Villa Arnaga ( pays basque)

À quelques rares exceptions près, très peu de gens connaissent Cambo-les-Bains et personnellement je ne faisais pas partie de ces exceptions. Ce village, situé au cœur du pays basque, possède un établissement thermal spécialisé dans la rhumatologie et le traitement des voies respiratoires. Mais n’ayant pas (encore) de rhumatismes ni de grands problèmes respiratoires, ce n’est pas l’établissement thermal qui m’a attiré dans ce village. Mon détour était inspiré par la visite de la Villa Arnaga. Ce nom, non plus, ne vous dit peut-être pas grand-chose, mais le nom du personnage qui en fut le bâtisseur et le propriétaire vous dira certainement beaucoup plus : Edmond Rostand.

Si le pays basque n’est peut-être pas le lieu de prédilection pour vos vacances, ou simplement pour un city trip, je peux vous conseiller de faire un détour pour voir cette villa – avec ses jardins et son parc – devenu depuis quelques années, un musée.

La construction de la Villa Arnaga (En contrebas du jardin coule un petit cours d’eau : l’Arraga. Le poète veut, selon la tradition de la région, donner un nom à sa villa et pense lui donner le nom du ruisseau. Mais comme il trouve que cela sonne un peu dur, il transforme le second« r » en « n ». C’est ainsi que la villa fut baptisée Arnaga) doit son origine à une pleurésie contractée par Edmond Rostand, pendant les répétitions de L’Aiglon.

Cambo-les-Bains, à une vingtaine de kilomètres de Bayonne, est reconnue pour la qualité de son air pur richement oxygéné et de ses eaux dont les propriétés réunies traitent efficacement les affections respiratoires et E. Rostand y va quelques mois en convalescence. Séduit par le lieu, il y acquiert des terrains (treize hectares, huit ares et quatre-vingt-trois centiares) sur lesquels il fait édifier sa résidence. Il n’aura fallu que trois ans (1903-1906) pour que les idées du Maître se transforment en œuvre de pierre.

Arnaga est un des premiers modèles de l’architecture, dite néo-basque, inspirée des fermes basques, et elle reprend les éléments du bâti traditionnel qu’elle transforme pour former une riche demeure confortable et moderne.

L’œuvre d’Edmond de Rostand est du pur éclectisme : la façade s’inscrit dans l’esthétique de la région, mais elle est plantée entre un jardin à la française et un jardin à l’anglaise, qui n’ont rien à voir avec la tradition régionale. Quant à l’intérieur, où cohabitent un grand hall à l’esprit anglais et un salon chinois, il est davantage d’inspiration parisienne que basque ; il représente en fait une magnifique mise en scène recréant l’ambiance d’un théâtre.

Poète et homme de théâtre, E. Rostand est aussi un homme de son époque et partout dans sa villa on retrouve l’influence de l’Art Nouveau, très à la mode à cette époque : asymétrie de la façade, toile de Jouy, peintures murales (il n’y a aucune fresque à Arnaga mais exclusivement des toiles marouflées, autre technique de la peinture murale), céramiques et électricité dans toute la villa ce qui, au début du XXème siècle, reste un privilège.

La visite de la villa-musée ne serait pas complète si les jardins et le superbe parc qui l’entourent, seraient négligés. Le jardin à la française est fastueux et même un peu mégalomane. Il veut se donner un air des jardins des plus beaux châteaux, avec des parterres fleuris, des arbustes taillés, des plans d’eau et des fontaines.

Edmond Rostand, qui surveillait personnellement les travaux de la maison comme des jardins et du parc, était un grand romantique ; un grand romantique qui tombait parfois dans l’excès mais toujours avec beaucoup de goût.

Petite considération finale : ce musée est situé « in the middle of nowhere » pourrait-on dire, et attire cependant 80.000 visiteur en sept (7) mois (1 avril – 31 octobre). En comparaison : aucun musée gantois, situé en plein centre touristique, n’a reçu autant de visiteurs au cours de l’année 2014 !