Trois expositions simultanées en Belgique du grand sculpteur italien Mauro Staccioli.
Tout Bruxellois du sud de la capitale visualise très bien l’une de ses œuvres mais ne connaît généralement pas son nom ! Mauro Staccioli est en effet l’artiste de « Equilibrio sospeso », la magnifique sculpture monumentale en acier corten qui sépare aussi ingénieusement que poétiquement, la ville de la campagne à Boitsfort.
Ce bel homme originaire de Toscane (1937, Volterra) élancé à qui la chevelure, la barbe blanche et les yeux brillants donnent un air de sage est intarissable quand il parle de son travail : « Mes sculptures ne sont pas pensées comme des objets pour décorer la ville ou comme des monuments pour illustrer ou célébrer quelque chose. Il s’agit d’instruments de provocation dont le but est de nous stimuler, nous impliquer, suggérer une critique et créer une discussion publique collective. C’est la participation active de l’observateur qui m’intéresse. Ici à Seneffe, c’est l’architecture du lieu qui m’a convaincu de travailler. La relation entre les différents jardins, l’architecture du site et les bâtiments me rappellent le processus d’une composition musicale.” En 1977, il avait déjà donné à l’une des ses expositions le titre de « Lettura di un ambiente.”
Travail tout en rigueur et axialité. Confrontation géométrique et constructive avec la nature. Un dialogue entre les 6 oeuvres qui mettent en valeur le château et son parc et travaillent sur les perspectives et les points de vue. C’est la Porte en acier corten posée, tel un compas, avant la grille devant l’entrée et l’Anneau à spirale, immense, à l’opposé, qui insolemment incluent tout le château dans leurs angles de vue et lui apportent une dimension inédite : « J’ai essayé d’instaurer un dialogue avec le domaine comme par exemple les Cônes en terre cuite (référence à des cornets de glace) qui vont dialoguer avec le grand bassin tandis que les onze Prismoïdes ont été pensés en rapport avec l’espace de la cour d’honneur, à fortiori les marches sur lesquelles ils sont disséminés.»
La source d’inspiration de Staccioli est le paysage en lui-même avec ses limites et son cadre. Sa motivation n’est autre que celle d’ouvrir la voie à une relation entre sculpture, paysage et architecture. Pari réussi. Mais l’artiste n’en est pas à ses débuts. Il réalise depuis de longues années des sculptures monumentales qui, avec un profond respect, défient, confrontent, entrent en relation avec le paysage qui les entoure.
La discussion s’achève sur l’aveu de l’artiste qui dit se remettre en question à chaque fois qu’il ‘approche’ un nouveau paysage. Une humilité et une modestie à la hauteur de son art quand on sait qu’il a plus de 75 endroits dans le monde (de l’Italie au Japon et à la Corée en passant par l’Equateur, Israël, la Grèce et j’en passe) où ses oeuvres sont installées comme “des traces d’un passage ».
Un artiste moins connu, bien que de la même trempe que l’Espagnol Eduardo Chillida, l’Américain Richard Serra, le Français Bernar Venet et ‘notre’ Jacques Moeschal national.
Entrée gratuite et ts les 1ers dimanches du mois, guide à disposition de 14h à 18h.
Parallèlement, Antonio Nardone dans sa toute nouvelle et lumineuse galerie d’Ixelles et, Zaïra Mis dans sa belle maison de maître à Etterbeek exposent de magnifiques dessins où formes et figures géométriques, en noir et blanc ou en couleur, réalisées e.a. sur du papier japonais jouent à un jeu subtil d’équilibre avec de grandes lignes droites ou obliques. De superbes maquettes en métal, acier ou bois de ses sculptures monumentales les complètent.
Jusqu’au 31.10.14
Galerie Nardone
27-29, Rue St-Georges
B-1050 BRUXELLES
Ouvert me-ve: 14h-18h
Tél.: + 32 2 333 20 10
Jusqu’au 12.12.14
Galerie Artiscope
25, Boulevard Saint-Michel
B-1040 BRUXELLES
Ouvert lu-ve: 14h30′-18h30′
Tél.: + 32 2 735 52 12