La banquise, la forêt et les étoiles
Texte & Photos-montage Virginie de Borchgrave
L’art de Sophie Whetnall (1973, Bruxelles) est en harmonie avec la luminosité de son regard. Au sens propre comme au figuré. Une manière d’exprimer les choses avec autant de subtilité que de beauté. On la suit depuis ses débuts chez Albert Baronian qui lui prédisait un futur prometteur à la hauteur de sa créativité, de sa capacité à se remettre en question et à explorer différents médiums. Je me rappelle surtout de ses vidéos. Et la voilà 25 ans plus tard avec « Transmission Line » un triptyque vidéo où elle met en scène, en noir et blanc, 3 générations de femmes – focus sur les visages de sa mère, sa fille et elle-même avec un langage inaudible (des non-dits ?) mais qu’on imagine lourd de sens. Un univers digne de Bergman. Une transmission consciente et inconsciente à la fois, « une visualisation de cette ligne du temps, passé, présent, futur » explique-t-elle.
Sous un titre aussi poétique et évocateur que « La banquise, la forêt et les étoiles», on pénètre dans l’espace de la Centrale revu et corrigé pour l’occasion où différentes ambiances nous attendent : l’une impressionnante, magistrale, l’autre plus intime, joyeuse. On déambule à travers de grandes installations telle la banquise de Whetnall faite de blocs roses sculptés en mousse, la forêt réalisée à partir de plaques de bois perforées et les étoiles en constellation sur des panneaux de papier blanc et argenté accrochés au plafond. Mais pour moi, les étoiles sont aussi celles des petits paysages abstraits d’Etel Adnan (1925, Beyrouth) accrochés aux cimaises comme de véritables pépites aussi colorés que construits et vibrants. Adnan est aussi écrivaine. Elle a développé récemment une importante œuvre gravée et fait réaliser des tapisseries et des murs en céramique.
Le tout dégage une esthétique, une sensualité, une énergie, une fragilité émanant sans doute des couleurs et de la lumière. Le dialogue entre les deux artistes est brillant. Rarement La Centrale a été autant mise en valeur. Grâce encore à une autre femme, exceptionnelle elle aussi, Carine Fol, la nouvelle directrice du lieu.
Un magnifique livre édité par le Fonds Mercatorcomplète cette élégante exposition.
Jusqu’au 4 août 2019
Centrale for Contemporary art
44, Place Sainte-Catherine
B-1000 Bruxelles
www.centrale.brussels