ROBERT DOISNEAU
Texte & Photos montage Virginie de Borchgrave
Rétrospective exclusive en Belgique. Plus de 150 clichés vintage pour « renouer avec la candeur, la malice et la beauté du quotidien de l’après-guerre ». Une exposition qui révèle les multiples facettes de l’artiste, etc. Les mots ne tarissent pas d’éloges pour honorer le célèbre photographe français, né en 1912 dans le Val de Marne et décédé à Paris en 1994…
On connaît certes ses images iconiques tel le fameux « baiser de l’hôtel de ville » (1950) aussi romantique que mis en scène ce qui nous fait inévitablement reconsidérer toutes ses photos du même genre sous un autre angle… N’empêche qu’il fallait savoir les prendre ces clichés et peu importe s’il y a tout un travail de construction en amont. Reproche-t-on à un écrivain d’écrire et réécrire son texte, à un peintre de refaire souvent sa toile, de la corriger, de l’améliorer ? Sauf que la photographie est censée e.a. véhiculer une charge émotionnelle différente car spontanée et prise sur le vif… Tel un moment volé au temps. Un œil pour nous donner à voir.
L’intéressant du propos ici est de montrer un autre Doisneau.
Divisée en 3 sections, l’exposition s’intéresse aussi au reportage réalisé dans les années 60 à Palm Springs pour le magazine américain Fortune. Il n’est resté que deux semaines sur place et le résultat est excellent. Il était parti pour photographier la construction de golfs dans le désert du Colorado et revient avec des photographies en couleur sur les bienheureux retraités : « Depuis mon arrivée à Palm Springs, c’est un enchantement surtout le soir : façades vert-de-gris, toit orangés et palmiers couleur lilas ; il y a d’autres combinaisons bien sûr, à l’infini, mais toutes ravissantes » écrira-t-il. Résultat : 30 clichés remarquables où pour la première fois, il utilise la couleur. Un portrait d’une certaine classe de la population à un moment donné. Un travail à portée ethnographique.
J’ai particulièrement aimé la 3e et dernière section consacrée aux ateliers d’artistes : 55 photos prises entre 1945 et 1971 chez Braque, Picasso Giacometti, César, Brancusi, Arp, Dubuffet, etc. Il dit que jamais il n’aurait osé les déranger en demandant à ces « grands maîtres dont les noms sont des têtes de chapitre dans les bouquins d’histoire de l’art et que l’on n’imagine se déplacer qu’avec une auréole de néon… Pourtant, quelques-uns (d’entre eux) m’ont poussé par les épaules dans leur atelier. »
Ce sont ses deux filles, Annette Doisneau et Francine Deroudille qui veillent aujourd’hui à travers L’Atelier Robert Doisneau (450 000 négatifs y sont archivés, numérotés et classés !) sur le précieux patrimoine leur père, cet artisan photographe de génie : « C’est dans cette malle aux trésors des tirages d’époque que nous avons opéré notre première sélection, ma sœur et moi-même. Le choix fut instinctif et rapide, dicté par l’évidence de rassembler des photographies essentielles et d’y associer des photographies moins connues qui témoigneraient de son phototropisme vers les beautés du quotidien le plus ordinaire. »
Enfin n’oubliez pas de lire les titres de la 1re section « Le Merveilleux quotidien » des années 1930 à 1970 car ils sont savoureux : « Le regard oblique », « Le ruban de la mariée », etc.
Musée d’Ixelles
71, Rue Jean Van Volsem
B-1050 Bruxelles
Tél. : +32 51 64 21
Ouvert du mardi au dimanche de 9h30’ à 17h. Fermé le lundi & jours fériés
Entrée : plein 8 EUR / réduit 5 EUR / gratuit jusqu’à 18 ans.
www.museedixelles.be