Marcel Berlanger. Fig.
Texte et Photos-montages Virginie de Borchgrave
Rien de tel que de visiter une exposition en présence de l’artiste, surtout quand il est sympathique et nous explique son processus créatif par des mots clairs et simples.
En quoi consiste le travail Marcel Berlanger (Bruxelles, 1965) ?
Si on devait le résumer en quatre mots, je dirais un mélange d’abstraction et de figuration, entre illusion et déconstruction. Pour illustrer le propos, l’exemple par excellence sont ses représentations de Moucharabieh, cette figure abstraite qui devient figuration. Il tend sur un châssis une fibre de verre imbibée au préalable de polyester -rigidité et souplesse sont de mise-, peint ensuite à la bombe « le spray dématérialise la structure » puis ajoute du gesso. L’œuvre devient tactile (difficile de résister à la tentation de la palper…) La matière du support reste visible et donne une dimension visuelle à l’œuvre. On la scrute d’ailleurs de loin puis de près, on s’en rapproche, on l’examine, on s’interroge sur sa structure, etc. L’artiste cherche-t-il à modifier nos habitudes, changer notre perception classique ? J’ai oublié de dire que Berlanger peint son motif selon une très ancienne technique appelée « mise en carreau » qui consiste à diviser l’image à reproduire en petits carreaux et à les transposer un à un sur l’échelle sélectionnée. Comme un scan aujourd’hui !
Ses motifs de prédilection sont les cactus, les plantes, les fleurs, les arbres, les animaux, les rochers, les paysages secs et rocailleux du sud de l’Espagne mais aussi Kate Moss et de (très) jolies jeunes filles. Ce sont comme ses idoles qui reviennent tels des leitmotivs. Berlanger réalise un travail encyclopédique, en rassemblant des images qui touchent à tous ces thèmes que je viens d’évoquer puis les classe et les archive. Une source inépuisable d’inspiration. A l’étage, nous en avons quelques exemples assemblés en panneaux. Intéressant de voir le lien entre ces images et son inspiration ; le passage de la photo à la peinture qui se transforme.
Fig. fait partie d’un cycle de quatre d’expositions commencée il y a 3 ans à Furnes, à Ikop près de Eupen, ensuite à Bruxelles dans la Galerie Rodolphe Janssen puis ici au BPS 22.
Mais pourquoi avoir choisi Fig. comme titre de l’exposition ? Utilisé beaucoup en histoire de l’art, l’abréviation est employée pour signifier les diverses possibilités que peut prendre la peinture contemporaine : « L’exposition peut alors se comprendre comme un jeu avec les déploiements picturaux des différentes significations du terme ‘figure’. »
Surfant sur une vague plutôt conceptuelle, l’artiste nous confie que ce sont les structures, les matériaux, les positions dans l’espace qui l’intéressent. Il aime que ses peintures soient comme des impressions, des gravures travaillées en tant que peintures, des trames, comme issues en droite ligne de l’art numérique. Couleurs peu naturelles de l’imprimante, lignes apparentes. Il rajoute alors des couches de couleur auquel le motif vient se superposer. Et le pinceau dans tout cela ? Il est légèrement frotté avec de la peinture à l’huile. Berlanger a une façon analytique de peindre ; il sépare la couleur de l’image. Parfois ses tableaux sont divisés en 2. Il aime cette coupure. Et le renversement quand il brosse certains tableaux. On peut même voir dans la marge les traces des coups de pistolets.
Quant à l’intrigant cactus rose, il est un vibrant hommage à Philip Guston, l’artiste américain qu’il admire beaucoup.
Une exposition conçue comme une invitation à prendre du recul par rapport à l’image, à la questionner : « quel que soit son canal de diffusion, toute image a toujours été réalisée, choisie et diffusée par quelqu’un dans un but précis. »
Dans une mise en scène théâtrale (l’occasion de dire que l’exposition servira de cadre à des représentations théâtrales dont une pièce écrite et mise en scène par la sœur de l’artiste, Françoise Berlanger – les 12,13 & 14/04 -), voilà un prétexte en or pour une journée culturelle hors les murs.
Notez déjà que Berlanger sera en octobre à la Biennale de Oujda (basée sur le même principe que Manifesta, organisée par Toma Muteba Luntumbue, artiste, historien de l’art & directeur de la 5e Biennale de Lubumbashi).
Jusqu’au 27 mai 2018
Paulines Beugnies. Derrière le soleil en Extra View de Marcel Berlanger
Photos et vidéos pour dénoncer les dessous de l’Egypte sous le régime militaire répressif du Maréchal Al-Sissi. Un thème on ne peut plus d’actualité avec les ‘élections’ qui viennent d’avoir lieu dans cette poudrière du monde arabe peuplée de 110 millions d’habitants…
Jusqu’au 8 avril 2018
BPS22
Musée d’art de la Province de Hainaut
22, Boulevard Solvay
B-6000 Charleroi
Tél. : +32 71 27 29 71
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h. Fermé le lundi
Entrée : 6 EUR plein / 4 EUR seniors / 3 EUR étudiants / – de 12 ans gratuit
www.bps22.be