizaine d’artistes libanais (elle était à Londres cet été et sera à Cordoue cet hiver). Les commissaires Sam Bardaouil et Till Fellrath analysent les perspectives d’un groupe d’artistes émergents, sélectionnés sur base de leur relation à la ville, espace concret source de créativité, d’échange et de confrontation. Chaque artiste a développé sa propre interaction avec Beyrouth à la vie culturelle intense et au riche legs artistique. Les œuvres exposées sont très différentes tant au niveau des moyens employés que des angles de vue mais ce qui est important à souligner, c’est qu’elles émergent toutes de la scène artistique urbaine du Beyrouth des années 90, c’est-à-dire dans l’immédiat de l’après-guerre civile.
Jusqu’au 22 novembre 2016
Casa arabe
Calle Alcala, 62 (Principe de Vergara)
Ouvert de lundi à samedi de 11h à 15h et de 16h à 19h30’, les dimanche & jours fériés de 11h à 15h
Entrée gratuite
www.casaarabe.es
Josef Koudelka
Un des très grands photographes du XXe s. (1938), Tchèque nationalisé Français qui, au milieu des années 50, au moment où la Tchécoslovaquie changeait, suite à la mort de Staline, après deux décennies de répression brutale monta à la capitale et immortalisa ces années cruciales. Photos de gitans dans leurs camps, d’acteurs de théâtre pendant les répétitions, de manifestants, des soldats pour contrer l’arrivée des chars soviétiques en 1968, etc. Avec plus d’une corde à son arc, Koudelka est aussi l’auteur de photographies panoramiques autour du monde. Une exposition exceptionnelle qui passe en revue plus de 5 décennies du travail de ce photographe hors pair.
Jusqu’au 29 novembre 2016
Fundacion Mapfre
Sala de exposiciones Barbara de Braganza
Calle Barbara de Braganza, 13
28014 Madrid
Ouvert le lundi de 14h à 20h, du mardi au samedi de 10h à 20h, les dimanche & jours fériés de 11h à 19h
Entrée : 4 EUR
www.fundacionmapfre.org
Pierre Bonnard
Première grande rétrospective dédiée en Espagne depuis 30 ans à l’artiste français, à la charnière de l’art moderne, auteur d’une œuvre aussi personnelle qu’inclassable. Appelé « le nabi très japonard » avec un style vif et réellement original, Bonnard a construit, en marge des canons classiques de la peinture, une œuvre remarquable dotée d’une esthétique décorative dans laquelle les motifs se rejoignent en une trame complexe de lignes, arabesques et taches de couleurs. Un artiste qui a suivi son propre chemin traduisant avec une totale liberté le monde qui l’entourait : sa famille, ses amis, ses marchands et surtout ses amantes dont plus particulièrement Marthe de Méligny, une femme névrosée et misanthrope qu’il connût en 1893 et avec laquelle il se maria en 1925.
Personnages souvent empreints de mélancolie, de tendresse, d’érotisme mais aussi de solitude et d’isolement. Sous une image de simplicité tranquille, l’oeuvre de Pierre Bonnard se révèle plus complexe qu’elle n’y paraît, pleine de nuances, à la fois hors du temps et représentative de la Peinture avec un grand P.
Jusqu’au 10 janvier 2016
Fundacion Mapfre
Sala de exposiciones Recoletos
Paseo de Recoletos, 23
28004 Madrid
Ouvert le lundi de 14h à 20h, du mardi au samedi de 10h à 20h, les dimanche & jours fériés de 11h à 19h
www.fundacionmapfre.org
Alvar Aalto
Arquitectura organica, arte y diseno
Sans conteste l’architecte finlandais le plus important de sa génération, Alvar Aalto (1898-1976) est le représentant d’une modernité ‘humaniste’ en ce sens que l’homme a toujours été au centre de ses préoccupations. En sont témoins le Sanatorium de Paimio ou la Bibliothèque de Viipuri où volumes, matériaux et lumière se conjuguent au bien-être, avec génie et sensibilité. Mais ce sont ses chaises en contreplaqué qui le rendirent célèbre et le convertirent en l’un des designers les plus célèbres du XXe s. En 50 ans, le génial architecte réalisa une cinquantaine de bâtiments en Finlande et près d’une centaine à l’étranger. On trouve de tout dans son œuvre : des centres culturels, des maisons privées, des pavillons d’expositions, des bureaux, des maisons préfabriquées. Un grand nombre d’entre eux sont des œuvres totales car il dessinait non seulement l’immeuble mais encore tout le mobilier jusqu’aux lampes et aux tapis ! Une exposition bien documentée qui nous montre que l’embellissement de la vie quotidienne à travers l’art et la culture fut le thème de prédilection de Alvar Aalto. Notons que ce qu’il vit durant ses voyages en Espagne en 1951 où il visita Barcelone, Madrid, Palma de Majorque et l’ l’Andalousie (qui le mena jusqu’au nord du Maroc) l’influencèrent jusqu’à la fin de sa vie.
Jusqu’au 10 janvier 2016
CaixaForum Madrid
El centro social y cultural de la obra social « la Caixa »
Paseo del Prado, 36
28014 Madrid
Ouvert de lundi à dimanche de 10h à 20h
Entrée : 4 EUR. Gratuite pour les moins de 16 ans
www.laCaixa.es
C’est au peintre le plus important et le plus prolifique d’Estrémadure, Luis de Morales (1510-1586) que le célèbre Musée du Prado consacre un bijou d’exposition. Influencé par les maîtres de Flandres et de Castille, celui qu’on surnomma « le divin » car il ne réalisa que des peintures religieuses, devint rapidement célèbre. Avec un sens commercial évident, Morales adapta à la clientèle de l’époque un produit artistique et de dévotion très soigné, qui mêlait les traditions flamandes du début du XVIe s. aux éléments et modèles italianisants. Avec ses interprétations sensibles et proches du croyant, le maître réussit à marier sa grande efficacité visuelle à une intense charge émotionnelle. Une cinquantaine de toiles parmi lesquelles j’ai admiré les ravissantes Vierge à l’enfant dont l’originale Vierge au chapeau ou gitane.
Jusau’au 10 janvier 2016
Museo Nacional del Prado
Entrée : 14 EUR du lundi au samedi de 10h à 20h, les dimanche & jours fériés de 10h à 19h
Entrée réduite à 7 EUR du lundi au samedi de 18h à 20h, les dimanche & jours fériés de 17h à 19h
Accès gratuit à la collection permanente du lundi au samedi de 18h à 20h, les dimanches & jours fériés de 17h à 19h
www.museodelprado.es
Caligrafia espanola
El arte de escribir
Une exposition dont le but est de montrer la valeur esthétique, culturelle et sociale que la calligraphie représenta en Espagne du XVI au XIXe s. où elle se développa sous des traits et des caractéristiques propres. D’origine italienne -elle apparut avec la Renaissance et le développement de l’imprimerie-, c’est au milieu du XVIe s. que l’on vit naître les premiers traités et manuels d’écriture. Le travail de calligraphe convertit alors rapidement le scribe en ‘créateur’. Par l’écriture, l’art de la calligraphie ajoutait au contenu du texte la beauté du dessin et du trait. Déclinée en différents chapitres, l’exposition nous amène à travers divers manuscrits à comprendre comment petit à petit l’écriture calligraphiée se mua en une graphie commerciale, amenée inévitablement par le monde industriel.
Jusqu’au 10 janvier 2016
Biblioteca Nacional de EspanaPaseo de Recoletos, 20
28001 Madrid
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 20h, le dimanche & les jours fériés de 10h à 14h. Fermé le lundiEntrée gratuite
www.bne.es
Caligrafia hoy
Del trazo al concepto
« L’écriture a besoin de sens alors que la calligraphie qui s’exprime surtout par la forme et le geste, élève l’esprit et illumine les sentiments », dixit Wang Xizhi, le grand calligraphe chinois.
Deuxième volet de l’exposition qui nous apprend que l’on doit la calligraphie contemporaine principalement à trois maîtres. Ce sont l’Anglais Edward Johnston, l’Autrichien Rudolf von Larisch et l’Allemand Rudolf Koch- qui l’ont remise à l’honneur au XXe s. Désormais liée à la civilisation, la culture et la société, on la retrouve partout, des bouteilles de vin aux étiquettes de vêtements, en passant par des pochettes CD, des posters ou des jaquettes de livres.
Jusqu’au 31 janvier 2016
Biblioteca Nacional de Espana
Museo de la Biblioteca
Sala de las Musas
Paseo de Recoletos, 20
28001 Madrid
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 20h, le dimanche & les jours fériés de 10h à 14h. Fermé le lundi
Entrée gratuite
www.bne.es
CARNET DE VOYAGE GREC : HYDRA