Que de la joie et des merveilles ! Des couleurs, des inventions, des trouvailles, de la récup, de la lumière, de la beauté, de la poésie, un dynamisme communicatif, etc., le monde dans lequel nous immerge Pascale Marthine Tayou, cet artiste né en 1966 au Cameroun qui vit à Gand et fut diplômé en droit avant de se tourner vers l’art est magique.
Un revirement dans lequel il se forme en autodidacte depuis les années 90, une discipline qu’il trouve plus adéquate que le droit pour exprimer ses idées et son engagement social. Il détourne les objets pour mieux nous les donner à voir, les renverse, les réinterprète, les interroge, les remet en question. Sa renommée internationale n’attend pas. Si c’est à Gand qu’il vit aujourd’hui, il le doit à Jan Hoet, le ‘pape’ de l’Art contemporain en Belgique (malheureusement décédé l’année dernière) qui le repéra, il y a presque 20 ans dans le nord de l’Italie, et lui proposa de participer à une exposition qu’il organisait dans sa ville natale, n’hésitant pas à chambouler tout son programme pour lui !
Pour s’exprimer sur des thèmes comme l’environnement, la colonisation, l’identité multiculturelle ou la société de consommation, tous les matériaux sont bons pour Pascale Marthine Tayou comme de la terre, des tissus, des perles, des épingles, des pierres, de la craie, du bois, du carton, des miroirs, des sacs en plastic coloré -porteurs de sens dans un monde où ils sont omniprésents-, des minerais et même de la poussière.
On entre de plein fouet dans son univers proche de celui du vaudou avec des traces de fétichisme et d’animisme revus, corrigés à l’air du temps.
Un artiste libre par excellence pour qui la liberté est la condition sine qua non d’expression, de création.
A la question de savoir pourquoi un titre comme « Boomerang », il rétorque « que les actes des hommes ont des conséquences qu’il faudra un jour assumer… ».
J¹ai particulièrement aimé « Coton Tige », l’immense et aérien nuage de
coton flottant au plafond d¹une salle, « Africonda », le serpent démesuré
en tissu coloré qui nous accueille à l’entrée et “Octopus”, le poulpe
réalisé à partir de tuyaux de pompe à essence.
Quelle créativité !
Une exposition à compléter avec la Galleria Continua qui l’expose tout l’été avec d’autres artistes comme Michelangelo Pistoletto, Daniel Buren ou Anish Kapoor dans « Les Moulins » de Boissy-le-Châtel aux environs de Paris.
www.galleriacontinua.com
L’ANNONCE DE BOZAR
Laissez-vous emporter par l’univers peuplé d’animaux fabuleux et d’apparitions mystérieuses de l’artiste belgo-camerounais Pascale Marthine Tayou. L’exposition BOOMERANG révèle l’œuvre monumentale de Tayou, métissage de textiles de couleur, de matériaux organiques, de bois, de figures en cristal et d’objets en verre ou trouvés. Avec ces œuvres, l’artiste propose une réflexion sur la façon dont nous développons le concept d’identité nationale, géographique, financière et émotionnelle à l’époque de la consommation de masse. Tayou est sans cesse à la recherche de similitudes et de différences entre les nombreuses cultures et communautés au sein desquelles il a vécu et travaillé. Il nous invite à faire de même. Selon Julia Peyton-Jones, directeur, et Hans Ulrich Obrist, co-directeur et curateur de la Serpentine Gallery à Londres, les créations de Tayou sont « inventives et imprégnées d’une étrange magie qui a le pouvoir de nous relier les uns aux autres. »
INFOS PRATIQUES
Jusqu’au 20 septembre 2015
Palais des Beaux-Arts
23, Rue Ravenstein
B-1000 Bruxelles
Tél. + 32 2 507 82 00
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h. Le jeudi jusqu’à 21h.
Pas de nocturne entre le 21/07 & le 15/08. Fermé le lundi.
Entrée : plein 8 EUR / réduit 6 EUR /moins de 26 ans le mercredi 2 EUR
Coproduction avec les Serpentine Galleries Londres, en collaboration avec Bozar et la participation de la Galleria Continua (San Gimignano, Beijing, Les Moulins, La Havane)
www.bozar.be
( PHOTOS : V. de Borchgrave)