EUROPALIA INDONESIA

« Power and other things »

Texte & Photos-montage Virginie de Borchgrave

IMG_2208Passionnant parcours à travers le pays et sa diversité culturelle grâce à une sélection d’artistes opérée par les commissaires Charles Esche, directeur du remarquable van abbemuseum à Eindhoven et Riksa Afiaty, coordinatrice e.a. depuis 4 ans de la Biennale de Jakarta. Elle nous explique que le titre de l’exposition est tiré d’une phrase de la proclamation de l’indépendance de l’Indonésie signée en 1945 dans laquelle le président Sukarno demandait aux Pays-Bas que « les questions concernant le transfert du pouvoir, etcetera, soient traités de manière consciencieuse et aussi vite que possible. » Et Charles Esche d’ajouter : « J’aime beaucoup l’idée du « etcetera » comme si l’univers entier pouvait être repris dans ce mot. Cette demande simple en apparence a eu des conséquences immenses par la suite. On montre ici ce qui est arrivé avec ce « etcetera » durant les 72 années qui suivirent et comment son contenu a été complètement déformé par le pouvoir colonial… »

Visite avec les commissaires. Laissons-leur la parole.

IMG_2345Charles attire d’abord mon attention sur 3 artistes indonésiens du XIXe s. : « Même si on a l’habitude en Indonésie de considérer que l’art contemporain coïncide avec la date de l’indépendance du pays, Raden Saleh, Jan Toorop et Emiria Soenassa, coincés entre ici et là-bas ont vécu dans une tension coloniale qu’il était important de souligner.» Riksa continue : « les artistes présents dans l’exposition réfléchissent sur comment la pensée coloniale a donné forme à l’Indonésie moderne et postmoderne, et ce jusqu’à nos jours. En abordant un large éventail de sujets comme l’influence de la colonisation hollandaise et de l’occupation japonaise ou la relation entre les communautés chinoises, arabes et indonésiennes, ils essaient de trouver de nouvelles méthodes qui sortent du modèle postcolonial pour appréhender le présent. » Et Charles d’ajouter : « Power and other things » est un vaste et fascinant portrait de comment les artistes vivent avec leur passé et comment l’héritage colonial et les oppressions qui en découlèrent continuent à bouillonner dans leur travail. »

IMG_2346[1]Avec des artistes indonésiens mais aussi européens et australiens comme Octora Chan par exemple, les commissaires ont choisi des hommes et des femmes qui travaillent, chacun à leur manière, autour des idées coloniales et leur impact parfois brutal encore au XXIe s. Sur la relation entre avant et maintenant : « Je crois que chaque endroit sur terre est relié avec les autres, surtout aujourd’hui. C’est l’une des capacités de l’art : nous raconter le présent à travers le passé, ce qui crée des nouveaux liens et nous aide à mieux comprendre où nous en sommes. »

En résumé, « Power and other things » c’est non seulement des « petits fragments d’histoires qui risquent d’être oubliés –colonialisme, luttes pour l’indépendance, rapport entre cultures javanaise et indonésiennes- » (Riksa Afiaty) mais encore « l’occasion de s’intéresser à l’un des plus grands pays sur terre -le plus grand pays musulman- bien moins connu que L’Inde, la Chine dont on ne va pas tarder à entendre parler dans le futur. » (Charles Esche)

De quoi en tous cas nous donner de bonnes pistes pour « Quand l’Indonésie s’éveillera… »

 

Jusqu’au 21 janvier 2018

Palais des Beaux-Arts

23, Rue Ravenstein

B-1000 Bruxelles

Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h. Nocturne le jeudi jusqu’à 21h. Fermé le lundi

Entrée : 15 EUR plein (Ticket combiné avec « Ancestors & Rituals » 26 EUR) / 13 EUR réduit / 8 EUR jeunes 12-25 / 8 EUR étudiants (4 EUR le mercredi) / 4 EUR enfants

www.europalia.be