“Tous les Matins du monde à La Patinoire Royale est, osons le mot, une magistrale démonstration d’une symbiose totale entre contenu et contenant, autrement dit couleur, présence, format et espace. Et dieu sait, si Valérie Bach nous a habitués, depuis quelques années déjà, à des expositions exceptionnelles, comme celle de Carlos Cruz Diez, l’artiste cinétique vénézuélien.
Michel Mouffe est un homme conséquent au regard et à la jolie barbe qui en disent long.
L’artiste parlait peu hier soir au vernissage. Qu’aurait-il pu ajouter devant ses toiles aussi lumineuses qu’opaques, aussi limpides que complexes, statiques et mobiles à la fois, aussi joyeuses que sérieuses, pour ne pas dire vibrantes ?
« Une œuvre qui tient, en quelque sorte de l’oxymore, et de l’oxymore perpétuel, alliant ceci et son contraire, sans jamais violenter l’une et l’autre des tensions qu’elle met en présence, une œuvre, encore, qui semble parfois se jouer d’elle-même, si pas de nous, combinant intelligence et malice, nous rendant muet plutôt que bavard, nous pénétrant davantage que nous pouvons la pénétrer, nous montrant quelque part tantôt les toiles ou les toiles-sculptures d’un mathématicien qui serait devenu peintre, tantôt celles d’un philosophe qui aurait troqué sa plume contre des pinceaux – car oui, le travail de l’artiste, en bordure des abîmes, invite immanquablement à l’interrogation existentielle. » Xavier Van Den Broeck in « Michel Mouffe : nos parts de néant, nos part d’éternité… »
Mouffe est aussi un artiste fidèle qui n’oublie rien. Véronique Menu (et son fils Maxime) de la Galerie Faider voisine qui le suit et l’expose depuis (presque) ses débuts avait droit à sa partition dans la symphonie. Qu’à cela ne tienne, côté jardin « A thousand up lands »** présente des dessins, si on peut les appeler comme cela aux cimaises de la belle maison de maitre. Un mariage plus modeste et subtil, certes qu’à La Patinoire mais tout aussi réussi. Avec surtout l’intelligence de la complémentarité de deux lieux qui force notre admiration.
C’est tout simplement parfait.
Texte & Photos Virginie de Borchgrave
Jusqu’au 23 septembre