La belle LOU DOILLON en concert à l’Ancienne Belgique.

IMG_2253Une présence magnifique, naturelle au sourire immense et à la voix rocailleuse qui présentait son nouvel album dont le titre ‘Lay Low’ (reste discret) lui va comme un gant ! Une heure et demie de plaisir intense à la voir chanter, bouger avec une gestuelle très élégante en nous incitant à faire de même, mais pas eu de chance : le public est resté plutôt statique. Il faut dire que l’âge moyen n’était pas vraiment jeune…
Avec un look discret -chemisier brun sobre, pantalon skinny noir, boots en cuir doré-, Lou a séduit son public dès le départ : « We Love You, Lou » entendait-on crier dans la salle … Elle a parlé aussi à plusieurs reprises des choses de la vie avec de jolis mots, plus intelligibles que les paroles de ses chansons que, même debout au premier rang, collés à la scène, on comprenait mal… On n’a eu droit à aucune reprise mais bien à toutes les chansons de ce nouvel album avec un bonus ‘Ticket Line’, la chanson qui n’est pas sur le CD.
Beaucoup de charisme, de douceur dans ses yeux, de fragilité, d’émotion et de gentillesse : « Enfin, la salle où je rêvais d’arriver ! » lui ont valu une ovation assortie de deux rappels tout en finesse.

110, Boulevard Anspach B-1000 Bruxelles. Tél. : +32 2 548 24 84. www.abconcerts.be
(Texte V. de Borchgrave, photo M. Mabille)

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Le vernissage de l’exposition des PHOTOS du YEMEN à La Tentation.

IMG_1677Avec le soutien de Médecins sans Frontières, un photographe courageux, Guillaume Binet s’est rendu deux fois là-bas en prenant le bateau depuis Djibouti. Il nous livre un constat accablant d’un pays en guerre dont personne ne se soucie vraiment, bombardé au vu et au su du monde entier par une coalition internationale menée par l’Arabie Saoudite qui se bat contre les Houthis, groupe armé yéménite. L’occasion de se poser la question de la légitimité des ventes d’armes (l’Arabie saoudite est le deuxième client le plus important des sociétés wallonnes d’armement…), de la souffrance extrême et insupportable des populations civiles générée par les guerres, des conséquences à long terme sur l’environnement dans cette région (l’une des plus arides du monde, qui souffrait déjà de pénurie d’eau avant le conflit…), de la destruction d’un patrimoine qui alimentait la manne touristique de ce pays de la Reine de Saba (surnommé ‘L’Arabie heureuse’…), du caractère économique et non idéologique des guerres, etc.
Un travail remarquable et indispensable à soutenir.

Du 14 au 16/12 de 11h à 20h. Le 20/12 de 15h à 20h. Du 21 au 23/12 de 11h à 20h
Centro Galego de Bruxelas 28, Rue de Laeken. B-1000 Bruxelles. Tél. : + 32 2 223 22 75. Entrée libre. 
www.centrogalego.be

(Texte V. de Borchgrave, photo J. de Borchgrave)

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FREDERIC LENOIR à MAISON FLAGEY

ou l’Eloge de la joie

(Texte V. de Borchgrave, photo M. Mabille)

« Je n’ai jamais parlé devant un si petit comité » sont les premiers mots que prononce l’écrivain, philosophe, théologien, gestalt thérapeute, ancien rédacteur en chef du Monde des Religions, etc. invité à présenter son dernier livre « La Puissance de la joie » (Fayard) dans le salon d’une magnifique maison de maître art déco aux Etangs d’Ixelles.

En une petite heure, il aborde le thème de la joie mais aussi du plaisir, du bonheur et de l’amour. Rien de totalement nouveau, bien qu’il soit utile de repenser régulièrement à toutes ces notions, indispensables à la construction d’une vie harmonieuse et épanouissante.

Voici ce que j’en ai retenu :

Le plaisir vient de l’extérieur, il est lié à la survie alors que la joie est liée à l’accomplissement. Mais comment être dans une satisfaction qui dure ? C’est à travers le bonheur, état d’être qui se construit avec le temps, qu’on atteint une harmonie entre toutes les données. Heureux sont ceux qui aiment la vie qu’ils ont ! Il y a aussi une grande part de chance. Le bonheur tient peu des conditions extérieures. Il est lié non seulement au destin mais encore au travail que l’on va faire sur soi. Sachons faire les bons choix. L’essentiel du bonheur vient du discernement d’être dans un état qui nous convient. Mais notre héritage génétique est très important et la petite enfance… essentielle ! Les enfants sont conditionnés à un certain taux de bonheur. Si l’on est heureux et qu’il nous arrive quelque chose de grave, après quelques années, on retrouvera le bonheur. Et de citer Epicure « Il n’y a pas de bonheur sans plaisir.» La vie heureuse vient de la modération. RENONCER, sélectionner certains plaisirs comme préférer quelques rares amis à des dizaines d’autres, manger peu mais de bonne qualité, cultiver un art de vivre dans la modération et la qualité. Il faut avoir la capacité de se connaître soi-même.

La joie ressemble au plaisir car c’est une émotion très forte, puissante, contagieuse ; elle ressemble au bonheur. Si on la cultive, elle devient de plus en plus présente. C’est une émotion qui peut durer dans le bonheur. Spinoza est le premier philosophe qui en parle. Il la décrit comme un super plaisir ; le passage d’une moindre à une plus grande perfection. Dans toute joie, il y a une victoire, un projet. On se sent exister mieux. L’émotion inverse, c’est la tristesse. Si la joie nous fait grandir, la tristesse nous diminue. Les deux grandes émotions sont celles-là, toutes deux liées à la puissance vitale. Mais que recherche-t-on à travers le plaisir ? La joie, et c’est le plaisir qui nous y amène. Que fait-on pour le trouver ? On accumule les plaisirs !
La joie est commune à tous les enfants sans exception.
Et de nous raconter l’histoire de ce nouveau-né trouvé dans les poubelles des Chiffonniers du Caire qui, après quelques minutes dans les bras de Mère Teresa qui riait et lui souriait, souriait à son tour !
On peut perdre la joie à cause de l’ego, lui qui donne l’estime de soi, qui intervient dans les relations avec les autres. Il faut apprendre à notre ego à se transcender, à sortir de soi. Dépassons les limites de notre petit moi.
Si l’Occident a perdu de sa joie de vivre, c’est à cause de lui. On est trop centré sur lui. Tout en dépend. Comment on se sent, comment on réagit, etc. En Amérique latine, en Afrique, les gens bien que beaucoup plus pauvres sont plus heureux car ils sont moins dans l’individualité.
Ecoutons Spinoza : « Nous sommes prisonniers de nos émotions qui précédent nos pensées. » Frédéric Lenoir ajoute : « Il faut faire un travail de raison pour dépasser cela. »
Ici la lucidité rentre en jeu : comment fonctionne notre ego ? Analysons nos émotions, nos réactions, nos croyances pour comprendre notre intelligence émotionnelle. Tout vient de la justesse de nos idées. Critiquons nos idées. Parfois, les enfants peuvent inconsciemment nous aider dans cette voie, à condition qu’on les écoute…

IMG_2191L’amour est une joie liée à une cause extérieure, c’est-à-dire la personne dont on tombe amoureux. Une idée inspirée par la projection. On commence par imaginer l’autre, mettre toutes ses espérances en lui. Il faut du temps et une bienveillance envers l’autre pour le rendre pleinement lui-même. Quand on aime quelqu’un, l’amour ne meurt jamais. La joie revient à travers tout ce qu’on a vécu ensemble, même s’il n’est plus présent. Notre liaison aux autres nous permet d’être dans une joie permanente. A nous de favoriser le terrain : la joie vient de l’attention, la qualité de la présence. Elle vient dans le lâcher-prise, le consentement, dire oui à la vie comme elle est, dans sa totalité, l’accepter telle quelle. Nous devons transformer la contrariété par la joie, la rendre positive.
RELATIVISER. Rire. Tant que vous luttez contre la vie, vous êtes malheureux. Le deuil en est l’exemple par excellence…

La joie est un mystère. Enlevons les cailloux pour libérer notre énergie et tout changera. La tristesse sera toujours là, la peine aussi mais la joie de vivre reviendra. Pour Spinoza, il n’y a pas de distinction entre le corps et l’âme qui sont en interaction permanente. Esprit et matière se confondent. Il n’est as d’accord avec le dualisme, le rationalisme de Descartes.

Nous sommes en général la résultante de quelques pourcentages : 50% de gènes, 10% de chance et 40% de travail sur soi. Chaque fois que nous lâchons l’ego, nous atteignons l’éveil. Nous abolissons les barrières avec les autres, avec la nature. Un état qui s’atteint pour 99% des gens, par une discipline quotidienne : méditation, prière, thérapie peuvent nous aider à y arriver. Commençons par un petit temps de silence tous les jours 2’, 5’, 10’ puis 15’ pour accueillir ce qui vient, prêter attention à sa respiration. Nous libérons alors un espace intérieur et devenons, au fur et à mesure, l’observateur de nos pensées et de nos émotions. Nous sommes alors dans l’accueil de l’être qui laisse notre esprit respirer et libérer la joie de vivre qui est enfouie au fond de nous. La méditation permet d’enlever les nuages pour apercevoir le soleil qui brille tous les jours de l’année, pour peu qu’on prenne le temps de le chercher, de chasser les nuages…
Cherchons à l’intérieur de nous le bonheur qui est là.

L’occasion pour FL de conclure en racontant le conte soufi d’un sage à la porte d’une ville à qui l’étranger pose la question de savoir comment sont les gens ici et à qui le sage répond en lui retournant la question : « Comment sont les gens que tu as quittés ?
Horribles, méchants, jaloux, envieux, répond l’étranger.
Et le sage de rétorquer : ici aussi.
A un autre étranger qui lui demande la même chose peu de temps après, il réitère sa question et celui-ci dit : gentils, aimables, chaleureux, honnêtes.
Et le sage de répondre : ici aussi.
Sur ce, s’approche un homme qui observait la scène et dit au sage :
tu n’es qu’un fieffé menteur ! Regarde ce que tu réponds à l’un et à l’autre.
Le sage lui dit alors : il n’y a pas d’autre vérité que celle que tu as à l’intérieur de toi… » 


MAISON FLAGEY est une maison d’hôtes tenue par Vincent Liesnard, ouverte depuis quelques mois, située 39, Rue Général de Gaulle à 1050 Bruxelles. www.maisonflagey.be

JEAN-CHRISTOPHE RUFIN aux GRANDES CONFERENCES CATHOLIQUES

ou la genèse d’un grand écrivain

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(Texte : Virginie de Borchgrave)

Une salle comble pour venir écouter cet homme polyvalent tant scientifique que littéraire, aussi brillant que sympathique, aussi international que diplomate dans tous les sens du terme, d’une élocution très agréable et en plus, ce qui ne gâche rien, drôle ! Comment ne pas ressortir de là le cerveau gonflé à bloc pour entamer la lecture de l’un de ses livres qui ont tous apporté leur petite pierre au panthéon de la littérature des dernières décennies ? Un public de haut niveau intellectuel dont mon vieux professeur de linguistique à Louvain, le célèbre grammairien André Goosse, auteur du « Bon Usage » la bible de la langue française qui, à un âge très respectable était là, un bouquin de Jean-Christophe Rufin sous le bras pour aller lui faire dédicacer. Il y a des gens qui ont la pêche tout de même et cela fait plaisir à voir !

Mais venons-en au sujet de la conférence qui était littéraire « ce que je fais rarement » annonce-t-il d’emblée. « Mais invité pour la 2e fois aux GCC, je n’allais pas vous raconter à nouveau mon parcours ! Alors, j’ai choisi de vous parler de la littérature, un sujet nocturne à mes yeux car dans une vie très occupée où le temps m’est compté, j’ai pris l’habitude d’écrire la nuit. »

JCR avait besoin de réfléchir sur le sujet : « Quel rapport entretient la littérature avec l’expérience vécue et le monde dans lequel on vit ? » Jacques De Decker lui a posé un jour la question de savoir pourquoi un homme comme lui, qui avait une vie trépidante dans le présent écrivait-il des romans historiques ? Pourquoi ce détour par la passé ? Et d’expliquer que ses études de médecine et surtout le serment d’Hippocrate que tout futur médecin jure en obtenant son diplôme, a influencé sa vie, sa carrière, non dans le sens médical mais dans sa vie de romancier ! Intéressant comme approche. Il lui était donc difficile en tant que médecin de commencer à raconter des histoires alors qu’il avait juré de ne rien raconter, non seulement sur les gens, mais sur ce qui se passe dans les maisons, autour de lui. Cet interdit lui a pesé. En commençant la médecine, suite à son grand-père où les études à l’époque étaient une discipline littéraire -c’étaient les étudiants qui parlaient grec et latin qui s’y destinaient-, il pensait trouver un art, de la littérature, de la tragédie et à sa plus grande déception, c’était devenu scientifique : « Ce n’était pas la forme d’engagement que je cherchais. ». Après une expérience humainement enrichissante en Tunisie comme accoucheur -alors qu’il était neurologue !- il est parti travailler pour Médecins sans Frontières et eut envie de partager ce qu’il avait vu et vécu. De là, datent ses premiers livres, des essais. Mais après que ses étudiants en Sciences Po aient décortiqués ses essais, il comprit qu’il n’y avait que le roman qui pouvait exprimer ce qu’il voulait dire, raconter des choses vécues sans toucher directement les êtres dont on va se servir pour nourrir ce genre littéraire… Encore le Serment d’Hippocrate !
Pour ce faire, il lui fallait du temps et, en tant que diplomate en poste à Recife au Brésil, par chance il en avait ! : « Là, je me suis intéressé à la question romanesque : une lente percolation qui fait naître la littérature. Mais cela ne suffit pas ! Reste la question du présent : comment en parler en respectant le serment que j’avais fait ? Que met-on d’autre dans un roman que sa vie ? L’Ethiopie me permit de concrétiser cela. « L’Abyssin » relata ma première mission diplomatique. Je parlais de mon expérience vécue mais avec le recul du temps. Avec la distance, je pouvais écrire ce que je voulais. » On connaît la suite avec « Rouge Brésil » où il montra e.a. comment les questions de l’époque (en référence à Montaigne et son mythe du Bon Sauvage) avaient des prolongements dans le présent. Et puis «  », qu’il appelle un roman d’anticipation.
Dans le roman, on peut trouver la vérité, profonde humaine par rapport aux discours sur le monde contemporain, et de faire référence à  : « C’est là qu’on touche à l’essentiel des choses ». Après toutes ces expériences, il a senti qu’il pouvait commencer à écrire à la première personne, dire JE, plus IL… Et il enchaîne sur son roman « Le Grand Cœur », autour de Jacques Cœur et de Bourges, sa ville natale, lui qui aime les saisons, le vent, la pluie, le gris (facile à dire après des années sous les Tropiques…), de son Chemin de Compostelle « el Camino norte, le plus sauvage, un pèlerinage où l’on se perd », son intention de ne rien écrire dessus et puis un éditeur qui le persuade de rendre compte de cette mémoire humaine sensible, surtout de ses souvenirs associés à des connotations affectives, de coucher sur le papier le côté créatif de la mémoire, de faire vivre le sujet grâce à l’affect. Il se laisse convaincre et écrit « Compostelle malgré moi. Immortelle randonnée.» Et puis, il y eut encore d’autres romans, « Le Collier rouge », « Check-point », un véritable triller psychologiquePour JCR, la fiction est un moyen de parler du présent : « le meilleur moyen et le seul. »

Et de conclure en disant que le romancier reflète son siècle, qu’Il a le moyen d’éclairer le présent, qu’il parle du présent en vous emmenant ailleurs, un ailleurs de bonheur, solaire. On trouve le bonheur dans l’écriture, tant en écrivant qu’en lisant : « Le romancier n’est-il pas un peu Shéhérazade qui recule la mort qui l’attend en distrayant le Roi ? »

Et nous aussi, comme le roi, on est tombé sous le charme de l’orateur qu’on serait resté encore des heures à écouter nous parler de la/sa vie à travers le roman qui, en réalité, ne parle que de cela…

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MIMA

Evénement à signaler déjà dans la capitale de l’Europe qui nous fait voir de toutes les couleurs en matière de politique culturelle… Un nouveau musée va s’ouvrir dans un grand immeuble du patrimoine industriel de la ville, plus précisément dans les anciennes brasseries Bellevue le long du Canal à Molenbeek (à côté du nouvel Hôtel Meininger).

MIMA_0Le Millenium Iconoclast Museum of Art sera transdisciplinaire, transversal, transatlantique comme l’annonçaient au cours de la conférence de presse les principaux intéressés à l’origine du projet à savoir, Michel & Florence de Launoit, passionnés d’art contemporain et d’art urbain en particulier et, Alice van den Abeele & Raphaël Cruyt co-directeurs depuis 2005 de la galerie A.L.I.C.E. qui figure dans le top 100 des « leading figures in Urban Art » et à qui l’on doit récemment la Biennale d’art urbain à Charleroi.

Le MIMA exposera et analysera la culture 2.0. « qui a émergé à l’ère d’internet et a brisé les codes traditionnels de l’art contemporain pour explorer de nouveaux univers et établir des rapports différents avec le public » selon le dossier de presse bien ficelé par l’Agence Forum Press Communication.
1000 m2, 8 salles d’exposition et une salle polyvalente pour accueillir cultures musicales, graphiques, sportives, artistiques, urbaines et même geek ! En d’autres mots, électro, hip hop, folk côtoieront graphisme, illustration design, cinéma, performance, BD, stylisme, tatouages, graffiti, street art mais encore skateboard, surf, sports extrêmes ! Un musée unique en Europe pour mettre en scène une nouvelle pensée en-dehors des diktats de l’art contemporain et imaginer des passerelles entre les domaines créatifs quels qu’ils soient, entre l’art et le public, bref une culture décloisonnée et surtout connectée, à cheval entre mondes d’aujourd’hui et de demain.

Articulé autour d’une collection permanente composée de 40 œuvres des années 2000 à aujourd’hui, prêtées par des mécènes et de deux expositions temporaires annuelles, soit thématiques, soit monographiques, il ouvrira ses portes en mars 2016 avec l’exposition « City Lights » où 5 artistes américains présenteront 4 installations créées in situ.1779306630_76230805_72762624

Et après ce projet bouillonnant, dynamique et ambitieux, Bruxelles aura-t-elle encore besoin de ce musée d’art moderne et contemporain qui se fait tellement attendre ?
Vive les initiatives privées…

33, Quai du Hainaut
B-1080 Bruxelles
www.mimamuseum.eu

TROIS GALERIES BRUXELLOISES + UN ATELIER

DEUX GALERIES ANVERSOISES

LES FETES DE LA SAINT-MARTIN à TOURINNES-LA-GROSSE


BRUXELLES (Texte Virginie de Borchgrave – photos M. Mabille)

IMG_1701 – ARMAND JALUT, un fringant français proche de la quarantaine qui, sous le titre « Just say hello IMG_1703and leave it behind » présente des peintures très soignées mêlant machines à coudre et fruits (grosses cerises, bananes, pastèque, pamplemousse), végétaux (cactus) ou oiseaux (perroquets) dans une échappée de couleurs et de formes qui contrastent avec la froideur de l’objet. Michel Rein est là à chacun de ses vernissages, plein d’enthousiasme et d’arguments, catalogue à l’appui pour étoffer le propos et surtout nous persuader que nous avons là sous la main l’un des futurs grands peintres contemporains, déjà présent dans collections muséales comme le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, le Frac et collections privées. Si la peinture est en effet intéressante et les chansons que le peintre compose lui-même pour les commenter, originales, je n’ai malheureusement pas de réelle affinité personnelle avec ce genre de travail.

Jusqu’au 5 décembre 2015 à la Galerie Michel Rein 51A, Rue Washington 1050 Bruxelles. Tél. : +32 2 640 26 40. contact.brussels@michelrein.com www.michelrein.com
– NORBERT BISKY. Hérésie.
IMG_1704Avec une installation réalisée in situ à la galerie, l’artiste allemand (Leipzig, 1970), élève de maîtres prestigieux à savoir Georg Baselitz à Berlin et Jim Dine (exposé récemment entre les mêmes murs) représente une peinture figurative empreinte du réalisme socialisme qu’il a connu dans son enfance en RDA, réalisée suite à une résidence d’artiste à Tel Aviv au début de cette année. Il y exprime ses préoccupations quant à la crise des spiritualités que traverse notre monde divisé entre les tensions religieuses; une guerre sociologique et politique qui n’est malheureusement pas près de se terminer… « Une peinture qui frappe par ses couleurs chatoyantes et visions apocalyptiques (avec) des scènes ambigües entre catastrophe naturelle, champ de bataille ou désert de ruines… (qui) inscrivent l’artiste dans la lignée de la grande peinture européenne. » Interpellant.

Jusqu’au 23 décembre 2015 à la Galerie Daniel Templon 13A, Rue Veydt 1060 Bruxelles. Tél. : +32 2 537 13 37. brussels@danieltemplon.com www.danieltemplon.com
– SEAN LANDERS
IMG_1711Artiste américain (1962, Palmer, Massachusetts, vit et travaille à NY) au palmarès impressionnant qui passe par le White Cube à Londres, Le Magasin à Grenoble, la Biennale de Venise, la Collection Saatchi et encore le Withney Museum rien qu’au cours des années 90 ! Il utilise tant la peinture, que la sculpture, la photographie, le dessin, l’écriture, la vidéo que l’audio à travers lesquels il révèle le processus de la création artistique avec humour. Brouillant les frontières entre réalité et fiction, réalité et fantaisie comme ici où il nous interpelle avec des animaux habillés de tweed ! Magnifiques troncs couverts de messages gravés dans les troncs en forme de dialogues tels « Are you OK man ?/ Yes I’m fine/Why so morbid then ?/Because death is the seed of all great art/Ok sure, but you’ll still be dead right ?» ou une réflexion personnelle sur la société et le monde de l’art comme « Early years. Embarrassing content equals artistic gratification. Adolescence.Proliferating ideas constituting foudation for life’s work.Middele years. Proving self to self. Moving from extemporaneous thought to orchestrated. Late years. Making sens of it. Drawing conclusions. »

Jusau’au 19 décembre 2015 à la Galerie Rodolphe Janssen 35, Rue de Livourne 1050 Bruxelles. Tél. : +32 2 538 08 18. rodolphe@rodolphejanssen.com www.galerierodolphejanssen.com

– FEATHERS. Impressions du Brésil.
IMG_1713Voilà une artiste qui non seulement ne manque pas d’imagination mais surtout d’énergie. Dans la tête de Bébelle, il y a toujours mille et une idées et projets ce qui est peut-être courant chez les artistes mais à la différence qu’elle, elle les réalise ! Il a suffit d’un voyage au Brésil il y a quelques années à l’occasion d’une exposition qu’elle faisait à San Paolo -un très bon souvenir- pour lui donner l’envie de renouveler l’expérience l’été passé, suite à une invitation chez une amie belge dans le Nordeste. Résultat ? Sa nouvelle exposition, festival de couleurs et de plumes. Ne revendiquant aucune référence ethnographique alors que le clin d’œil à la parure tribale est omniprésent (surtout IMG_1715si l’on connaît un peu les anciennes civilisations non seulement d’Amérique du nord mais aussi du sud comme la culture nazca au Pérou). Plutôt des ornements transformés en objets de décoration sortis tout droit de ses mains et de celles des assistantes qui oeuvrent comme des abeilles dans son magnifique atelier qui peut résonner, les jours de stress, comme une ruche. Poussez donc la porte de ce bel endroit pour admirer coiffes, tableaux et autres accessoires ‘plumés’ que l’anthropologue Claude Lévi-Strauss n’aurait certainement pas reniés… Alors symboliques ou pas, les parures de Bébelle valent le déplacement.

Jusqu’au 18 décembre 2015 à l’Atelier de Isabelle de Borchgrave 73A, Chaussée de Vleurgat 1050 Bruxelles. Tél. : +32 2 648 53 50. info@isabelledeborchgrave.com www.isabelledeborchgrave.com


ANVERS

FullSizeRender 6Yasmine Geukens & Marie-Paule De Vil qui ont ouvert leur première galerie d’art contemporain à Knokke en 1997 et ensuite, dans le sud d’Anvers en 2006 viennent de déménager et de s’installer dans une belle maison en plein centre de la ville. Elles ont choisi d’inaugurer l’endroit avec une exposition collective des artistes belges représentés par la galerie comme Ane Vester (1963), Gideon Kiefer (1970), Sofie Muller (1974), Sophie Kuijken (1965), Sofie Ven Der Linden (1986) -en solo show à Knokke jusqu’au 29/11-, Peter De Meyer (1981), etc. sous le titre humoristique « Goodbye Pourbus, Hello Leopold » !

Jusqu’au 28 novembre 2015 à la Galerie Geukens & De Vil Leopoldplaats, 12 (1er étage) 2000 Anvers. Tél. : +32 475 398 399. geukensdevil@skynet.be www.geukensdevil.com

IMG_1791Dans le même immeuble au 2e étage, Marion de Cannière s’est aussi installée en changeant de concept : elle inaugure un « non profit art space » en offrant une plateforme à des curateurs indépendants travaillant avec des artistes émergents. HELD composé de Wilfried Huet, Dirk Engelen, Stella Lohaus et Isabel Devriendt ouvre la première saison avec 3 artistes belges de générations différentes : Adrien Tirtiaux (1980), Christoph Fink (1963) et Steve Van den Bosch (1975). Aucun d’entre eux n’avait exposé ensemble. Bien que différents, on découvre une certaine similarité dans leur travail. C’est précisément le but recherché par les curateurs : que le visiteur identifie par lui-même le lien subtil qui relient ces œuvres.

Jusau’au 28 novembre à la Galerie mariondecannière Leopoldplaats, 12 (2e étage) 2000 Anvers. Tél. : +32 474 578 846. artspace@mariondecanniere.com www.mariondecanniere.com



TOURINNES-LA-GROSSE

IMG_1817LES FETES DE LA SAINT-MARTIN célèbrent leurs 50 ans ! L’occasion rêvée d’aller faire un tour un de ces weekends de novembre dans l’une des plus belles régions de Belgique.

Personnellement, je vous conseille de ne pas manquer les magnifiques céramiques de Pierre Culot présentées de manière exceptionnelle dans la belle grange d’un couple d’amis de son fils Jules à Nodebais (le must du parcours), de redécouvrir le travail du peintre, sculpteur, graveur et céramiste Pierre Caille dans le Moulin de Tourinnes-la-Grosse, d’admirer à la Ferme abbatiale d’Agbiermont, l’œuvre émaillée de Max van der Linden qui est à l’origine de l’événement et d’en profiter enfin pour découvrir les tableaux muraux en terre cuite de son neveu Stéphane Terlinden dans la maison juste en face de la ferme : un artiste aussi modeste que talentueux et original initié par son célèbre oncle et dont le travail tout en perspective est remarquable ! www.s-terlinden.be 

Jusqu’au 28 novembre 2015 dans toute cette région du Brabant wallon.
Informations & brochure au centre d’accueil du village de Tourinnes-la-grosse
www.tourines.beIMG_1805

 

 

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LA SEMAINE DE VIRGINIE

26 octobre

Découverte extraordinaire ce jeudi 22 octobre au vernissage de la Galerie Arthus de Rodolphe de Spoelberch : un artiste portugais de 46 ans répondant au nom de Joao Manardu qui travaille le bois de manière inédite.

photo persoA l’origine, c’est la jolie histoire d’une passion qui se transmet de père en fils car c’est en regardant, depuis sa plus tendre enfance, son père menuisier travailler qu’il a été pris par le virus du bois. Mais ce n’est que des années plus tard alors qu’il vivait à Londres, qu’il trouve l’art de ‘tourner’ le bois, comme la terre. L’impact émotionnel est si fort qu’il décide de tout abandonner pour y dédier désormais. En autodidacte, il se met alors à apprendre patiemment l’art du tournage du bois, tout en découvrant le potentiel énorme et la polyvalence de chaque étape de la fabrication, non seulement dans le processus même mais encore au cours du séchage. Sortent alors de ses mains, des objets ronds, plus ou moins pansus, plus ou moins grands mais surtout sensuels, aux couleurs chaudes, au toucher irrésistible dans lesquels aucun détail, aucun élément n’est négligé. Chaque objet est une pièce unique, une ‘sculpture’ fruit d’un long processus précis et ardu, dans lequel le bois raconte sa  9e9d37b317b40e90c082830598a3d6f6propre histoire et nous la communique sous sa forme la plus pure.
Au cours de ces dernières années, Joao Manardu a développé un dialogue 47c41c61b5e8b0e25f51212c3736a2fecontinu avec ce médium afin de transmettre sa beauté sublime et intemporelle à travers des objets emblématiques qui lui ont fait gagner une place unique dans ce champ d’expression. Si vous retournez l’objet, vous remarquerez qu’il a trouvé encore comment faire ressortir chaque déformation naturelle du bois, en remplissant les craquelures et les fissures avec des métaux, comme une signature créative additionnelle.

Manardu ? Un artiste à part qui crée des objets en bois plein de vie où la vitalité du matériau saute non seulement aux yeux mais au cœur.

Jusqu’au 27 novembre 2015
Arthus Gallery
33, Rue Simonis
B-1050 Bruxelles
Tél. : + 32 2 544 07 25
Ouvert du mardi au samedi de 14h à 18h
www.manardu.com
www.arthusgallery.com

21 OCTOBRE

photos Virginie de Borghgrave

DANIEL ENKAOUA

20151015_0063Une découverte grâce à Esther Verhaeghe dont la galerie ixelloise devient nomade.
Elle nous présente les portraits de Daniel Enkaoua : enfants, adolescents longilignes revêtus d’une robe d’un rouge éclatant ou d’un pull bleu fort sur un fond âpre qui forcent notre regard. C’est avec lui qu’elle avait ouvert sa galerie, il y a presque 3 ans. Mais l’artiste français (Meaux, 1962) peint aussi sur de très grands formats les paysages aux alentours de Barcelone où il vit et travaille. Personnellement, j’ai ressenti plus de vibrations dans ses portraits intimistes et flottants que dans ses natures mortes ou paysages qui sont « juste la terre et le ciel, totalement silencieux et qui gagnent graduellement en luminosité, en force et en mystère » selon Danièle Gillemon dans le catalogueFaites donc un détour par Hangar 18 car Daniel Enkaoua qui a acquis rapidement une solide réputation internationale est de la veine des ‘grands’.

Jusqu’au 21 novembre
Esther Verhaeghe – Art Concepts20151015_0064
c/o Hangar H18
18, Place du Châtelain
B-1050 Bruxelles
Mobile : +32 476 28 37 35
Tél. : +32 2 538 00 85
Ouvert du mardi au samedi de 12h à 13h et de 14h30’ à 18h.
info@estherverhaeghe.com
www.estherverhaeghe.com
www.h18.be

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( photos Michel Mabille)

Une semaine aussi chargée que passionnante qui a commencé par la visite de la collection privée d’AGNES REIN établie à IMG_8395Bruxelles depuis plusieurs années.
Elle ouvre de temps en temps (sur demande) sa maison d’Ixelles à des amateurs d’art contemporain, curieux de découvrir les artistes qui se cachent derrière cette petite femme aux yeux pétillants et au léger accent germanique, collectionneuse avisée. Aucun espace de la maison, du hall d’entrée à la salle de bain n’échappe aux œuvres d’art où cohabitent différentes pointures -de Jeff Koons à Benoit Plateus en passant par John Armleder ou Louise Bourgeois- qu’elle nous explique « être tous des coups de cœur».
Un personnage en totale harmonie avec la collection dont elle renouvelle l’accrochage chaque année !

IMG_1508Vernissage de DERIVE DERIVEE au CAB où comment Sunah Choi (Busan, Corée,1968), Michele di Menna (Vancouver, 1980), Gelitin (Autriche, 1978), Beatrice Gibson (Londres, 1978), Runo Lagomarsino (Malmö, 1977), Christoph Meier (Vienne, 1980), Mathias Prenen (Geel, Belgique, 1990), Przemek
Pyszczek (Pologne, 1985) et Kato Six (Bruges,1986) remettent l’accent sur le jeu en dignes IMG_1505héritiers des mouvements communautaires dans l’art et l’architecture des années 50 & 60 portés par des groupes comme Independent Group, Team X, Metabolism ou BMPT. Humour, travail collaboratif, effacement des signatures au profit de symboles pour ne citer que quelques-unes des caractéristiques de ces mouvements ont guidé la commissaire pour créer cette exposition qui pose la question de savoir quelle place occupe encore de tels principes dans notre société actuelle, beaucoup plus axée sur l’individualisme que sur la communauté, la sociabilité et l’égalité. En rassemblant artistes, architectes et penseurs actuels, le CAB nous fournit la preuve que la collaboration, la mise en commun et le jeu ont toujours bien leur place dans la création artistique.
Jusqu’au 19 décembre 32-34, Rue Borrens 1050 Bruxelles www.CAB.be

MALEK CHEBEL était le même soir à Wolubilis pour parler de « Islam, géopolitique et laïcité » devant une salle comble et acquise d’avance à ses propos éclairés, ce qu’on n’a d’ailleurs pas manqué de lui faire remarquer… Sur le principe que tout musulman doit respecter le pays où il vit, que le Coran prêche la tolérance et la paix, une religion où chacun vit sa foi en lien direct Malek_Chebel_Wolubilis_Xavec Dieu, sans intermédiaires comme dans le christianisme, où l’on a une assurance totale de la naissance à la mort qui apporte une réponse à tout et rend la vie confortable à tous, le philosophe/anthropologue des religions/psychanalyste algérien (1953), chéri des médias démontre que le Coran est totalement compatible avec la démocratie occidentale : « Il n’y a aucun rapport entre le monde musulman et la laïcité. L’islam relève de la foi. Tout le reste relève de la société ; c’est de la politique. L’islam doit être compatible avec la réalité de chacun. La laïcité est un régime qui ne doit pas être contrariant. Les musulmans doivent pratiquer leur foi en accord avec leur pays d’accueil et être tous laïques. On ne prie pas de manière ostentatoire dans la rue, par exemple. On prie chez soi ou on ne prie pas alors ! Ce sont les musulmans eux-mêmes qui doivent prôner plus que jamais l’islam des lumières.» Et d’en venir à Charlie Hebdo qu’il résume en ces quelques mots : « Ce sont des assassins. Point barreDes commanditaires, des prédicateurs manipulés par des parrains. Comme la mafia.» Et d’évoquer le Printemps arabe : « un succès rien que par l’éveil à la conscience politique qu’il a suscité chez les jeunes. » Et d’enchaîner sur une analyse brillante de DAECH : « acronyme de l’état islamique d’Irak et de Syrie. Anomalie de plusieurs guerres à la fois qui donnent une situation apocalyptique où comme toujours, ceux qui paient le lourd tribut sont les civils. Une guerre à un état sans terre, asymétrique, une guerre de fabriquant d’armes, idéologique. Il y a une langue secrète qui s’appelle la diplomatie. Ils pensent une chose et en disent une autre. On a choisi de monter DAECH face à la coalition. Les conséquences sont néfastes et non maîtrisables. On est tous touchés collectivement et individuellement. Un milliard 800 millions de musulmans dans le monde. Plus que les catholiques mais pas que les chrétiens. Un milliard sous la contrainte de gens qui les contraignent ! Il est essentiel d’établir un état de droit dans tous les pays musulmans. Tout changera alors. » Et de conclure en disant que la seule manière d’y arriver est de nommer un pape pour l’islam. On ne se lasse pas d’écouter le philosophe éclairé qui nous explique qu’il essaie de fonder une école de pensées où chacun crée son propre islam : l’islam des lumières où le guide est son intelligence à soi. Il poursuit ensuite avec un sujet qui lui tient à cœur depuis toujours, sur lequel il a fait sa thèse de doctorat à savoir, l’immaturité masculine de l’homme arabe méditerranéen. Et je pourrais encore continuer en vous décrivant tous les sujets abordés sur lesquels on l’attendait et auquel il répond par une analyse objective, claire et brillante non dénuée d’humour. Un humour indispensable pour arriver à prendre du recul face à ces sujets graves. Bref, on ressort de là plein d’espoir face à cette jeune société civile arabe « furieusement connectée au monde » qui affiche une belle santé d’ouverture et avec laquelle tous les espoirs d’un monde meilleur sont permis. Et de conclure en affirmant que son bonheur serait total si cet islam des lumières pouvait se propager à un journalisme des lumières…
Programme complet des conférences sur www.wolubilis.be

Le lendemain midi, lunch chez Almine Rech avec XU QU, le représentant par excellence de la 3e génération d’artistes chinois IMG_3198IMG_6100contemporains introduit par le commissaire de l’exposition en la personne de l’élégant Jérôme Sans à qui l’on doit e.a. le projet du Palais de Tokyo et l’ouverture de la Fondation de Guy Ullens à Pékin : « Je suis un homme qui fourmille d’idées, qui lance des projets et puis se retire pour en lancer d’autres ». Première exposition monographique de Xu Qu en Europe, considéré comme l’un des artistes les plus créatifs de sa génération. Elève de John Armleder en Allemagne, il est intéressé par les dessous de la globalisation et obsédé par les rapports au pouvoir. Ici, « Currency Wars » volet d’un grand projet en cours utilise des filigranes des billets de banque du monde entier pour créer de grands tableaux carrés, constructions de couleur et de lignes sur… roulettes ! Des tableaux érigés en témoins de la société de consommation en pleine mutation dont le système monétaire est incontrôlable. Approche artistique aussi minimale que ludique utilisée pour attirer l’attention sur les mécanismes obscurs de l’économie mondiale. But atteint.
Jusqu’au 14 novembre 20, Rue de l’Abbaye 1050 Bruxelles www.alminerech.com

L’exposition de KOEN VANMECHELEN chez Guy Pieters qui coïncidait avec le ZOUTE RALLY est un monde en soi ! Celui de la poule, l’animal le plus domestique au monde pour l’artiste qui symbolise à ses yeux notre société : « L1010732L’histoire commune de L1010708l’être humain et de la poule remonte à une période très reculée. C’est cela qui m’a poussé à travailler avec elles. » En prônant qu’on peut réaliser des œuvres d’art avec n’importe quoi (à la suite de Jan Fabre et Wim Delvoye) et que depuis que l’art a quitté sa tour d’ivoire pour se mêler au peuple et à d’autres disciplines, il est devenu un commentaire sur la société, Koen Vanmechelen s’est imposé assez vite sur la scène de l’art conceptuel. Avec l’exposition intitulée « Myths and Medicine », il articule histoire médicale et mythologique autour d’animaux hybrides et de méduses, version moderne de l’Antiquité qui interrogent et perturbent mystérieusement nos sens.
Jusqu’au 2 novembre 15, Albertplein 8300 Knokke www.guypietersgallery.com

 

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L1010716L’occasion de découvrir aussi AP collection installé stratégiquement dans une pop up gallery pour le weekend, juste à côté deL1010717 chez Guy Pieters. Impossible d’échapper à l’attraction peluche et de ne pas pénétrer dans ce petit magasin où quelques charmants fauteuils vintage des années 50-60 -trahis par leurs jolis pieds- ont été recouverts de peluches de tous types et couleurs. Plus qu’un gadget, on reconnaît là un vrai travail de professionnel dans lequel Alexis et Pauline, ce jeune couple dynamique a décidé de s’investir à 100 %. Et cela marche ! Ils ont déjà des demandes qui affluent de partout dont la prestigieuse galerie londonienne Saatchi & Saatchi qui les veut pour sa boutique. Evidemment ! Quelques mots échangés avec Alexis Verstraeten, le fondateur et l’on a compris la philosophie de leur fauteuil ‘garni’ par les heures de savoir-faire qui se cachent derrière le produit. Bon vent à cette petite boîte pleine d’idées à qui l’on devine déjà un bel avenir.

1, Rue de l’Aurore 1050 Bruxelles Tél. : +32 487 20 70 20 E-mail : alexis@apcollection.be www.apcollection.be
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LA SEMAINE DE VIRGINIE;17 Septembre :La semaine dernière a été artistiquement très excitante avec les Brussels Art Days, les 3 jours de Art on Paper au Bozar, l’ouverture du Design September avec Xavier Lust au Botanique et encore le vernissage de l’exposition « 2050. Une brève histoire de l’avenir » au Musée d’Art Ancien (cfr rubrique Expos pour les 2 derniers).
Impossible de parcourir la cinquantaine de lieux répertoriés, à moins d’avoir le don d’ubiquité !

Voici, dans le désordre, en quelques lignes et photos, les lieux que nous avons parcourus, le photographe et moi, et que nous vous conseillons cet automne :

IMG_1164-Ravissement des yeux et des oreilles -oserais-je dire ?- avec les toiles de José Maria Sicilia**** chez Meessen De Clercq qui poursuit son travail de traduction des sons en formes. A la fois ombre et lumière, forme pleine et tracé fin, couleur forte et grisé délicat, vision externe et musique interne, peinture et broderie, partition générale ou détail agrandi, l’artiste approfondit, toujours sur le mode joyeux, sa réflexion les sonagrammes (mode de représentation en analyse spectrale ou plus précisément, l’image d’un signal dans une représentation fréquence-intensité en fonction du temps). Magnifique.
-Eternelle Louise Bourgeois*** qui avec ses « têtes bleues et (ses) femmes rouges » continue à s’intéresser à l’humain qu’il soit représenté en grossier tissu bleu fort ou tracé à l’encre rouge sang chez Xavier Hufkens. Magistral.IMG_1167
Gabriele Di Matteo s’attache cette fois-ci, pour sa deuxième exposition chez Keiteleman, à l’univers en noir et blanc de Jackson Pollock. Indispensable d’écouter les explications d’Avi le galériste, qui nous initie à l’univers de cet artiste particulier qu’il défend si bien. Passionnant.
Jean-Pierre Bertrand** chez Michel Rein ou l’électron libre de la peinture, celui qui ne se revendique d’aucune école, d’aucun mouvement. A mes yeux, une grande figure de l’art contemporain. Rassurant.
-Les toiles graphiques et fluo de Chris Martin** et les escarpins, la limousine (« The Curve »), les fraises (« Five berries ») ou le portrait aux yeux tristes de Paris Hilton, le tout baigné d’une lumière laiteuse du Norvégien Torbjorn Rodland chez Rodolphe Janssen. Interpellant.
-Première exposition du collectif russe AES + F **** en Belgique chez Aeroplastics. Un univers aussi fascinant que déroutant où enfants, adolescents androgynes, adultes aux visages impassibles s’affrontent traduit à travers « une esthétique qui allie le monumental et l’intimiste », dans de véritables fresques où baigné de musique classique, l’on perd tous ses repères. Aussi technique qu’ambitieux.
-Sous le titre « Mahatama and the Masters », on découvre chez Daniel TemplonAtul Dodiya (Mumbai, 1959), l’un des pionniers de l’art contemporain indien qui, grâce à une série d’œuvres à cheval entre peinture et photographie -dont Gandhi est la figure de proue- interroge à sa manière les notions d’universalisme et de modernité. En jetant des ponts entre la lutte pour l’indépendance de l’Inde (1910-1947) et les fondements de la modernité artistique en Europe, il fait un travail remarquable dans le sens où il est le premier artiste à créer des passerelles entre l’histoire de l’art indien et occidental.
Christian Jaccard chez Valérie Bach tant pour les « Energies dissipées » ou plutôt nouées (et il y a beaucoup à dire sur le matériau) que pour l’espace, grandiose. IMG_1222
Michael Kravagna*** chez Faider. Un artiste autrichien d’une soixantaine d’années qui nous immerge dans une peinture IMG_1223totale, au-delà des lignes et des volumes, source de sensations fortes, d’émotions, de couleurs et de joie. Une œuvre empreinte de sérénité comme de détermination, à l’image de l’homme. Une belle découverte dans cette galerie qui a rajeuni avec le temps !
– Sous le titre « Sculpture or Pavilion ? », Dan Graham*** (Urbana, Illinois, 1942) interroge la relation entre l’architecture et ses effets psychologiques, fil rouge de son travail depuis les années 70. Micheline Szwajcer expose un nouveau pavillon en verre transparent, une vidéo ainsi qu’une anthologie des projets antérieurs de l’artiste américain autour des pavillons. Une galerie pointue pour une réflexion très actuelle.
Philip Taaffe (New Jersey, 1955) chez Maruani. Trait graphique, libéré et coloré.
Robert Barry*** (New York, 1936) étudie les rapports entre œuvre et langage : « J’ai recours aux mots parce qu’ils vont vers le spectateur pour lui parler. Les mots viennent de nous. Ils ne nous sont pas étrangers. Ils comblent l’écart qui sépare le spectateur de l’oeuvre. » C’est la 6e exposition de l’artiste d’art conceptuel à la galerie Greta Meert.

Damien De Lepeleire**, Fabrice Samyn**, Lionel Estève**, Sanam Khatibi, Sophie Whettnall***, David de Tscharner***, Benoit Platéus, Jean-Baptiste Bernardet*, etc. à Louise 186 ou comment laisser vingt plasticiens IMG_1180s’exprimer sans thème ou fil conducteur, si ce n’est celui d’occuper pendant 3 semaines (jusqu’au 4 octobre) un bâtiment brut déshabillé avant rénovation. Bravo à Amandine Wittouck pour cet espace dynamique où, sur 8 étages, l’expression règne en maître. Mentions spéciales pour la vidéo de David de Tscharner au sous-sol, les peintures/mosaïques de Damien De Lepeleire et l’installation très intéressante de Sophie Whetnall dont on suit le travail depuis des années grâce e.a. à Albert & Françoise Baronian. A ne pas rater.

BRUSSELS YOGA DAY 2015

20150622_8885Célébration de la Journée mondiale du Yoga à Bruxelles ce dimanche 21 juin, dans le cadre bucolique du Bois de la Cambre, par une séance géante de yoga en plein air animée par Sreemati. J’y ai participé et c’était formidable !

2500 participants -débutants, curieux, habitués ou confirmés- vêtus de blanc en position du lotus sur leur tapis attendaient le début de cette invitation au yoga version giga. Dans une ambiance spirituelle, de respect et de silence, la célèbre yogiste française Sreemati (professeur depuis 20 ans) a conçu un cours spécialement adapté à la foule d’adeptes venus l’écouter lui parler d’harmonie du corps et de l’esprit, de bienveillance, de relation apaisée entre l’homme et la nature, etc. Rappelons que cette discipline originaire de l’Inde et de sa sagesse millénaire a traversé les siècles, le monde, les modes pour devenir un art de vivre universel à pratiquer à tout âge, quels que soient la santé, le savoir et la religion de l’adepte.

Quand on sait que l’origine du mot yoga vient de ‘yug’, mot sanscrit qui signifie ‘se relier, s’unir’ et qu’il est donc la discipline qui nous relie dans un premier temps à notre corps et à notre souffle en nous faisant, dans un deuxième temps, prendre conscience du monde qui nous entoure, le Brussels Yoga Day prend tout son sens.

D’une démarche personnelle et intime, le yoga nous amène petit à petit à comprendre notre interdépendance envers la nature et tous les êtres vivants.
Prise de conscience de soi, de son corps, de nos véritables besoins non seulement psychiques mais aussi physiques. Nous devenons plus sensibles à notre environnement quotidien: aliments, boissons, air, idées, vibrations, énergies, ondes, etc. En nous 20150622_8887mettant en mouvement, en faisant circuler l’énergie dans notre corps, nous apaisons notre mental et ressentons immédiatement les effets tels que la bonne humeur, la détente, la vitalité et très vite, il devient une nécessité. En respirant amplement et surtout en nous concentrant sur notre respiration, nous oxygénons nos cellules et permettons à notre corps de mieux fonctionner, de mieux se concentrer. Surtout, nous interrompons le tourbillon des pensées qui parasitent régulièrement notre cerveau et nous fatiguent inutilement.

Avec moins de jugements à l’emporte pièce, une meilleure gestion de nos émotions, nous acquérons de la confiance en nous et agissons de façon plus juste. Moins de peurs, de colères, d’avidités, etc. tout ce qui nous met en porte à faux avec nos réels besoins et ceux de la planète.

20150622_8886Après 3 salutations au soleil, la chaise, l’arbre, le triangle, le guerrier, l’ouverture suivi de la flexion latérales, le chat, l’arc, l’enfant, la torsion assise, la pince, le demi pont, les genoux vers la poitrine, la torsion allongée, le cadavre 🙁 et le lotus, bref toutes les figures de base du yoga, Sreemati nous sensibilise au fait que le yoga nous amène sur le chemin du changement à travers ses gestes, ses postures qui ont, à force de les répéter, un impact réel sur notre corps et sur le monde qui nous entoure. Yoga, santé et écologie sont interconnectés. Tout est entre nos mains. A nous de choisir ce qui est bon, sain et équitable personnellement et collectivement. Là est sans doute toute la force du yoga qui permet changement et transformation profonds en soi et autour de soi.

L’esprit du yoga était là parmi l’immense assemblée. Chacun vivait l’instant présent en cette matinée dominicale, la première de l’été, au milieu de la nature et des autres.

Merveilleuse illustration du slogan de cette journée : « Yoga ? Anybody, anywhere, anytime, any day ! » et moment magique à l’image du petit bracelet en soie rouge offert par un sponsor, symbole de notre lien l’un à l’autre…

Bravo à l’Association Vidonne de Bernadette Erpicum et à l’Ambassade de l’Inde qui ont organisé de main de maître cette journée.

 

 

PREMIERE du STUDIO MAISON BEJART

J’ai eu l’immense chance d’être invitée vendredi dernier au premier spectacle aux Palais des Beaux-Arts de Bruxelles de cette toute jeune école de danse, créée en juillet 2013 sous le nom « Studio Maurice Béjart – Conservatoire de la danse », installée au premier étage de l’immeuble où habita Maurice Béjart!

Et j’ai vu défiler sous mes yeux des danseurs âgés de 8 à 18 ans qui, sous la baguette de la directrice artistique cubaine Menia Martinez (brillante élève de Fernando Alonso à l’Académie d ‘Alicia Alonso de La Havane) et de son assistant depuis 20 ans, le chorégraphe, professeur de danse classique et contemporaine, Benedicto Cieza (élève de Gilbert Meyer à l’Opéra de Paris) ont appris au quotidien depuis à peine deux ans, l’exigence, la perfection, la souplesse, etc. bref, le travail immense que représente cette discipline artistique, si l’on nourrit l’ambition de faire parie des meilleurs, de devenir danseur étoile…

Représentation unique et exceptionnelle où danse classique et moderne se succédaient au rythme de musiques telles que Vilardi, Bellini, Verdi, Tchaïkovski et Strauss comme du Brel (incontournable) ou « Zap Mama » de Abadou, « Gipsy Airs » de Pablo Zaraste, etc.

De jeunes danseurs, pleins d’enthousiasme et de fierté donnaient le meilleur d’eux-mêmes, habillés magnifiquement avec les costumes de Elif Korkmaz, d’origine turco-kurde (titulaire d’une maîtrise à l’Académie Royale des Beaux-Arts d’Anvers) complétant les tableaux de manière aussi harmonieuse que délicate et magistrale.

Notons que le Studio avait eu l’intelligence d’inviter la divine Nora Peinador (16 ans) et Daniel Pacheco, élèves du « Centro de Danza Victor Ullate » à Madrid (Béjart dira de lui qu’il est un des danseurs les plus complets du siècle) ainsi que la Japonaise Aki Saito et Wim Vanlessen, danseurs étoiles du Ballet Royal de Flandre qui dansèrent divers solos et pas de eux laissant le public ébahi. Il y avait longtemps que je n’avais plus vécu une soirée aussi riche en beautés et émotions.

« La danse… un minimum d’explications, un maximum d’anecdotes et un maximum de sensations. » Maurice Béjart


Studio Maison Béjart – Conservatoire de la danse
49-51, Rue de la Fourche B-1000 Bruxelles 
www.maisonbejarthuis.be
Soirées spéciales pour entreprises et associations. Tél. : 02 347 44 68 info@maisonbejarthuis.be
Visite du Studio uniquement sur rvs. Tél. : 0491 64 24 44
contact@studiomaisonbejart.com

DIALOGUE ENTRE JAN FABRE & BERNARD-HENRY LEVY

dans la magnifique Eglise Saint-Loup à NAMUR le samedi 30 mai 2015

PHOTO RTBF

PHOTO RTBF



Tout était réuni pour faire un grand moment de cette rencontre entre l’artiste et le philosophe derrière lesquels se profilaient pour l’occasion respectivement, Félicien Rops et Charles Baudelaire. On regrettait seulement de ne pas avoir laissé les interlocuteurs s’exprimer dans leur langue avec traduction simultanée à l’appui, les interprètes étant là derrière le public lovés dans leurs minuscules cabines. L’anglais, tant de l’un que de l’autre étant disons ‘ particulier’, on était aussi dérangé si l’on n’avait pas de casque par le bruit que la traduction laissait passer des oreilles de son voisin…

Mais on n’a pas vraiment eu le temps de savourer l’échange qui venait à peine de commencer qu’ont surgi, à la surprise de tout le monde, Noel Godin et sa troupe porteuse de sa farce aussi vieille et éculée que lui, de tartes à la crème à jeter à la tête des gens qui dérange le vieil anarchiste démodé. N’en faisons pas plus de cas que cela mérite.

Si j’ai décidé tout de même de vous en parler, c’est pour relayer le texte que j’ai envoyé au Parisien qui en a fait écho aujourd’hui,

 copyright Michel Mabille

copyright Michel Mabille

tout comme déjà le soir même le site de La DH et ce matin, Le PointLe Nouvel ObservateurLe FigaroThe Huffington Post pour ne citer qu’eux. Je leur demandais de réfléchir au fait que, s’ils pensaient que leur lectorat était friand de cela, ils se trompaient et que publier photos et vidéos assortis de textes à l’appui n’avait pas d’autre intérêt que celui de donner du crédit à la bêtise humaine (surtout que cela doit être la x ème fois que BHL en reçoit une depuis la première en 1985) et qu’ils dépréciaient le contenu de leur journal en s’abaissant à transmettre ce type d’information.
Qu’ils n’avaient sans doute pas pensé non plus aux dizaines de gens qui avaient fait le déplacement d’Anvers et de Bruxelles jusqu’à Namur pour venir écouter les deux hommes dont ils se réjouissaient à l’avance de l’échange et qui ont finalement eu très peu à se mettre sous la dent, sont repartis bredouille, déçus et ‘agressés’ par ces perturbateurs vains et totalement inutiles.

BHL (à qui ils ont fait mal en plus. Qu’on ne me dise pas svp que ce genre d’attaque n’est pas agressive) a réagi de la manière la plus calme et ‘intelligente’ possible en profitant de l’’événement’ pour nous demander de réfléchir à ce que signifie, en philosophie et psychologie, s’en prendre au visage de quelqu’un.

Jan Fabre a parlé de ce qu’il avait déjà connu dans sa ville et saisi l’occasion pour nous dire combien il était mal à l’aise face au parti qui la gouvernait…
A part cela, quelques mots de ce dernier sur la nécessité de tendre vers le ‘beau’ comme moteur d’humanité, de la question d’utilisation de symboles comme moyen d’expression et non de provocation, sur l’indispensable référence aux maitres comme Jérôme Bosch à travers son dialogue avec les morts, sur leur rencontre il y a des années et leur admiration commune pour Félicien Rops, mais rien de plus.

A mes yeux, cette agression n’a lieu que grâce aux médias qui font écho à ce type d’informations. Sans eux, depuis longtemps Noël Godin aurait été obligé de changer de métier. S’il est capable d’en exercer un autre… Et comme je n’ai lu cela nulle part, j’ai pris ma plume pour le dire haut et fort.

 

A l’occasion de la Journée mondiale du Bonheur ce vendredi 20 mars, j’en ai profité pour réfléchir un peu à ce qu’il représente pour nous dans notre vie de tous les jours. Il paraît que le meilleur indicateur du taux de bonheur de chacun est tout simplement de se poser la question “Suis-je heureux?

Pour faire court après les dizaines de livres lus et de discussions sur le sujet, il ressort que 3 facteurs essentiels peuvent grandement contribuer à nous rendre heureux à savoir, premièrement, l’attention à soi/aux autres/aux détails qui peuvent enrichir notre vie quotidienne à partir du moment où on la vit avec une autre sensibilité, un autre regard; deuxièmement, l’ouverture d’esprit; troisièmement, la bienveillance. Le tout complété par de riches relations humaines et sociales.

Saviez-vous que

-le Bhoutan a inventé la notion de BNB ou Bonheur national Brut et que des cours de bonheur sont au programme officiel des écoles?

-les pays du Nord de l’Europe restent les pays où les gens se sentent le moins heureux et où le taux de suicide est le plus élevé? Et ce ne serait pas dû qu’au manque de lumière…

-le Mexique où la criminalité par habitant est la plus haute du monde est un pays au taux de bonheur très élevé? Ce serait leur sentiment civique et national, un sens de la solidarité qui leur apporterait ce bien-être.

Pour être heureux ou essayer en tous cas de tendre vers une certaine sérénité, on a constaté que ceux qui avaient connu quelques obstacles et épreuves au cours de leur vie étaient les mieux lotis. Il faut veiller encore à ne pas être trop exigeant avec soi-même. La souplesse amène une certaine forme de sérénité qui est une composante indispensable pour prétendre au bonheur. Une quête, un cheminement à faire en harmonie avec soi-même. Il faut essayer de vivre selon ce que l’on ressent, plutôt que selon ce que l’on attend de nous. Et la société nous ’empêche’ souvent de faire ce choix. Beaucoup de gens ne vivent pas du tout la vie qu’ils auraient voulu et ce n’est pas toujours une question financière. On aurait fait parfois de meilleurs choix et pris de bien meilleures décisions si on avait pris sérieusement le temps d’y réfléchir et d’envisager les choses autrement que ce que la société, les parents, les professeurs nous dictaient consciemment ou inconsciemment, pour notre bien…

Notons encore qu’il ne faut pas exagérer l’importance des pensées positives, thème très à la mode ces dernières années.

Les dernières recherches sur la faculté au bonheur de chaque être humain en particulier ont tendance à diminuer l’importance du capital génétique (évalué jusqu’à présent à 50%) et à augmenter l’importance de l’éducation (40%) et de la volonté (10%).

Pour célébrer cette journée du bonheur et la marquer d’une petite croix dans notre agenda et notre coeur, pourquoi ne pas en profiter pour regarder le reportage réalisé par Arte sur le Bhoutan intitulé “Au pays du bonheur national brut?” www.info.arte.tv/fr/bhoutan-au-pays-du-bonheur-national-brut

Je terminerais par cette phrase d’un sage extraite d’un livre de Frédéric Lenoir: “… Ne demande pas que les événements arrivent comme tu le souhaites, mais souhaite-les comme ils arrivent et tu seras heureux.

Merci d’avoir pris le temps de lire mon modeste petit billet sur le bonheur (qui m’a fait tant de bien 🙂  )

 

3/3/2015

Monseigneur Justin Welby aux Grandes Conférences Catholiques

Rencontre avec un homme de religion au parcours atypique qui a quitté le monde des affaires -il était haut cadre dans l’industrie pétrolière jusqu’en 1989- pour rentrer dans les Ordres.

Moins de quinze ans plus tard, marié et père de 5 enfants, il est nommé Archevêque de Canterbury (centre spirituel de l’Anglicanisme) et Primat de l’Eglise anglicane qui compte près de 70 millions de fidèles dans le monde réparti entre l’Angleterre et les anciennes colonies britanniques (USA, Canada, Afrique de l’Ouest et du Sud, Australie).

Rappelons que l’Eglise anglicane est la voie moyenne entre le catholicisme et le protestantisme. Sa doctrine et ses enseignements sont fondés sur les Ecritures, la tradition et la raison. Elle est chrétienne car fondée par le Christ et ses enseignements, catholique donc universelle et, réformée car sa structure constituée de laïcs, diacres, prêtres et évêques a été rajeunie au XVIe s.

Bénéficiant d’une très haute autorité morale dans toute la Communion anglicane, il venait parler de son évolution dans le monde et au Royaume-Uni et surtout, du dialogue inter-religieux et de l’oecuménisme, plus que jamais à l’ordre du jour.

Un homme charmant s’exprimant en français et qui a mentionné plusieurs fois combien il était heureux de se retrouver en Belgique, berceau de l’oecuménisme car c’est ici qu’ont été rédigés par le Cardinal Mercier  les célèbres “Carnets de Malines“. Il a essentiellement parlé de l’Esprit Saint et de l’espérance de son rayonnement au sein des Eglises, de son combat pour que l’Eglise anglicane et toutes les autres restent dans l’unité. Une Eglise chrétienne qui appartient tant aux uns qu’aux autres. Il a expliqué qu’il a énormément voyagé ces cinq dernières années et a vu plus de points communs entre les différentes confessions que de divergences. Il a vu l’Esprit de Dieu à l’oeuvre. Et c’est cela pour lui l’oecuménisme: comprendre où l’Esprit de Dieu est à l’oeuvre. Il a fait des conférences dans des cathédrales où des milliers de gens étaient présents. Et cela, lui donne l’espoir, le touche au fond du coeur. Il donne l’exemple de la Communauté de San Anselm où un luthérien allemand, deux chrétiens et un couple de protestants travaillent ensemble; une communauté basée e.a. sur la connaissance de soi et du cheminement spirituel à la suite de Saint Ignace. En ouvrant leur site internet pour ce projet oecuménique par excellence, ils ont immédiatement eu plus de 70 applications. “C’est encore l’oeuvre de l’Esprit Saint“, dit-il, qu’il compare à une marée puissante qui emporte torrents et rivières : “Il faut avant tout reconnaître ce qui se passe, s’adapter et coopérer.” Il nous raconte une visite qu’il vient de faire en Sierra Leone, l’un des 3 pays le plus touchés par Ebola où il a reçu un accueil très chaleureux.

Il est indispensable d’accueillir dans l’Eglise tous ceux qui sont d’autres Eglises. Il faut se laisser guider par le sens naturel de l’esprit qui nous amène spontanément vers l’oecuménisme. L’Esprit de Dieu est à l’oeuvre partout dans le monde pour élever les différentes églises et les rapprocher. L’oecuménisme réceptif n’est plus aujourd’hui “que pouvons-nous offrir?” mais bien “que devons-nous recevoir?“. “Le travail de l’Eglise passe par le coeur” ajoute-t-il. Et là, murmure de joie dans la salle en guise d’assentiment, d’admiration.

Il pose ensuite la question de savoir qui donc peut nous mettre sur la voie de la guérison? Réponse: la prière, la confession de nos fautes et de nos faiblesses pour marcher dans la Lumière et arriver à la réconciliation, indispensable sur le Vieux Continent. C’est aux Eglises à travailler ensemble pour reconstruire l’Europe en pleine crise, à coopérer par tous les moyens que nous pouvons pour rassembler au lieu de diviser. Il donne alors l’exemple de Birmingham où le weekend des ambulanciers bénévoles, de toutes confessions religieuses, viennent aider les gens qui ont trop bu, pris trop de drogues, ont perdu le contrôle d’eux-mêmes. Et depuis qu’ils sont là, la rue est redevenue calme. “Ces hommes et ces femmes ont apporté la paix ici” lui a confessé un policier. Rien ne vaut que de soucier des autres, donner de l’amour. A ses yeux, l’action de ces gens s’apparente au travail de l’Esprit Saint qui aide l’autre, lui apporte réconfort.

Et de conclure en disant qu’il est convaincu qu’il y a un avenir pour l’Eglise par le travail de l’Esprit Saint et de la réconciliation: “Il est tout à fait possible de faire de la théologie de telle manière que nous sommes en coopération avec lui.”

Une très belle et humble leçon d’ouverture et de partage.

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Vernissages dans quelques galeries incontournables :

Bob Verschueren

On connait depuis longtemps l’artiste/jardinier pour son originalité, sa modestie, son austérité, son perfectionnisme et on a plaisir à le retrouver parfois inside, comme c’était le cas il y a quelques années au moment de la rétrospective que le Centre Culturel du Botanique lui avait consacré.

Avec des interrogations du genre “comment faire passer une simple feuille, une brindille au statut de “sculpture”, Bob Verschueren répond : “L’intervention, je la veux légère, minimaliste, sans y ajouter quoi que ce soit… La règle est de tenir compte des tensions inhérentes au végétal, une sorte de négociation avec une feuille… Je me suis engagé dans une sorte de curiosité, de soif qui me pousse à savoir jusqu’où je peux étendre cette recherche plastique.

Un artiste qui cherche à faire ressentir l’esprit du végétal, sa vitalité “ces vies secrètes qui se déroulent dans une relation au temps différente de la nôtre.” Avec lui, le sujet n’est ni la forme, ni la question de la fragilité mais bien l’esprit de cette matière dans ce qu’elle a de foisonnant, de mouvant: “Le rêve du jardinier n’est-il pas d’avoir un jardin parfaitement maîtrisé, d’y voir des plantes bien calibrées? Et il s’efforce d’atteindre ce but en y mettant toute son énergie à semer, planter, transplanter, tailler, … ici, l’objectif semble être atteint comme par enchantement. Les outils définitivement rendus hors d’usage, lui donnent des plantes immortelles qui le libèrent de son travail perpétuel.”

Bob Verschueren est aussi un artiste pour qui il est essentiel de garder la mémoire de ses installations, généralement éphémères. C’est alors que la photo intervient soit pour montrer le temps qui passe, soit parce que plusieurs angles de vue sont nécessaires pour en appréhender la forme. Il photographie lui-même “pour que celles-ci soient aussi mes créations“.

Je pense malheureusement que c’est une erreur car elles ont beau être réalisées avec des encres pigmentaires sur un papier exceptionnel, elles sont fades, sans lumière et sans relief et donc bien tristes par rapport à la beauté et la perfection du travail in situ.

Récemment, Bob Verschueren a repris ses “wind paintings” qu’il réalise en répandant au vent du pigment naturel: “geste du semeur additionné au souffle venu de l’horizon qui créait de subtils dégradés révélant le terrain.” Elles ne sont pas non plus à la hauteur de l’idée pourtant si joliment et poétiquement exprimée…

Même si pour reprendre encore ses mots, “la rencontre avec les forces de la nature et le constat que celles-ci pouvaient être le ferment même de mon travail a été un élément fondateur de mon parcours.” Décevant.

Jusqu’au 6 mars chez Cornette de Saint Cyr 89, Chaussée de Charleroi B-1060 Bxl www.cornettedesaintcyr.com

 

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“Give a man a mask and he will tell you the truth” Oscar Wilde

On est étonné de découvrir une exposition sur le carnaval dans cette galerie pointue où même les confettis disséminés le long des murs sont de la fête! Tout commence avec une phrase d’Oscar Wilde et un masque de James Ensor d’après lequel les artistes de la galerie déclinent le thème avec originalité.

Untitled-éAinsi on retrouve une grande toile des frères Gert & Uwe Tobias pour qui le monde du carnaval, des masques, des monstres et de tout cet art populaire de leur Roumanie natale est une constante; des dessins de Roger Ballen, artiste américain vivant en Afrique du Sud qui a choisi de représenter une communauté de gens qui vivent tous ensemble dans une maison d’un village isolé dont il garde secret la localisation pour les préserver. Le résultat est remarquable entre photo et dessin, en noir et blanc qui brouille les pistes; Dan McCarthy, Américain d’Hawaï, qui avec la céramique joue avec les émotions; le célèbre Kendell Geers, sud-africain, l’un des artistes chouchous de la galerie, qui en tant que blanc, s’est toujours révolté de la politique de son pays et dont le travail est dérivé entièrement de son histoire; Richard Hughes, anglais des années 60 qui transforme le matériel que les gens ont

Diana Arbus

Diana Arbus

abandonné dans la rue après les manifestations: Ici un carton reproduit en résine qui donne à voir un visage; Thomas Lerooy, artiste belge à la formation académique classique (dont une sculpture orne l’entrée de Notre-Dame-de-Lessines) qui joue ironiquement avec la sculpture ancienne (Le Petit Palais à Paris lui organise une rétrospective cette année); Walter Swennen, artiste incontournable dans ce monde ludique et joyeux de l’enfance (dont on a vu en 2014 une très belle rétrospective au Wiels); Uwe Henneken et son intéressant rapport à l’histoire de l’art qui présente un tableau coloré et lumineux qui pourrait être du groupe Cobra, etc. etc.

On ressort avec la tête pleine de nouvelles images, un nouveau regard sur le thème que l’on croyait à tort un peu éculé!

 Jusqu’au 28 mars chez Rodolphe Janssen 35, Rue de Livourne B-1050 Bxl www.galerierodolphejanssen.com

 

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Alice Neel

En-dehors des courants de son époque (expressionnisme abstrait, pop art et minimalisme), cette artiste américaine née en 1900 à Philadelphie fait des portraits empreints de réalisme social, un travail en décalage avec les évolutions artistiques avant-garde. En découlent peu de succès commercial et d’intérêt. C’est en 1974 seulement qu’elle sera enfin reconnue quand le Whitney Museum of Art lui organise une rétrospective. Alice Neel, dont la démarche artistique a toujours été sans compromis, possède une technique hors norme qui traduit de manière unique la profondeur psychologique de ses modèles qu’elle peignait d’après nature. Portraits magnifiques de la communauté immigrée locale en marge de la société, subissant de plein fouet la pauvreté (“Mother & Child” 1962) suivis d’autres portraits de ses collègues artistes et de ceux qui font le dynamique de la scène artistique new-yorkaise des années 60-70. Une oeuvre intemporelle et universelle qui lui a donné aujourd’hui une place de choix parmi les plus grands peintres figuratifs américains du XXe s.

Jusqu’au 11 avril chez Xavier Hufkens  6, Rue St-Georges B-1050 Bxl www.xavierhufkens.com

 

Juliao Sarmento

Voilà l’un des plus grands artistes contemporains portugais (né à Lisbonne en 1948) exposé pour la première fois à Bruxelles. Des oeuvres assez hermétiques, énigmatiques dont on apprend qu’elles explorent les mécanismes du désir et de la représentation, analysent la fragmentation ou l’écart entre le réel et la fiction… Ici, un jeu autour de la Petite Danseuse de Degas dont le corps tout lisse, sculpté en résine par une imprimante 3D tourne le dos à quelques petites oeuvres exposées sur le mur où l’on est censé retrouvé les obsessions de l’artiste, reprises dans toute l’exposition…

Un artiste qui aime des associations particulières: femmes sans visage, lignes géométriques ou végétales, références à l’architecture, à la littérature, etc.

Celui qui représentait le Portugal à la Biennale de Venise en 1997, travaille depuis près de 50 ans, la peinture, la vidéo, les installations sonores et plastiques. Et s’il est présent dans les plus grandes collections publiques du MOMA au Guggenheim en passant par le Centre Georges Pompidou, il me faut personnellement prendre un plus de temps pour le connaître et l’apprécier à sa juste valeur…

 

Jusqu’au 18 avril chez Daniel Templon 13A, Rue Veydt B-1060 Bxl www.danieltemplon.com

 

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Michel Serres aux Grandes Conférences Catholiques

Philosophe/écrivain à l’accent savoureux et l’esprit brillant, on ne se lasse pas d’écouter cet homme optimiste et positif qui a l’art de nous ouvrir les yeux sur la réalité dans laquelle nous vivons, en ayant l’intelligence de la replacer dans son contexte historique, sociologique et politique.

Membre de l’Académie française et professeur à Stanford depuis 35 ans, il est rompu aux auditoires et s’exprime avec beaucoup de clarté. On a l’impression de sortir de là plus intelligent. Un vrai bonheur. Il était venu parler de la philosophie de l’histoire exprimée pour la 1re fois par Joachim de Flore, un moine cistercien de Calabre qui parlait d’une philosophie de l’histoire en trois temps: celle du Père, du Fils et enfin de l’Esprit- reprise pendant un millénaire et à laquelle peu de philosophes ont échappé (Hegel, Marx, Les Lumières et Condorcet). Mais ce qui intéresse surtout Michel Serres est de se demander si ce schéma est encore valable au XXI e s.? Il s’interroge sur le commencement: l’histoire commune à l’écriture? Analyse un peu simpliste car on aurait alors aujourd’hui des contemporains qui seraient primitifs…

Que se passe-t-il avec les peuples sans écriture? Et n’y aurait-il que les hommes qui auraient une histoire? Et le climat, la faune, la flore? Vision antropocentriste qui ne s’attacherait qu’aux hommes alors que des bactéries, des plantes, des animaux, des vivants ont créé tout notre monde! Toutes les sciences vont alors s’additionner et remonter à 15 milliards d’années = le commencement.  Coup mortel porté au narcissisme humain. Les scientifiques se mettent alors à construire avec les historiens une nouvelle histoire, c’est la philosophie de l’histoire dont le sens va du présent vers le passé. Là s’achève la première partie de son exposé.

La deuxième partie est nettement plus compliquée” dit-il “car je suis obligé de vous parler de mon expérience à moi, de ce que mon corps, fait presque exclusivement de guerres témoigne, même si mon âme est en paix. Ma vision de l’histoire passe par la bombe termo-nucléaire. Une telle violence.” Et le philosophe de remonter dans l’histoire avec une dextérité et une connaissance à vous couper le souffle jusqu’à L’Iliade où Achille manque de se noyer parmi tous les corps de ceux qu’il a tués! La mort est donc pour le philosophe le moteur de l’histoire, à la suite de Darwin, Hegel et bien d’autres. La mort qui a atteint son maximum jusqu’au milieu du XXe s. “Vous vous rendez compte que l’on n’a plus connu de guerres depuis 65 ans! Et de nous parler de l’extraordinaire moment de l’histoire que nous vivons: “Si vous pouviez retenir une seule chose de cette conférence, ajoute-t-il, ce serait ceci: je vous demande en rentrant chez vous de taper sur votre ordinateur ‘causes de la mortalité dans le monde aujourd’hui‘ et un tableau vous montrera clairement la proportion de morts, victimes des guerres, violences, terrorisme, tabac, accidents de la route, alimentation, etc.

Là commence la troisième et dernière partie de son exposé: “Nous sommes en paix!! Nous n’avons plus que des hommes politiques qui n’ont pas connu la guerre. C’est tout à fait nouveau dans l’histoire! On n’a jamais vécu dans un tel monde où même l’approche de la douleur est nouvelle. Avant, on devait supporter une douleur quotidienne. Aujourd’hui, on ne se soucie que de cela, de la vie! A 60 ans, on est plus éloigné de la mort qu’un nouveau-né au 17e s.! La population a doublé depuis que je suis né!” Et de citer: “Mort où est ta victoire, où est ton aiguillon?

Et de conclure en disant qu’il a trouvé un sens à la philosophie de l’histoire qui n’est plus la “thanatocratie”* car la mort ne règne plus en maître. Et où elle règne aujourd’hui encore géographiquement, c’est ce que nous avons connu, nous, au 2e âge. Et de rappeler que ce n’est qu’en 1894 que nous avons cessé de décapiter… Pendant la Révolution, on n’a pas arrêté de décapiter au nom de la “Liberté, Egalité, Fraternité”… S’il y a donc un sens à l’histoire, c’est celui de lutter contre la mort.

Et de terminer en lançant à l’auditoire pendu à ses lèvres: “Préservons-le!

Je me permets de faire un rapprochement avec le dernier numéro spécial du magazine Courrier International sur le monde d’aujourd’hui, le meilleur que l’homme n’a jamais connu et qui est malheureusement passé totalement inaperçu car il a paru, par le plus triste et cruel des hasards, le jour des attentats de Charlie Heddo

*Mot forgé par Michel Serres lui-même http://skildy.blog.lemonde.fr/2007/08/20/definition-de-la-thanatocratiecroquisdephilo200807/

Après cet exposé brillant, j’assistais hier au Forum de La Foire du Livre à Tour & Taxis à un débat sur “Djihad, religion & conflits: l’alliance infernale” avec entre autres Claude Moniquet, ancien journaliste à L’Express, ex-agent de renseignement de la DGSE (Direction générale de la Sécurité extérieure), co-fondateur de l’European Strategic Intelligence and Security Center (société d’analyse stratégique et d’intelligence économique basée depuis près de 15 ans à Bruxelles) qui parlait de la guerre asymétrique à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui, celle que se livrent entre-eux d’abord, chiites et sunnites et contre la pensée occidentale ensuite… Un homme à la culture tant historique que politique qui analyse avec le maximum de recul le contexte mondial.

Je pense qu’il est indispensable d’écouter de tels informateurs, comme j’ai eu la chance cette semaine, pour mieux comprendre les enjeux de l’époque que nous vivons et surtout, ne pas sombrer dans la peur de l’autre, aveugle et réductrice qui n’apporte rien. Bien au contraire.

 

Mardi 27/01
The New Building de LA CHAPELLE MUSICALE REINE ELISABETH
Un matin froid et gris pour l’inauguration de la nouvelle aile de la mythique institution musicale créée il y a 75 ans par la Reine Elisabeth et le violoniste Eugène Isaÿe. Avec cette extension rectangulaire en verre accolée à l’ancien bâtiment et baptisée l’Aile de Launoit -en hommage à Paul de Launoit qui concrétisa cet ambitieux projet en  1939- la CMRE a été repensée dans ses fondements, il y a une dizaine d’années. Environ soixante jeunes talents issus de six disciplines (chant, violon, piano, alto, violoncelle et musique de chambre) y viennent en résidence chaque année sous l’égide de six grands maîtres qui sont e.a. José Van Dam, Augustin Dumay et Maria Joao Pires, Gary Hoffman, etc.
9 ans ont été nécessaires pour mettre sur pied cette extension où j’ai visité quelques-uns des 20 studios de résidence, les 3 nouveaux studios de musique, répétition et enregistrement et de nouveaux espaces de vie qui rendent le lieu un véritable laboratoire musical permanent! Plusieurs intervenants dont l’architecte Sébastien Cruyt se sont succédés à la tribune pour expliquer le défi que cela représentait tant au niveau architectural, acoustique, paysager, environnemental, technologique  et financier. Rien que cela! J’ai aimé la comparaison qu’il a faite de la Chapelle avec le corps et ses organes en lisière de la Forêt d’Argenteuil, l’explication des petits carrés gris sur la façade de verre qui peuvent surprendre au départ et ne sont que la transposition créative d’une partition d’Eugène Isaÿe, le caractère modulable des studios, etc.
Nous voilà donc dans un lieu d’excellence de la musique grâce aux prouesses technologiques des ingénieurs qui permettront un très haut niveau de performance.
Je ne cache pas par contre que j’ai trouvé triste et impersonnelle la décoration de Michèle Buchter…
J’ai surtout été touchée par la présence de toute la famille de Launoit, fière, digne et humble comme elle est en toutes circonstances. Et j’avoue que j’ai senti la grande ombre de Jean-Pierre -le fils de Paul et le père de Bernard, l’actuel président- qui vient de nous quitter et imprégnait aujourd’hui le lieu auquel il s’est tant dévoué avec enthousiasme, passion, intelligence et toujours tellement de gentillesse et d’écoute.
J’aimerais mentionner également les oeuvres de Moerman qui ornent le plafond du foyer ainsi que “Pink” (2010) et “Bright Green” (2010-2013), deux oeuvres axées sur la lumière de Ann Veronica Janssens qui ont été prêtées par ING.
Music Chapel ©Michel Cooreman

Music Chapel ©Michel Cooreman

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 Mercredi 28/01
RAPHAEL ENTHOVEN & Proust à Wolubilis
Il est déjà dans l’entrée quand on arrive. Il reste debout pendant toute la conférence car la philosophie, “entre sagesse et folie, s’adresse à tous et se fait en marchant“. Il remercie le public d’être là si nombreux. Le fils du philosophe Jean-Paul Enthoven -le beau Raphaël- est aussi philosophe et un grand séducteur. On ne le découvre pas. On le savait (marié avec Justine Lévy, la fille de BHL qu’il quitte Carla Bruni qui compose “Raphaël, des lettres qui vont si bien ensemble“…). Il est là pour plaire mais avec quel beau prétexte, quel talent, quel naturel, quel esprit. Il est venu nous parler de l’art du réenchantement à travers “La Recherche du Temps Perdu“. De cet émerveillement curateur éternellement renouvelé qui aide à surmonter les épreuves de la vie. Pour lui, la RTP qui commence et finit par le mot temps est un long haïku, contenu dans le temps! L’histoire d’un homme qui raconte comment il devient écrivain; une histoire qui finit bien sans rien nous épargner des douleurs de l’existence. Il faut la lire deux fois. Le discours de Raphaël Enthoven est varié. Il dit rapidement des choses essentielles et puis ralentit le ton, parle fort et puis plus doucement, cite une anecdote, lit un extrait. Il nous tient littéralement en haleine sur un sujet ‘difficile’ pendant près de 2h. Il rapproche Proust de Tintin en comparant la RTP au “Trésor de Rakham le Rouge“. “Enfin, vous devez savoir que tout ceci n’est qu’un prétexte pour vous lire du Proust!” Et de continuer: “la réalité est simple et infiniment propice à la déception” et de citer la rencontre avec la Duchesse de Guermantes que le narrateur avait imaginée comme une tapisserie ou un vitrail. Le narrateur est déçu parce que la chose existe et est évidemment très éloignée de ce qu’il imaginait. Le travail de l’imagination essentiel dans la RTP. Le propre de la RTP ne serait-il pas d’éterniser ce qui est fugace? Et Raphaël Enthoven raconte qu’il a été à Cabourg, ville sans le moindre intérêt si ce n’est l’exploitation à outrance du phénomène proustien à des fins touristiques. Mais n’y a-t-il pas été pour faire lui-même l’expérience proustienne de la déception, le deuil de son imagination?  “Toute la RTP est matière à un émerveillement. Une façon de s’attendre au monde qui en fait une expérience extraordinaire. Une école de l’étonnement. De se rendre disponible à ce monde.” Il en profite pour faire alors une petite digression sur la philosophie dans laquelle il explique qu’il y a deux modalités de l’étonnement: Newton qui s’émerveille de la pomme qui tombe, s’étonne de ce spectacle familier et découvre ensuite les lois qui ont permis cela. Et puis, Schopenhauer qui dit que les lois sont aussi étonnantes que le phénomène. Et pour notre conférencier de ce soir, la RTP, c’est cela. Tout y est fraîcheur car elle nous donne à sentir le monde dans sa fraîcheur qui sera toujours intacte dans 3000 ans! L’enjeu d’un tel livre est la possibilité de conquérir une chose rien qu’avec le regard. Nos préjugés nous séparent du réel comme l’imagination qu’il nous faut remplacer par la sensibilité. Une sensibilité épurée. Et de conclure en disant que pour voir, il faut savoir mais le savoir singularise les opinions. On doit se défaire du sentiment de savoir et l’oublier pour retrouver cette virginité native. Là est la fraîcheur éternelle qui est l’outil d’une reconquête du monde. Il faut garder la capacité à être surpris par ce qu’on a l’habitude de voir. Rapport à l’étonnement. Apprentissage de la candeur. Là est aussi l’apprentissage philosophique. Celui de la RTP où le temps perdu devient celui du temps retrouvé, le livre où l’enfance est au bout du chemin, le monde de l’émerveillement. Brillant!
Programme des conférences à Wolubilis sur www.wolubilis.be
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Dimanche 1/02
RIVOLI OPEN Sunday à La Bascule
Il faut souligner une belle et intéressante initiative inaugurée ce dimanche 1 février par les galeristes du Rivoli, cette galerie commerçante typique des années 70 aujourd’hui en grande partie rénovée où se sont installées petit à petit une dizaine de galeries et deux vitrines d’art contemporain. Se calquant sur l’ouverture dominicale des musées ou autres institutions culturelles, ils ont décidé d’ouvrir leurs portes 5 dimanches par an. De quoi profiter d’une agréable promenade d’un lieu à l’autre, quel que soit le temps.
De 14h à 18h au 690Chaussée de Waterloo à Uccle/Ixelles. 
Informations: 
Pascal Lambrecht / Hopstreet Gallery pascal@hopstreet.be 0495 515 253
-Francesco Rossi / Rossicontemporary rossi@rossicontemporary.be 0486 310 092

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 Deux expositions à ne pas rater à Bxl pour le moment:
-“Henri Gabriel (1918-1994). Mobiles cinétiques & Papiers-buvards optiques” jusqu’au 14 février à la Galerie Quadri 105, Avenue Marie-Henriette à 1190 Bruxelles. Ve-sa: 14h-18h et sur rvs.www.galeriequadri.be
“From the New World” Photographies de Yang Yongliang jusqu’au 17 mars à la Galerie Paris-Beijing 66, Rue de l’Hôtel des Monnaies à 1060 Bruxelles. Ma-sa: 11h-19h. www.galerieparisbeijing.com
Nous avons tous vécu un grand moment.

Virginie était en reportage sous d’autres cieux, d’autres cultures, dans un tout autre climat, une tout autre ambiance, sous une lumière particulière où les nuages se pressent dès que le soleil disparaît de l’horizon pour teinter le ciel de couleurs chaudes, mauve, rose, orange…  La voilà revenue pour se replonger dans la culture de l’hémisphère nord, pour repasser des heures dans l’obscurité des salles de cinéma, arpenter les galeries, les expositions, les musées à la recherche de créativité, nouveaux talents, coups de coeur.

La semaine a commencé avec “Burn Out“, un spectacle au Centre Culturel d’Auderghem pour l’ONG Mékong Plus. Je ne vais pas m’étendre sur le choix de la pièce, décousue et inintéressante sur un sujet d’actualité pourtant qu’on  aurait pu exploiter autrement… Dommage mais heureusement la présentation de l’ONG Mékong Plus a sauvé la soirée. Une équipe de gens motivés, dynamiques et sérieux qui ont sorti des milliers de familles de la pauvreté au Cambodge et au Vietnam depuis deux décennies. Pour fêter les 20 ans: un raid Bruxelles-Saïgon de dix mille km qui passe par l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, la Serbie, la Roumanie, la Turquie, la Géorgie, l’Azerbaïdjan, l’Iran, l’Inde, le Népal, le Laos, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam entièrement financé par les équipes qui prennent en charge l’étape de leur choix. Bernard Kervyn de Meerendré, fondateur de l’ONG basée à Saigon explique qu’elle repose sur trois principes qui sont travailler avec les plus pauvres, exiger la participation de tous dans des actions durables et ce à faible coût: “On choisit le projet au cas par cas en fonction des besoins du village. Là, ce sera construire un pont pour permettre à des enfants d’aller plus rapidement à l’école, ici, on financera des ordinateurs à l’école et ailleurs, on fera un aménagement routier. On fait 10x plus que ce qu’on espérait quand on a commencé avec 4 communes et 40 000 habitants. Aujourd’hui, on travaille auprès de 500 000 habitants. C’est très dur, on vit dans l’angoisse permanente de ne plus avoir de financement. L’année 2014 fut positive grâce au raid qui nous a rapporté plus de 280 000 EUR. “
Ensuite, vernissages mensuels dans les galeries bruxelloises.
Mon programme était ambitieux et le résultat est que -comme les 3 premières galeries choisies étaient très bien- je n’ai plus au le temps de faire les autres, à savoir de découvrir e. a. le travail blanc sur blanc de Cris Brodahl chez Xavier Hufkens (6, Rue St-Georges 1050 Bxl), les “Territoires” de Philippe Cognée chez Daniel Templon (13A, Rue Veydt 1060 Bxl)Anne-Marie Schneider chez Michel Rein (51A, Rue Washington 1050 Bxl) et enfin la performance de Jeanne Susplugas “All the World’s a Stage” chez Valérie Bach (6, Rue Faider 1060 Bxl), dont le titre tiré du début du monologue d’une pièce de Shakespeare compare la vie à une scène de théâtre.
 
Chez Albert Baronian, les peintures d’Italie de Michel Frère – artiste belge multidisciplinaire sorti de La Cambre et disparu prématurément à 38 ans- réalisées dans les années 90 à Montecatini. On se trouve face à ces couches de peinture superposées qui jouent intelligemment entre lumière et opacité, figuration et abstraction, peinture et sculpture. Voyage au centre de son univers, un monde de matière picturale -beaucoup de matière- aux tons foncés et profonds (verts, bruns, noirs) qui nous confrontent à une surface à laquelle il est difficile de rester indifférent. Des oeuvres où les couleurs et la matière dominent certes mais pleines de mouvement. Là réside peut-être le secret de l’attraction inévitable de son travail. C’est la 7e exposition de Michel Frère chez Albert Baronian dont la première a eu lieu il y a 30 ans!
Jusqu’au 7 mars 2015. Rue Isidore Verheyden, 2B. 1050 Bruxelles. Tél.: +32 2 512 92 95. Ma-sa: 12h-18h. info@albertbaronian.com  www.albertbaronian.com
Rodolphe Janssen présente 
 
Aleksander Hardashnakov Courtesy Rodolphe Janssen Brussels

Aleksander Hardashnakov Courtesy Rodolphe Janssen Brussels

“Mood” de Aleksander Hardashnakov . Artiste canadien (Toronto, 1982) dont les toiles exposées sont monochromes de grand format (parfois du bois veiné, parfois toute lisse) avec une plus petite toile insérée au sein de la grande. “Voyeur/Thief/Creep, 2014” avec sa longue robe jaune fait penser à une silhouette de Klimt alors qu’on apprend qu’elle est tirée d’une scène de groupe d’une fresque de Pompéi. L’univers de Hardashnakov est très personnel avec des éléments figuratifs ou décoratifs tirés de magazines ou d’internet. Un travail original, précis, méticuleux même, avec des références multiples qui puise son inspiration dans la symbolique, l’imaginaire et juxtapose des éléments qui interpellent pour créer un monde étonnant. Une technique particulière aussi qui nous amène à confondre les moyens employés: gesso, peinture à l’huile, crayon de couleur, etc. Certainement quelqu’un à suivre.
Jusqu’au 20 février 2015. 35, Rue de Livourne. Tél.: +32 2 538 08 18. Ma-ve:10h-18h. Sa: 14h-18h. Info@galerierodolphejanssen.com  
Jack Greer. Sous le titre “Friends And Family“, ce jeune artiste américain (Los Angeles, 1987) issu de la culture graffiti expose en solo dans le ‘nouvel’ espace de Rodolphe tout en étant en même temps l’un des protagonistes de l’exposition collective “The Still House Group” au Musée Dhondt-Dhaenens
Des médaillons ou plutôt un logo qui signale aux voleurs dans certains quartiers de LA que les voisins veillent: “neighbourhood watch“. Toujours le même personnage retravaillé de manière différente au magicolor par des jeunes artistes du “Street Art“. Tout ce qui intéresse Jack Greer est la collaboration avec d’autres jeunes artistes. En leur proposant d’illustrer le logo, celui-ci devient le fruit du travail de chaque intervenant. Un travail communautaire en accord avec la raison d’être du logo: on n’est pas seul, on se soutient, on veille les uns sur les autres. Une démarche solidaire qui me plait beaucoup.
Jusqu’au 20 février 2015. 32, Rue de Livourne. Tél.: +32 2 537 55 40.
Jusqu’au 1er mars 2015. Museumlaan, 14 à Deurle. Tél.: +32 9 330 17 30. Ma-di: 10h-17h. info@museumdd.bewww.museumdd.be 
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