Plusieurs endroits pour une Triennale assez intéressante répartie entre deux lieux principaux – le Musée L de LLN et le Centre Culturel d’Ottignies – complétés par le Botanique et la Médiatine à Bruxelles où une petite trentaine d’artistes dialoguent avec les œuvres et les lieux qu’ils investissent sur le thème de la fluidité tant géographique que temporelle en lien avec la nature, le genre humain, les origines, etc. 

Cette triennale qui en est à sa 10e édition a été orchestrée par Adrien Grimmeau, directeur de l’ISELP à Bruxelles. L’intérêt majeur réside, à mes yeux, dans la découverte du Musée L, si vous ne le connaissez pas encore, ancienne Bibliothèque des Sciences construite par l’architecte André Jacquemin en 1974, tant le bâtiment que la collection éclectique sont magnifiques. Entre nous, c’est la première fois que je voyais un joli quartier de LLN… Ah, s’ils avaient mis à l’époque le budget pour en faire un campus dans le même esprit et le même souci architectural, la ville aurait eu un tout autre visage que celui d’une triste station de ski sans neige… 

Les artistes de la Triennale se sont nichés dans le parcours au gré, entre autres, des vitrines du musée, ce qui rend la visite ludique et amusante surtout que les œuvres ne sont pas toujours faciles à identifier comme par exemple, les verres de Eva L’Hoest mélangés à des anciens, les dessins et phrases cachés dans les vitrines des sciences naturelles de Lise Duclaux, etc. J’ai beaucoup aimé la vidéo de David de Tscharner qui sculpte pendant 30’ des visages dans la terre glaise rendant le travail de plus en plus ardu car elle durcit au fur et à mesure que le temps s’écoule. Etonnantes encore les peintures de Stephan Balleux, présentées dans de grandes tables. Il y a aussi les salles d’expositions temporaires avec les « 72 vierges », la très belle installation sonore, faite d’un labyrinthe de voiles de Mehdi-Georges Lahlou, « Grosse fatigue », le film décliné en écrans multiples de Camille Henrot, « To feel, felt, felt », l’œuvre immatérielle de Maika Garnica, créée spécialement au Musée L, à la suite de sa découverte du bâtiment et des collections où elle donne voix à des objets. Lisez à ce propos le joli texte que vous trouverez sur place, écrit par le commissaire.  

Prévoyez bien le temps car après le Musée, il vous faut descendre dans les entrailles du bâtiment, je veux dire au sous-sol dans le parking où les artistes s’étalent sur tous les niveaux avec des œuvres monumentales. Vous serez accueillis par les grands objets de David de Tscharner, aussi imposants que miraculeusement légers avec lesquels on peut jouer ! 

Ensuite, le Centre Culturel d’Ottignies nous invite à découvrir les endroits dans lesquels le visiteur ne pénètre jamais normalement, à savoir les loges et les sous-sols de la scène. Et là, ce sont entre autres les photos de la mexicaine Graciela Iturbide, la togolaise Hélène Amouzou, la polonaise Beata Szparagowska qui, sous la fosse d’orchestre fait entrer le Centre culturel dans la fiction grâce à sa rencontre avec Marie-Jo, la magicienne de la poussière du lieu.  

Si le thème n’a pas toujours été facile à identifier pour moi malgré l’accueil exceptionnel et explicatif qui nous a été réservé dans les deux endroits par des gens enthousiastes et concernés (suffisamment rare en Belgique pour le souligner), je suis ressortie de cette expérience convaincue que l’art donne définitivement à voir une autre dimension des lieux, du monde. 

Texte & Photos Virginie de Borchgrave

Jusqu’au 28 novembre 2011

Musée L + Parking

Centre culturel d’Ottignies

www.magmatriennale10.be