On pourrait trouver prétentieux le nom de ce nouvel espace dédié à la culture Brussels downtown, si on ne connaissait pas le personnage. 

Constantin Charriot a des heures à son compteur dans le domaine, rien que déjà ces dix dernières années où il a œuvré au succès de La Patinoire Royale avec Valérie Bach dont il était le bras droit. Un rapide coup d’œil à son CV et les nombreux articles de presse sur internet qui lui sont consacrés achèveront de vous convaincre que l’homme, extrêmement cultivé, sans avoir la grosse tête, en plus d’être chaleureux et sympathique est sérieux, ambitieux, dynamique et passionné par tout ce qu’il fait. Il n’a pas que cette corde-là à son arc car l’homme est aussi artiste et musicien.

Situé dans les anciens bâtiments industriels d’Atoma à Forest, non loin du Wiels, un bâtiment industriel de 4000 m² datant de 1924, autrefois dédié à la production des célèbres cahiers Atoma se transforme, sous sa houlette, en un lieu pluridisciplinaire dédié à l’art contemporain. 

Mais quelle est donc la particularité de l’ECC, outre le fait que l’ouverture à Bruxelles d’un tel endroit est plutôt exceptionnelle ? Certainement son ambition de mêler galerie d’art, centre d’art et musée, avec une programmation riche allant des expositions d’arts plastiques au design, en passant par des événements culturels variés tels que le théâtre et la musique.

Constantin Chariot qui est Docteur en Histoire de l’art et ancien directeur des Musées de Liège vise également avec ce projet à créer une véritable “ruche” d’artistes, avec des résidences temporaires et des ateliers sur place. En un mot, l’ambition de l’ECC aspire à connecter des artistes du monde entier, tout en valorisant aussi bien l’abstraction que la figuration radicale dans l’art contemporain.  

L’exposition inaugurale “Paréidolies – Aux frontières du réel” regroupe plusieurs artistes et explore le phénomène psychologique de la paréidolie, où l’on perçoit des formes familières dans des objets ou des motifs abstraits. Un mot savant dérivé du grec « eidos » qui signifie apparence, forme et « para » faux est « une expression de cette tendance du cerveau à créer du sens en assimilant des formes aléatoires, abstraites, à des formes qu’il a déjà référencés. » Collective, elle présente des œuvres variées allant de la photographie à la sculpture à la peinture en passant par la céramique, créant un dialogue entre la réalité et l’imaginaire.

Parmi les artistes exposés, on retrouve Luc Praet avec des œuvres de sa série « ALTERED/The Players », Karine N’Guyen Van Tham qui fait de la sculpture textile (elle exposait à Venise cette année), Barbara Kandiyoti, Didier Mahieu, Johan Van Mullen ou Noëlle Koning, etc. Chacun apporte sa part de richesse au propos avec ses créations oniriques, lumineuses​, personnelles. Les grandes toiles vertes de Jean-Marie Bytebier nous ont particulièrement interpellées surtout la toute claire. Nous voilà donc immergés dans un large et remarquable éventail d’expressions artistiques qui jouent subtilement sur la frontière entre le réel et l’illusion.

Une seconde exposition, « L’œil trompé » se tient dans l’Espace Carnets de Croquis (légèrement surélevé) dont l’une des finalités est de faire travailler nos yeux « qui se jouent des codes et des outils de la représentation. » Ce sont Denis De Rudder et ses caricatures, Benjamin Monti et ses papiers imprimés à qui il redonne vie grâce à l’encre de Chine et Lola Ruy Cassayre qui, à travers ses « objets-carnets » offre un nouveau regard sur l’œuvre de Lionel Vinche. 

En guise de conclusion, je reprendrais le titre d’une des plus jolies toiles de l’exposition, la toute claire de Jean-Marie Bytebier pour saluer l’initiative de Constantin de nous ouvrir à un monde qui « brille avec des choses que nous ne voyons pas. »

Texte & Photos Virginie de Borchgrave

Jusqu’au 9 novembre 2024

110, Rue Pierre Decoster

B- 1190 Bruxelles (Forest)

Ouvert le jeudi de 14h à 21h, les vendredi, samedi & dimanche de 11h à 18h. Sur rendez-vous, les lundi, mardi & mercredi. 

www.espaceconstantincharriot.com