Thomas Lerooy. Behind the Curtain
Texte & Photos-montage Virginie de Borchgrave
Compte-rendu d’une visite à son atelier préalable à son exposition au MRBAB qui s’est vernissée il y a quelques jours.
Thomas (Roulers, 1981) qui a étudié à l’Académie de Gand et fut l’assistant de Jeff Geys est, disons-le d’emblée, très sympathique. Natif du signe du gémeaux, il en a toutes les caractéristiques : il est curieux, bavard, insatiable et… aime les oiseaux ! « L’oiseau est le seul être vraiment libre. » Il nous raconte une histoire des ballons de ses petits voisins que son assistant, excédé par le bruit incessant de la balle sur le béton a fini par crever… Comme cela l’a rendu triste, l’artiste a décidé de leur donner une 2evie en les transformant en nids : des ballons en bronze d’où sortent les oiseaux. Un petit drame auquel il a donné une dimension poétique.
Au départ, Thomas est un dessinateur et un sculpteur. Récemment, il est devenu peintre. Peintre de tableaux de format intime, des petits panneaux comme les maîtres flamands qu’il admire tel Van Eyck, etc.: « Avec ce nouveau moyen d’expression, je touche à l’histoire de la peinture. »
“Behind the Curtain”, pourquoi avoir choisi ce titre pour l’expo?
« Il signifie que l’on peut aller au-delà de la peinture. » L’artiste nous montre un tableau traversé par une bande déchirée comme un voile : « Tout ce que l’on voit dans ta vie n’est pas réel. »Il veut nous faire rêver. A côté, un autre tableau avec des poires sur lesquelles il a peint deux yeux de femme, qui sont aussi ses formes. Une toile sensuelle et sexuelle. Lerooy aime jouer avec les surfaces, le double : les poires comme des larmes, des seins, des couilles. Il est proche des surréalistes. Il nous commente en primeur encore une autre toile où l’on voit quatre jambes qui s’échappent d’une robe comme une sculpture, kitsch, avec un coin du tapis relevé « l’endroit où l’on cache ses problèmes» nous commente-t-il.
« Pour ce nouveau projet, j’ai ouvert les rideaux et offert ma peinture.Très difficile et important ,ajoute-t-il. La peinture, c’est zen comparé à la sculpture qui n’est que problèmes! Mon œuvre est en perpétuel changement. Pour moi, tout est très vite ennuyeux. Je dois me pousser toujours plus loin. Tout est en mouvant, fluctuant. J’ai toujours été attiré par la sculpture. Mais depuis 6 ans, la peinture m’intéresse bien qu’elle m’intimide en même temps. »
Il nous commente ensuite une maquette de l’installation de l’expo avec cinq sculptures en bronze argenté sur des piliers comme des gardiens. Deux pigeons dont les ailes sont attachées au mur et qui flottent dans l’air ; trois pigeons avec les becs comme des branches qui ne peuvent pas parler, seul le troisième chante. Métaphore de la société selon Lerooy : le patron est supérieur et peut dire ce qu’il veut; Une autre où tous des petits oiseaux s’échappent d’un plus grand qui devient la sculpture en soi. Enfin, une dernière où l’on voit trois pics verts à la queue leu leu qui piquent à chaque fois dans le suivant. Ils se cherchent une maison pour vivre. Toutes des petites sculptures (réalisées à la cire perdue) sur des supports de 3m50 « comme on voit en réalité les oiseaux. »
Lerooy n’a pas travaillé en établissant une relation directe avec une œuvre du musée. « J’aime l’ambiance du musée, celle de la Salle Bernheim où j’expose. » Il a mis un tableau plain bleutrès doux : « Le tapis qui fait le lien entre les œuvres, les rassemble, crée une famille. » C’est important pour lui d’être exposé dans le plus grand musée de l’art en Belgique : « J’aime l’art ancien, trouver ma place là parmi les grands maîtres que j’admire. Je me sens proche de beaucoup d’artistes, je regarde tout le monde, tout, tout le temps.»
Un artiste dont je vous invite à suivre le pinceau talentueux ; un artiste qui flirte entre réalisme et surréalisme tout en produisant une œuvre aussi touchante qu’atypique.
Notez que cet été, nous pourrons découvrir à Duinbergen l’une de ses sculptures de 21m de haut : « Un obélisque tel un grand pénis sur lequel se greffent 49 têtes. Avec une amplitude de 1m50 et une tige qui descend à 6m de profondeur, il s’agit d’une véritable prouesse technique. »
Jusqu’au 18 août 2019
www.fine-arts-museum.be