« LES RENCONTRES PHOTOGRAPHIQUES d’ARLES »*****
Un reportage de Virginie de Borchgrave & Michel Mabille
Des photographes de tous les coins du monde, de tous les âges, de tous les genres qui se renouvellent chaque année depuis 48 ans pour révéler, raconter, témoigner, réparer, reconstruire ou même inventer, chacun avec son style et son propre langage, le monde de l’image.
« Ils sont les décodeurs des signes annonciateurs des sociétés en plein bouleversement » explique Sam Stourdzé, le directeur des Rencontres. Certains comme Gideon Mendel, Samuel Gratacap, Matthieu Asselin ou Christophe Rihet n’hésitent pas à aborder des sujets d’actualité tels que le réchauffement climatique, l’industrie chimique, le terrorisme au Sahel, les migrants en Libye, la vitesse qui tue ou des tragédies du passé, pour pointer du doigt des géants comme Monsanto avec les ravages de l’agent orange au Vietnam, etc.
Si vous vous intéressez au monde, si vous avez le goût de l’ailleurs, baladez vous cet été dans la charmante petite ville -Patrimoine mondial de l’Humanité- et aux alentours, au gré d’espaces parfois étonnants, à travers entre autres,
- l’Ukraine sortant tout juste du communisme avec Niels Ackermann et Sébastien Gobert, un dialogue édifiant entre photos et textes: « Looking for Lenin »*** au Cloître Saint-Trophime
- l’Iran, 38 ans après le début de la révolution islamique, avec 66 artistes qui vivent là-bas et veulent attirer notre attention, souvent de manière détournée et poétique, sur les inquiétudes et les espoirs d’une société dynamique longtemps montrée du doigt par la communauté internationale : « Iran, Année 38 »** à l’Eglise Sainte-Anne
- le monde froid et déshumanisé des métropoles de Michael Wolf comme Hong Kong où il a vécu 10 ans, traité d’une façon aussi stylistique que magistrale ; Tokyo où l’on découvre le visage des passagers du métro à travers les vitres embuées ; Chicago la nuit, aussi transparente que lumineuse, avec ses grands immeubles de verre ; Paris et ses cheminées : « La vie dans les villes »**** à l’Eglise des Frères-Prêcheurs
- les portraits submergés des victimes d’inondations dans le monde du Sud-Africain Gideon Mendel qui se penche sur l’impact personnel que peuvent avoir les conséquences du dérèglement climatique : « Un monde qui se noie »***** au Ground Control
- les clichés de jeunesse d’Annie Leibovitz où dans une mise en scène malheureusement un peu compliquée à suivre, elle a sélectionné 5000 images qui retracent toute une époque, des portraits de sa famille à Keith Haring en passant par Mike Jagger et Bianca, sa femme nicaraguayenne, Patty Smith, Whoopi Golberg, etc. : « The Early Years. 1970-1983. Archive Project #1 »** à la Fondation Luma (Grande Halle) de Maja Hoffmann
- une famille tsigane que Mathieu Pernot suit depuis plus de 20 ans qui nous amène à nous interroger sur la place que nous leur laissons dans la société : « Les Gorgan »** à la Maison des Peintres
- le monde mélancolique des corbeaux et des chats du célèbre japonais Masahisa Fukase. 1re rétrospective européenne de l’un des photographes les plus marquants de sa génération, plongé 20 ans dans le coma : « L’incurable égoïste »** au Palais de l ‘Archevêché
- les premières photographies en noir et blanc de Joël Meyerowitz, le charismatique maître américain de la rue : « Early Works »*** à la Salle Henri-Comte
- la culture ancestrale des Indiens des vallées du massif côtier le plus haut du monde, au nord de la Colombie : « Les Indiens Kogis. A la mémoire des possibles »** dans les Caves du Méjan, Librairie Actes Sud
- la maison hantée du Sud-africain Roger Ballen, concrétisation (sinistre à souhait) de son monde intérieur : « The House of the ballenesque» à la Maison des Peintres
- les « Pulsions urbaines »*** de l’Amérique latine depuis 1960, grâce aux 350 photographies de la collection Poniatowski à l’Espace Van Gogh
- la société colombienne avec une trentaine de photographes et artistes qui nous font part des changements politico-socio-culturels de leur pays -à l’honneur de cette 48e édition- où la violence fait partie de l’identité : « ! La Vuelta ! »**** à la Chapelle Saint-Martin du Méjan
- la société marginale du Chili sur lequel Paz Errázuriz pose un regard sensible et engagé dévoilant une vision de l’histoire troublée de son pays : « Une Poétique de l’humain »**** à l’Atelier de la Mécanique
- les lieux mythologiques de notre imaginaire collectif sur lesquels Dune Varela imprime sa réflexion plutôt originale : «Toujours le soleil »** au Cloître Saint-Trophime
- un artiste, Jean Dubuffet et son utilisation de l’appareil photo : « L’outil photographique »** à l’Atelier des Forges
- une actrice, Audrey Tautou explorant de manière inattendue son image dans le cadre magnifique de l’Abbaye de Montmajour : « Superfacial »**
- le monde fragile, subtil, délicat et très personnel de Kate Barry, la fille aînée de Jane Birkin, trop tôt disparue à l’Abbaye de Montmajour : « The habit of being »*
Arles, c’est tout cela, ces ‘clichés’ qui contribuent grandement à faire évoluer mœurs et mentalités et aussi à découvrir des artistes comme
– l’Irlandais Paul Gaffney**** qui étudie différentes façons d’expérimenter et de représenter le paysage. Une approche méditative exposée à « Flux Feelings » à LÊT’Z Arles, le Pavillon du Luxembourg à la Chapelle de la Charité www.paulgaffney.com paulgaffneyphotography@gmail.com
– l’architecte française Véronique Schaffar qui vit entre Paris & Arles, tout en parcourant le monde depuis plus de 30 ans. : « Ma passion des voyages a affuté mon regard et la photo s’est imposée à moi comme une évidence » dit-elle. D’Aswara, Massawa et Keren, « Les villes endormies d’Erythrée »***, elle a capté tant la beauté du patrimoine -l’architecture moderne italienne de l’avant-guerre- que la tristesse et la mélancolie de cette terre délabré et meurtrie par une guerre de 30 ans et un régime autoritaire. Superbe témoignage tout en douceur de ce pays difficilement accessible et méconnu www.2filles2villes.com veroniqueschaffar@yahoo.fr
Un festival indispensable pour défendre le propos photographique.
Jusqu’au 24 septembre 2017
Tous les jours de 10h à 19h30’. Dernière entrée 30 ‘ avant fermeture. Certaines expositions se terminent le dimanche 27 août. Informations détaillées sur www.rencontres-arles.com Tél. : +33 4 90 96 76 06
Quant aux autres activités de la ville, comme par exemple
- la Féria du Riz les 9 & 10 septembre
- « Alice Neel : peintre de la vie moderne »**** Une septantaine de toiles, galerie de portraits sans concession, à contre-courant des esthétiques de l’artiste américaine (1900-1984) qui a connu et accompagné les plus grandes batailles politiques et sociales du XXe s.
Jusqu’au 17 septembre 2017 à La Fondation Vincent Van Gogh www.fondation-vincentvangogh-arles.org
- leA. Dance Project de Benjamin Millepied**** qui revient pour la 2e fois avec sa compagnie au Parc des Ateliers les 22-23 septembre au Parc des Ateliers (Grande Halle). On peut assister aux répétitions et c’est passionnant.
informations sur www.ville-arles.fr (site de la mairie)
arles-info.fr (actualité de la ville)
arles-agenda.fr (sorties)
facebook.com/ville.arles