Shezad Dawood “Night in the Garden of Love” Dialogue avec l’oeuvre de Yusef Lateef 💚💚💚
Shezad Dawood (1974) est artiste britannique qui a étudié au Central Saint Martin et au Royal College of Art, connu pour son exploration des traditions non-occidentales. Son œuvre à la pointe de la technologie, brisant les frontières entre l’analogique et le numérique est aussi ludique et multiforme que documentée. On découvre un jardin « un symbole ancien interculturel, un lieu de création et d’optimisme face à la crise climatique », créé in situ, qui explore son potentiel poétique.
Une exposition inspirée par des sources aussi diverses que l’iconographique chrétienne médiévale et le mysticisme soufi, coeur de l’islam.
Autrement dit, comment la technologie pourrait-elle nous donner des pistes pour retisser un lien social ? Le titre est tiré d’une ‘novella’ écrite en 1988 par Yusef Lateef (1920 – 2013), musicien afro-américain, compositeur, touche-à-tout de génie et père de l’Autophysiopsychic qui s’intéresse à la conscience en éveil et cherche à activer simultanément nos sens physiques, mentaux et spirituels.
Dans un dialogue avec Lateef qui le séduisit par la puissance de sa musique et son style rythmique, Dawood investit le jardin de manière positive, élaborant “une poétique de l’écologie, explorant la capacité de l’art et de la musique à provoquer une épiphanie spirituelle susceptible de mener au changement (…), à imaginer de nouvelles formes de vivre-ensemble. ”
Des pièces musicales de Lateef ainsi que 5 nouvelles œuvres interconnectées de Dawood nous invitent à une balade à travers une expérience de réalité virtuelle, une série de textiles peints, un jardin de plantes algorithmiques dont la croissance numérique se fait en réaction à des improvisations musicales, des sculptures-costumes et même, une chorégraphie live.
Cette exposition, réalisée en coproduction avec le Musée Aga Khan de Toronto est sa première exposition solo en Belgique.
Tapta : « Espaces souples » Avec Greet Billet, Hana Miletič et Richard Venlet 💙💙
“Mon rêve ? Créer des lieux aux formes molles, qui vous enveloppent, vous protègent du monde extérieur et deviennent des zones de calme et d’amitié (…) Se sentir enveloppé non seulement par ces formes textiles, mais également par leurs prolongements : de grandes ombres sur les murs. Alors le réel et l’imaginaire, le passé et le futur se confondent et nous réconcilient avec le tout.”
Œuvres emblématiques de l’artiste belgo-polonaise Tapta (1926 – 1997) qui arrive en 1944 en Belgique en tant que réfugiée politique, étudie les beaux-arts et le textile à La Cambre à Bruxelles, avant de s’exiler au Congo belge. Une femme qui devint rapidement à son retour d’Afrique, l’une des figures de proue d’une nouvelle génération d’artistes inculquant un souffle inédit à la sculpture, en détournant textiles et autres matériaux souples. Tapta expérimente des techniques non conventionnelles comme la torsion de pièces tissées ou l’utilisation de cordes qu’elle noue et enfile. Des œuvres tridimensionnelles qui invitent le visiteur à les regarder de près, les toucher et même, parfois, y pénétrer.
L’exposition est une découverte des œuvres historiques de l’artiste, sensible au toucher des matériaux et à la souplesse des structures et focalisée sur l’interaction entre l’œuvre d’art, l’espace et le visiteur. Un travail mis en relation avec des œuvres nouvelles d’artistes contemporains concernés par ce lien comme la Croate Hana Miletić (1982), la Belge Greet Billet (1973, Bruxelles) et l’Australien Richard Venlet (1964) qui vivent et travaillent tous les trois à Bruxelles où les deux derniers enseignent à la LUCA School of Arts.
Marc Camille Chaimowicz « Nuit américaine »🖤
A contre-courant des mouvements artistiques de son époque à Londres dans les années 70, Marc Camille Chaimowicz s’oriente vers les arts décoratifs n’hésitant pas à associer design, peinture, gravure, collage, installation et vie quotidienne dans un langage très personnel, où il s’interroge sur le rôle de l’art. Une œuvre ludique, aussi originale que raffinée et un questionnement qui n’a de cesse encore aujourd’hui d’influencer la jeune génération d’artistes.
A cheval entre deux cultures, deux langues – un père juif polonais et une mère catholique française – Chaimowicz, élevé en Angleterre entretient l’ambiguïté, tout en explorant déjà les notions de genre et identité. On découvre ici une reconstitution de l’appartement où il a vécu ces 40 dernières années ainsi qu’une série de collages inspirés par le personnage de « Madame Bovary ».
Une exposition où l’on évolue de l’ombre à la lumière, d’un endroit de fête à une salle de lecture éclairée naturellement, en passant par l’intimité d’un appartement.
Le titre ‘Nuit Américaine’, écrit la curatrice Zoé Gray, « désigne d’ailleurs la technique cinématographique permettant de filmer une scène de nuit en plein jour et devient ici, une métaphore, révélant la vraie vie passée au filtre de l’art. »
Un dialogue subtil entre plusieurs champs artistiques, entre l’art et la vie.
Texte & Photos Virginie de Borchgrave
Jusqu’au 13 août 2023
WIELS
354, Avenue Van Volxem
B- 1190 Bruxelles
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h
Chaque 1er mercredi du mois jusqu’à 21h
www.wiels.org