Au cœur d’un vallon du Lubéron, en contrebas du joli petit village de Bonnieux se niche un véritable trésor.

Derrière un simple portail, on découvre une ravissante petite église du XVIIe s. flanquée de chapelles latérales que le propriétaire actuel du domaine attenant (qui abrite un couvent), amateur d’art et collectionneur a complètement restaurée pour ensuite proposer à Louise Bourgeois d’y installer des œuvres conçues spécialement pour l’espace, en ne sachant même pas si elle était croyante et, contre toute attente, elle a accepté ! 

« Lorsqu’on m’a montré l’église, j’ai tout simplement pensé que l’espace était superbe. Je n’ai jamais travaillé pour un tel lieu et, bien que je ne sois pas religieuse, je suis concernée par le spirituel » disait-elle. Et son assistant de spécifier : « Je crois que ce qui a rendu le projet excitant pour Louise est le fait que son art a toujours eu des liens proches avec la religion, même si elle n’est pas intéressée par la religion en soi. C’est la psychanalyse par les œuvres qu’elle crée qui est sa religion. L’expression de péché, d’indulgence et de pardon, de réparation et de restauration cadre parfaitement avec les principes religieux. Les blessures psychologiques exprimées dans son travail sont liées à l’idée de foi, charité et vérité.” 

La porte en bois sur laquelle veillent deux cyprès s’ouvre sur des dalles en pierre où quelques rangées de petites chaises en paille attendent en silence, entre des murs badigeonnés de blanc et un beau plafond voûté. S’y logent : 

  • un bénitier en marbre rose du Portugal creusé de mamelles, symbole de la mère nourricière humaine ou animale ; 
  • à la place de l’autel, une fine croix de taille humaine en bronze, munie de bras et de mains, l’une crispée, l’autre détendue ; 
  • en haut à gauche de la nef, une mère vêtue d’une longue chemise transparente en voile donne le sein à son enfant, le tout en chiffons roses et recouvert d’une cloche en verre. Matériel habituellement utilisé par l’artiste pour aborder les relations familiales ;
  • une belle petite (en comparaison avec les immenses auxquelles elle nous a habitués) araignée en bronze accrochée à la voûte de la seconde chapelle latérale, l’animal qu’elle a choisi pour représenter sa mère tisserande ;
  • enfin un confessionnal à moitié grillagé et rempli de quelques objets, sans doute l’œuvre à la fois la plus impressionnante et la moins accessible du lieu, sur lequel on peut lire les mots : « Résurrection, Réparation, Rédemption, Restauration, Réconciliation », représentatif pour LB non seulement de la difficulté de communiquer mais encore du « fait que nous recherchons tous une personne, un maître, un mentor, un pacificateur pour nous aider et nous guider. » 

Toutes ces œuvres sont en dépôt depuis 2004 pour 10 ans…. renouvelable tous les 10 ans, j’imagine ? 

Bref, une perle rare cachée au creux du Parc national du Lubéron. visible seulement quelques jours par an en été. 

Tout ce qu’on aime. 

Texte & Photos Virginie de Borchgrave 

Bonnieux Lubéron France 

Ouvert du 14 juillet au 15 août et du 1er au 11 septembre

de 10h à 13h & de 15h à 18h.