Wolfgang Tillmans. Today is the first day ****

 

C’est sans conteste – tout le monde s’accorde là-dessus – le point d’orgue artistique de la rentrée 2020. La queue au vernissage était à la ‘longueur’ de l’événement ! Un artiste découvert tardivement, en ce qui me concerne en juin 2017 durant la Foire Art Basel. En effet, la Fondation Beyeler consacrait une grande rétrospective à l’artiste autrichien, le héraut d’un nouveau style photographique intimiste. Tel un expérimentateur d’images, il n’a de cesse depuis les années 80 d’élargir le champ de la photographie donnant à voir des scènes ordinaires, tant reflets d’un mode de vie non conformiste qu’un questionnement des sous et contre-cultures.

 

Avec des formats différents, des styles divers, des accrochages variés, tout est réuni ici dans une mise en scène au cordeau pour appréhender l’œuvre d’un artiste qui travaille avec une grande liberté et une grande richesse.

 

Comment créer des images porteuses de sens, comment faire le lien entre ce que nous voyons, percevons et ce que nous connaissons ? Des interrogations qui font sens dans notre monde technologique. Tillmans crée un univers où les images interagissent entre elles, se définissent dans ces rapports et tissent un fil narratif inattendu auquel le visiteur ébahi adhère, à sa plus grande surprise.

 

L’artiste conçoit chacune de ses expos comme une oeuvre en soi, totale. Installations, photos abstraites produites sans caméra, témoignages visuels de la scène musicale électronique, intérêts pour diverses communautés religieuses, sociales ou ethniques, tirages en noir et blanc, grandes images réalisés à partir de scans où apparaît une phrase, portraits spontanés d’amis, d’inconnus ou d’acteurs, tirages monumentaux imprégnées de pigments de couleur réalisés en chambre noire, vidéos réalisées à partir de plan fixe sur des sujets en mouvement accompagnées d’une bande-son réalisée par l’artiste lui-même où les paroles des chansons parlent de son engagement et son questionnement. Ensuite, une double projection d’écume de mer, un thème liquide qui lui est récurrent, etc. Je ne vais pas tout vous décrire mais vous inciter à consacrer le temps qu’il faut à décrypter l’univers particulier de Tillmans qui nous invite de mille façons à réfléchir sur notre manière d’habiter le monde.

 

Monumental.

 

Texte & Photos-montage Virginie de Borchgrave

 

Jusqu’au 24 mai 2020

 

 

Thao Nguyen Phan. Monsoon Melody ***

 

Une artiste vietnamienne qui puise dans l’histoire de son pays natal pour interroger en beauté sa culture, sa langue, son histoire à travers essentiellement des enfants. Des installations vidéos où les scènes sont pour la plupart improvisées. C’est là que la magie opère !

 

A travers ‘Tropical Siesta’, ‘Mute Grain’, ‘Becoming Alluvium’, elle pose des questions essentielles telles que  le développement rural, la sécurité alimentaire et nos responsabilités écologiques.

 

De précieuses aquarelles remarquablement mises en valeur sous un éclairage subtil complètent joliment les vidéos.

 

Aussi poétique que touchant.