« Congoville. Des artistes contemporains suivent des traces coloniales »
Le Middelheim, ce magnifique parc anversois où l’on déambule à travers des sculptures, toutes plus intéressantes les unes que l’autres s’est mis cet été à la sauce africaine : quinze artistes internationaux africains ou d’origine africaine ont été sélectionnés par la commissaire belgo-américano-congolaise Sandrine Colard pour interroger l’histoire coloniale, celle qui fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps…
C’est Pascale Marthine Tayou, notre camerounais national à qui revient l’honneur de commencer et clôturer le parcours avec deux jolies œuvres en petits pavés colorés.
Ensuite, muni d’un plan, les découvertes se poursuivent avec le beau « Flâneur » de Maurice Mbikayi dont les vêtements sont faits de matériel informatique recyclé du continent-poubelle de la planète ; la « Maison du chef » du KinAct Collective, une cabane composée uniquement aussi de matériaux recyclés ; une autre « Maison », celle de Jean Katambayi, squelette d’une cabane de mineurs en fils de cuivre, ceux extrait du sol katangais où brûle jour et nuit une lumière, celle qui manque cruellement au continent ; le vélo de Sven Augustijnen chargé de lourds sacs de charbon posé contre le tronc d’un arbre, qui ressemblerait à celui sous lequel on assassina Patrice Lumumba, etc.
Dans les deux pavillons dont le nouveau tout blanc à la remarquable architecture contemporaine, vous verrez les impressionnantes maquettes en carton coloré des villes imaginaires de l’artiste kinois Bodys Isek Kingelez et dans celui en brique rouge – le Braem-, se logent l’arrêt de tram en os des grands animaux africains d’Elisabetta Benassi ainsi que deux œuvres de Sammy Baloji : l’abri de cuivre couvert de scarifications et le jardin d’hiver où les plantes exotiques ont poussé dans des douilles d’obus en cuivre du pays.
Enfin, j’ai particulièrement apprécié la reconstitution du grand arc de triomphe de Kapwani Kiwanga construit pour la visite royale à l’occasion de l’indépendance en 1962 recouvert ici de feuilles d’eucalyptus, qui traduisent le caractère éphémère de l’événement…
Passionnante balade qui vous permettra aussi de découvrir (ou redécouvrir) toutes les autres sculptures pérennes du parc.
Texte & Photos Virginie de Borchgrave
Jusqu’au 3 octobre 2021
Middelheim Museum