« Les Fabriques du cœur et leur usage »
20 ans. Un anniversaire qui se fête comme il se doit avec une exposition dont le commissariat est assuré par Laurent Busine, le directeur honoraire et fondateur du musée.
Le ton est donné dès la première phrase, magnifique, significative, écrite sur le mur à l’entrée :
« Ceci est une histoire qui s’inspire de faits réels ou imaginaires, d’images glanées çà et là, d’amitiés forgées avec des œuvres et des objets rencontrés au fil des années. Cette histoire peut se lire de la façon dont vous le déciderez, en suivant le discours linéaire qu’elle propose, en papillonnant de chapitre en chapitre, en renonçant à toute logique, à votre guise. »
Y a-t-il une plus belle entrée en matière ? A partir de là, on déambule dans des salles où l’accrochage est aussi sobre que les œuvres intéressantes. Tout est subtil, des œuvres (principalement en noir et blanc ou dans des tons doux) de la mise en scène, à l’éclairage, à l’accrochage. Comment ne pas être séduits ? On sent cette proximité, cette relation personnelle du commissaire à chacune des pièces choisies. Il explique lui-même que personne ne voit les images du monde de la même manière et que chacun construit son univers de manière différente en y incluant, d’autres réalités : « le souvenir incertain y côtoie la fugace espérance. »
Busine nous propose à travers une dizaine de chapitres traitant des choses élémentaires de la vie comme la naissance du monde, la maison, les gens, la nature, de s’imprégner du monde et de ses habitants, avant que la mémoire et le cœur les transforment. Tout cela librement, poétiquement sans rien imposer que ses affinités à lui, auxquelles on adhère ou pas avec e.a., un film de David Claerbout, un tableau d’Henri de Braekeleer, des esquisses d’hommes, de mouches et une nature morte de James Ensor, des dessins de Giorgio Morandi, des photos de Sigmar Polke, des dessins de Max Ernst, des aquarelles de Marlène Dumas, une vidéo de Laure Prouvost, des tableaux en demi-teintes de José Maria Sicilia, des roches de Giuseppe Penone, une petite araignée de Louise Bourgeois, un vers en néon de Marie José Burki, etc.
Des œuvres qui nous donnent des indices d’un monde, celui où vivent les hommes, celles « où l’on voit que l’existence est sœur de la solitude », d’autres encore « où l’on voit les arbres et les fleurs (…) et tous les oiseaux du ciel », où l’on sent surtout combien le commissaire a dû savourer la préparation et la conception de cette exposition… unique et remarquable.
Je ne me rappelle pas être sortie aussi épanouie, heureuse et apaisée d’une exposition.
Merci Infiniment Mr Busine.
Jusqu’au 19 mars 2023
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« Au Charbon ! Pour un design post-carbone » 💙💙
Ne ratez pas l’exposition sur le charbon au Centre d’innovation et de design, un autre bâtiment du site. Dans une scénographie noire et blanche en accord avec le propos – dix ans après l’inscription du Grand-Hornu au Patrimoine Mondial de l’UNESCO -, on y découvre en dix chapitres les travaux de designers, architectes et artistes qui se sont tous intéressés, d’une manière ou d’une autre, à la roche combustible pour trouver des solutions en créant de nouveaux objets et utilités – vêtements, linge de maison, savons, récipients, etc.- et en faire une nouvelle ressource. Un propos pertinent dans la région et l’endroit proprement dit, cette ville, exemple unique d’urbanisme fonctionnel en Europe construite autour du charbon.
Prévoyez le temps de regarder à la fin le film de Joanie Lemercier qui, à l’aide d’un drone a mené une investigation sur le gigantesque site minier de Garzwelier, près de Cologne. Je ne vous en dis pas plus. Il est percutant. Lemercier fait partie de ces artistes indispensables qui se servent de leur créativité pour interroger le monde et nous faire réfléchir. Bravo.
«A travers la remise en question de notre dépendance au charbon et aux énergies fossiles – seconde ressource énergétique après le pétrole, première source d’électricité dont la combustion est responsable d’une grande partie des émissions de CO2 sur la planète -, c’est notre modèle d’existence tout entier qu’il advient d’interroger et de faire évoluer urgemment. »
Jusqu’au 8 janvier 2023
Texte & Photos Virginie de Borchgrave
MACS – Musée des Arts contemporains au Grand-Hornu
CID – Centre d’innovation et de design
Site du Grand-Hornu
Rue Sainte-Louise, 82
B- 7301 Hornu (près de Mons)
Tél. : +32 65 65 21 21
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h. Fermé le lundi.