Jumana Manna. « Trente plombiers dans le ventre » *
Je n’aurais pas été voir cette exposition si elle n’était pas au rez-de-chaussée de celle de Shilpa Gupta. Ma curiosité prenant toujours le dessus, j’ai exploré l’espace parsemé de grands panneaux recouverts de gazes d’échafaudage – des capteurs de poussière -récupérés sur des façades en rénovation et accrochés sur des planches en bois et de ‘sculptures’ issues du monde des égouts et de sites de construction.
Entre tuyaux, organes sexuels ou digestifs, bouches béantes, nous voilà plongés dans un monde singulier. Si l’ensemble est plaisant à découvrir avec une certaine dimension esthétique, je laisse à votre interprétation ce qu’en dit l’artiste : “ Trente plombiers dans le ventre s’intéresse aux infrastructures d’improvisation dans des endroits où les infrastructures sont construites pour échouer. Le rassemblement de ces matériaux et leurs formes anthropomorphiques supportent le processus de perte et de nouvelle symbolisation à la fois en tant que conséquence et potentialité. La création d’une sculpture en tant qu’écho physique à ses référents est une mise en exergue de l’ouverture plutôt que de l’immobilisme , et il s’agit d’un acte d’empathie, de re-symbolisation de ces choses « non désirées », pour en faire des objets qui en valent la peine et des objets de contemplation. Une empathie qui rapproche les corps des objets et des infrastructures qui exposent, transforment et nous lient les uns aux autres et aux espaces dans lesquels nous habitons. »
Si vous comprenez ceci, honnêtement, je vous tire mon chapeau car je ne vous cache pas que, même si j’ai trouvé la mise en scène intéressante, l’essentiel m’échappe…
Texte & Photos Virginie de Borchgrave
Jusqu’au 29 août 2021
M HKA (Musée d’art contemporain d’Anvers)
Leuvenstraat, 32
B- 2000 Anvers
www.muhka.be
Shilpa Gupta. « Aujourd’hui s’achèvera » ****
Voici une artiste que je suis depuis plus de 20 ans, depuis qu’elle exposait déjà de beaux baluchons de soie indienne en Grèce sur l’île d’Hydra avec Dimitrios Antonitsis dans le cadre de son exposition estivale annuelle, intitulée « Hydra School Project. »
Je n’ai cessé de m’y intéresser depuis lors. Et quelle surprise de découvrir en 2017 à Art Basel un des restaurants de la foire installé dans un immense pavillon réalisé par l’artiste avec des dizaines de casseroles en inox, l’un des symboles de la culture populaire indienne. Alors quand le M HKA à Anvers organise sa première rétrospective, imaginez mon enthousiasme !
Née à Mumbai en Inde en 1976 où elle vit et travaille aujourd’hui, Shilpa Gupta poursuit une œuvre qui interroge non seulement la société, les relations humaines mais encore les religions à travers divers sujets comme les conflits, la sécurité, la technologie, les frontières ou encore la censure. Autant vous dire que ses sculptures, ses installations dans l’espace public, ses manifestes ou ses photographies passent rarement inaperçues. De plus, elle excelle dans le domaine de la technologie et utilise les médias à bon escient.
Le M HKA qui la soutient depuis longtemps expose quelques-unes de ses œuvres majeures en vous emmenant dans un parcours qui vous sensibilisera (ou non) au fil rouge qu’elle poursuit depuis plus de 20 ans. Gupta est une artiste engagée qui renouvelle l’art contemporain de manière très personnelle avec une dimension psychologique et esthétique, accessible à tous.
Présente à la Biennale de Venise en 2019, elle est aujourd’hui l’une des artistes indiennes les plus reconnues sur la scène internationale.
Texte & Photos Virginie de Borchgrave
Jusqu’au 12 septembre 2021
M HKA (Musée d’art contemporain d’Anvers)
Leuvenstraat, 32
B- 2000 Anvers
www.muhka.be