« Regards intemporels. Des pharaons à aujourd’hui »
Un savant cocktail d’Égypte ancienne et d’art contemporain africain, décliné en huit thèmes dont le fil conducteur est le regard, voilà de quoi est faite la nouvelle exposition de la Fondation Boghossian.
Le regard, mais quel(s) regard(s) ? Sa représentation dans les objets de la vie quotidienne et de l’art funéraire de l’Égypte antique à travers des figurines, des amulettes, des masques de sarcophage, etc. et celui que l’on porte sur son environnement à travers une quarantaine d’œuvres d’artistes contemporains africains et de sa diaspora – peintures, photographies, sculptures – en provenance de la Fondation Gandur pour l’Art.
Bref, une invitation à « s’interroger sur les perceptions que l’on peut avoir sur la nature et l’environnement, la mort et l’au-delà ou encore le divin et les mythologies. »
L’exposition s’ouvre sur une œuvre monumentale et Ô combien symbolique de Ghizlane Sahli (1973, Meknès) représentant le Nil, vecteur de rencontres par excellence entre des mondes et des cultures qui se côtoient depuis des millénaires. Intitulée « La plume, le papier et le parfum », elle est cousue de fils d’or où l’on devine des morceaux de bouteilles usagées qui aborde tant son histoire que ses problèmes actuels, tels la salinisation de ses eaux, les déchets qu’elle charrie et son flux coincé entre deux barrages.
Ensuite des masques, expressifs dont ceux de Gonçalo Mabunda (Maputo, 1975), Romuald Hazoumé (Porto-Novo, 1962) ou plus humoristiques comme ceux de Calixte Dakpogan, originaire aussi du Bénin (1958) ; des peintures de scène au premier abord banales de Ocom Adonias (Kampala, 1989) ; des sacs récupérés et brodés de Lucie Kamswekera (Goma, 1962) sans oublier le félin du célèbre Omar Ba (Dakar, 1977), un artiste qui nous est familier, grâce à la galerie Daniel Templon qui le représente, etc.
Le choix des pièces de l’Égypte antique vous sautera aux yeux car il a été particulièrement soigné : elles sont toutes plus belles et raffinées, les unes sur les autres.
Enfin, j’ai aimé la photo de Mohau Modisakeng (Soweto, 1986) abordant le terrible problème des routes contemporaines de l’émigration et celle de Mekbib Tadesse (Adid Abeba, ) derrière laquelle se cache une jolie histoire. Intitulée « Adey Abeba », elle évoque des plantes indigènes originaires d’Éthiopie dont la floraison a lieu en septembre et qui sont traditionnellement offertes au Nouvel An éthiopien, « symbole de paix, d’harmonie, d’amour et de renouveau, elles sont données en cadeau aux femmes en signe d’encouragement à leur éducation. »
Jusqu’au 7 septembre 2025
Texte & Photos Virginie de Borchgrave
HORAIRES
Du mardi au dimanche, de 11h à 18h
Ouverture les jours fériés
sauf les lundis, 25 décembre et 1er janvier
ADRESSE
Fondation Boghossian
Villa Empain
Avenue Franklin Roosevelt, 67
1050 Bruxelles
12€