Texte & Photos Virginie de Borchgrave

Combien de « Seuils, Portes, Portails », Frédéric de Goldschmidt et son Septième Ciel nous auront fait franchir depuis son ouverture, il y a déjà quelques riches années ? 

Dans sa toute dernière proposition de nous faire découvrir sa collection privée en dialogue avec les œuvres de quelques artistes invités – c’est l’ADN de cet espace de coworking où se côtoient au quotidien ‘Exhibitions, Collection and Events’ –  telle que l’installation très subtile en paraffine de la vénézuélienne Angyvir Padilla, nous parcourons, sous la baguette de la curatrice thaïlandaise Ariane Sutthavong, les trois étages du bâtiment dans une atmosphère aussi discrète que minimaliste et raffinée qui nous montre des œuvres en totale harmonie avec la personnalité du collectionneur, même si des explications se révèlent indispensables. Un petit livre en anglais attend le visiteur à l’entrée et des visites guidées sont régulièrement organisées.

J’ai choisi, au lieu de paraphraser l’introduction de la curatrice, de vous la retranscrire en français  : 

« Le capitalisme tardif se nourrit de l’illusion de la fluidité. On nous vend la vision d’une circulation sans faille, d’une consommation facilitée d’images, d’idées et d’identités, alors que de plus en plus de barrières sont érigées. Qu’est-ce qui pourrait émerger lorsque le monde que nous rencontrons n’est plus sans friction ? Quand incertitude et fragilité ne sont plus des obstacles mais des propositions ?  Quand les exigences de lisibilité se heurtent au refus d’être pleinement saisies et résistent à la contrainte de réduire, mesurer, contenir ? 

Seuils, portes, portails…” réunit les œuvres de 24 artistes qui sondent l’espace instable du passage, de la transmission, de la traduction et de la transformation, bouleversant les façons habituelles de naviguer dans les géographies, les significations et les relations. 

Inspirée par les écrits de Mark Fisher dans “
The Weird and The Eerie” où présences et absences dérangent en exposant la contingence de ce que nous prenons pour naturel, l’exposition dévoile une réalité qui n’est pas figée mais ouverte aux forces de l’extérieur. Contrairement à un couloir, qui prescrit un mouvement, une porte ne suggère pas seulement une transition mais signale une rupture, ne menant pas à la certitude mais plutôt à l’inconnu. Les seuils deviennent des sites de rencontre entre des alternatives, renfermant dans leur précarité une potentialité, une proposition qui n’est pas encore entièrement formée. Les portails s’orientent vers l’imagination et l’activation d’autres modes d’existence. 

Francis Alÿs, Claire Andrzejczak, Babi Badalov, Elena Bajo, Charles Baudelaire, Mel Bochner, James Scott Brooks, Marc Buchy, Sten Ceulemans, Ting-Jung Chen, Gaëlle Choisne, Lionel Dury, Stefano Faoro, Esther Ferrer, Nadia Guerroui, Mona Hatoum, Tarek Lakhrissi, Violeta Mayoral, Valère de Meeûs, Nathalie Muchamad, Walid Raad, Jamie Reid & Martin Sexton, Trevor Yeung (sans oublier Angyvir Padilla, déjà citée plus haut) nous invitent à nous attarder dans ces moments de tension et d’irrésolution, où le monde connu commence à glisser et où quelque chose d’autre commence à émerger. 

Et nous voilà, arrivés au 3e étage, réfléchissants, flottants « dans un état de suspension. »

Jusqu’au 5 juillet 2025

Cloud Seven 

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