« Paradise » Kortrijk 2021. Triënnale d’art contemporain
Après avoir parcouru celle de Bruges, nous voilà embarqués pour le paradis à Courtrai à bord du vaisseau art contemporain !
Avec un titre comme celui-là porteur d’espoir dans la période particulière que nous vivons depuis de longs mois déjà, les commissaires Hilde Teerlinck (chargée du Pavillon belge avec Francis Alys à la Prochaine Biennale de Venise) et Francis Ronse ont proposé à une trentaine d’artistes belges et internationaux de nous prouver, chacun à leur manière qu’il existait encore. Quel pari !
Mais quel challenge aussi, censé nous intéresser tous, petits et grands car les œuvres sont aussi joyeuses que ludiques, colorées et intéressantes. Plan à la main (là, il est important de faire remarquer aux organisateurs qu’il est malheureusement beaucoup trop peu précis et que trouver les œuvres relève parfois du parcours du combattant), on découvre une ville qu’on connaît mal en passant du béguinage où Jacob Dahlgren a installé des centaines de rubans colorés dans lesquels on peut pénétrer et qui volent au gré du vent jusqu’à la Tour Broel occupée par une magnifique installation en miroir de Kendell Geers sur laquelle on peut marcher, tout comme celle en sel marin à l’étage de Lhola Amira et, au dernier étage, la superbe installation vidéo des enfants de Khaboul de l’artiste afghan Aziz Hazara où ballotés par le vent au sommet des montagnes qui entourent la ville, ils s’époumonent avec de petites flûtes à produire une musique à peine audible, symbole d’espoir…
Près du Béguinage, l’énorme palissade d’Ugo Rondinone composée de centaines de dessins d’arcs-en-ciel réalisés par les enfants des écoles de la ville est d’une gaîté et d’un enthousiasme communicatif tout comme, logé dans un endroit charmant, l’arbre à souhait de Yoko Ono où chacun écrit au crayon sur de jolies étiquettes crème, ses vœux et ses espoirs, sans parler de l’immense filet/nid en textile de l’artiste japonaise Toshiko Horiuchi MacAdam dans lequel on peut jouer et encore, l’étonnant arbre tournant de Stief De Smet, etc.
Au Musée Kortrijk 1302, l’un des rares espaces intérieurs de la triennale, une installation du chorégraphe William Forsythe a retenu toute notre attention car elle force le visiteur à endosser son rôle et devenir lui-même chorégraphe : dans une grande salle, des fils de plombs accrochés au plafond oscillent tranquillement. A nous de se frayer délicatement un passage sans les déranger dans leur subtil ballet.
Quelle belle façon de se familiariser à l’art contemporain et de découvrir une ville qui, sans avoir le charme de Bruges a le sien.
Texte & Photos Virginie de Borchgrave
Jusqu’au 24 octobre 2021