FABULOUS FAILURES – L’art d’embrasser le hasard et les erreurs
Texte & Photos Virginie de Borchgrave
Ou comment la recherche de la perfection est omniprésente et recherchée à tout prix que ce soit dans l’art, le design ou la photographie. Contrôle de l’image sublimée aujourd’hui grâce à la technologie pour donner l’illusion. L’illusion de quoi ? On retouche, on corrige, on élimine jusqu’à garder l’image parfaite. Fuite de la réalité telle qu’elle est : imparfaite, complexe, hasardeuse… Elle est pourtant pleine de charme aussi dans ses imperfections, non ? Quelques artistes sous la houlette du curateur hollandais Eric Kessels (1966, Amsterdam) nous montrent quelques (très) belles erreurs. C’est leur manière de manifester leur désaccord face à la ‘dictature’ de la superficialité dans tous les domaines. L’exposition, présentée pour la première fois l’été 2016 dans le cadre des Rencontres photographiques d’Arles a été remaniée pour le Botanique avec une sélection d’artistes belges. Enfin des failles, des échecs, des erreurs sont mis en valeur dans un parcours ludique et amusant. Place à voir ce qu’il y a à voir, sans filtre !
J’ai envie de vous parler de tout ce qui m’a fait rire et sourire mais premièrement, ce serait trop long et deuxièmement, je vous enlèverais une partie du plaisir. Cependant, je dois attirer votre attention sur « Earn from your Mistakes » (2015) de Karel De Mulder qui est l’une des plus inattendues (en haut dans le coin gauche). L’artiste a fait une grosse bêtise dans une station-service : il est parti avec le tuyau dans son réservoir ! En montrant et partageant son erreur, il essaie de gagner un peu d’argent pour payer l’amende exorbitante que sa distraction lui a coûté. Pour ce faire, il a édité un carton avec trois photos où l’on voit ce qui s’est passé. Prenez svp un carton et allégez sa peine ! Voici le texte de la vidéo pour vous préparer à jeter quelques pièces dans le cube transparent disposé à cet effet : « Durant les 24 heures qui ont suivi cette négligence, dix-sept personnes m’ont traité d’imbécile. Elles m’ont dit que ça me servirait de leçon. Etant donné que l’on apprend naturellement de ses erreurs, c’est probablement le conseil le plus dénué de sens qu’une personne puisse vous donner. En revanche, conseiller de faire quelque chose de ses erreurs serait nettement plus utile que de se satisfaire de la leçon reçue. En faisant un don pour celle-ci, c’est donc cette idée que vous soutenez. Et, peut-être qu’un jour, vous serez tentés vous aussi de faire fructifier vos erreurs ; car il ne s’agit pas seulement de payer une facture, c’est aussi une merveilleuse aventure. »
Pointons encore les « Belgian Solutions » de David Helbich, les puzzles « Love=Love » (2006) de Kent Rogowski, les photos de Matt Stuart et enfin « The Levitators » (2012-2013) ou pliages à la main de Ruth Van Beek, qui prouve combien les idées en art peuvent être aussi simples que géniales. Pas étonnant que le commissaire de l’exposition soit considéré comme l’un des artistes et designers les plus créatifs et influents des Pays-Bas. Et décidément au Botanique, on n’est jamais déçu.
Jusqu’au 20 août 2017
236, Rue Royale
B-1210 Bruxelles
Tél. : +32 2 218 37 32
Ouvert du mercredi au dimanche de 12h à 20h
Entrée : 5,50 EUR plein / 4,50 EUR réduit / gratuit pour les moins de 12 ans
www.botanique.be