Ex-tra-or-di-nai-re exposition à voir et revoir. Je l’ai découverte en faisant par hasard le parcours à l’envers! J’ai commencé par ses dernières peintures et les études réalisées pour le plafond de l’Opéra Garnier à Paris commandé par Malraux, alors Ministre des Affaires Culturelles. Figures flottantes aux couleurs contrastées défiant la gravité qui, emportées par le mouvement centrifuge du cercle équilibrent l’ensemble d’une stupéfiante beauté.
Ensuite ses dernières oeuvres monumentales des années 80, celles d’un artiste célèbre à qui le MOMA et d’autres institutions aussi prestigieuses ont déjà consacré des rétrospectives. On y retrouve la chèvre, le village, la vache, l’arbre de vie, les bouquets de fleurs omniprésents qui prennent une valeur allégorique de plus en plus importante et représentent le symbole de la nouvelle vie de l’artiste dans le sud de la France avec Vava, sa deuxième épouse. Contraste surtout entre Nice et Vitebsk, son village natal en Bielorussie où sa première épouse “Bella devait aller bien loin pour trouver une fleurette“, raconte-t-il, “Quand je me suis retrouvé à Nice où je n’avais jamais été avant, je me suis senti dans le royaume des fleurs. C’était pour moi une nature nouvelle qui m’enchantait…” Il était émerveillé, fasciné comme nous le serons quelques tableaux plus loin par son bestiaire des Fables de La Fontaine qui naît de la rencontre en 1926 avec le célèbre marchand d’art Ambroise Vollard. Association géniale entre la langue du fabuliste et le langage symbolique de la tradition juive russe du peintre. Chagall parle lui-même de “sensations de renaissance qu’il avait oubliées après l’enfance“. Une mention spéciale pour “Le renard et les raisins” (1927).
Je pourrais encore vous parler
-des années 1920 où comme beaucoup d’artistes de l’époque, Chagall eut des contacts rapprochés avec le monde du théâtre et réalisa de nombreux décors,
-de son voyage à Berlin après la guerre où, à 30 ans déjà, il décide d’écrire “Ma Vie“, son autobiographie, qui a été le début d’une remise en question personnelle et d’après laquelle a été articulée toute l’exposition,
-de son nouveau départ en France où invité par l’écrivain Blaise Cendrars, il revient à Paris dans son atelier de La Ruche où il avait vécu lors de son premier séjour dans la capitale avec Modigliani, Apollinaire et Blaise Cendrars. A la recherche d’une nouvelle identité personnelle et artistique, il peint des paysages joyeux, baignés d’une lumière radieuse.
J’ai ressenti parfois des similitudes avec certaines toiles de Picasso (Portrait bleu de son frère jouant de la mandoline), de James Ensor (“L’Abattoir”), de Matisse (“Intérieur avec fleurs”), Permeke (Portrait de sa grand-mère et son père de 1914) ou de Robert Delaunay qui n’hésitera pas à qualifier Chagall de “peintre qui ne connaît pas son métier“!
Mais je veux garder quelques lignes pour ce que j’ai le plus aimé… Les années 1908-1914 qui sont celles de ses premières oeuvres russes. Rien de plus touchant que “Le petit salon“, “La naissance“, “Les fraises ou Bella et Ida à table” (15 ans avant le remarquable “Bella et Ida à Peïra-Carva“), “L’oncle coiffeur“.
De retour en Russie en 1914, à cause du début de la guerre, Chagall ne peut plus se déplacer et dessine sa famille. Les portraits de sa grand-mère et son père, de son frère montrent déjà une maîtrise et une technique exceptionnels, même son sens particulier des couleurs est déjà présent dans “Les Amoureux“.
Chagall?
Un peintre
qui donne envie de s’envoler comme dans “La promenade” où tout est légèreté, bonheur même si les sujets abordés peuvent être graves,
qui donne une image de l’amour défiant les lois de la pesanteur,
qui rend avec génie les émotions et nous entraîne dans un univers unique et époustouflant
Et encore,
un coloriste hors pair
un poète hors norme,
un témoin de multiples cultures et traditions populaires
Et enfin,
Un artiste pour qui l’art demeure la ressource extrême qui sauve du désespoir…
Le communiqué du MRBAB
Plus de deux cents œuvres de Marc Chagall provenant du monde entier ont été rassemblées pour cette importante rétrospective. L’exposition parcourt l’ensemble de sa carrière artistique, depuis les premières peintures en 1908 jusqu’aux dernières œuvres monumentales des années ‘80.Si les grands thèmes chers à Chagall sont évidemment abordés, comme la culture juive, l’iconographie du village juif ou encore les traditions populaires, l’exposition se concentre également sur sa rencontre avec la littérature du XVIIe siècle – et spécifiquement La Fontaine -, la découverte de la lumière et le traitement de la couleur. Un écho particulier est donné à la période russe de l’artiste, au moment où son style si personnel le distingue d’un courant artistique imprégné par la révolution cubiste. Fidèlement retranscrit, le langage poétique original de Chagall embarque les visiteurs dans un univers époustouflant, témoin de multiples cultures et traditions.
De mededeling van het museum
Voor deze retrospectieve tentoonstelling brengt het museum meer dan 200 werken van Marc Chagall van over de hele wereld samen. De artistieke loopbaan van de schilder wordt uitvoerig geïllustreerd aan de hand van zijn vroege schilderijen vanaf 1908 tot zijn laatste, monumentale creaties uit de jaren ’80.De tentoonstelling behandelt de grote thema’s van zijn oeuvre, met name zijn verbondenheid met de Joodse cultuur, de iconografie van het Joodse dorp en de volkstradities, maar ook zijn kennismaking met de 17de-eeuwse literatuur – met name die van La Fontaine-, de ontdekking van het licht en het bijzonder kleurgebruik. Speciale aandacht gaat uit naar zijn Russische periode, waarin hij zich met zijn persoonlijke stijl onderscheidt van de avant-garde met de kubistische revolutie. De originele poëtische taal van Chagall dompelt de bezoeker onder in zijn verbluffende artistieke wereld, getuige van verschillende culturen en tradities.
Infos pratiques
Jusqu’au 28 juin 2015
Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique
3, Rue de la Régence
B-1000 Bruxelles
Du mardi au vendredi de 10h à 17h, samedi & dimanche de 11h à 18h.
Fermé les lundis et le 1er mai.
Entrée: 14,50 EUR adultes – 12,50 seniors – 7,50 (we 8,50) jeunes