Hans Op de Beeck – The Drawing Room
Une toile carrée de format moyen où un chat magnifiquement dessiné est seul dans le dernier tiers du tableau; il regarde vers le haut. Juste à côté, une deuxième toile de même format à 3/4 vide jusque qu’à ce que l’on découvre, tout en haut à gauche, un petit poisson à tête de souris, objet de toute la convoitise et l’attention du chat. Deux dessins qui d’emblée nous mettent face à un artiste dont le trait maîtrisé et le talent sautent aux yeux. Ensuite, un paysage d’hiver typiquement belge où de grands sapins recouverts de neige représentent une nature d’une grande beauté où le silence et la douceur/profondeur de la neige inspirent le respect de ces froides contrées du nord qui sont les nôtres. Et encore, un grande toile où des milliers d’oiseaux tournoient, une autre où on ne voit que de gros nuages qui roulent et envahissent tout le ciel, un lit défait cadré avec l’oeil d’un photographe, une femme longue et fine vêtue d’une robe kimono imprimée qui, du dernier tiers du tableau et la tête hors champ s’interroge la main songeuse, enfin à l’étage, un jeune homme en costume, une paire de bottes féminines, un pont et des gratte-ciel, un carrousel, etc.
A vrai dire, je ne sais vous dire lequel de ces dessins de cet univers singulier, à la fois sombre et lumineux, tout en subtiles nuances m’a le plus séduite, surtout dans cette mise en scène feutrée imaginée par l’artiste lui-même et qui lui correspond tant. On a l’impression d’être soi-même intégré dans un grand dessin, une oeuvre d’art total.
Figure majeure de la scène artistique belge et internationale, Hans Op de Beeck crée une oeuvre troublante qu’on qualifierait de poétique avant tout. Une poésie décalée. Dans une palette de couleurs réduite -du gris plus ou moins foncé au noir-, on est invités à découvrir un monde nocturne où toute vie trépidante et stressante est exclue. Monde étranger ou familier? On hésite, on se hasarde, on se laisse finalement porter par cette atmosphère. Pas de lieux précis, pas de références subjectives, tout est flottant, brumeux, confus, un monde où les identités sont gommées au profit de la quiétude.
Un film différent de ceux auxquels l’artiste nous a habitués est projeté au fond de la salle. Ne le manquez pas car il est peut-être le couronnement de cette exposition du professeur qui, derrière l’artiste enseigne à ses élèves de Sint-Lukas qu’un travail artistique se doit parfois de questionner l’absurdité de notre existence au quotidien.
EGALEMENT – LEES OOK :De weemoed van de nacht – De Standaard
Bio express
Hans Op de Beeck (1969) vit et travaille à Bruxelles. Etudes d’art visuel à Sint-Lukas. Développe rapidement une oeuvre multidisciplinaire -comme c’est souvent le cas après de telles études- mêlant peinture, aquarelle, sculpture, travail photographique, installation, vidéo, écriture et composition musicale.
Présent dans beaucoup de collections privées. Nombreuses expositions tant en Belgique qu’à l’étranger. “Sea of tranquility“, l’exposition qui lui était consacrée à Argos en 2010 est actuellement en tournée internationale.
Jusqu’au 4 janvier 2015
au Botanique
236, Rue Royale
B-1210 Bruxelles
Tél.: 02 218 37 32
Mercredi – dimanche: 12h – 20h
Fermés les 25/12/14 & 01/01/15, les 24/12 à 16h et 31/12 à 18h
Entrée: 5,50 EUR